Chanceaux-sur-Choisille
Le nom de cette commune, située au nord de Tours, apparaît en 939, dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Julien de Tours, sous la forme Cancellis, venant du latin cancellum, signifiant « pâturage entourée d’une clôture ».
Histoire
Selon le Patrimoine des communes d’Indre-et-Loire (Flohic 2011) des silex polis du néolithique ont été découverts à Langennerie (au nord du bourg) et à 500 m. au sud de ce lieu-dit, un bloc de grès de 1,50 m. de haut, appelé la Grosse Pierre, pourrait être un menhir. Par ailleurs, le toponyme Pierre-Couverte (au nord-ouest du bourg) indique peut-être qu’il y avait là un dolmen disparu.
Un polissoir fixe, qui semble n'avoir jamais été déplacé, a été découvert en 1996 par Jean-Mary Couderc* dans Les Bois-de-Baudry (nord-est). C’est un gros bloc de grès de 0,90 m de hauteur, il présente trois grandes rainures et une plus petite qui semble s’inscrire dans une plage unique de polissage assez superficielle.
Sur le site La Prairie-de-La-Bourdillière (au nord du bourg), des fouilles préventives sur le tracé de l’autoroute A 28, ont mis en évidence une occupation au néolithique : découverte de quatre fragments d’un vase Chambon, puis au 1er âge du Fer (fosse et alignement de poteaux qui suggèrent la présence d’un habitat structuré) ; il y eut ensuite une agglomération gallo-romaine secondaire ou un vaste domaine agricole situé à proximité de l’ancienne voie gallo-romaine : villa* avec thermes (bassins et hypocauste), fragments de tuiles et de poteries, sanctuaire avec deux temples (fanum) carrés, pièce de monnaie des Bituriges Cubes.
Sur le site de La Grande-Pièce (au sud du bourg), les mobiliers lithique et céramique récoltés dans les limons ont mis en évidence une première occupation datant du néolithique final ou de l'âge du Bronze. Une occupation, datée de La Tène finale (second âge du fer) et située au nord du site, à l'emplacement des occupations postérieures, a été pressentie par la présence de mobilier céramique. L'occupation gallo-romaine est matérialisée par des structures en creux, vraisemblablement liées à un habitat et les nombreuses scories retrouvées dans les comblements indiquent une activité métallurgique proche.
Au Passe-Temps (sud-est de l’agglomération) : on a découvert en 1971 une sépulture à incinération de la fin du 2ème siècle après JC, contenant de la céramique sigillée* et commune, des débris de verre liquéfiés et des ossements calcinés.
Des domaines agricoles gallo-romains existaient à Bray (nord-est), cité au 9ème siècle dans le cartulaire de l’abbaye de Cormery, sous la forme villa Beria (voir ci-après), à Le Bosnai (sud-est du bourg), venant de Bonacus ou « domaine du Bon » et au Villeray (à l’ouest du bourg), cité également au 9ème siècle, dans le même cartulaire, sous la forme Villaredum, du latin villaretum, signifiant un groupe de domaines ruraux.
La voie gallo-romaine qui allait de Tournon Saint-Pierre au Mans, via Tours, entrait, en venant de Notre-Dame-d’Oé, sur le territoire de cette commune à La Grande Borde et franchissait la Choisille, à Langennerie, au gué de Roiville, à cheval sur Cérelles et Chanceaux-sur-Choisille.
Au moyen-âge, Chanceaux-sur-Choisille était une châtellenie, qui relevait du château de Rochecorbon et qui appartenait à l’abbaye Saint-Julien de Tours.
À voir dans le bourg
Prieuré et Église Saint-Martin : le prieuré de Chanceaux a été fondé au cours du 11ème siècle, sous la dépendance de l'abbaye de Saint-Julien de Tours. L'église, devenue paroissiale, a été séparée des bâtiments conventuels. Ceux-ci ont été transformés en locaux d'exploitation agricole. Deux bâtiments médiévaux, à usage domestique, subsistent et forment l'angle nord-est du quadrilatère aujourd'hui constitué. Le 1er a été transformé en écurie-grange et le second, très remanié, en habitation. Le 1er parait remonter au milieu du 12ème siècle (baies géminées conservées) avec une charpente du 14ème ou du 15ème siècle. Le second, en retour d'équerre sur le premier est trop dénaturé pour être daté mais il a conservé des vestiges de peintures murales du 14ème ou du 15ème siècle sur son mur pignon. Les autres bâtiments (hangars, grange et fuye) sont postérieurs et tous remaniés.
Une intervention de diagnostic faite sur le site a permis de mettre au jour une première période d’occupation caractérisée par des inhumations des 7ème et 8ème siècle. La deuxième période (8ème/9ème siècle) est représentée par trois trous de poteaux de grandes dimensions qui témoignent de la présence d’un bâtiment succédant à la phase funéraire. Il pourrait s’agir d’un édifice cultuel en matériaux légers. La troisième période est caractérisée par l’édification de l’église actuelle vers la fin du 9ème ou dans la première moitié du 10ème siècle, qui pourrait remplacer le bâtiment construit préalablement en période 2.
Cette église, qui était l’église prieurale ; est bâtie en petit appareil régulier et est composée d’une nef unique dépourvue de transept. La nef est éclairée de chaque côté par trois petites fenêtres en plein cintre haut placées, et terminée par une abside semi-circulaire voûté en cul-de-four. Cette abside est éclairée par deux fenêtres latérales en plein cintre, une autre fenêtre médiane ayant été d’abord modifiée puis condamnée. Deux personnages sont encastrés au sommet du pignon occidental, probablement les patrons de l’église, Saint Martin et Saint Julien.
À l’intérieur, on peut voir les statues de Sainte Agathe et Saint Mamert, œuvres du céramiste tourangeau Charles Jean Avisseau (1796/1861), une Vierge à l’enfant du 16ème siècle et un retable en bois doré du 17ème siècle.
Dans la rue de la Chute, on peut voir la Fontaine de La Bourdillière, du 18ème siècle, couverte d’un dôme en pierre.
À voir au nord
Château de La Chute (nord-est) : édifié au 15ème siècle, puis grandement modifié au 18ème, il appartenait en 1756 à Philippe Taboureau des Réaux (1688/1763), veuve de Gabriel Taschereau de Baudry (1673/1755).
Le Mortier (nord-est) : toponyme qui apparaît dès 992 sous la forme Mortarium, signifiant mortier (objet dans lequel on pile). Le manoir, du 18ème siècle, repose sur une base du 15ème siècle, époque où le château appartenait au sculpteur Guillaume Regnault (±1450/1532), auteur du Tombeau des enfants de Charles VIII dans la cathédrale Saint-Gatien, et neveu pat alliance du sculpteur Michel Colombe (±1430/1515).
À Bray (nord-est), cité au 9ème siècle, dans le cartulaire de l’abbaye de Cormery, sous la forme villa Beria, il y avait une chapelle domestique, qui, en 1775, appartenait à Pierre Marc de La Roche (mort en 1778), grand archidiacre de l’église de Tours.
La Planche (nord-ouest) : le manoir, du 17ème siècle, conserve une chapelle dans le pavillon sud mais le pigeonnier octogonal a disparu. Il appartenait au 18ème siècle à Antoine Barré (voir Rigny à Joué-lès-Tours).
Le moulin de Chanceaux, devenu le moulin de La Planche, du fait que le meunier avait l’obligation d’entretenir le pont de Langennerie, fut construit en 1480. Au 16ème siècle, le meunier ajouta une grange et une écurie ; il hébergeait aussi les voyageurs et Ronsard y coucha, comme il le dit dans son Voyage de Tours. En 1930, l’activité meunière cessa et le moulin fut remplacée par une laiterie connue localement par sa fabrication du camembert « La Noisette » (le bief était bordé de nombreux noisetiers). Elle cesse son activité dans les années 1950. Le Moulin, sera transformé en restaurant vers 1975.
Depuis 1989, le moulin et les autres bâtiments, progressivement restaurés, abritent des chambres d’hôtes. Refuge de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), ses jardins, vergers, bois et prairies, traversés par la rivière Choisille et le bief, s’étalent sur 8 ha et permettent à chacun de s’isoler pour profiter de la nature. L’étang est à lui seul un lieu d’animation avec ses cygnes, oies, canards et poules d’eau. Voir https://www.moulindelaplanche.com/
À voir à l’ouest
La Porcherie ou Château de Choisille (depuis 1937) : le fief appartenait en 1559 à Marie Brosset, épouse en secondes noces de Jean Sapin, receveur général des finances en Languedoc ; leur fils Jean Baptiste Sapin, chanoine de Saint-Martin de Tours et Conseiller au parlement de Paris, fut pendu à Orléans par les protestants en 1562 en représailles de la pendaison par les catholiques du théologien protestant Augustin Marlorat (1506/1562).
En 1700, le propriétaire était Jacques Julien Royer (mort en 1724), Trésorier (voir Généralité*) au bureau des finances de Tours ; sa fille Catherine Élisabeth Royer, qui avait épousé en 1706 Pierre Decop, conseiller au bailliage* de Tours puis Trésorier au bureau des finances de cette même ville, vendit le fief vers 1773 à Michel Pierre Martel (1719/1789), commissaire de marine au Québec et frère de Jean Baptiste Grégoire Martel (1701/1767), seigneur d’Esvres-sur-Indre.
En 1818, le domaine appartenait à Pierre Georges Houssard (1774/1849), régisseur du château de Baudry à Cerelles et maire de Cerelles de 1806 à 1849. Son fils, l’avocat Georges Eugène Houssard (1814/1885), maire de Chanceaux-sur-Choisille en 1847, député de 1868 à 1876 et sénateur de 1876 à 1879 vendit la propriété en 1857 à Auguste Adolphe Cottin (1808/1883), négociant à Paris et à son épouse Émilie Hostein (1830/1911), fille du peintre Édouard Hostein (1804/1889), qui réalisera de nombreuses lithographies de cette propriété.
En 1917, le château fut loué par Ève Lavallière (1866/1929), comédienne réputée de 1891 à 1917, qui se convertit sous l’influence de l’abbé Chasteignier, curé de la commune, et qui entrera dans le Tiers Ordre Franciscain en 1920, puis, en 1932, il fut acheté par Charles Spiessert (1896/1971), directeur du cirque Pinder afin que les animaux de la ménagerie puissent passer l’hiver à l’abri.
Le château, construit au 16ème siècle et modifié au 18ème, est entouré de douves et possède une chapelle, dont le pignon est orné de motifs de style gothique flamboyant.