Ferrière-Larçon
Le nom de cette commune, située au sud-est de Ligueil apparaît pour la première fois en 1236, dans le cartulaire de l’évêché de Tours sous la forme Ecclesie de Ferrariis, venant du latin ferraria, signifiant « mine de fer ou fonderie ou forge ».
Histoire
On a trouvé à Ferrière-Larçon un polissoir néolithique en silex, mesurant environ 45 × 35 cm pour un poids de 79 kg. Il porte des rainures différemment orientées sur ses deux faces, dans le sens de la largeur côté face et dans le sens de la longueur au dos. La commune, qui en était propriétaire, l’a donné au Musée du Grand Pressigny.
La fontaine Saint-Mandé (voir ci-après) est probablement une source sacrée antique qui a été christianisée.
La Butte-de-Murat (au sud-ouest du bourg), située à la confluence du Larçon et du Brignon, a été occupée dès le néolithique, comme le montrent les silex taillés découverts dans les années 1950, résulte de l’érosion conjointe de ces deux cours d’eau.
Le nom de ce lieu vient du latin muratus (espace pourvu de murs) ; il s’agit en effet d’un éperon barré, sur lequel, à l’époque gauloise, il y avait un oppidum, fermé par un vallum : rempart défensif de 70 m. de long sur 8 à 10 m. de large, fait de pierre et de terre, et doublé d’un fossé. Propriété du Conseil départemental d'Indre-et-Loire depuis 1992, le site est ouvert au public avec un sentier aménagé et six panneaux pédagogiques qui invitent à découvrir les richesses et l’histoire de ce site naturel le long d’un parcours de 2,5 km.
Voir : Ernest Montrot* et Gérard Cordier* : L'éperon barré néolithique de Murat (Ferrière-Larçon), in BSAMPGP, 5, 1954.
Le toponyme Ecclesie de Ferrariis, indique peut-être qu’il y avait là des mines de fer, exploitées dès l’époque gauloise.
Des restes des murs de la pars urbana (partie habitée) d’une villa* gallo-romaine peuvent être vus, sur une propriété privée, qui se trouve au Petit-Beussac, au nord-ouest du bourg ; ce toponyme qui apparaît aussi sous les formes Beussa ou Bussa sur la carte de Cassini*, vient sans doute du gallo-romain Bussia, venant de « (propriété) de Bussius » ou de Bucciacus » ou « Domaine de Bussius ».
Le premier seigneur connu de ce fief, qui était une châtellenie relevant du château de Chinon, fut, en 1350, Barthélémy II de Montbazon, fils de Barthélémy I, seigneur de Montbazon, lequel fut également seigneur de Colombiers (Villandry), de Savonnières et d’Izernay à Chambray-les-Tours.
Barthélémy II fut le père de Renaud de Montbazon, père de Jeanne de Montbazon, qui épousa Guillaume II de Craon (1342/1410), chambellan de Charles V, cité comme seigneur de Ferrière-Larçon en 1370, également seigneur du Grand-Pressigny, de Nouâtre, Sainte-Maure-de-Touraine et Verneuil-le-Château.
Guillaume II de Craon fut le grand-père de :
- Jean de Craon, tué à la bataille d’Azincourt* en 1415 et cité comme seigneur en 1407.
- Marie de Craon, qui épousa d’abord, en 1396 Maurice Maunivet puis Louis I Chabot (mort en 1428).
- Marguerite de Craon, épouse de Guy de La Rochefoucauld, cité comme seigneur en 1419.
Marie de Craon et Louis Chabot furent les parents de Thibaut IX Chabot, cité comme seigneur en 1422, tué en 1429 à la bataille de Patay* et père de Louis II Chabot (mort en 1488), chambellan de Louis XI, qui vendit le fief en 1470 à Hardouin IX de Maillé (1430/1487), lequel le céda en 1476 à Louis d’Anjou (mort en 1488), dit Louis de Mézières. Ce dernier était le fils naturel de Charles IV d’Anjou (1414/1472), dit Charles IV Du Maine, fils de Louis II d’Anjou (1377/1417), roi de Sicile, et donc frère de Marie d’Anjou (1404/1463), épouse de Charles VII.
Après la mort de Louis d’Anjou, sans enfant, semble-t-il, d’Anne de La Trémoille, fille de Louis I de La Trémoille, baron de L’Île-Bouchard, la seigneurie passa à la famille de Beauvau. Louis de Beauvau, fils d’Antoine de Beauvau (mort en 1489) est cité comme seigneur cette même année mais, à la suite d’un long procès avec son oncle, Charles de Beauvau (mort en 1508), frère d’Antoine, il dut abandonner ses fiefs du Grand-Pressigny et de Ferrière-Larçon à ce dernier.
Ce Charles de Beauvau, qui fut le père de Jeanne de Beauvau, qui épousa Edmond de Prie (mort vers 1510), fils de Louis I de Prie (mort en 1497), vendit le fiel en 1501 à René de Prie (1450/1519), évêque de Bayeux et frère de Louis I (ils étaient tous les deux les fils d’Antoine de Prie (mort vers 1481), seigneur de Buzançais).
René de Prie céda le fief en 1503 à son neveu, Edmond de Prie, père de Gabriel de Prie, mort à la bataille de Pavie* en 1525, qui vendit la seigneurie en 1523 à René de Savoie (mort également en 1525 à Pavie), gouverneur de Provence et fils naturel de Philippe II de Savoie (1438/1497).
René de Savoie fut le père d’Honorat II de Savoie (mort en 1580), gouverneur de Loches, fait maréchal de France par Charles IX, lequel fut le père d’Henriette de Savoie-Villars (morte en 1611), qui épousa d’abord, en 1560 Melchior Des Prez (mort en 1572), sénéchal du Poitou, puis, en 1576, Charles II de Lorraine (mort en 1611), duc de Mayenne, qui devint seigneur du fief du chef de son épouse.
Le seigneur suivant fut Emmanuel Philibert Des Prez (tué en 1621 au siège de Montauban*, mort sans enfant et inhumé dans l’église du Grand-Pressigny), époux d’Éléonore de Thomassin, fille de René de Thomassin, grand-maître des Eaux et Forêts du Dauphiné. Cette dernière légua le fief à son neveu, Emmanuel d’Averton (mort en 1637), fils de sa sœur Catherine de Thomassin (morte en 1626) et de François II d’Averton (mort en 1638).
Emmanuel d’Averton vendit le fief en 1624 à Pierre IV Brûlart de Sillery (1538/1640), secrétaire d’état aux affaires étrangères de Louis XIII (voir Bessé à Abilly), dont le fils, Louis Roger Brûlart de Sillery (1619/1691), époux de Marie Catherine de La Rochefoucauld (sœur du mémorialiste François de La Rochefoucauld) dut céder le fief en 1661 à Macé Bertrand de La Bazinière, Trésorier de l’épargne du roi.
Ce dernier fut le père de Macé II Bertrand de La Bazinière (1620/1672), lui-même père de Louis Bertrand de La Bazinière, mort sans enfant en 1686 et de Marie Anne Bertrand de La Bazinière (1647/1727), qui épousa Claude Dreux de Nancré (1623/1689), lieutenant-général des armées (général de corps d’armée).
Après la mort de ce dernier, le fief fut acheté en 1736 par N. Masson, fermier général, receveur général des finances de la généralité* d’Amiens, père d’Étienne Pierre Masson de Maison Rouge, dont les biens furent saisis en 1753 (voir Bessé à Abilly) puis attribués à Pierre Paul I Gilbert de Voisins (1715/1754), président au parlement de Paris, dont le fils Pierre Paul II Gilbert de Voisins (1748/1793), également président au parlement de Paris, mourut sur l’échafaud.
L'exploitation de carrières de tuffeau a permis l'installation de logis troglodytiques, notamment dans bourg où ils occupent un côté de la rue des Caves, habitée par des tisserands qui vendaient leur toile de chanvre à la foire du 7 mai.
Une ligne de chemin de fer joignant Le Grand-Pressigny à Ligueil desservait Ferrière-Larçon jusqu'en 1945.
À voir dans le bourg
Église Saint-Mandé-Saint Jean (8 rue des Perrets) :
Cette église construite à la fin du 11ème siècle et au début du 12ème a été agrandie au 13ème siècle. De la partie romane la plus ancienne subsiste la nef avec son portique à plusieurs archivoltes sculptées par Denis, sculpteur actif entre 1130 et 1150, qui est notamment intervenu au Prieuré Saint-Léonard à L’Île-Bouchard.
La nef et la travée du 12ème siècle ont été englobées au 13ème siècle dans la construction d'un chœur très développé, de style angevin. Une coupole à pendentifs sert d'appui au clocher roman du 11ème siècle, dont la flèche est flanquée de quatre clochetons.
À l’intérieur, cuve baptismale du 12ème siècle et chemin de croix en ciment polychrome, réalisé en 1931 par la sculptrice Paulette Richon (1877/1987).
Fontaine Saint-Mandé (derrière l’église) :
Cette source, située à 1,20 m au-dessous du sol actuel a la réputation de guérir des fièvres, des anémies, du rachitisme et des pâles couleurs. Le monument est surmonté d’une statue du saint, qui serait, dit-on, une copie de l’original, dérobé.
Saint Mandé, alias Saint Maudez est un saint breton, qui aurait vécu au 5ème ou 6ème siècle ; il était invoqué contre les vers, les fièvres infantiles, les maladies des yeux ou encore pour guérir des furoncles, des morsures de serpents et des maux de pieds.
Lavoir (rue du Lavoir dans le sud du bourg) :
Article de la Nouvelle République du 23 avril 2015 : « construit dans l'entre-deux guerres, tombé en désuétude après l'avènement massif des machines à laver, le lavoir a vu son bâtiment détruit et son bassin comblé probablement au début des années 1970. Une association locale, Ferrière-Larçon Histoire & Patrimoine, a entrepris depuis 2011 un chantier associatif, entièrement constitué de bénévoles. Le pari initial, tenu à ce jour, était la reconstruction des murs adjacents ainsi que du lavoir qui bordait autrefois le Larçon, en n'utilisant que des matériaux de récupération ».
À voir au nord-ouest
Le Plessis :
Le fief, qui appartenait en 1347 à Jean Gargeau, chanoine de la collégiale Saint Martin à Tours, s'appela ensuite Le Plessis Poil de Loup (1639), Le Plessis Chevaleau et Le Plessis Port de Loup (17ème siècle), Le Plessis Chevallon (Carte de Cassini*). En 1793, il fut vendu comme bien national sur Pierre Paul II Gilbert de Voisins (voir Histoire).
Le manoir peut dater de la 2ème moitié du 15ème siècle ; les dépendances les plus anciennes sont du 18ème siècle ; en 1772 la ferme n'est plus qu'une métairie ; en 1795, les étages de la maison servent de grenier ; entre 1795 et 1813, on construisit une grange et des étables ; en 1864 et 1868, on éleva une tourelle, un portail encadré de 2 pavillons ainsi qu’un fournil et on reconstruisit la grange ; une dépendance ancienne a été aménagée en logis.
La Louzière :
Le fief appartenait en 1618 à Françoise de Crevant ; il s’agit peut-être de la Françoise de Crevant, qui était une petite-fille de Jean II de Crevant (voir Bossay-sur-Claise).
Le château, construit au 17ème siècle avait un petit portail d’entrée, arborant aujourd’hui des armoiries martelées et existant toujours à côté du grand portail sur lequel on trouve les dates de 1618, 1803 et 1893. La date de 1803 correspond à la construction des dépendances et d’un logis de ferme ; celle de 1893 au remaniement du château, avec la reconstruction de la façade ouest en pierre de taille