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Esvres-sur-Indre


Le nom de cette commune, située au sud-est de Tours et, pour sa plus grande part, sur la rive droite de l’Indre, apparaît pour la première fois au 6ème siècle dans Histoire des Francs de Grégoire de Tours, sous la forme Evena, venant soit du celtique evena (le pays des sources), soit de Avara (nom de rivière). On trouve ensuite Evvra, en 1116 dans la charte 414 du cartulaire de Noyers, puis Esvres ou Esvres-sur-Indre à partir du 18ème siècle.

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Toute la région a été largement occupée depuis le paléolithique, comme le montrent les mégalithes et les découvertes suivantes :

Le dolmen du Moulin-de-Sauquet, complètement ruiné se trouve à 150 mètres à l’Est du Moulin de Sauquet (voir ci-après). Il reste 4 éléments en place : 2 supports à gauche d’une longueur de 2,30 m et de 1,30 m, un à droite (1,20 m de long sur 0,70 m), un au fond (1,15 m de long sur 1,20 m de haut). Au moins 5 autres blocs plus ou moins enterrés représentent des supports renversés ou des fragments de table. La longueur totale supposée de ce dolmen est de 8 m de long sur 3 m de large. Les blocs sont du calcaire et meulière lacustre. (Source Gérard Cordier* : Inventaire des mégalithes de la France, I. Indre-et-Loire, 1963).

Un amas de pierre, situé à Nantilly (voir ci-après), laisse supposer qu’il y avait là aussi un dolmen.

Enfin, selon Wikipedia, il existe (où ?) une parcelle cadastrale nommée La Pierre-à-Vinaigre, qui évoque sans doute un menhir* disparu, servant de réceptacle à des offrandes de vin.

Le site de La Haute-Cour (dans le bourg près du cimetière et du stade) a livré des bifaces et des nucléus du paléolithique ainsi que des meules en grès du néolithique.

Des fouilles, faites de 1905 à 1909, par le docteur Octave Bobeau (1857/1937), archéologue et maire de Cormery, alerté par son collègue d’Esvres, Émile Gautron (maire de 1904 à 1912), dans une nécropole, utilisée du 1er siècle avant JC jusqu’au 2ème siècle après JC, ont fourni un très grand nombre d’artefacts : céramiques gallo-romaines en terre cuite, dont quatre amphores complètes et une autre marquée UIDA (blanc), verreries et figurines en terre blanche dont un oiseau, 19 fibules (ou agrafes) en fer et en bronze, pièces de monnaies, dont 7 potins à la tête diabolique*, 2 bracelets en bronze, un fragment de bracelet en verre et des armes (poignard en fer, épée, fer de lance, épieu, javelot).

Le site de Vaugrignon (voir ci-après) a également livré des bifaces et des nucléus du paléolithique. Dans une nécropole, située près du château, ont été trouvées des fibules, des monnaies, des amphores ibériques et italiques des 2ème et 1er siècle avant JC ainsi qu’une figurine en terre cuite représentant un personnage en manteau.

Le site de Nantilly (voir ci-après) a livré des grattoirs, des haches polies, des pointes de flèches et des fragments de céramique du néolithique.

Le site de La Dorée (voir ci-après) :  un établissement rural de l’âge du bronze final (930/800 avant JC) a livré 255 tessons de céramique ainsi qu’une cachette de fondeur découverte en 1906, avec une cinquantaine de petits objets, dont des fragments de haches à douille, d’épées, de faucilles, de bracelets, de scies et de rasoirs, 2 anneaux et 1 bracelet de 7,5 cm de diamètre (SAT). Là aussi, il y avait une ferme gauloise avec des murs maçonnés et des sépultures contenant un matériel important (armes, tissus, céramique, amphore).

Le site des Billettes (au nord du bourg) : les fouilles faites lors de la construction de l’autoroute A 85 ont mis à jour un établissement rural occupé du 2ème siècle avant JC au 3ème siècle après JC. À cette même occasion un autre établissement rural occupé à l’époque gauloise puis à l’époque gallo-romaine a été repéré dans Le Bois-de-La-Duporterie, tout au nord du bourg, à la limite avec Chambray-lès-Tours.

Des domaines agricoles (villae*) gallo-romains existaient probablement à La Vilaine (voir ci-après), venant de Vilana ou « domaine rural », à Nantilly (au nord-ouest du bourg), venant de Nantiliacus ou « domaine de Nantilius » et au Clos-Rougé (à l’est du bourg), venant de Rubiacus ou « domaine de Rubius ».

Plusieurs voies gallo-romaines passaient sur le territoire de la commune.

La voie qui suivait la rive droite de l’Indre est encore bien visible, entre Champgault, à l’entrée de la commune, et Nantilly, à la sortie sous la forme d’un chemin rectiligne puis d’une route (rue du 11 novembre) qui passe par La Chaussée et enfin d’un chemin de nouveau rectiligne (chemin de Varidaine) qui se prolonge par une voie empierrée, ayant la forme caractéristique d’un Z pour pouvoir franchir à angle droit le ruisseau de Nantilly.

À La Chaussée, il était possible, en empruntant une voie secondaire continuée aujourd’hui par la rue de Tours, de rejoindre Caesarodunum via Saint-Avertin.

La voie qui suivait la rive gauche franchissait l’Échandon au Moulin-de-Sauquet (voir ci-après) puis passait près de Port-Joie ; une des étymologies possibles de cet endroit, où il y a un ancien moulin, est Portus Jovis (Port de Jupiter), ce qui laisserait supposer qu’il y aurait eu un port antique à cet endroit (voir ci-après).

Il est donc avéré qu’il y eut sur le territoire de la commune une importante agglomération protohistorique, puis gauloise, puis gallo-romaine, où l’évêque de Tours, Saint Perpet* fonda une église vers 465 (voir ci-après).

Histoire du fief :

Le fief était une châtellenie, relevant du château de Montbazon, dont le premier seigneur connu, fut en 1207 à Auger d’Esvres, père de Philippe I d’Esvres, cité en 1220, lui-même père de Philippe II d’Esvres, cité en 1272.

Les seigneurs suivants furent, en 1455, Raoul Segaler, chanoine de la cathédrale de Tours, puis, en 1463, Gilles de Montfort, père de Claude de Montfort, cité en 1559. Est-ce ce même Gilles de Montfort, qui, selon les archives tua en 1526, lors d’une querelle son cousin René Darmoyens de la Ripaudière, venu voir sa sœur, dame de Vaugrignon (voir ci-après) ? Après avoir été interné, Claude de Montfort fut gracié en 1529 par François 1er. Selon une autre source, ce serait René Darmoyens qui aurait tué Claude de Montfort et qui aurait obtenu rémission !

En 1590, le fief appartenait à Pierre d’Andigné (mort en 1614), également seigneur de L’Isle-Briand, dans le Maine-et-Loire. Ce dernier épousa en 1601 Marie de Chivré et fut le père de Simon d’Andigné, lui-même père de Charlotte d’Andigné, épouse de Pierre de Madaillan, qui vendit le fief vers 1617 à René Robin, seigneur de La Roche-Farou (voir ci-après).

Par la suite les seigneurs du fief furent Nicolas II Camus de Pontcarré, sous-doyen du Parlement de Paris en 1645, dont la fille, Jeanne Camus de Pontcarré épousa Jean Morineau (1679) ; leur fils Louis Morineau, est cité comme seigneur d’Esvres en 1666, puis Pierre Le Breton (mort en 1741), receveur des gabelles à Loches, qui épousa en 1714 Marie Collin et qui fut le père de Pierre Hector Le Breton, né en 1719.

La seigneurie fut achetée vers 1750 par Jean Baptiste Grégoire de Martel (1710/1767), fils de Jean Baptiste de Martel (mort en 1729), gouverneur de l’Acadie, qui avait épousé en 1703 Marie Anne Robineau (1684/1745). Jean Baptiste Grégoire et son épouse Marie Anne Gauvreau (1714/1766), inhumée dans l’église (voir ci-après), eurent 5 enfants, dont François Pierre de Martel (mort en 1780), seigneur d’Esvres et de Dolbeau à Semblançay, qui, après la mort de ses parents, vendit le fief, en 1768, à Claude Sain de Bois-le-Comte (1719/1792), dernier seigneur de ce fief (voir le château et La Baudellière, ci-après).

Les moulins : La commune a gardé 8 moulins, 6 sur l’Indre et 2 sur l’Échandon

Les moulins sur l’Indre :

Les trois moulins de Vontes (à l’est-sud-est) :

Les deux plus petits, celui du milieu, qui a fonctionné jusqu’en 1964, et celui du nord ont été construits à la fin du 10ème siècle et rebâtis au 18ème après la grande crue de 1770 ; le plus grand, celui du midi, ancienne habitation transformée en moulin en 1804, a cessé ses activités après la 1ère guerre mondiales.

Ces trois moulins barrent la rivière dans sa totalité. Les grandes roues à aubes, alimentées grâce à 9 vannes et 3 déversoirs, sont encore présentes et les mécanismes intérieurs sont partiellement conservés. Des passerelles en bois et pont de pierres, permettent l’accès aux îles, constituées par les différents bras de l’Indre où sont construits les moulins.

Chambres d’hôtes. Voir https://www.charme-traditions.com/fr/chambres-d-hotes/org/73837/moulin-de-vontes

Le moulin d’Avon (à l’est-sud-est) : moulin à farine, cité en 844 dans le cartulaire de Cormery, modifié au 19ème siècle ; a cessé ses activités en 1920.

Le moulin des Poulineries (au sud-est) : cité en 1485, transformé au 19ème siècle

Le Moulin de Port-Joie (au sud-ouest) (voir histoire antique) :

Ce moulin appartenait en 1338 à l’abbaye de Cormery ; en 1789, le propriétaire était Pierre François Marie Texier de Javerlhac, seigneur de Vaugrigon, puis, en 1802, Pierre Roger, également meunier du moulin de Vaugrignon. En 1852, ce moulin était exploité par « la veuve Bullot », sans doute l’ancienne épouse de François Bullot, propriétaire du château de Vaugrignon en 1802.

Le moulin, séparé de son bief par une île, a été transformé en minoterie en 1840, qui a fonctionné jusque vers 1970 et qui est devenue une habitation privée, où cependant plusieurs installations subsistent : roue de 20 tonnes, vannes et coursier, etc.

Les Moulins sur l’Échandon :

Le Moulin de Perrion (au sud) : connu depuis 1247 et reconstruit au 18ème siècle.

Le site comprend une multitude d’exsurgences qui viennent alimenter l’Échandon et qui sont dites « tuffeuses » car le calcaire, d’abord dissous dans l’eau, se précipite et se dépose en concrétions : le tuf.

Le Moulin Sauquet (au sud-est) : ce moulin est cité pour la première fois en 1634 mais la date de 1242 est gravée sur son pignon ouest. Est-ce pour cela que ce moulin, vendu comme bien national en 1796 est alors dit « moulin de Foulques » ?

Histoire moderne et contemporaine :

Il est probable qu’un bac* existât au 19ème siècle pour relier les deux rives ; il se trouvait sans doute au sud-est du bourg, en aval des deux ponts actuels sur l’Indre et l’Échandon ; près du port d’abordage, sur la rive droite, on peut voir une ancienne pompe à chapelets.

Le 15 juillet 1878, le premier tronçon de la ligne de chemin de fer allant de Joué-lès-Tours à Loches fut inauguré, avec une gare à Esvres. Onze ans plus tard, une ligne à voie métrique relia la commune au Grand-Pressigny mais elle fut fermée en 1949.

Pour tenter de freiner l'avancée allemande, le pont d'Esvres est détruit le 19 juin 1940 mais, après l’armistice du 22 juin 1940, 200 soldats allemands s’installent au château de Vaugrignon (voir ci-après). Esvres se retrouve en zone occupée mais à quelques kilomètres seulement de la ligne de démarcation. Cette situation favorise les tentatives de passages clandestins de cette ligne. Des résistants esvriens viennent en aide aux clandestins ; parmi eux, l'abbé Georges Lhermite, né en 1887 à Civray-de-Touraine, curé de la commune de 1934 à 1944, déporté et mort à Buchenwald en 1944 ; Auguste Noyant (1877/1945), maire de la commune de 1929 à 1944, mort à Buchenwald en 1945 ; Noël Carlotti (1900/1966), curé de la commune de 1945 à 1966, déporté à Watenstedt.

Tout un groupe de résistants, dirigé par l’instituteur Joseph Bourreau (1910/1945), mort à Ravensbruck, se réunissait dans le château de Vaux (voir ci-après), qui appartenait à Roland Spoturno, dit Coty (1901/1963), fils du parfumeur François Spoturno, dit Coty (1874/1934) (voir Artigny à Montbazon) ; parmi eux, on peut citer Max Delalande (1914/1944), Émile Dupuy (1888/1944), Roger Fauchère (1913/1944), Georges Sard (1920/1944) et son père, Henri Sard (1885/1944) ; suite à la trahison d’un domestique du château, une rafle eut lieu le 4 août 1944, quelques jours avant la libération de la ville ; Roland Coty parvint à s’enfuir mais les autres furent arrêtés puis déportés ou fusillés par les allemands dans le camp d’aviation de Saint-Symphorien.

À voir dans le bourg

Église Saint-Médard :

Une première église fut construite à Esvres vers 465 à l’initiative de Saint Perpet* (voir histoire antique) ; c’est dans cette église que, selon Grégoire de Tours*, Sainte Monégonde (allant à Tours pour vivre près du tombeau de Saint Martin et morte en 570) fit un miracle en guérissant une jeune fille « gonflée par le venin d'une pustule maligne ».

Cette église est reconstruite au 12ème siècle, sur des fondations du 11ème, puis remaniée aux 13ème et 14ème siècles mais elle conserve à l’extérieur sur le pignon du chevet une pierre de réemploi où figurent le Christ et deux autres personnages en habits gallo-romains.

À l’extérieur se trouve également une plaque à la mémoire de l’abbé Georges Lhermite (1887/1944) ; voir Histoire contemporaine.

On peut voir à l’intérieur :

La voûte lambrissée en forme de carène, repeinte en 1873 lors de la campagne de restauration dirigée par l’architecte Gustave Guérin (1814/1881).

Le maître-autel, en marbre noir, surmonté d’une statue de Saint Médard (456/545), encadré par les deux statues en bois doré de la Vierge et de Saint Joseph.

Un autel secondaire, avec une statue de la Vierge à l’enfant et une pietà en bas-relief.

Des plaques en souvenir de Marie Anne Gauvreau (1714/1766), épouse de Jean Baptiste Grégoire de Martel (voir Histoire du fief), de l’abbé Pierre Gaudin, prêtre né à Esvres, tué à Paris en septembre 1792, du chanoine Noël Carlotti (1900/1966) et des résistants de la commune (voir Histoire contemporaine).

De nombreux vitraux réalisés au 19ème siècle par Lucien Léopold Lobin et par son beau-frère Joseph Prosper Florence (voir maîtres-verriers tourangeaux*), dont un petit vitrail, représentant un prêtre inconnu, offert par Anne Lobin, sœur de Lucien Léopold et épouse de Joseph Prosper Florence.

Un grand tableau du 19ème siècle, figurant une Crucifixion, d’après une œuvre de Pierre Paul Prud’hon (1758/1823)

Château seigneurial :

Ce château fortifié fut construit au début du 13ème siècle à l'initiative de Philippe d'Esvres (voir histoire). Une haute tour carrée, dite « tour de l'Hôtel », est attestée en 1220 mais elle a disparu à l'époque moderne. Le principal corps de logis est reconstruit au 18ème siècle en profitant de deux tours d'angle de l'ancienne forteresse et fortement remanié au 19ème ; subsistent pourtant de l'édifice médiéval ces tours rondes qui flanquent les angles sud-est et sud-ouest ainsi que certaines parties de la courtine et des tours qui la défendaient.

Le château est saisi comme bien de père d’émigré à la Révolution sur Claude Sain de Bois-le-Comte (voir histoire), mais fut finalement restitué à la famille et fut vendu en 1858 par Charles Alphonse Sain de Bois-le-Comte, conseiller à la préfecture de Tours, petit-fils de Claude.

Les deux façades du 19ème siècle, au nord et au sud, sont surmontées chacune d'un fronton triangulaire dont la décoration n'est pas achevée. Les tourelles qui subsistent de la forteresse médiévale sont construites en blocage. La présence d'une bretèche (petit avant-corps) sur l'une d'entre elles atteste de la vocation défensive de ces tours.

La porte percée au 17ème siècle pour accéder au château, dans la partie occidentale de la courtine, dite porte de Malaguet, est flanquée de pilastres de style Renaissance.

Un escalier de pierre à flanc de coteau sépare le château, dont il longe le mur oriental, de certaines de ses dépendances se dressant à l'est du château, dont la grange à dîme* et la fuie, couverte d'un toit conique à lanternon, contenant 1 200 boulins*.

Une partie des bâtiments est aujourd’hui occupée par l’école Sainte-Thérèse.

Mairie : (rue Nationale, en face de l’église) :

Le presbytère construit vers 1630 devint vacant en 1907 et fut alors acheté par la municipalité pour y abriter la mairie, reconstruite peu après. On peut voir dans la salle des mariages des tapisseries d’Aubusson, du 17ème siècle, provenant du château de Chanteloup à Amboise.

Deux lavoirs se trouvent dans le bourg : un, rue de Tours (nord-ouest) et un, rue du Vallon, au lieu-dit le Peux (nord-est).

Celui de la rue de Tours, alimenté par une source abondante, se trouve au bord d’un chemin de terre, qui était l’ancienne route venant de Tours et se dirigeant vers le centre-bourg par la rue des Caves, ancienne Grande-Rue.

Un 3ème lavoir existe à Nantilly, au nord-ouest du bourg (voir ci-dessus)

Vaugrignon (dans le bourg, au nord-ouest de la mairie) :

Le fief appartenait, vers 1676, à Pierre Tournier, trésorier de France et grand voyer à la généralité* de Tours, de 1676 à 1709 ; la fille de ce dernier, Anne Marguerite Tournier épousa en 1698 Bernard Texier de Javerlhac et leur fils, Pierre François Marie Texier de Javerlhac (mort en 1821), maréchal de camp, est cité comme seigneur de Vaugrignon en 1770.

À la Révolution, ses deux fils furent inscrits sur la liste des émigrés et un partage de leurs biens intervint entre leur père et la République le 14 mars 1798. Vaugrignon échut à la nation et fut vendu comme bien national, en 1798, à Louise Victoire Texier de Javerlhac (née en 1767), fille de Pierre François Marie.

Cette dernière vendit Vaugrignon en 1802 à François Bullot dont les biens furent saisis et vendus en 1812, à M. et Mme Lestage, qui revendirent le château, en 1814, à Claude Dubois de Villiers (1779/1840), ancien receveur des finances à Chinon ; ce dernier le céda, en 1831, à Antoine de Revel (1784/1842), maréchal de camp, et à Pauline Eugénie Félicité Gobert de Neufmoulin (morte en 1870), veuve d’Honoré Joseph Antoine de Ganteaume (1755/1818), en son vivant amiral et pair de France. Il était précisé qu’au décès du premier d’entre eux, la totalité du domaine appartiendrait au survivant sans qu’il fût tenu de rien payer aux héritiers.

Les neveux de Pauline Eugénie Félicité Gobert de Neufmoulin cédèrent le château, en 1871, à M. et Mme Plailly ; ceux-ci s’en séparèrent en1884 au profit de Georges Émile Chambert (1836/1889), officier d’artillerie, qui avait épousé en 1868 Marie Louise Anne Thiou.

Château ouvert au public pour réception et chambres d’hôte. Voir http ://www.chateau-vaugrignon.com/Bienvenue.html

À voir au nord

Vaux (nord-ouest) :  ancien fief relevant de la châtellenie de Cormery. Voir Histoire contemporaine.

Château du 19ème siècle, où on trouve aujourd’hui un élevage et de la vente d’animaux. Voir https://www.societe.com/societe/gfa-de-vaux-322008186.html

La Dorée (nord-ouest, près de Nantilly)

Ce domaine, qui relevait du château de Couzières (Veigné) fut érigé en fief, en 1530 en faveur de Pierre Forget d’Avizé, receveur général des tailles, maire et capitaine-gouverneur de Tours en 1530/31, seigneur également d’Avizé (Limeray) de Gauguin (Sorigny) et de La Bouchardière (Joué-lès-Tours), fils de Jean Forget de Lavau (mort vers 1523), seigneur de Lavau (Pouzay) et de Villedieu (Fondettes).

En 1675, La Dorée appartenait à Barthélémy Desloges (mort en 1681), puis, en 1693, à François Desloges, conseiller au bailliage* de Tours et maire de Tours, en 1694), puis, en 1703, à Thomas Desloges, également conseiller au bailliage* de Tours.

En 1759, le fief fut vendu à Olivier Hardy (mort en 1784), trésorier de France ; ses héritiers le cédèrent à Denis Nicolas Foucault (1723/1807), ancien intendant des îles de France et de Bourbon, qui y hébergea plusieurs prêtres réfractaires.

Le comte Alexandre Pierre Odart (1778/1866), fils de Claude Henri Odart (1728/1801), seigneur de Rilly-sur-Vienne, polytechnicien et spécialiste de la vigne, s'y installa en 1815 et y créa une collection de cépages ; ce dernier fut maire de la commune de 1818 à 1826.

Parmi les visiteurs réguliers du château, on compte alors Honoré de Balzac, Alfred de Vigny, Pierre Jean Béranger (1780/1857) (voir Saint-Cyr-sur-Loire), Paul Louis Courier (1772/1825) (voir Véretz) et le célèbre médecin Paul Fidèle Bretonneau (1778/1862) (voir Saint-Cyr-sur-Loire). 

Alexandre Pierre Odart fut le grand-père maternel de Marie Louise Confex de Neuilly (1842/1918), qui épousa en 1863 Henri de La Taille-Trétinville (1842/1910) et qui fut propriétaire du château, loué de 1910 à 1911 au banquier Xavier Rousseau (né vers 1855), où il vécut avec sa maîtresse, la célèbre Mata Hari (1876/1917).

Par la suite, La Dorée appartint à la famille Bonaparte-Wyse, parmi laquelle on peut citer le félibre William Charles Bonaparte-Wyse (1836/1892), descendant de Lucien Bonaparte, (1775/1840) frère de Napoléon 1er, et ami de Frédéric Mistral (1830/1914)

Il existait, dans le logis seigneurial, une chapelle qui est mentionnée dans le Registre de visite des chapelles du diocèse de Tours (1787).

À voir au sud, rive gauche de l’Indre

La Vilaine :

Ce toponyme apparaît dès 1260 sous la forme Vilana, signifiant « domaine rural »

En 1266, Jean de Thais, chevalier, donna au prieuré Saint-Jean du Grais (Azay-sur-Cher), pour le repos de l'âme de Hubert, son frère, et pour faire son anniversaire, un setier de froment de rente à percevoir chaque année sur l'hébergement de Vilaine.

Par la suite, Vilaine fut possédé par le Chapitre de l'église de Tours, qui rendit hommage au seigneur de Thais (Sorigny) en 1486 et en 1739. Il fut vendu comme bien national en 1791. On y voyait une chapelle qui est mentionnée dans un acte de 1486.

Le château actuel a été construit au 18ème siècle, sur les ruines d’un château du 13ème, dont un escalier est conservé dans les caves. Il fut acheté en 1969 par Jean Edmond Paul Marret (1904/1992) et son épouse Suzanne Blanche Gravereaux (1909/2005).

Une éolienne Bollée, a été construite en 1898 à 200 m. au nord-est du château pour l’alimenter en eau ; cette éolienne de 24 m. de haut avec une girouette au sommet a fonctionné jusque dans les années1950 ; elle a été acquise par la municipalité en 2000, puis restaurée en 2004-2005.

Chambres d’hôte. Voir http://www.chateau-de-la-villaine.com/VillainedomaineF.html

La Baudellière :

Le fief fut acheté en 1713 par Jacques Sain de Bois-le-Comte (1664/1740), conseiller au présidial* de Tours, fils de Martin Sain de Bois-le-Comte (1641/1709) et petit-fils de Claude Sain (1600/1683) (voir Cinq-Mars-la-Pile).

Jacques Sain de Bois-le-Comte fut le père de Christophe Sain de Bois-le-Comte et de Claude Sain de Bois-le-Comte (1719/1792) (voir histoire et château ci-dessus). Ce dernier épousa en 1754 Françoise Marie Pellegrain de Lestang (née en 1731) (Voir Orbigny) et ils eurent cinq enfants :

  • Françoise Amable (née en 1755), qui épousa Lucien François Daën, seigneur d’Athée-sur-Cher ;
  • Claude Christophe (né en 1756), père de Charles Alphonse (voir le château) ;
  • André Christophe Martin (né en 1761), qui servit dans les armées de la République ;
  • Noël François (1767/1837), qui émigra, ce qui valut de nombreux ennuis à ses parents (voir le château) et qui devint ensuite colonel de la garde nationale ;
  • Adélaïde (née en 1768), qui épousa Charles Hyacinthe Le Caron de Fleury (1756/1833), sous-préfet de Senlis de 1803 à 1815 et conseiller à la préfecture de Tours.

Le château, du 17ème siècle, dont la cour est limitée par deux granges anciennes, possède, au centre de la façade ouest, une tourelle d’escalier rectangulaire.

La Brosse :

Ce fief relevait des seigneuries de Vontes et de la Vilaine, et du château de Montbazon. Les Minimes du Plessis-lez-Tours y possédaient une métairie qu'ils avaient achetée, le 6 avril 1633, à Jean Huau.

Cette métairie est un ensemble de bâtiments entourant une cour carrée, à laquelle on accède par un portail double ; l’une des salles contient une vaste cheminée à hotte droite.

À voir au sud-est, rive droite de l’Indre

Le prieuré de Vontes :

Ce prieuré fut fondé en 1070 par Guy II, abbé de Saint-Paul de Cormery sur une terre donnée à cette abbaye par Foulques IV, dit le Réchin.

En 1358, pendant la guerre de Cent ans, une bande armée opérant en marge des troupes anglaises, commandée par le Français Basquin du Poncet, commet plusieurs méfaits dans la région. Elle s'installe au mois de mars à l'abbaye de Cormery, d'où elle mène des raids dans toute la région. Elle dévaste et pille le prieuré Saint-Pierre de Vontes.

Il a perdu son enceinte mais un porche fortifié de plan carré subsiste toujours. La grange à dîmes* existait encore au milieu du 20ème siècle et a été démolie dans les années 1960. La chapelle primitive, construite au 13ème siècle, a été très modifiée. On lui a d'abord adjoint deux énormes contreforts d'angle qui ont obturé les baies primitives à l'est. A la fin du 15ème siècle ou au début du siècle suivant, la chapelle a été coupée en deux. Les murs ont été relevé de 60 cm et couronnés par l'actuelle charpente.

À l'époque moderne, l'édifice a été transformé en remise et pressoir à l'est et en habitation à l'ouest. Son propriétaire a découvert des traces de peintures murales sur le pignon est. On pense qu’il y eut trois campagnes successives de décors peints, superposés par endroits. La campagne primitive, qui pourrait être contemporaine de la chapelle du 13ème siècle, avec un décor de faux-joints rouge vif, surmonté d'une frise à motifs de palmettes rouges. La seconde campagne daterait du 14ème siècle, extrêmement complexe. Elle présente une frise haute ornée de rinceaux rehaussés d'animaux qui surmonte des décors de draperies, de losanges et de médaillons. Le mur oriental conserve également les traces de deux personnages dans un décor d'architecture. La troisième campagne présente des faux-joints rouges violacés sur les murs ainsi qu'une bande décorative composée de grecques et de rubans plissés. La baie d'axe représente le miracle de Saint-Eloi.

Des vitraux contemporains ornent les ouvertures dont une fenêtre en ogive de style Plantagenêt."

La Roche-Farou ou La Roche

Le fief appartenait, vers 1465, à Jehan de Percyl ou de Percy(voir Les Genêts à Villeloin-Coulangé) ; en 1550, à Jean Émery, plumassier du roi Henri II ; en 1578, à Jacques Bruneau; en 1587, à Charles I Bruneau, maire de Tours en 1587/1588 ; le fils de ce dernier, Charles II Bruneau (mort en 1654), nommé capitaine de cavalerie par Louis XIII en 1635, épousa d’abord, en 1614, Suzanne Tiercelin (morte en 1629), fille de Charles II Tiercelin, gouverneur de Chinon en 1619, puis, en 1646, Marie de La Baume Le Blanc (1623/1710), fille de Jean de La Baume Le Blanc (mort en 1647) et sœur de Laurent de La Baume Le Blanc (1611/1654), père de Louise de La Vallière.

Les seigneurs suivants furent, en 1625, René Robin, secrétaire des commandements et finances Marguerite de France, fille d’Henri II ; en 1676, Joseph Sain (1633/1708), fils de Claude Sain, chanoine et directeur du séminaire de Tours ; puis, en 1621, le neveu du précédent, Jacques Sain de Bois-le-Comte ; puis, en 1740, Christophe Sain de Bois-le-Comte, fils de Jacques ; et enfin, de 1754 à 1773, Claude Sain de Bois-le-Comte, second fils de Jacques (voir La Baudellière, ci-dessus).

Le manoir, du 16ème siècle, est flanqué d’une tourelle de forme carrée abritant un escalier. La façade sur le jardin a eu tous ses percements remaniés. Le comble est éclairé par une lucarne à croisée en pierre intacte, surmontée d’un fronton demi-circulaire. La chapelle, du 16ème également, au nord, a été construite avec des pierres locales ; le pigeonnier circulaire, de plus de 9 m. de diamètre, au sud-ouest, a été arasé à la Révolution à la demande, dit-on, du comité de salut public de Cormery.

Montchenain (à la limite avec Saint-Branchs) :

Le domaine Mons Caninus, qui appartenait aux seigneurs de Nouâtre, fut donné au 11ème siècle à l’abbaye de Cormery par Malran de Nouâtre, en l’honneur de son père, Marric de Nouâtre, ami de l’abbé Richard (abbé de 1007 à 1026), qui fut enterré dans l’enceinte de l’abbaye.

Le manoir, construit par l’abbé Thibault III de Chalon (abbé de 1293 à sa mort en 1332), laissé à l’abandon, pendant la guerre de Cent Ans, les moines, rançonnés par les Anglais, ne pouvant l’entretenir, fut de nouveau entretenu par l’abbé Jean Du Puy (mort en 1517), abbé de 1490 à 1497 puis reconstruit sur ses fonds propres par l’abbé Denis Briçonnet (abbé commendataire de 1519 à sa mort dans le château de Montchenain en 1535).

Ce dernier était le frère de Catherine Briçonnet (morte en 1526), épouse de Thomas Bohier (voir Chenonceaux) et sa famille resta propriétaire du château jusqu’à la Révolution, époque où il fut vendu comme bien national.

Le château fut ensuite détruit, sauf un portail du 15ème siècle ainsi que la grange à dime*, et un nouveau château, construit vers 1850, abrite depuis 1958 une clinique psychiatrique.

Voir https://www.cylex-locale.fr/entreprises/clinique-du-ch%C3%A2teau-de-montchenain-11164693.html


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