Gizeux
Le nom de cette commune, située dans l’ouest du département et à proximité du Maine-et-Loire, apparaît pour la première fois en 1136, dans le cartulaire de l’abbaye de Bourgueil, sous la forme Gisons, venant de Gizonem ou « domaine du germain Gizo ». Cette région faisait partie de l’Anjou sous l’ancien régime et était peuplée par les Andécaves à l’époque gallo-romaine.
HISTOIRE
Préhistoire et antiquité
Le dolmen de La Cardinière, appelé aussi le dolmen de La Roche-Méon, est situé tout à l’ouest du bourg, dans l’angle des chemins ruraux N° 42 du Carroi-Mortier à La Cardinière et N° 44 de La Touche à La Cardinière. C’est en fait une allée couverte enfoncée dans le sol et dont les tables manquent ; les deux supports d’entrée ont seuls gardé leur position parallèle, dont la direction accuse une orientation à l’est. On ne voit guère aujourd’hui qu’un amas méconnaissable de blocs de grès enfouis dans les broussailles.
Le dolmen de-La-Grève, appelé aussi le dolmen de La Croix-Rouge, est situé au nord du bourg, en bordure du chemin vicinal N° 4. Il s’agit d’un bloc plat l’un de 2,50 x 1,50 m, l’autre à-demi enterré, de 1,30 m de large en grès. Il s’agit sans aucun doute des pierres décrites et photographiées par Louis Bousrez* dans son ouvrage sur les mégalithes de Touraine.
La voie gallo-romaine allant de Chinon au Mans passait sans doute entre le dolmen de La Cardinière (voir ci-après) et, à l’est, le dolmen ruiné de Continvoir.
Histoire du fief
Les premiers seigneurs connus sont, en 1136, est Escot de Gizeux, puis Guy de Gizeux, qui participa à la 3ème croisade en 1190. Une fille de Guy épousa André de Doué (1155/1204), qui devint seigneur de Gizeux et qui fut le père d’Agnès de Doué, épouse de Mathieu II de La Jaille, cité comme seigneur en 1212 ; un autre André de Doué, arrière-petit-fils du précédent, est, quant à lui, cité comme seigneur en 1277.
Ce dernier fut le père d’Hugues de Doué, cité en 1315, lui-même père d’Aliénor de Doué (morte en 1371), qui épousa en 1328 Hugues VI Du Bellay (1297/1373), gouverneur de Saumur (voir Avrillé-les-Ponceaux et Continvoir) ; ces derniers furent les parents de Jean I Du Bellay (1332/1382), lui-même père d’Hugues VII Du Bellay (1367/1415 Azincourt).
Hugues VII Du Bellay fut le père de Jean III Du Bellay (1400/1481), lui-même père d’Eustache Du Bellay (1440/1504), dit le Solitaire de Gizeux, chambellan de René d’Anjou, et de Louis Du Bellay (mort en 1522), qui fut le père de Jean Du Bellay (1498/1560), dit le cardinal Du Bellay.
Eustache Du Bellay fut le père de René I Du Bellay (mort en 1532) et de Jean Du Bellay (1486/1523), le père de Joachim. René I Du Bellay fut le père d’un autre Eustache Du Bellay (mort en 1565), évêque de Paris, de Catherine Du Bellay (morte en 1529), épouse de Jacques II Turpin (voir Crissay-sur-Manse) et de Jacques Du Bellay (mort en 1580), lui-même père de René II Du Bellay (mort en 1611).
René II Du Bellay épousa en 1558 sa cousine Marie Du Bellay (morte en 1611), petite-fille de Louis et princesse d’Yvetot ; ils furent les parents de Marie Madeleine Du Bellay et de Martin III Du Bellay (1571/1637), après la mort duquel, la seigneurie passa à Antoine Saladin d’Anglure de Savigny (1603/1675), fils de Charles Saladin d’Anglure de Savigny (1573/1616) et de Marie Babou, elle-même fille de Marie Madeleine Du Bellay et de Georges Babou (né en 1541), seigneur de La Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire.
Marc Antoine Saladin d’Anglure de Savigny (1640/1688), fils d’Antoine Saladin, vendit le fief, en 1677 à Anne Frezeau de La Frézelière (1633/1705), fille d’Isaac Frezeau de La Frézelière (1595/1635) (voir Courcelles-de-Touraine). Cette dernière, veuve de René de Rouxellé de Saché, fut la mère d’Henri Anne René de Rouxellé de Saché, qui vendit la seigneurie, en 1723, à René de Grandhomme (mort en 1741) (voir Les Ricordières à Continvoir).
Ce dernier fut le père de Pierre Simon René de Grandhomme (mort en 1767), qui épousa Marie Anne de La Motte et qui fut le père de Marie Anne René Jacqueline de Grandhomme, laquelle épousa en 1747 Louis Paul de Brancas (né en 1718), maréchal de camp, et donna le fief au mari de sa filleule, Louis Gabriel de Contades (1759/1825) (voir Cléré-les-Pins), dernier seigneur de Gizeux, qui, revenu d’immigration, fut Président du Conseil Général d’Indre-et-Loire en 1815 et maire de Gizeux.
Histoire moderne :
Le moulin Scée, au sud du bourg, est le dernier des huit moulins à eau qui fonctionnaient à Gizeux, alimentés par les eaux du Changeon, qui servent de limite avec la commune de Continvoir. Son dernier meunier, formé dans des minoteries de la région, y a travaillé de 1930 à 1972. Il a contribué à la modernisation du moulin en petite minoterie à cylindres. Son fils, qui l'a secondé pendant huit ans, en est actuellement propriétaire. Le moulin lui-même est composé de cinq niveaux utiles à l'activité de meunerie. Le rez-de-chaussée a conservé la rotonde qui contenait l'ancien mécanisme actionné par la roue. Celle-ci a été supprimée et remplacée par une turbine verticale qui occupe l'espace contigu. Les étages supérieurs conservent presque intégralement en place tout le matériel de meunerie : meules et appareils à cylindres, appareils de nettoyage des grains, de tri des différentes semoules, treuils et remontoirs à godets, toiles et sacs, etc.
Ce moulin est censé avoir été construit au 18ème siècle et son existence est confirmée par la carte de Cassini*, mais sa silhouette actuelle ne semble pas remonter plus loin qu'au 19ème siècle. Des traces de reprises visibles sous l'enduit écaillé laissent penser que l'édifice a été doublé en largeur et qu'il a été surélevé, probablement au moment de l'installation des machines et du système de transport semi-automatisé des produits. Les baies semblent également avoir été reprises et réduites. Certaines ont été obturées : la baie rectangulaire de la façade nord-ouest est peut-être le dernier vestige de cette disposition ancienne.
Les meuniers possédaient un vaste potager et élevaient porcs, lapins et volailles pour assurer un complément de revenu.
À voir dans le bourg
Mairie (1 rue du lavoir) :
Ce bâtiment de 1740 est composé d’un corps de logis, flanqué de deux pavillons ; les combles à la Mansard sont éclairés par des lucarnes à frontons courbes ou triangulaires.
Lavoir (rue du lavoir) :
Près de la mairie, le lavoir sur le Changeon, construit en 1872 et restauré en 1993/94, possède des boîtes à laver, où les lavandières s'agenouillaient pour taper le linge avec leur battoir.
Hôtel des seigneurs de Gizeux (8 place du bœuf couronné) :
Cet ancien logis des seigneurs de Gizeux, construit en 1417, est ensuite devenu la trésorerie du procureur avant d’être transformé en hôtel-restaurant, aujourd’hui fermé. Le gibet se trouvait en face.
Chapelle Notre-Dame (1 rue de la Croix-Rouge, nord-ouest du bourg) :
Cette chapelle a été édifiée en 1779. À ne pas confondre avec l'église paroissiale Notre-Dame (voir ci-après). L'édifice aurait été bâti à l'emplacement d'une chapelle du 13ème siècle. L'oratoire comporte une salle rectangulaire couverte en arc de cloître. La porte est ouverte sous un entablement porté par deux colonnes engagées et surmonté d'un fronton triangulaire creusé d'une niche.
La Folie (1 rue Angevine, nord-ouest du bourg) :
En 1627, ce domaine fut vendu par Florent Biétrix à Jean Biétrix, avocat et notaire à Gizeux. Andrée, fille de ce dernier et propriétaire de La Folie, épousa en 1643, René Maurays, fermier général de la terre de Gizeux.
Le manoir, du 15ème ou du 16ème siècle, a conservé ses fenêtres à meneaux.
À voir au nord
La Chaubruère (nord-ouest)
Le fief appartenait, en 1451, à Jacques de Torcé, en 1539, à Jean Du Pineau, en 1540, à René Du Pineau, dont la fille, Françoise Du Pineau, épousa, en 1548, Jean de Lestenou, en 1581, à Alexandre de Lestenou, capitaine du château de La Bourdaisière (Montlouis-sur-Loire), père d’Eustache de Lestenou (cité en 1630), lui-même père de Charles de Lestenou, décédé à La Chaubruère le 19 juillet 1698 (voir La Couture ci-après).
Alphonse de Lestenou, fils de Charles, lieutenant général de l’artillerie, seigneur de 1698 à 1725, fut le père de René de Lestenou, cité en 1725, dont la fille, Anne Marie Jeanne de Lestenou, décédée à Gizeux en 1736, avait épousé, en 1726, Charles Quirit de Vauricher (voir Langeais) ; ces derniers furent les parents d’un autre Charles Quirit de Vauricher, prieur-curé d’Angers, seigneur de 1736 à 1780 et d’Anne Françoise Quirit de Vauricher (morte en 1781).
Le dernier seigneur du fief fut, de 1781 à 1789, Aimé Mathieu de Jousseaume, mari de Jeanne Charlotte Hélène Quirit de Vauricher. Ce dernier ayant émigré, le domaine fut vendu comme bien national mais il fut récupéré en 1810 par un frère d’Aimé Mathieu, Frédéric Eugène de Jousseaume, curé de La Daguenière (ancienne commune du Maine-et-Loire).
Il existait dans le logis seigneurial une chapelle dans laquelle, avant la Révolution, la messe était célébrée une fois par semaine.
À voir à l’est
Le château :
Une première forteresse, dont il reste des vestiges importants, datés de 1334 (la tour d’entrée, l’aile droite et l’enceinte crénelée) a été transformée, à la Renaissance, par la famille Du Bellay, désireuse de moderniser sa demeure et de recréer l’esprit de la cour. Elle fait donc agrandir le château et construire le corps de logis en forme de U.
Le château est précédé d'une cour d'honneur et de parterres qui s'inclinent vers une prairie limitée sur trois côtés par les douves et où se trouve l'entrée. A gauche se développent les bâtiments des communs ; à droite, une terrasse limitée par un ancien mur d'enceinte, puis le grand canal.
Le château comprend un corps de logis central et deux ailes en retour sur la cour d'honneur avec, dans les angles rentrants, deux tours polygonales d'escaliers à vis. Un bâtiment édifié à peu près à la même époque en bordure de la terrasse sud, est terminé par un pavillon rectangulaire plus élevé, affecté au logement des fermiers.
Au nord se trouvent les communs avec une grande cour, deux corps de bâtiments en équerre, et une cour secondaire dont l'accès se fait par un passage voûté ouvert dans l'axe du bâtiment principal.
À l'intérieur du château, le rez-de-chaussée conserve des boiseries des 17ème et 18ème siècles. Au premier étage, une salle a conservé les lambris, le plafond et la décoration peinte de l'époque de la construction. Sur les lambris alternent des scènes mythologiques, des bouquets de fleurs et des motifs portant le monogramme des Du Bellay. Une décoration analogue subsiste dans quelques pièces de l'aile sud et dans le couloir qui les dessert.
Une grande galerie entièrement couverte de peintures occupe le premier étage du bâtiment 18ème en retour vers l'est. Sont représentés les châteaux royaux, ainsi que le château de Gizeux mis en parallèle avec ces constructions. Pendant la Révolution, ces peintures furent recouvertes d’une épaisse couche de torchis et n’ont été remises à jour qu’à la fin du 19ème siècle.
On ignore la date exacte de la construction de la chapelle, les archives du château ayant été détruites lors de la Révolution française. Toutefois, l’architecture extérieure met en évidence un bâtiment datant de la fin du 16ème du début du 17ème siècle.
Voir : https://www.chateaudegizeux.com/accueil.htm
Église Notre-Dame :
Située à l’entrée du château, cette église du 12ème siècle, reconstruite en 1840, abrite deux groupes de sculptures de marbre blanc représentant deux couples agenouillés en prière et réalisés au 17ème siècle par Nicolas Guillain, dit de Cambrai (1550/1639) ou par son fils, Simon Guillain (1581/1658) ; il s’agit de René II Du Bellay avec son épouse Marie Du Bellay (voir histoire du fief) ainsi que son fils Martin III Du Bellay et son épouse, Louise de Savenières (morte en 1625).
Les vitraux sont l'œuvre de l'atelier Lobin.
Il existe, dans la rue du château, un saule-pleureur mesurant 18 à 20 m. de haut et 3,20 m. de circonférence.
À voir à l’ouest
La Couture :
Le fief appartenait, en 1578, à Pierre Merlin, en 1630, à Jehan de Lestrelau, en 1639, à Martin Jousselin ; le seigneur suivant fut le prêtre Mathurin Du Gué, décédé à Gizeux en 1660, dont les héritiers vendirent le fief vers 1661 à Charles de Lestenou (voir La Chaubruère).
Le dernier seigneur de La Couture, Aimé Mathieu de Jousseaume racheta cette propriété à son retour d'émigration et la revendit en 1804, à Louis Gabriel de Contades (voir histoire du fief).
Le manoir, du 16ème siècle, qui a conservé une fenêtre à meneaux et dans lequel il y avait une chapelle qui a disparu, est devenu une ferme.
À voir au sud
Saint-Philibert (sud-ouest) :
Cette ancienne commune, citée en 1467 sous la forme Sanctus Philibert de Pillosa fut rattachée à celle de Gizeux en 1817.
L’ancien prieuré, du 17ème siècle, a servi de presbytère à l’église paroissiale, aujourd’hui disparue.
Chaumont (sud-ouest) :
Le château, du 19ème siècle, a été construit à 500 m. au sud de l’ancien château, qui se trouvait sur la paroisse de Saint-Philibert.