Cinais
Le nom de cette commune, située au sud-ouest de Chinon, apparaît pour la première fois en 1247 sous la forme Seniès, puis en 1423, dans une charte de l’abbaye de Seuilly, sous la forme Sinais, venant du gallo-romain Caenacus ou « domaine de Caenus ».
Histoire
La Pierre-Levée est un petit menhir, de 1,30 de haut, situé sur Le Camp des Romains (voir ci-après) : Poudingue siliceux de 180 x 180 centimètres. Selon Touraine insolite, un vœu prononcé par quelqu’un ayant une main posée sur la pierre était exaucé.
Le Pas-de-la-Mule-de-Saint-Martin est un autre menhir : selon Pierre Audin, in Lieux sacrés et lieux saints de Touraine (CLD 2001) « dans le Camp des romains (…) se dressaient deux blocs de pierre qui ont plus tard été christianisés. L’un, disparu, portait localement le surnom de « Degrés de Saint-Martin » car il passait pour avoir servi de siège à l’évêque tourangeau, l’autre bloc, qui existe toujours, est dit Pas de Saint-Martin, car il portait une cavité en forme d’’empreinte, maintenant difficilement discernable. »
Un poignard néolithique provenant du Camp-des-Romains se trouve au Carroi-Musée de Chinon.
Le Camp-des-Romains : Ce site remarquable, sans doute un oppidum gaulois, a malheureusement été défiguré au milieu du 19ème siècle par l’extraction de matériaux utilisés pour les routes.
Le site Touraine insolite donne une description de ce qu’il était avant cette défiguration à partir d’un texte de Gustave de Cougny*, intitulé Notice sur le camp de Cinais (1866) « La surface enveloppée par le pourtour extérieur est de 25 hectares ; son grand axe est d'environ 950 mètres et sa plus grande largeur est d'à peu près 300 mètres. Les pierres dont sont faits les murs ont été trouvées sur les lieux mêmes (…). Au nombre des divisions intérieures, on remarque une grande rue de 5 mètres de largeur. Elle est comprise entre deux murailles parallèles, dans la direction nord-sud, et donnait accès, au moyen d'ouvertures, dans les compartiments voisins. On voit encore aujourd'hui quatre portes à l'enceinte extérieure ; près des portes, dans l'intérieur de l'enceinte, on remarque les bases de petites constructions rectangulaires' bâties de la même façon que les autres murs. C’étaient évidemment des postes destinés à recevoir les gardes des portes et à flanquer ces entrées. »
Raymond Mauny*, in BAVC, VII 10 (1976) précise que cet oppidum ne fut utilisé que de façon accidentelle par les Romains car il n’y avait pas de point d’eau et que déjà en 1942, Max Delaleu, instituteur à Cinais, écrivait : « Aujourd’hui, il ne reste presque plus rien des beaux alignements de pierres (…) Les traces des fossés sont à peine apparentes (…) Le grand mur d’enceinte est à peu près complètement détruit. »
À l’époque gallo-romaine, Cinais était une agglomération secondaire (vicus), comme le montrent les nombreux fragments de tuiles à rebords découverts près de l’église et un vase de terre rouge découvert en 1825 près du Camp-des-Romains, contenant une centaine de pièces de monnaies d’Hadrien (empereur de 117 à 138), d’Antonin-le-Pieux (empereur de 138 à 161) et de son épouse Faustine l’ancienne ainsi que la grande villa gallo-romaine, avec thermes, fouillée par Jean-Philippe Chimier, archéologue à l’INRAP (Voir Les grandes villae gallo-romaines, in ATT.)
La voie gallo-romaine qui longeait la rive gauche de la Vienne est encore bien visible sur le territoire de la commune actuelle de Cinais ; après Pontille (voir Chinon), elle se dirigeait vers le Pont de Clan (commune actuelle de Saint-Germain-sur-Vienne).
Pendant la Seconde guerre mondiale, Jérôme Besnard (1900/1968), curé et secrétaire de mairie de Cinais de 1932 à 1943, s’évada de captivité en 1941, de retour à Cinais, il profita de ses fonctions à la mairie pour aider Juifs et évadés en leur fournissant de faux papiers.
À voir dans le bourg
Église Saint-Hilaire : l’ancienne église Saint-Martin, située près du cimetière, fut saccagée par les protestants en 1568. L’église actuelle, construite en 1860 selon les plans de Gustave Guérin, contient des vitraux de Lux Fournier et de Lucien Léopold Lobin (voir maîtres-verriers tournageaux*).
Habitations anciennes :
Ruelle du Colombier : caves du 16ème siècle, surmontées d’un pigeonnier comprenant 180 boulins.
Rue des Palmiers :
- Maison avec pigeonnier mural.
- Maison noble, dite le château de Cinais, du 15ème siècle, avec un cadran solaire/
- Nombreuses habitations troglodytiques, dites caves demeurantes.
À voir en dehors du bourg
La Boulardière (6 chemin de la Garenne, au nord-est) : ce manoir fortifié des 15ème et 16ème siècle appartint à cette époque à la famille Le Roy, seigneur de Chavigny à Lerné ; Guillaume III Le Roy (1410/1479), capitaine de Montlhéry, premier seigneur connu, fut le père de René Le Roy (1450/1512), chambellan de Louis XI, qui épousa en 1481 Madeleine Gouffier (1461/1533), gouvernante des enfants de François 1er, fille de Guillaume I Gouffier (1435/1495), chambellan de Charles VII et gouverneur de Touraine. Leur fils, Louis Le Roy (mort en 1554), chambellan du roi Henri II et capitaine des gardes du corps du roi, fut le père de François Le Roy (1519/1606), capitaine des gardes du corps du roi et lieutenant-général de Touraine (voir Chaumussay).
Ce dernier vendit le fief en 1599 à Jean Gorgeau ou Gourgeau, procureur au parlement et à son épouse Gabrielle de Salvert, lesquels le revendent en 1663 à Claude d’Escoubleau, gouverneur de Boulogne-sur-Mer, seigneur du Coudray-Montpensier à Seuilly. Ce dernier fut le père d’Henri d’Escoubleau, lieutenant-général et de Marie d’Escoubleau (1630/1652), qui épousa en 1650 Robert Du Bouex (mort en 1668) et qui fut la mère de Henri François Du Bouex, à qui Paul François d’Escoubleau (mort en 1693), fils d’Henri d’Escoubleau, légua ses biens.
Henri François Du Bouex vendit la propriété en 1714 à Henri de Vallière (mort en 1720), qui, n’ayant pas d’enfant, légua ses biens à son petit-neveu Philippe Claude René de La Motte-Baracé (mort en 1768). Ce dernier fut le père d’Alexandre de La Motte-Baracé (mort en 1795) et le grand-père d’Auguste de La Motte-Baracé (1780/1857), qui émigra mais qui, de retour en France récupéra ses propriétés en 1800 et fut maire de Seuilly en 1815. Ce dernier fut le père d’Alexandre Auguste de La Motte-Baracé (1810/1900), lui-même père de Marie Augustine Louise de La Motte-Baracé (1842/1869), épouse de Julien Auguste Lemaire de La Neuville (né en 1840).
Le manoir est un long bâtiment rectangulaire flanqué de deux tours circulaires et entouré d’une enceinte quadrangulaire avec un pavillon carré et une tour polygonale d’escalier. Une grange présente une porte charretière en plein cintre et un portillon. Peut être loué : voir https://www.gites.fr/gites_manoir-de-la-boulardiere_cinais_57793.htm
La Bourdillière (nord-ouest) : ce fief est cité en 1405 comme relevant du Coudray (Seuilly) et appartenant à Macé d’Andigné. Martin Millet en était le seigneur en 1644. La façade nord de ce manoir, qui a été construit au 14ème siècle, est percée d’une étroite fenêtre à meneau. À l’intérieur, cheminée du 17ème.
La Mer (nord-est) : ancienne ferme du 16ème siècle ; petit rendez-vous de chasse au 19ème.
Moulins :
- Si la Devinière, où naquit Rabelais, est sur la toute proche commune de Seuilly, le moulin à vent de la Devinière (au sud) est bien sur la commune de Cinais ; ce moulin, transformé en habitation, a perdu ses ailes mais a gagné une cheminée.
- Le Moulin de la Voie, sur le Négron, au nord-est, qui porte la date de 1718, a été transformé lui aussi en habitation.
- Entre ce moulin et le bourg, se trouve un ancien moulin-cavier*, aujourd’hui ruiné.