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Bueil-en-Touraine


Le nom de cette commune apparaît pour la première fois en 1108, dans une charte de l’abbaye Saint-Julien de Tours, sous la forme Boelium, venant du gaulois bodu-o-ialo, signifiant « le champ de la corneille » ou du gaulois bod-o-ialo, signifiant « le champ de la source ».

Histoire

Un dolmen appelé La Pierre Levée se dressait à 400 m au nord-est de La Blottière (sud-est du bourg) ; selon les souvenirs d’un ancien maire de la commune, il fut détruit un peu avant 1914.

Un domaine agricole gallo-romain existait sans doute à Marigné (sud-ouest du bourg), venant de Mariniacus ou « domaine du Marin ».

Histoire du fief

Le premier seigneur connu est Hugues de Vaux ou de Vallibus, qui en 1108 donna l’église Saint-Pierre de Bueil à l’abbaye Saint-Julien de Tours.

Au 13ème siècle, le propriétaire du fief est Barthélémy III de Bueil (1235/1288) ; selon la tradition, ce dernier aurait été un fils de Bouchard VI de L’Île-Bouchard. Les seigneurs suivants furent le fils cadet de Barthélémy III, Jean I de Bueil, écuyer de Charles IV le Bel, également seigneur de Cinq-Mars-la-Pile, mort sans doute à la bataille de Crécy* en 1346, puis le fils de celui-ci, Jean II de Bueil (mort en 1366) ; selon différentes sources, ce dernier est dit époux d’Isabelle de Palluau (née vers 1324), dame de Montrésor, fille de Geoffroy IV de Palluau (mort vers 1350) et d’Iseut de Sainte-Maure (morte en 1375) et/ou de Jeanne d’Avoir (née vers 1338), fille d’Hardouin II d’Avoir et sœur de Pierre d’Avoir, sénéchal de Tours, lieutenant-général de Louis I d’Anjou, chambellan de Charles V.

Le fils aîné de Jean II, Jean III de Bueil (mort en 1405) fut duc de Touraine et d’Orléans, chambellan de Charles V puis de Charles VI et de Louis I d’Anjou ; il combattit contre les Anglais de 1368 à 1377. Son fils Jean IV de Bueil, maître des arbalétriers de France, chambellan de Charles VI et de Louis II d’Anjou, fut tué en 1415 à la bataille d’Azincourt* ; il avait épousé Marguerite de Clermont, Dauphine d’Auvergne (morte en 1436), fille de Béraud II de Clermont, Dauphin d’Auvergne (1333/1399) et de Marguerite de Sancerre (morte en 1418).

Leur fils, le bien connu Jean V de Bueil (1404/1478), surnommé le Fléau des Anglais, amiral de France, chambellan de Louis XI, qu’il reçut à Vaujours le 3 mai 1469, également seigneur de Château-en-Anjou (Château-La Vallière) et de Vaujours, fut un compagnon de Jeanne d’Arc. Il fut également l’auteur d’un roman semi-autobiographique ayant pour titre Le Jouvencel.

Il fut le père, avec sa première épouse, Jeanne de Montejean, d’Antoine de Bueil (1440/1506), amiral de France, comte de Sancerre, seigneur de Saint-Michel-sur-Loire, qui épousa Jeanne de Valois (1448/1467), fille légitimée de Charles VII et d’Agnès Sorel, et, avec sa seconde épouse, Martine Turpin de Crissé (née vers 1435), d’Edmond de Bueil, seigneur de Marmande, Faye-la-Vineuse et La Roche-Clermault. Son frère Louis III de Bueil (mort en 1446) combattit aussi contre les anglais ; champion du roi Charles VII, il fut tué lors d’une joute par le bourguignon Jehan Chalons, champion du roi Henri VI d’Angleterre.

Jean V de Bueil fut le dernier seigneur du fief car il le donna à la Collégiale (voir ci-après), qui le conserva jusqu’à la Révolution.

À voir dans le bourg

L’église Saint-Pierre-ès-Liens : une première église, romane, dont il reste des traces, existait au 12ème siècle. Au 14ème siècle, les seigneurs du fief y ajoutèrent une collégiale, destinée à recevoir leurs tombeaux. L’ensemble fut restauré au 15ème siècle. La tour-clocher et les fonts baptismaux (voir ci-après) datent du 16ème siècle.

Outre les gisants (voir ci-après), l’église contient aussi une Vierge à l’enfant du 14ème siècle, une Vierge du 18ème siècle, les statues, du 16ème siècle de Saint Sébastien et Sainte Barbe.

Il y a aussi dans cette église 3 plaques commémoratives, dont une, en pierre, près des fonts baptismaux, célébrant la restauration de l’église en 1512 et une autre, en ardoise, indiquant la construction du château du Bois par Pierre de Bueil et son épouse Marguerite de La Chaussée (voir ci-après).

Quatre vitaux du maître-verrier Claire Babet (née en 1969) ont été posés en 2005.

Texte (remanié et abrégé) de Philippe Larus, Président de l’association Histoire et Patrimoine de Saint-Christophe-sur-le-Nais :

« L’acte de fondation de la future collégiale fut rédigé en 1394, sous la direction d’Hardouin de Bueil (1347/1439), fils de Jean II de Bueil et évêque d’Angers. La construction du nouveau chœur commença dès 1394. Edifié dans le prolongement de la nef de l’église paroissiale, présentant une grande unité architecturale, il se compose de quatre travées voûtées d’ogives et se termine par une abside à cinq pans. Les nervures des voûtes retombent sur des chapiteaux sculptés portés par des colonnes engagées. Chaque retombée des voûtes est renforcée, à l’extérieur, par un contrefort.

C’est dans le vaste chœur dédié à l’archange Saint Michel que les valeureux seigneurs de Bueil et leurs épouses vont désormais reposer à leur trépas. Le corps du défunt est déposé dans un cercueil de plomb reposant lui-même, sur des tréteaux, dans le caveau situé dans le chœur. Le défunt est représenté dans son dernier sommeil sous forme de statue, les yeux ouverts, les mains jointes sur la poitrine. L’afflux des pèlerins est tel qu’il faudra refaire l’ancienne nef et l’agrandir au sud par la construction de deux chapelles au début du 16ème siècle. La porte principale de la collégiale date de cette époque.

Les archives et les « meubles » de la collégiale furent transférés à Tours le 30 novembre 1790. C’est probablement à cette époque que les révolutionnaires ouvrirent le caveau. Les sépultures furent profanées, les métaux des cercueils fondus et vendus. Les statues funéraires furent décapitées, mises à bas des monuments et jetées dans la cave sépulcrale. Les trophées militaires, mais aussi les reliquaires et l’ensemble des objets du culte disparurent alors. Si quelques éléments, se trouvant dans des églises ou des musées, ont pu être identifiés, le trésor de la collégiale n’a jamais été retrouvé.

Cependant, grâce à l’intervention de deux membres de la Société Archéologique de Touraine, trois des onze monuments funéraires ont pu être reconstitués, sur la foi du témoignage d’un octogénaire qui avait enfant assisté à la profanation. Les fragments de statues revirent la lumière et furent rassemblés. Des descriptions écrites et figurées antérieures à la Révolution permirent de reconstituer les effigies de Pierre de Bueil et de son épouse Marguerite de La Chaussée (morte en 1443).

Note PMD : selon les sources, Pierre de Bueil (mort en 1414), seigneur du Bois (Neuvy-le-Roi) est dit fils de Jean III et frère de Jean IV ou fils de Jean IV et frère de Jean V ! À moins qu’il y ait eu deux Pierre de Bueil !

En 1883, les statues furent replacées séparément dans les enfeus* restés vides alors qu’elles reposaient à l’origine côte à côte sur la même dalle de marbre. D’autres erreurs ont été commises par les historiens de l’époque, comme l’installation, sous forme de gisant, de la statue verticale de Martine Turpin, seconde épouse de Jean V, qui se trouvait dans la chapelle du château du Plessis (voir ci-après). Cette statue, grossièrement restaurée, a l’inconvenance d’avoir les yeux fermés et de montrer ses pieds nus. Elle est de plus entourée de fragments sculptés provenant d’autres tombeaux dont le magnifique dais attribué au monument de Louis III de Bueil (mort en 1446), autre frère de Jean V.

Des quatre gisants présents dans la collégiale, celui de Jeanne de Montejean, première épouse de Jean V, morte le 18 mai 1456, est sans conteste le plus beau. On remarque le haut bonnet, sorte de hennin, le surcot bordé d’hermine comme la grâce du visage. »

Maison des chanoines : construite dans la cour nord de la collégiale, la résidence des chanoines est constituée de deux maisons, une du 16ème et une autre du 18ème, séparées par un portail en arc ogival.

L’ancien presbytère : construit en 1809 au pied de la collégiale et présentant un cadran solaire, il servit de bureau de poste de 1921 à 2010 ; deux logements y sont maintenant aménagés.

Le cimetière : on peut y voir une croix, posée en 1501, avec une Vierge à l’enfant ainsi que le monument aux morts, réalisé en 1921 par le sculpteur Antoine Boff (1870/1941).

Maisons anciennes :

Rue André Piégu :

  • N°9 : cave 15ème avec croisée d’ogives
  • N°13 : maison 16ème avec tour cylindrique
  • N°14 : maison dite du charron, fin 15èmeavec tour polygonale

Rue de la Mairie :

  • N°1 : maison 16ème

Lavoir (près du bourg, au sud, au lieu-dit L’ormeau) :  alimenté par une source, il date de 1887 et a été restauré en 2004.

À voir en dehors du bourg

Le Bouquet (au nord) : propriété du 16ème siècle, remaniée au 19ème avec une tour d’escalier rectangulaire et, sur la façade sud, une porte centrale en arc en plein-cintre, encadrée par deux baies rectangulaires.

Le Plessis (au sud) :

Le château du Plessis-Barbe : le premier propriétaire connu est Barthélémy Du Plessis, qui, en 1251, donna sa propriété de La Fondenière (Bueil) à l’abbaye Saint-Julien de Tours et en 1255, sa métairie de La Couture (Bueil) à l’abbaye de La Clarté-Dieu de Saint-Paterne-Racan Il appartint ensuite à la famille de Bueil et Martine Turpin de Crissé, la seconde épouse de Jean V de Bueil, fut inhumée dans la chapelle du château en 1480. Après avoir appartenu à différents propriétaires, le fief fut racheté en 1716, par Antoine Pierre de Bueil, petit-fils d’Honorat de Bueil (alias Racan), descendant de Jean V, lieutenant-général des armées du roi ; ce dernier le vendit, en 1745, à Michel Roland des Escotais (1709/1781), lieutenant-général des armées de Louis XV puis de Louis XVI. Celui-ci le réunit en 1755 à ses autres fiefs et le nouvel ensemble est érigé en comté des Escotais par Louis XV en remerciement des services rendus dans ses armées par la famille des Escotais (Voir Armilly à Neuillé-Pont-Pierre et La Roche-Racan à Saint-Paterne-Racan).

En 1913, la propriétaire du château était Jeanne Piégu-Léger (1857-1943), qui avait épousé en 1881 son cousin Louis Paul Piégu (1843/1888), directeur du Petit Parisien et qui fut la mère d’André Piégu (1883/1918), maire de Bueil de 1908 à sa mort, sur le front.

Un texte du 17ème siècle indique que « le manoir et les autres logis de la basse-cour sont enclos à fossés et murailles ». Un autre texte de 1789 précise que le domaine consiste « en bâtiment, domaine, basse-cour, prés, vigne, bois taillé, 2 étangs » Une chapelle seigneuriale est signalée comme démolie en 1846. Jeanne Piégu-Léger ajouta une orangerie. Il y a aussi une ferme avec un pigeonnier cylindrique construit au 19ème siècle.

Par la suite, le domaine devint une Clinique de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR), qui fonctionna jusqu’en 2012 et qui est actuellement à l’abandon.

À l’est du château, le moulin du Plessis, sur le Long est un ancien moulin banal, fabriquant de la farine et dont un seul bâtiment sur trois a été conservé.


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