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Chemillé-sur-Dême


Le nom de cette commune, située au nord du département, à la frontière avec le Loir-et-Cher, apparaît dès 802, dans un diplôme de Charlemagne, sous la forme Camiliacus, venant de Camilliacus ou « domaine de Camillius ». Mais, selon certains, ce toponyme pourrait venir du gaulois calmis, signifiant « hauteur ».

Histoire

Un autre domaine agricole gallo-romain existait sans doute à Rezay (au sud du bourg), venant de Rasiacus ou « domaine du Rasé » (voir ci-après).

Une voie gallo-romaine, allant de Tours au Mans franchissait la Dême à gué entre Chemillé-sur-Dême et Épeigné-sur-Dême à un endroit que les gens du pays appellent L’Inferneau, où se trouvent encore de grandes dalles permettant aux piétons de franchir le gué à pied sec ; juste avant ce gué, la voie est encore bien visible sous le nom d’Allée-Romaine ; après le gué, le chemin continue jusqu’à la D 72 où il aboutit à côté d’une croix blanche (côte 80) ; de l’autre côté de la départementale, l’ancienne voie, qui sert de limite entre les deux communes, peut encore être distinguée.

La frontière entre les Turons* et les Aulerques Cénomans était sans doute matérialisée par le Ruisseau de Rorthres, qui coule au nord de la commune car de part et d’autre de ce ruisseau on trouve deux lieudits nommés Ingrande*, l’un sur Chemillé-sur-Dême et l’autre sur Villedieu-le-Château (Loir-et-Cher).

Au 16ème siècle, Ronsard vint plusieurs fois à Chemillé pour rendre visite à son ami Jean de Loré, seigneur de Rebondais (voir ci-après) et écrivit un poème sur la Fontaine du Gast.

La châtellenie de Chemillé appartenait, comme le fief de Château-La-Vallière à la famille de Bueil. Au 16ème siècle, Louis IV de Bueil (mort en 1565) fut le père de Claude de Bueil (cité en 1630) et de Jean VII de Bueil (mort en 1638). Ce dernier fut le père de René de Bueil, cité en 1626, qui fut le père de Jean VIII de Bueil, de Françoise de Bueil, qui épousa Claude Hugues de Lezay-Luzignan (mort en 1707) ainsi que de Renée de Bueil, épouse de François I de Mesgrigny de Briel ; par la suite la seigneurie passa à Louis Joseph de Broussel, cité en 1747, marié à Marie Louise de Mesgrigny de Briel, fille de François I.

Les deux derniers seigneurs furent, en 1768, Henri Renault Nicolas de Lezay-Lusignan, lieutenant-colonel puis, en 1789, à Louis Étienne Honoré de Martel de Gaillon (1745/1805), fils de Jean Baptiste Grégoire de Martel (1710/1767), garde des magasins du roi à Montréal.

À voir dans le bourg

Église Saint-Cyr-Sainte-Julitte (12 Place de l’église) : c'est vraisemblablement au cours du 11ème siècle que fut construit l'édifice initial. De cette époque est encore visible une partie du mur à l'angle des façades Sud et Ouest parementée en petit appareil. Le chœur et les chapelles latérales datent du 15ème ou 16ème siècle.  Le clocher fut construit au 16ème ou 18ème siècle. En 1865, l'église fut agrandie par l'ajout de trois chapelles supplémentaires ; En 1873, le lambris de la nef fut remplacé par une voûte en briques selon les plans de l'abbé Pierre Paul Brisacier (1831/1923).

On peut voir à l’intérieur :

  • Une châsse surmontée d'une croix, contenant les reliques de Saint François de Paule (1416/1507) et de Saint Louans.
  • Un retable en pierre peinte de couleur grise, composé de 2 parties. La partie inférieure relativement sobre est composée d'un grand arc en plein cintre, au centre duquel est placé une tête d'ange en bois peint. L'arc est encadré de 2 pilastres à chapiteaux ioniques ornés de guirlandes de fruits ; l'entablement, faisant transition entre les 2 parties, est ornée d'une frise de feuilles d'acanthe. La partie supérieure, encadrée de 2 statues, est composée d'une niche, destinée à abriter la statue de Saint Cyr et de Sainte Julitte. Cette partie, couronnée d'un fronton cintré et accostée d'ailerons est ornée de 3 têtes d'anges : l'une au centre du fronton, les 2 autres têtes, d'où partent des guirlandes de fruits encadrent la niche. Le fronton est surmonté au centre d'une corbeille de fruits.
  • Trois statues du 19ème siècle, du céramiste Charles Jean Avisseau (1796/1861) : Vierge à l’enfant, Saint Cyr et Sainte Julitte, Saint Joseph et l’enfant Jésus.
  • Un tableau du 17èmereprésentant Marie Madeleine de Pazzi (1556/1607), carmélite florentine.
  • Des vitraux de Jean Prosper Florence et de Lucien Léopold Lobin.

À l’extérieur se trouve une pierre d’attente des morts.

Le cimetière (rue Saint-Hilaire), à l'origine au sud de l'église fut transféré en 1814 « sur le chemin qui conduit du bourg au lieu appelé Saint Hilaire ». À l’intérieur on peut voir une croix hosannière du 16ème siècle, croix en pierre de taille de forme trilobée ornée au centre d'une Vierge à l'enfant. La croix est fixée sur une colonne cylindrique en pierre et a été intégré à la tombe des curés de Chemillé, dont elle forme la croix funéraire ; y sont enterrés notamment l’abbé Émile Groleau (1850/1907) et l’abbé Pierre Salles (1906/1966).

La chapelle du cimetière fut construite en 1846 à l'extrémité Nord du cimetière actuel pour servir de sépulture familiale à la famille Diard. Elle devint en 1847 une chapelle publique afin de pouvoir y célébrer des messes pour les défunts. Une statue de Saint Médard, sculptée par Charles Jean Avisseau fut placée à l'intérieur.

Ancien presbytère (1 place de l’église) : ce bâtiment, construit en 1858 pour remplacer l’ancien presbytère, qui tombait en ruines, a servi de bureau de poste à partir de1911. C’est maintenant, depuis 1968, la mairie.

Maison de l’Averne (6/8 rue de l’Averne) : notice de Pop-culture : « on dispose de peu de renseignements sur cette demeure qui fut construite dans la première moitié du 16ème siècle comme en témoigne le décor sculpté des lucarnes et une partie de cheminée située au premier étage sur le pignon Sud. Elle fut occupée au 18ème et 19ème siècle par la famille Rondeau, dont les membres occupèrent à Chemillé des charges civiles et judiciaires comme greffier des châtellenies de la Marchère, notaire royal, procureur fiscal. Jean Rondeau fut notaire à Chemillé de 1724 à 1759. Sa fille Anne fut marraine de la cloche en 1760. J.C Pouthières, curé de la paroisse de Chemillé, de 1841 à 1856, mentionne l'existence d'une tour à l'angle occidental, qui fut démolie à cette époque lors de l'agrandissement de la route, et dont l'emplacement est encore visible sur le cadastre napoléonien. Cette demeure souffrit des aménagements faits au 20ème siècle par le percement de baies et notamment de sa division intérieure en de nombreuses pièces destinées à 3 propriétaires différents qui ne permettent pas de reconstituer le volume d'origine. »

Cette maison étant l’ancienne maison de justice, il est possible que le terme « averne », synonyme de « enfers » renvoie à cette fonction, à moins que le nom de la maison vienne du nom de la rue.

Rebondais (dans le bourg, 7 rue de Saint-Hilaire) : le manoir appartenait au début du 17ème siècle à Jean de Loré, cité dans une donation du 13 avril 1608 comme « noble homme, sieur des Prez et de Rambondais, demeurant en ce bourg de Chemillé », descendant peut-être d’Ambroise II de Loré (1395/1446), compagnon de Jeanne d’Arc et de Guillaume de Prez, grand-père maternel d’Ambroise II.

Au début du 20ème siècle, d'après les cartes postales qui le représente, le manoir paraît en mauvais état, avec les murs envahis par la végétation. En 1972, la municipalité prit un arrêté de péril pour obliger le propriétaire à consolider sa demeure qui devenait dangereuse pour le voisinage, quelque temps auparavant les cheminées avaient été démontées pour être vendues.

Alors que cette demeure semblait être sur le point d'être démolie, elle fut rachetée. L'acquéreur ne put malheureusement pas conserver les deux tours d'angle situées sur la façade Sud à chaque angle. Seul un soubassement d'une tour reste à l'angle est. Le propriétaire actuel, qui lui a succédé, demeure soucieux de conserver avec soin ce témoignage d'architecture civile de la fin du 15ème siècle. Logis, couvert d'un toit à longs pans, doté au centre de la façade nord, d'une tourelle d'escalier pentagonale, couverte d'un toit polygonal. Baies rectangulaires à meneaux. Encadrement des baies et chaînages d'angle en pierre de taille. Pignons découverts, le rampant droit du pignon est est orné d'une figure animale. Charpente à chevrons formant fermes.

L’Élysée (rue de l’Élysée) : manoir du 17ème siècle.

Lavoir, en contrebas de la route de Tours dans le bourg, au sud) : construit en 1904.

À voir en dehors du bourg

La Marchère (nord-ouest du bourg) : le château, du 14ème siècle, appartint jusqu’à la Révolution aux seigneurs de Chemillé.

Description d’André Montoux* : « château composé de 2 corps de bâtiments : le logis et le châtelet d'entrée. Logis, de plan quadrangulaire, flanqué sur sa façade Nord, de 2 tours rondes en pierre de taille appareillées, coiffées d'un toit conique, placées en demi hors-œuvre sur les angles Est et Ouest. Sur la façade Sud, tour pentagonale en hors-œuvre, coiffée d'un toit polygonal n'abritant pas l'escalier comme son aspect pourrait le faire croire, mais le vestibule au rez-de-chaussée et des pièces supplémentaires à chaque étage. Le corps principal du logis présente des baies à meneaux, sur la façade Sud et des lucarnes en pierre de taille. Murs en calcaire moellon enduit. Encadrement des baies et chaînages en pierre de taille. Châtelet : plan en L, composé de 3 niveaux : au rez-de-chaussée, chapelle voûtée ; A chaque étage, une grande salle dotée d'une cheminée monumentale et éclairée de baie à meneau.

La façade Nord porte la trace des embrasures du pont-levis, l'emplacement de la porte cochère et celle de la porte piétonne. Sur la partie gauche, la porte en anse de panier surmonté d'un arc au décor néogothique donne accès à la chapelle éclairée de vitraux placés dans des baies en arc brisé. Sur la façade Ouest, escalier droit en pierre donnant accès aux parties hautes. Murs en pierre de taille. Toits en croupe. »

Rezay (au sud du bourg) : texte d’Anne Debal-Morche : conservatrice en chef du patrimoine : « au début du 16ème siècle, Rezay appartenait à la famille Beaufils. En 1504, Jean Beaufils, seigneur de Rezay, est mentionné comme chanoine de l'église de Tours. Le fief passa, dans la 1ère moitié du 16ème siècle à Jean Besnard (1), conseiller au Parlement de Bretagne, par son mariage avec Marie de Beaufils. C'est sûrement durant le 16ème siècle, à l'époque où la famille Besnard en est propriétaire que furent construits le logis, comme en témoigne la forme des baies à meneaux du logis 1 et la chapelle, comme pourrait l'attester la mouluration du poinçon et de l'entrait de la ferme principale. Est-ce, Guillaume Besnard (2), doyen de St Gatien de Tours, en 1646, qui fit construire le portail monumental, dont il ne reste qu'un pied droit.

Formé d'une arcade en plein cintre, à claveaux appareillés, et surmonté d'un fronton courbe orné d'armoiries, il fut détruit dans les années 1950, pour faire passer les machines agricoles. Au 18ème siècle, Rezay appartient au marquis de Courceriers (3), demeurant au Mans.

Après la Révolution, le domaine est acquis par Armand Rougé, boucher à Neuvy, qui le vend à Jules Poilvillain, meunier et maire de Chemillé en 1876. Rezay est transformé en exploitation agricole. Des bâtiments d'exploitation (écurie, bergerie) sont construits après 1883, puisqu'ils n'apparaissent pas sur le plan de 1883, extrait du plan parcellaire établi lors de la construction du chemin de fer. L'un des logis est transformé en grange, supprimant ainsi toute la distribution intérieure, murant les fenêtres hautes sur la façade Ouest, surmontées peut être à l'origine de lucarnes de pierre, à l'image des manoirs voisins de Mauny à Marray ou rue de l'Averne à Chemillé, et perçant d'autres ouvertures sur la façade Est. La chapelle est utilisée comme grenier à foin, ce qui explique les 2 ouvertures sur la façade Nord : une porte charretière et une porte haute, l'intérieur est séparé par un plancher. La famille Bennevault, propriétaire au 20ème siècle vend Rezay dans les années 1990 aux actuels propriétaires soucieux de restaurer cette demeure.

L'ensemble des bâtiments est disposé autour d'une cour. Au sud se trouvent l'écurie et la chapelle, au sud-ouest, la bergerie, au Nord et à l'est, les 2 logis placés en équerre ; le logis situé sur l'aile Est, dit logis 1, est doté au sud-est d'une tour ronde hors œuvre. Les murs sont en moellon enduit, avec chaînage et encadrement des baies en pierre de taille. Chapelle, de plan rectangulaire, terminé par une abside orientée au Sud, couverte d'un toit en demi croupe, en tuiles et éclairée par 2 baies en arc brisé. Charpente à chevrons formant fermes avec 1 ferme principale avec poinçon et entrait. Logis 1, de plan rectangulaire, toit à longs pans, couvert d'ardoise sur la façade Ouest et de tuiles sur la façade Est. Il est flanqué sur le pignon Sud, d'un bâtiment à destination agricole, au toit en appentis, couvert de tuiles et à l'angle Sud est d'une tour ronde hors œuvre, coiffée d'un toit conique en ardoise. La tour est composée de 3 niveaux, correspondant aux niveaux du logis 1. Elle est percée d'une porte en arc en plein cintre au rez-de-chaussée, de baies rectangulaires et de meurtrières horizontales, aux étages. Logis 1 percé, sur sa façade Ouest, d'une porte charretière, d'une porte piétonne et d'une porte haute, destinées à l'utilisation en grange.

Les baies d'origine de forme rectangulaire ont été murées, il subsiste encore les meneaux. Cave placée à l'extrémité Nord faisant la largeur du bâtiment. Logis 2, de plan rectangulaire, toit à longs pans, couvert d'ardoise, vestige d'un four à pain sur le pignon Est. Baies rectangulaires. Cave placée au milieu de la façade. »

Notes PMD :

  • Il s’agit de Jean Besnard, receveur des tailles à Amboise, seigneur du Puy (Reugny) qui épousa en 1545 Marie Beaufilz, fille de Joyeux Beaufilz (mort après 1523), seigneur de Rezay.
  • Ce Guillaume Besnard (mort en 1684), également chanoine de Notre-Dame de Paris et conseiller au parlement de Paris était le fils de Pierre Besnard, cité comme seigneur de Rezay en 1617, lui-même fils d’un autre Guillaume Besnard, fils de Jean Besnard et de Marie Beaufilz, conseiller au parlement de Paris, cité comme seigneur de Rezay en 1579, époux d’Anne Forget, citée en 1595, fille de Pierre Forget (né vers 1505), seigneur de La Branchoire à Chambray-les-Tours.
  • Il s’agit probablement d’André Du Bois (mort en 1795), dit marquis de Courceriers (Mayenne).

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