Azay-le-Rideau
Le nom de cette commune située sur la rive droite de l’Indre, apparaît pour la première fois en 1020 selon le livre de Jean Mann (ecclésiastique du 17ème siècle), intitulé Sancta et metropolitana ecclesia Turonensis « La sainte église métropolitaine de Tours », sous la forme Asciacus, venant, soit du gallo-romain Aviaticus ou « domaine agricole d’Avitius », soit du latin aqua (eau).
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Un dépôt de l’âge du bronze a été découvert en 1884 à la Grande Borne (à 2 km à l’est du bourg, près de Perré et à 450 m. à l’ouest des Frogerais). Il comprenait des haches de provenance britannique et un moule pour couler des haches, des morceaux de lances, d’épées, de poignards, de couteaux, de tranchets, de bracelets, etc. etc. Un certain nombre de pièces se trouvent au Musée du Grand-Pressigny. Voir Louis Dubreuil-Chambardel : Les trouvailles de l'âge du bronze en Touraine, in Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropolgie de Paris, 5.1 1914 (pages 71/90).
Hache de l'âge du bronze (dessin J.C Richard)
Une hache d’apparat, de l’âge du bronze, importée d’Allemagne, a été trouvée au lieu-dit Les Grandes-Vignes, près de Marnay (à l’ouest du bourg) ; elle est souvent appelée « hache de Lignières » car Marnay est un hameau à cheval sur les communes d’Azay et de Lignières-de-Touraine (voir ci-après). Elle se trouve au Carroi-Musée de Chinon.
Les grottes de La Vallée-des-Goupillières (à l’est du bourg) ont peut-être été occupées depuis l’antiquité (voir ci-après).
Les Goupillières (photo PMD avril 2018)
Selon l’abbé J. J. Bourassé (voir Excursion archéologique in MSAT V 1855, pages 64/68), les vestiges d’une maison de maître (pars urbana) ont été découverts en 1837 près du château ; peut-être s’agit-il de la maison du domaine d’Aviatius. D’autres domaines agricoles (villae rusticae) existaient à Luré, venant de Luriacus ou « domaine de Lurius », à 3 km à l’ouest du bourg, où l’on a découvert vers 1880 des tuiles, une meule et un tronc de statue de l’époque gallo-romaine, ainsi qu’à Marnay (Madriacus Villa, au 11ème siècle), venant de Madriniacus ou « domaine de Madrianus », à 2,5 km à l’ouest de Luré (voir ci-après pour ces deux lieux).
Un lieu-dit appelé Mazère (voir ci-après) se trouve à 2,5 km à l’est du bourg, ; ce genre de toponyme, venant du latin maceria (ruines) désigne souvent des endroits occupés à l’époque gallo- romaine.
La voie gallo-romaine qui suivait la rive droite de l’Indre (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-lindre-voies-3-1-et-3-2), reprise peut-être par la D 84, venant de l’est, se dirigeait vers la commune actuelle d’Azay-le-Rideau, en empruntant l’étroit passage entre la rivière et le coteau crayeux percé de grottes et en passant près de Mazère, où elle était rejointe, à l’est du bourg, par une autre allant de Poitiers à Tours (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/voies-de-la-vienne-a-lindre-6-4-et-6-5). Après l’agglomération, la voie est reprise par la D 57 et passe près de l’actuel château de L’Islette (voir ci-après) puis à Luré ; elle est ensuite continuée, jusqu’à Marnay, par la D 120.
Ancienne voie rive droite de l'Indre à Luré (photo PMD février 2019)
Une tête colossale, dite « tête de Constantin » mais qui serait en fait une tête de Minerve a été découverte dans les années 1860 près des Ribotières, au nord du château de L’Islette, à l’ouest du bourg.
Histoire ancienne et moderne :
Selon Wikipedia, Le bourg d'Azay-le-Rideau s'est formé au Moyen Âge autour d'un prieuré bénédictin de l'abbaye de Cormery et de la forteresse du seigneur Ridel d'Azay, chevalier de Philippe Auguste, qui édifia une place-forte défensive pour protéger la route entre Tours et Chinon. Le chevalier Ridel d'Azay est mentionné pour la première fois comme seigneur du lieu dans une charte de 1119. Le 4 juillet 1189, Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre, affronta une coalition de ses fils, alliés à Philippe Auguste, roi de France. Sa défaite se conclut par le traité d’Azay-le-Rideau qui établit son fils Richard, seul héritier du trône d’Angleterre. En 1418, le bourg et le château furent incendiés lors de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons : le dauphin Charles, le futur Charles VII, qui séjournait à Azay fut insulté par la garnison bourguignonne qui occupait la place forte. Le capitaine et ses 350 soldats furent exécutés, et le village incendié ; il garda jusqu’au 17ème siècle le surnom d’Azay-le-Bruslé.
L'indre à Port-Huault (photo PMD août 2009)
Un passage sur l’Indre, entre Azay-le-Rideau et Cheillé (rive gauche) existait à Port-Huault (à l’ouest du bourg, voir ci-après) ; il avait pris la place d’un gué situé sur l’ancienne voie gallo-romaine allant de Poitiers à Tours (voir ci-dessus).
Port Huault, maison dite de Jeanne d'Arc (cp)
Selon la tradition, ce passage, cité par Rabelais dans le chapitre 49 de Gargantua (voir https://turonensis.fr/categories/rabelais-en-touraine/dans-le-veron-et-au-nord-de-chinon), fut utilisé par Jeanne d’Arc le 5 avril 1429 pour aller de Chinon vers Orléans (d’où le nom de la maison « dite de Jeanne d’Arc »).
À voir dans le bourg
L’église Saint-Symphorien : une première église, du 6ème siècle, fut restaurée au 11ème, puis agrandie au 12ème, quand les moines de Cormery en devinrent propriétaires. Sur la façade, le parement de l’église d’origine avec son décor sculpté est encore bien visible. Le portail roman a été remplacé à la fin du 19ème par un plus grand pour permettre le passage du dais des processions.
Église Saint-Symphorien (photo PMD mai 2021)
Une seconde église, avec un portique en « anse de panier » et une baie de style gothique flamboyant, fut accolée à la première au début de 16ème siècle. La chapelle seigneuriale, contenant de nombreuses plaques commémoratives des seigneurs d’Azay, fut construite en 1603. La plupart des vitraux, détruits pendant la seconde guerre mondiale, furent remplacés par des œuvres du maître-verrier Max Ingrand (1908/1969).
Église Saint-Symphorien, vitrail Max Ingrand (photo PMD mai 2021)
Le Château : un château-fort est édifié vers 1119 par Ridel d’Azay. Le château actuel fut édifié entre 1518 et 1523 pour Gilles Berthelot (1450/1530), seigneur d’Azay-le-Rideau, maire de Tours en 1519/1520, secrétaire du roi Louis XII puis trésorier de François 1er, qui saisit le château en 1528, suite à l’affaire Jacques I de Beaune (voir Semblançay), cousin de Gilles Berthelot, et qui le donna, en 1535, à Antoine Raffin, dit Poton (né en 1480), capitaine des gardes du roi.
Le château appartint ensuite à François Raffin, dit Poton, fils d’Antoine, mariée en 1553 à Nicole Le Roy, fille de Guyon Le Roy, seigneur du Chillou (voir Jaulnay), amiral de France et constructeur du Havre ; devenue veuve en 1570, celle-ci se remaria avec Artus de Cossé-Brissac (1512/1582), maréchal de France.
Château (photo PMD août 2013)
L’intérieur du château fut ensuite transformé par Antoinette Raffin, fille de François et son époux Guy de Saint-Gelais (mort en 1622), fils de Louis de Saint-Gelais (1513/1589), considéré comme un fils naturel de François 1er.
Saisi comme bien national après la Révolution, il fut acheté en 1791 par Charles de Biencourt (1747/1824), général de brigade et devint propriété de l’état en 1905. Voir aussi http://www.azay-le-rideau.fr/#
Maisons anciennes : notamment dans les rues suivantes :
Rue Balzac (ancienne rue du Cheval Blanc puis rue du Château) : Hôtel de Biencourt (17ème/18ème) : ancienne école ; n° 15 : maison 15ème/16ème.
N° 15 rue Balzac (photo PMD mai 2021)
Rue de l’Abreuvoir : tour de l’enceinte de la ville, construite au 15ème siècle avec l’autorisation de Charles VII ; petit pigeonnier carré, surplombant l’Indre ; maison 15ème (angle avec la rue Pierre de Ronsard) ; Moulin du centre : corps central en étrave, charpente du 17ème siècle, barrage. Maison bourgeoise du 19ème.
Angle rue Pierre de Ronsard, rue de l'abreuvoir, maison 15ème (photo PMD mai 2021)
Rue Descartes : la vieille poste.
Rue du Moulin : maison avec embarcadère sur l’Indre (à voir sur le pont).
Rue Gambetta (ancienne Grand-Rue ou rue du Marché).
Rue Nationale : Le Grand Monarque : maison 18ème avec cadran solaire. (ancien relais de poste).
Rue Pierre de Ronsard : maison ancienne, devenue l’école maternelle Marcel Amice (1914/1940), mort pour la France.
Rue Rabelais (ancienne rue du Petit Soleil) : maison 15ème.
Maison 15ème, rue Rabelais (photo PMD mai 2021)
Voir l’office de tourisme : https://www.azay-chinon-valdeloire.com/
À voir à l’est
Le Plessis-Gallu (1 chemin du Plessis, à l’est en sortant du bourg) : le fief appartenait en 1379 à Jean de Brion, bailli de Touraine de 1361 à 1370. Au 19ème siècle, le domaine fut la propriété de Cyr-Émery Pigou, maire d’Azay-le-Rideau de 1830 à sa mort en 1842 puis, au 20ème siècle, d’Élisabeth Cahen d'Anvers, née en 1874 et morte à Auschwitz en 1944. Notons, pour la petite histoire, que cette Élisabeth est représentée, avec une robe bleue, à l’âge de 6 ans, par Auguste Renoir, dans le tableau intitulé Les demoiselles Cahen d’Anvers (musée d’art de Sao-Paulo).
Le château actuel, construit au 18ème siècle et remanié au 19ème, conserve des vestiges de l’enceinte médiévale ; on peut y voir un pigeonnier cylindrique, dont le toit est surmonté d’un lanternon. Location d’appartements et de gites de prestige actuellement.
Voir aussi https://www.domaineplessis.net/fr
La Grande-Loge (nord-est) : le château actuel, construit au 16ème siècle et restauré en 2010, présente une tour polygonale et des lucarnes à fronton triangulaire ; une chapelle, existant toujours, y fut fondée au 18ème siècle.
Le Gerfaut (nord-est) : selon le site Tourainissime, ce fief relevait de Vauguérin. En 1629, il appartenait à Pierre Odespung, maître des requêtes et conseiller ordinaire de Gaston d'Orléans, marié à Renée de La Noue ; en 1670, à François Castillon ; en 1720, à Étienne Castillon. Au début du 20ème siècle, le château, reconstruit à cette époque, était la propriété du comte Jean de Sabran-Pontevès (1851/1912), époux d'Elsie Hainguelot (1863/1905) (voir Villandry). Chambres d’hôtes : voir https://chateaudugerfaut.com/
Château de L’Aulée (nord-est), construit au 19ème siècle. Domaine viticole : voir https://laulee.com/presentation-du-domaine/.
La vallée des Goupillières (nord-est) : fermes troglodytiques et souterrain-refuge (voir ci-dessus). Voir https://www.troglodytedesgoupillieres.fr/.
En allant vers cette vallée, on passe à Puits-Brunet, où, selon le site Tourainissime, une construction carrée, avec des murs à colombage et un toit surmonté d’un lanternon semble être un ancien pigeonnier.
Moulin de Perré : un moulin est cité dès 1040 dans cette île de l’Indre. Le moulin actuel, moulin foulon (à draps) fut édifié au 15ème siècle ; il devint un moulin à blé au 18ème siècle et vers 1920, il produisait de l’électricité ; fenêtres à meneaux et poivrières ; une des deux roues à aubes est conservée.
Le moulin de Perré
Croix de Perré (au nord de Perré, route des Frogeraies) : 15ème siècle
Les Frogeraies (au nord de Perré) : pigeonnier carré transformé en habitation.
Château de Mazère : construit au 19ème siècle en style néo-classique. Dans le parc, se trouve une éolienne Bollée. Voir Histoire ci-dessus.
Château de Mazère (photo PMD février 2019)
Val d’Aunay, d’Auknay ou d’Auray (lieu-dit Le Veau) : manoir édifié au 16ème siècle, modifié au 17ème et 19ème siècle. Tourelles en encorbellement, 7 lucarnes identiques de style Renaissance au premier étage.
Moulin d’Aunay : construit en 1525 avec deux roues à aubes. Il fut acquis en 1779 par Jean Buttet (1730/1802), dernier seigneur de Saché, et il appartint ensuite à son petit-fils, Jean Margonne (1780/1858) (voir Saché).
À voir à l’ouest
La Clousière (à l’ouest du bourg, près de la gare) ne peut pas être visitée. Selon le site Tourainissme, cet ancien fief, relevant de la châtellenie d'Azay-le-Rideau, appartenait, en 1599, à François de Gray ; Françoise de Gray (sa soeur ?) avait épousé en 1572 Charles de Mondion, cité comme seigneur de La Clousière ; ces derniers furent les parents de Jacques de Mondion, père de François de Mondion (1613/1677), cité en 1666.
Dans le logis seigneurial, il existait une chapelle dédiée à Saint Claude. Le curé d'Azay-le-Rideau y célébrait la messe le jour de la Saint Claude et le mardi des Rogations.
Moulin de Charrière : moulin du 18ème siècle, reconstruit après un incendie en 1972 : a conservé une de ses deux roues-à-aubes.
Moulin de Charriere (photo Tourainissime)
Château de L’Islette : l’adresse de ce château est 9 route de Langeais, Azay-le-Rideau mais le château lui-même, situé sur la rive gauche de l’Indre, est sur la commune de Cheillé (voir L'Islette à Cheillé).
Après avoir appartenu, en 1295, à Jean Pannetier, bailli de Touraine, le fief fut la propriété de la famille de Maillé. Jean de Maillé, cité en 1403 et mort en 1426, fut le père d’Hardouin de Maillé (mort en 1464) voir aussi Azay-sur-Indre et Lerné, lequel fut le grand-père de René de Maillé (mort vers 1531), (voir aussi Cessigny à Lerné et La Guéritaulde à Veigné), qui fit construire le château actuel en 1526.
Château de L'Islette (photo PMD sept. 2020)
René de Maillé fut le grand-père de Jacques de Maillé, seigneur de Cessigny à Lerné et de François de Maillé (mort en 1627), lequel fut l'arrière-grand-père de Marie Anne de Maillé (inhumée en 1737 dans l’église de Cheillé), qui épousa, en 1673, Charles Tiercelin d’Appelvoisin (mort en 1694).
Le dernier seigneur du fief fut leur arrière-petit-fils, Charles Gabriel René Tiercelin d’Appelvoisin, (1743/guillotiné en 1794), lieutenant-général, époux d’Adélaïde Louise Félicité Chaspoux (1744/1791), fille d’Eusèbe Félix Chaspoux (voir Betz-le-Château). Au milieu des années 1960, le château fut restauré par Pierre et Madeleine Michaud (morte en 2017), parents de Pierre André et Bénédicte Michaud, les actuels propriétaires.
Château de L'Islette, façade (photo PMD sept. 2020)
Pendant les étés 1890, 1891 et 1892, Camille Claudel y séjourna et son amant, Auguste Rodin, la rejoignit parfois.
Voir aussi https : //fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_l%27Islette
La Chatonnière (nord-ouest) : un des premiers seigneurs connus est Antoine I Le Vacher (1496/1588), qui épousa en 1561 Jeanne de Boislanfray, dame de La Chatonnière ; leur fils, Antoine II Le Vacher (1562/1635), cité comme seigneur de La Chatonnière en 1629, fut le constructeur du château actuel. Sur ce château, voir André Montoux : La Chatonnière à Azay-le-Rideau in BSAT 40, 1982 (pages 233/241).
Château de La Chatonnière (photo monumentum)
Jusqu'à ces derniers jours, ce château, surtout connu pour ses magnifiques jardins, appartenait à Mme Béatrice de Andia (1933/2024).
Moulin de Luré : 17ème siècle ; pigeonnier.
Port Huault : il y avait là deux fiefs : celui de Sainte-Catherine, cité dès le 12ème siècle, qui appartenait à l’abbaye de Fontevraud et celui de Port-Huault, qui appartenait à Louis XIII en 1520. Voir aussi Histoire ancienne et moderne.
Marnay : dans ce hameau, à cheval sur les communes d'Azay-le-Rideau et de Lignières-de-Touraine (voir ci-dessus), il y a un ancien moulin, une maison de péage et un musée.
L'ancien moulin à farine est cité dès 1026 dans le cartulaire de Cormery comme appartenant à Geoffroy de l'Île-Bouchard. Au 19ème siècle, il devint une grande papeterie industrielle : sa roue à aubes et une turbine actionnaient alors 10 machines à cylindres à papier. La crise économique de 1929 mit à mal l’activité et la grande papeterie cessa toute activité à la veille de la seconde guerre mondiale. Voir https://www.musee-dufresne.com/musee-maurice-dufresne-2/notre-histoire/.
Ancien moulin de Marnay (photo site du musée)
La maison dite de péage, où se trouve un cadran solaire, date de 1577. Il n’est pas possible qu’il s’agisse d’un péage sur l’Indre, qui n’était pas navigable et c’était sans doute un octroi, étant donné la situation géographique de ce hameau.
Marnay : maison dite de péage (photo Tourainissime)
La papeterie fut achetée en 1983 par l'ancien maréchal-ferrant Maurice Dufresne (1930/2008) (Voir Villeperdue), qui y installa un insolite et intéressant musée, méritant d’être visité (voir http://musee-dufresne.com/)http://musee-dufresne.com/).
Maurice Dufresne (photo site du musée)