Athée-sur-Cher
Le nom de cette commune, située au sud-ouest de Tours, sur la rive gauche du Cher, n’apparaît qu’au 12ème siècle sous la forme Atheys, venant du gaulois attegia, mot désignant une hutte rurale gauloise, dont on a trouvé plusieurs traces sur le territoire de cette commune.
Panneau municipal
Histoire
Préhistoire et antiquité
Des silex taillés du paléolithique ont été découvert près de la Tour du Brandon, au sud-ouest du bourg, (voir ci-après).
La construction de l’autoroute A 85, qui passe au sud de la commune, a été l’occasion de fouilles préventives, menées par l’INRAP, qui ont mis à jour de nombreux vestiges de constructions gauloises et gallo-romaines, notamment à La Touche-Morin, à La Pièce-de-La-Colasserie et à L’Érable (au sud-ouest), où il y avait une ferme gauloise.
Des domaines agricoles gallo-romains (villae rusticae) existaient sans doute à Bouzay (à l’ouest), venant de Bosacus ou « domaine du germain Bos », à Givry (au sud-ouest), venant de Gabriacus ou « domaine de la Chèvre », à Martigné (au nord-ouest), venant de Martiniacus ou « domaine de Martinius » et à Nitray (au nord-ouest), venant de Nanturiacus ou « domaine du germain Nanther », où il y avait aussi un fanum (temple).
À La Boulaye, au nord du bourg, (voir ci-après), l’archéologue Sylvain Livernet a découvert les vestiges d’une maison de maître (pars urbana) gallo-romaine, dont il a fait le plan. ; il existait aussi selon lui au lieu-dit La Taille-des-Bournais (au sud-ouest de la Boulaye), un ancien village du nom d’Écueillé ou de Cueillé (du gallo-romain Scopiliacus ou « domaine de Scopilius »), où des poteries ont été trouvées ; l’une d’elles, marquée …ERCAT… serait une poterie de Mercator, potier de 80 à 120 après JC, à La Graufesenque, site gallo-romain de production de céramique sigillée, près de Millau (Aveyron).
On a également trouvé près de la Tour du Brandon des pièces de monnaies romaines, ce qui a amené l’historien Michel Provost (né en 1945) à identifier la tour avec une ancienne construction gallo-romaine.
Ancienne voie gallo-romaine (GR 41) à La Boulaye (photo PMD mai 2011)
Une voie gallo-romaine suivant la rive gauche du Cher (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/04-les-voies-sur-la-rive-droite-du-cher) est continuée par la rue de-l’Aqueduc puis GR 41, qui suivent l’ancien aqueduc de Fontenay, long de 21,350 km, qui partait de Bléré et longeait la rive gauche du Cher ; il fut construit à l’époque de l’empereur Hadrien (2ème siècle après JC) pour alimenter en eauCaesarodunum (Tours) et en particulier les thermes du sud. Cet aqueduc est appelé aussi Canal d’Athée, du fait qu’il était alimenté par les eaux de plusieurs sources situées sur cette commune. De nombreux vestiges de ce canal sont visibles dans la commune (voir ci-après).
Ancienne Fontaine Saint Martin (photo PMD juin 2019)
À La Boulaye (voir ci-après), on peut aussi voir la Fontaine Saint-Martin, source antique, christianisée après le 4ème siècle, qui guérissait de nombreuses maladies et dont les eaux alimentaient l’aqueduc.
Histoire contemporaine :
Au 19ème siècle, il y avait deux bacs entre Athée-sur-Cher et Saint-Martin-le-Beau, sur la rive droite : celui de Chandon, et celui de Nitray.
Le Cher à Chandon (photo PMD sept. 2024)
Pendant l’occupation, le Cher servait de ligne de démarcation ; le moulin, situé sur la rive droite, en zone occupée, fut en partie détruit en 1942 par un incendie dont les causes sont demeurées mystérieuses. En face, l’éclusier du barrage était en zone libre, et le passage fut un lieu traversées clandestines. L’abbé Marcel Lacour, né en 1883 et curé d’Athée-sur-Cher depuis 1935 organisa une résistance à l’occupant et devint un passeur, qui utilisait sa position de prêtre pour s’imposer. Il fut arrêté par la gestapo le 13 avril 1944, interrogé et torturé pendant un mois à Tours, puis transféré de la prison de Fresnes au camp de concentration de Buchenwald, où il mourut le 20 novembre 1944.
Il faut aussi noter que l’école porte le nom de Germaine Renauld, née en 1908, qui fut institutrice à Athée-sur-Cher de 1936 à 1941 puis mutée à Brèches, où elle édita des journaux clandestins, au profit de la Résistance ; arrêtée le 23 février 1942, elle fut transférée à Paris, internée au Fort de Romainville puis envoyée à Auschwitz, où elle fut tuée, le 15 avril 1943, par un coup sur la tête lors d'un contrôle d'appel.
À voir dans le bourg
Église Saint-Romain : Selon le Dictionnaire de Carré de Busserolle, une première église fut construite au 10ème siècle sur un terrain appartenant au seigneur de La Chenaye (voir ci-après). La construction de l’édifice actuel date du 12ème siècle ; Au 16ème siècle, une nef latérale et un chœur avec abside furent ajoutés : elle fut presque entièrement reconstruite vers 1635 par Philippe Sallier, seigneur de La Chenaye (voir ci-après).
Église Saint-Martin (photo PMD sept. 2024)
En 1866-67, la charpente du vaisseau central de la nef fut redressée et une fausse voûte lambrissée remplaça celle en plâtre qui existait précédemment. Ces travaux furent exécutés sous la direction des architectes Gustave Guérin et Auguste Alizon, par l’entreprise Joseph Bory de La Croix-en-Touraine. La réfection du chœur a été entreprise en 1876. À cette occasion, le sculpteur Louis Bory, résidant à La Croix-en-Touraine, réalisa l'autel de la Vierge et le maître-autel. Les baies du collatéral nord furent refaites en 1869 au moment de la pose des vitraux, provenant des ateliers Lobin. La charpente du beffroi qui reposait directement sur les maçonneries a dû être remplacée en 1997, de même que les charpentes du transept nord, du chœur et du chevet qui présentaient d'importants désordres (entraits coupés reposant directement sur le dessus des voûtes).
La Magnanerie (photo PMD sept. 2024)
Derrière l’église, la Magnanerie, tour ronde, qui était un ancien pigeonnier puis une ancienne prison, fut destiné à l’élevage des vers à soie au 16ème siècle. C’est dans la seconde moitié du 15ème siècle que Louis XI décida de développer en Touraine la sériciculture pour fabriquer des soieries en limitant ainsi les importations coûteuses de soies venant notamment d’Italie.
À voir près du bourg
Gâtinelle (nord-est) : pigeonnier-porche du 17ème.
La Chenaye (nord-ouest) : selon la tradition, au moyen-âge, un souterrain, dont l’accès serait dans l'ancienne chapelle, aurait relié le Château à la Tour du Brandon (voir ci-après) et, en 1429, Jeanne d'Arc serait passée au château avec son armée. Les seigneurs de La Chesnaye étaient les propriétaires du fief d’Athée-sur-Cher.
Au 16ème siècle, le fief appartint à la famille Bohier et notamment à Henri Bohier, trésorier- général des finances et maire de Tours en 1506/07, demi-frère de Thomas Bohier, seigneur de Chenonceaux.
À la fin du 18ème siècle, la seigneurie appartint à Lucien François Daën (descendant de René Daën, voir Nitray), qui comparut à l'assemblée de la noblesse de Touraine, en 1789 et qui fut maire d’Athée-sur-Cher de 1808 à 1826, également seigneur de Thorigny à Veigné ; il fut ensuite vendu à Antoine Marie Paul Casimir de La Roche-Aymon (1779/1862), maire de 1837 à 1840, puis en 1848 à la famille Collinet. Durant la Seconde guerre mondiale, un poste de commandement allemand fut installé dans le château, et, en 1960, la Chesnaye devint une maison de retraite (EHPAD maintenant).
De l'époque féodale, il reste une chapelle édifiée au 12ème siècle, maintenant transformée en remise mais qui a conservé sa fenêtre d'origine au chevet, une grosse tour ainsi qu’une petite tour à toits en poivrière. Le château actuel a été édifié au 16ème siècle ; la façade Ouest restaurée au 17ème présente des fenêtres en œil-de-bœuf. Il est entouré d’un très vaste parc ceint de murs, aménagé au 19ème siècle par le célèbre paysagiste Edouard François André (1840/1911). Une éolienne Bollée y fut installée en 1880. Le parc accueille également un cimetière dont les tombes sont disposées en cercle autour d’une croix.
L’Alouttière (sud-ouest) : ce manoir du 15ème siècle a été agrandi au 17ème par l’adjonction de deux tours carrées.
Bono (sud-ouest) : selon le lexicographe Denis Jeanson, ce toponyme, qui apparaît pour la première fois en 943 dans les Actes de Louis IV d’Outremer (920/956) sous la forme Belnau, viendrait du dieu gaulois Belenus. Il y avait là un prieuré bénédictin, qui appartenait à l’abbaye Saint-Julien de Tours, dont les biens furent réunis à ceux du Séminaire de Tours au 17ème siècle. Le prieuré possédait un moulin banal sur le Cher, au lieu-dit La Vallée ou Vallée-Vignau. Le domaine fut vendu comme bien national en 1791. Ruines d’habitations et de granges, fuie surmontée d’un lanternon, puits à margelle.
À voir au nord
Vallet : trois propriétés remarquables se trouvent dans ce hameau au nord-est du bourg et au bord du Cher, traversé par la rue de l’Aqueduc, qui suit l’ancien aqueduc de Fontenay (voir ci-dessus).
La Suraudière (9-15 rue de l’Aqueduc) : cette maison du 16ème siècle a été modifiée au 17ème et un petit pavillon a été ajouté au fond du jardin au 18ème. En 1881, la propriété appartenait à Louis Sylvain Carré de Busserolle, fils de l’historien. Elle fut achetée en 1953 par M. Suraud en 1953, d’où son nom.
La Suraudière en 2011 (photo Martine Laîné, patrimoine centrevaldeloire)
Le corps de logis de plan rectangulaire est construit en pierre de taille de tuffeau et comprend un rez-de-chaussée et un étage de comble. Côté jardin, le dénivelé du terrain a nécessité la construction d’un perron à deux volées d’escalier. La porte est surmontée d’un fronton triangulaire en pierre de taille ; deux lucarnes étroites éclairent le comble au nord et deux autres au sud, l’une d’elles, ayant un fronton cintré, a été restaurée. Face à la route, le coteau est percé de caves creusées dans la roche où subsistent des vestiges de l’aqueduc de Fontenay.
La Falaise : maison du 19ème siècle, en style néo-gothique.
La Vigneraie : ce manoir du 19ème siècle propose des chambres d’hôtes et un gite. Voir https://www.manoirdelavigneraie.com/le-manoir/
La Boissière : Cette ancienne forteresse médiévale, entourée de douves aujourd’hui comblées, a été modifiée au 17ème siècle. À l’angle nord-est, une tourelle hexagonale est percée de meurtrière et surmontée par une poivrière ; son parc est traversé par l’ancien aqueduc de Fontenay ; au 19ème s. le propriétaire en fut l’historien Xavier Jacques Carré de Busserolle.
La Boissière (photo PMD mai 2011)
La Boulaye : Cet ensemble de bâtiments du 16ème siècle abrite actuellement une auberge (voir https://www.laboulaye.fr/). La propriété est entièrement entourée par un mur, dont un angle est occupé par un pigeonnier du 16ème s. surmonté d’une girouette en forme de cheval. À l’époque gallo-romaine, un domaine agricole existait à cet endroit. Devant les bâtiments, la Fontaine Saint-Martin (voir Préhistoire et antiquité) est une source antique, christianisée après le 4ème siècle, qui guérissait de nombreuses maladies et dont les eaux alimentaient l’aqueduc.
La Boulaye (photo PMD mai 2011)
Nitray (à l’extrémité nord-ouest) : le fief, connu depuis le 13ème siècle, appartint en 1453 à Jean Lopin, maire de Tours en 1475, puis à son fils, Émery Lopin, maire de Tours en 1516/1517, qui, au début du 16ème siècle fit construire le château actuel. Sa fille, Marie Lopin épousa en 1531 Jean IV Binet, maire de Tours en 1543/44, fils de Macé Binet et de Marie Briçonnet petit-fils de Jacques Binet, gouverneur de Tours en 1460. Marie Binet, petite-fille de Marie Lopin et de Jean Binet, épousa Charles Daën, également seigneur de La Borattière à Saint-Senoch, dont le fils, René Daën, deviendra seigneur de La Chesnaye en 1669 (voir ci-dessus).
En 1789, la propriété fut achetée par Philippe Jean Baptiste Mignon de La Mignonnière (mort en 1806), procureur du roi et secrétaire de l’assemblée de la noblesse de Touraine en 1789, puis, en 1807, par le général Jean Jacques Liébert (1758/1814), dont la famille garda le château jusqu’en 1922.
Château de Nitray (photo PMD mai 2011)
Le château se compose d'un bâtiment principal du 16ème siècle, orienté ouest-est. Du côté est, il donne sur les jardins, du côté ouest sur la cour d'honneur. Au sud de la cour d'honneur, un petit pavillon plus ancien daté du 15ème comme le bâtiment des communs qui limite la cour à l'ouest. La porte d'accès à cette cour est flanquée de deux tours, dont celle du midi, aménagée en chapelle. Au nord-ouest, un pigeonnier seigneurial complète l'ensemble. À l'intérieur, son échelle tournante est en excellent état. En 1975, on a mis au jour, au-dessus de la cheminée du pavillon de chasse, une grande scène de vénerie, de 7 mètres sur 1,60 mètres, du début du 16ème siècle.
Derrière le château, le barrage-écluse de Nitray a été construit en 1841, à côté d'un ancien mouin, dans le cadre de l’aménagement du Cher (voir https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/02-les-passages-sur-le-cher-presentation).
Le Cher au barrage de Nitray (photo PMD sept. 2024)
La Halbutterie (à l’extrémité nord-ouest, près de la limite avec Azay-sur-Cher) : cette propriété comprend un logis médiéval communiquant par un étroit passage avec un logis du 17ème s. avec un pigeonnier carré qui a perdu ses boulins ; elle appartenait à la famille Petiot de Laluisant ; en 1694, Henri Petiot de Laluisant, officier à la monnaie de Tours, épousa Marie Roujon, dame de La Michelinière à Azay-sur-Cher.
Le Moulin à vent : au nord-ouest du bourg, au bout de la rue du Moulin-à-vent, un ancien moulin-tour, dit le Moulin Neuf est en ruines mais une association s’est créée pour le restaurer.
À voir au sud-ouest
La Tour du Brandon : cette tour est le seul vestige de l'ancien domaine des seigneurs du Brandon, dont certains auteurs attribuent la construction à Foulques Nerra. Ce fief, qui dépendait jadis du château de Montbazon fut vendu en 1781 à Lucien François Daën (voir La Chesnaye).
la Tour de Brandon (site de la commune)
C’est aujourd’hui une tour cylindrique d’une hauteur de 19 mètres ; le chemin de ronde avec ses créneaux et meurtrières a disparu ; le mur d’enceinte également, sauf quelques éléments repris dans une construction moderne. La porte qui permet de pénétrer dans l'édifice n'est pas contemporaine de sa construction et l'accès à la tour se faisait probablement par le réseau de galeries souterraines, aujourd'hui murées, qui s’étendait sous la forteresse.