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Épeigné-sur-Dême


Le nom de cette commune, située tout au nord du département, apparaît pour la première fois en 1040, dans le cartulaire de l’abbaye de la Trinité à Vendôme, sous la mention Hispaniacus, in pago Cenamanico, qui indique donc que ce « domaine agricole de l’Espagnol » se trouvait, à l’époque gallo-romaine, sur le territoire des Aulerques Cénomans.

Histoire

Le menhir des Cormiers (voir ci-après) est un témoignage du néolithique  

L’ancienne voie gallo-romaine, qui allait de Tournon-Saint-Pierre au Mans, passait entre Chemillé-sur-Dême et Épeigné-sur-Dême puis continuait vers le nord en franchissant la frontière entre les Turons* et les Aulerques Cénomans au gué de Rorthres. Il semble bien en effet que ce Ruisseau de Rorthres servait de frontière entre ces deux peuples car deux toponymes Ingrande* se trouvent de part et d’autre de ce ruisseau : un sur Chemillé-sur-Dême et un autre sur Villedieu-le-Château, dans le Loir-et-Cher.

Le fief était lié à celui de Chemillé-sur-Dême et fut possédé par les mêmes seigneurs.

La paroisse de Rorthres, citée en 1204 dans le Cartulaire de Saint-Vincent du Mans sous la forme Roorta et réunie à la commune d’Épeigné en 1822, formait une châtellenie qui appartenait, en 1605, à l'abbaye de la Trinité de Vendôme ; en 1694, à Claude de La Bonninière (1643/1707) (voir Beaumont-la-Ronce), qui fut le père de Claude Guillaume de La Bonninière (1673/1752) et d’Agathe de La Bonninière (1680/1765), inhumée dans l'église Notre-Dame de Rorthres (voir ci-après), qui épousa en 1715 Robert Antoine Du Juglart (né en 1659). Ces derniers furent les parents de François Antoine Du Juglart (né en 1719), lui-même père d’Antoine François Du Juglart (né en 1760), lieutenant au régiment de Vintimille, qui épousa en 1788 Victoire Rangeard de La Boissière, fille de Gatien Rangeard de La Boissière (1719/1794), seigneur de La Guérinière à Dame-Marie-les-Bois.

La paroisse des Pins, citée vers 1030 dans la charte 7 du cartulaire de l’abbaye de la Trinité à Vendôme, sous la forme Pinorum fut réunie, elle aussi, à la commune d’Épeigné en 1822.

L’église, citée en 1056 dans le même cartulaire, sous la forme Ecclesia de Pinis, fut vendue vers 1030 par Aimery d’Alluyes à Agnès de Bourgogne (morte en 1068), épouse de Geoffroy II d’Anjou, dit Martel, fils de Foulques Nerra, qui la donna à l’abbaye de la Trinité.

Avant la Révolution, on voyait dans l'église le tombeau d'Élisabeth Claude Du Gast (1673/1753), petite-fille de Jean Du Gast (1600/1677), seigneur de Lussault-sur-Loire, qui avait épousé en 1693 René de Chapuiset (né en 1653).

Le fief, qui faisait partie du bailliage* de Vendôme, appartenait en 1480, à Jean de Montplacé, seigneur de Jarzé (Maine-et-Loire), dont la fille Perrette de Montplacé (morte en 1532) avait épousé en 1494 Guérin de La Bonninière (1467/1523), ancêtre de Claude de La Bonninière (voir ci-dessus) ; les propriétaires du fief furent ensuite, en 1678, Marie Louise de Saint-Offange (morte en 1694), qui avait épousé en 1663 Urbain Charles Du Plessis de Jarzé, puis, en 1789, Antoine Jean Galiot Mandat de Grancey (1731/1792) (voir les Pins, ci-après).

À voir dans le bourg

Église Saint-Étienne :

Une donation faite par Geoffroy II d’Anjou, à l'abbaye de Vendôme en 1040 de terres et divers droits à Epeigné-sur-Dême permet de supposer qu'un prieuré fut fondé à cette date et que la date de construction de l'église remonterait au 11ème siècle. Certains aspects architecturaux confirmeraient cette hypothèse : l'assemblage des pierres en petit appareil, encore visible sur le mur Nord et le décor en damier des archivoltes des 2 baies de la façade Ouest.

Mais l'élément le plus intéressant de cette partie du 11ème siècle est la frise sculptée en bas-relief placée sur le pignon Ouest représentant des animaux fantastiques (lions, oiseaux, tigre, éléphant et griffon), un des rares témoignages en Touraine du 1er art roman en sculpture.  Voir Charles Lelong (1917/2003), professeur d’histoire au lycée Descartes de Tours : la frise d’Épeigné-sur-Dême in Cahiers de civilisation médiévale, 1971, 14-55, pages 265/268.

Le chœur lui daterait du 12ème siècle. L'église connaît quelques aménagements au 19ème siècle : vers 1868, construction d'une voûte en briques dans l'abside, dégagement par une ouverture d'un mètre de chaque côté de l'arc en plein cintre du chœur, pour permettre aux fidèles une meilleure vision du maître-autel, construction d'une tribune en bois au revers de la façade Ouest offrant une soixantaine de places supplémentaires. En 1893, le pignon Ouest est restauré et en 1952 la couverture de l'église.

À l’intérieur : statues de Saint-Vincent et de Sainte Emérentienne, du 17ème siècle, invoquée pour guérir les coliques des petits enfants, restaurée en 1972, ainsi qu’un magnifique tableau représentant La Vierge à l’enfant entourée d’angelots. Ce tableau, d’inspiration flamande, a probablement été réalisé par un artiste flamand, ou par un artiste français ayant assimilé la culture flamande, à la fin du 16ème siècle.

Vitraux de 1864 du maître-verrier Anselme Fialex, fils du maître-verrier François Fialex (1818/1886).

Grand cadran solaire peint sur le mur extérieur sud.

Un lavoir (impasse de la Planche aux ânes, au nord-est du bourg) a été construit en 1913 pour accueillir 14 laveuses. Un autre lavoir (où ?) est en mauvais état.

À voir au nord

Moulin de la Raffinerie : ce moulin à blé, indiqué sur la carte de Cassini*, accompagné d’une ferme, dépendait de Rennefort (voir ci-après) ; il n’est ainsi nommé qu’au 19ème siècle, peut-être par la famille Martel-Marchère, qui avait des propriétés à Saint-Domingue et à La Martinique.

Gîtes : voir https://www.touraineloirevalley.com/gites-et-meubles/le-moulin-de-la-raffinerie-epeigne-sur-deme/

Rennefort (nord-est) :

Le domaine appartenait en 1768 à Mathurin Durand, maître ordinaire de la chambre des comptes puis, en 1820 à la famille Salmon de Loiray ; Jean Gabriel de Salmon de Loiray (né en 1777) épousa Sophie Martel de Gaillon (née vers 1772), fille de Louis Éienne Honoré Martel de Gaillon (1745/1805), seigneur de La Marchère à Chemillé-sur-Dême, de Chemillé-sur-Dême et d’Épeigné-sur-Dême. Leur fils, Auguste Victor Honorat Salmon de Loiray (1796/1844) vendit le château en 1828 à Charles Vacher, qui avait déjà acheté en 1806 le château de La Marchère et qui sera maire de la commune de 1837 à 1840. La propriété passa ensuite à Auguste Gobert, maire de Chemillé-sur-Dême de 1871 à 1874, époux d’une nièce de Charles Vacher.

Un premier château, construit au moyen-âge et entouré de douves, a été remplacé au 18ème siècle par le château actuel, couvert d'un toit en croupe, comportant un rez-de-chaussée, composé de quatre pièces en enfilade et un étage, percé de hautes lucarnes, auquel on accède par un escalier en bois, placé sur la façade arrière dans une tour en pavillon. Perpendiculairement au château, les communs sont composés d'une écurie, d'une sellerie et de deux remises. Des dépendances (caves, fruitier et étable) ont été creusés dans le coteau, derrière la façade postérieure.

Église Notre-Dame de Rorthres (nord-est) (voir Histoire) :

Cette église, vendue en 1839, fut alors transformé en grange ; ses ouvertures, en plein cintre, datent du 12ème ou du 13ème siècle.

Girardet (nord-est, près de l’ancienne église Notre-Dame) :

Le fief appartenait, en 1461, à Jean V de Bueil. Incorporé au domaine des Pins (voir ci-après) au 18ème siècle, le château fut la propriété de la famille Mandat, qui le vendit en 1803 à Anne René Leduc ; cette dernière le transmit à son fils, Augustin Nicolas Leclerc, qui le vendit en 1814 à la famille Pavy ; en 1850, le propriétaire était Charles Joseph Émile Pavy (mort en 1898), qui le céda en 1869 à Henri Pierre Poulain (mort en 1873).

La tour ronde située à l'ouest du château, pourrait dater du 15ème siècle. À partir de 1850, Charles Joseph Emile Pavy fit faire de nouvelles constructions, notamment, en 1856, une maison, une boulangerie et une cuisine. C'est de cette époque que peuvent dater la tour polygonale placée à l'angle sud-ouest et le pavillon qui lui est proche.

L’affiche de la vente à Henri Pierre Poulain donne une description assez détaillée des bâtiments : château avec 2 tourelles comportant au rez-de-chaussée un salon, une salle à manger, cuisine, offices, laiterie, caves, cabinets, au 1er étage, 5 chambres de maître, un salon, cabinets de toilette et lieux à l'anglaise, au 2ème étage 2 chambres de maître, 7 chambres de domestiques, greniers et, à côté de la tour sud-ouest, un pavillon destiné au régisseur comprenant 4 chambres de maître et 2 chambres de domestiques, et dans le prolongement la buanderie et la boulangerie ; ferme composée d'un grand corps de logis prolongé à l'est par 2 écuries et au sud, à angle droit d'une étable de 30 vaches, et d'autres bâtiments indépendants : bergerie, écurie et porcherie.

Un autre fief de Girardet, distinct du précédent, qui relevait de La Marchère (Chemillé-sur-Dême) appartenait, en 1595, à Louis de Fourateau ; en 1666, à un autre Louis de Fourateau, également seigneur de La Grande Noue à Saunay ; en 1698, à Aubert François de Fourateau ; en 1745, à Joseph de Fourateau ; vers 1750, à Galiot V Mandat (1683/1755).

L’ancienne croix du cimetière de Rorthres fut déplacée en 1943 à côté du château de Girardet

Château des Pins (nord-est) (voir Histoire) :

Le propriétaire du château fut Antoine Jean Galiot Mandat de Grancey (1731/1792), commandant général de la garde de Paris, chargé de la défense des Tuileries, fils de Galiot V Mandat, puis Louis René Luc Leclerc (1780/1858), maire des Pins de 1801 à 1816 et médecin-chef de l’hôpital général de Tours. Le château appartint ensuite, en 1828 à César Budan de Russé (1787/1853), général de brigade et commandant de l’école de cavalerie de Saumur, en 1891 à Maurice Mahieu-Peynaud, en 1904 à Joseph Garçin ; il fut acheté en 1970 par le journaliste américain Pierre Salinger (1925/2004), porte-parole de la Maison Blanche en 1961.

Le château primitif était flanqué de deux tourelles et élevé d'un étage et d'un comble. Il n'en subsiste que la base d'une tour cylindrique d'environ 3, 60 m de diamètre où une porte basse permet d'accéder à une petite salle voûtée en coupole, et une fuie imposante, édifiée en moellons sur plan circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre, incorporée maintenant dans les bâtiments de la ferme voisine. Il ne reste rien de l'ancien village et de son église.

La construction d'un nouveau château, décidée par César Budan de Russé fut effectuée, à partir de 1852 par l'architecte Phidias Alexandre Vestier (1796-1874). La vente du domaine en 1891 à Maurice Mahieu-Peynaud va donner lieu à d'autres transformations, notamment pour les bâtiments de la ferme. En 1904, Joseph Garçin, fait construire une chapelle dans le parc au Nord du château, ornée d'un décor intérieur néo-renaissance. En 1903, le paysagiste Louis Decorges (1872/1940) propose un projet d'aménagement de jardin et construit un kiosque de tennis semblable à celui du château du Gerfault à Azay le Rideau. Au début du 20ème siècle, la tour ronde placé à l'extrémité d'un des bâtiments de la ferme sert de réservoir d'eau, elle est alimentée par un bélier hydraulique, construit en 1902 au moulin des pins, situé sur le bord du ruisseau de Rorthres, à environ 1 km en contrebas du domaine.

Menhir du Cormier (nord-est, près du Ragot, à la frontière avec Villedieu-le-château dans le Loir-et-Cher) :

Ce menhir en grès de 2,35 m. de haut, ressemblant vaguement à une tête, est appelé localement La Pierre-Druidique ou la Pierre-du-Sacrifice ou encore la Pierre-des-Supplices car selon la légende, les victimes des druides étaient attachées par des liens passant dans les deux trous de la pierre, figurant les yeux, avant d’être sacrifiées.

On l’appelle aussi Pierre-qui-Tourne-à-Midi parce qu’elle aurait la propriété de pouvoir tourner sur elle-même !

La Charpenterie (nord-ouest) :

Le château du 18ème siècle a été complètement transformé dans les années 1920 avec des placages de briques et de bois, qui lui ont donné un style normand.

Moulin des Forges (nord-ouest) :

Moulin à farine, indiqué sur la carte de Cassini*, transformé en habitation en 1860.


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