La Celle-Guenand
Cette commune, située dans le sud-est du département et au sud-est de Ligueil, est issue de la réunion, au 18ème siècle, de la paroisse de La Celle-Guenand, toponyme venant du premier seigneur connu de ce fief : Guillaume Guenand, vivant vers 1310, également seigneur des Bordes, au Petit-Pressigny avec celle de La Celle-Draon, toponyme, qui apparaît pour la première fois en 1220 dans le cartulaire de la Chaise-Merci-Dieu (Haute-Loire), sous la forme cella Draconis ou Droconis, signifiant ermitage de Dracon ou de Drocon (inconnu par ailleurs).
Histoire
Civray (au sud-ouest du bourg) a été occupé au mésolithique et des microlithes en forme de pointes provenant de ce site peuvent être vus au Musée du Grand Pressigny.
Des domaines agricoles gallo-romains (villae*) existaient sans doute à Civray, venant de Severiacus ou « domaine du Sévère » (voir ci-après), à Crançay (au nord-ouest), venant de Crescentiacus ou « domaine du Puissant », à Marnay (au nord-est), venant de Materniacus ou « domaine du Maternel » et à Racilly (au sud), venant de Rasiliacus ou « domaine du Poli ».
Histoire du fief de La Celle-Draon :
Le premier seigneur connu est un certain Guillaume de La Celle, cité en 1230 (voir La Chevalerie à Descartes) et le fief resta dans cette famille jusqu’au 14ème siècle, époque où il passa aux mains de la famille d’Azay, suite au mariage de Jeanne de La Celle, descendante de Guillaume avec N. d’Azay (mort avant 1471).
Leur fils, Adam d’Azay, reçu rémission en 1475 du meurtre d’un mauvais garçon, du fait qu’il avait « bien servi à la garde des châteaux de Loches et d’Amboise ».
La famille d’Azay garda ce fief jusqu’en 1537, date du mariage de Renée d’Azay, descendante d’Adam avec Guillaume de Coutances, également seigneur du fief de La Celle-Guenand et les deux fiefs furent dès lors réunis.
Leur fils, René de Coutances (1545/1602), épousa en 1570 Bénigne Des Croix (née en 1558), dame de Saint-Antoine-du-Rocher. Le fils de ces derniers, Hardouin de Coutances (1580/1631), fut lieutenant du roi à Nantes.
Au 18ème siècle, les propriétaires des fiefs furent Jean Charles Gabriel Cantineau de Commacre (mort en 1785), également seigneur de Sainte-Catherine-de-Fierbois, puis Pierre Gaullier (1714/1789), procureur du roi au Présidial de Tours, dont le fils Pierre Adrien de Gaullier (1752/1810), dit de La Celle, qui fut aussi procureur du roi au Présidial de Tours de 1775 à 1791, conserva la propriété du château.
Histoire du fief de La Celle-Guenand :
Après Guillaume I Guenand, né vers 1263 et cité vers 1310 (voir Les Bordes au Petit-Pressigny), les seigneurs furent Antoine Guenand, descendant de Guillaume I, cité en 1422, capitaine de château de Loches en 1445; puis le fils de ce dernier, Pierre Guenand, cité en 1485, chambellan de Charles VIII et capitaine d’Amboise (voir La Roche-Chargé à Chargé).
Guillaume de Coutances, également seigneur du fief de Négron à Luynes, cité comme seigneur en 1559, épousa Renée d’Azay, dame de La Celle-Draon et, dès lors, les deux fiefs furent réunis, comme on l’a vu ci-dessus.
Histoire moderne :
Le 27 août 1944, une colonne allemande, après avoir tué les résistants Alexandre Delforges (1900/1944) et René Fleury (1901/1944) dans le centre du village, assassinèrent, dans la ferme de Repinçay, un groupe de 8 personnes, qui y fêtaient un anniversaire : Édouard Branchet (1923/1944), Jean Dupont (1927/1944), Gérard Dupont (1928/1944), Bernard Métivier (1924/1944), Georges Ribault (1893/1944) et son fils Pierre Ribault (1923/1944) ainsi que Gérard Tremblais (1924/1944) ; pour sa part Camille Bruneau (1923/1944) mourra de ses blessures une semaine plus tard.
Un monument commémore ce massacre à Repinçay (nord-est du bourg, à droite de la D 13 allant de La Celle-Guenand à Saint-Flovier.
À voir dans le bourg
Église Notre-Dame :
Cette église desservait les deux paroisses, ce qui provoquait régulièrement des conflits !
Voici ce qu’en dit le site de la mairie : « La façade romane fait la renommée de cet édifice. Elle possède une porte centrale, flanquée de deux arcades aveugles plus petites et surmontée d'une fenêtre en plein cintre accostée de colonnettes, ce qui donne à l'ensemble une allure poitevin.
L'arc plein cintre du portail roman est constitué de quatre voussures qui retombent sur des colonnettes à chapiteaux situées dans les retraits de jambages. Les claveaux de la voussure supérieure sont ornés de faces humaines couronnées (Note PMD : attribuées à Denis). Les claveaux des voussures centraux sont ornés de personnages ou de feuilles, mais ceux de la voussure inférieure n'ont pas été sculptés.
Le clocher se situe à la croisée du transept au-dessus de la coupole, il fait partie de la campagne d'agrandissement et d'embellissement de l'église au 12ème siècle ; il se compose de chaque face de deux baies à doubles voussures ornées de piédroits.
A l'origine, l'église était formée d'une nef unique couverte de charpente. C'est au cours du 12ème, durant des travaux d'agrandissement, que la nef est modifiée et voûtée. C'est à cette période que la façade actuelle voit le jour.
La nef, devenue trop large pour être voûtée et trop étroite pour créer des bas-côtés, on décida de les sacrifier en créant des piles et les deux collatéraux étroits, voûtés longitudinalement et en demi-berceau.
La nef actuelle est formée de trois travées : la cuve baptismale du 12ème siècle est située dans la première travée, revoûtée au 15ème. Creusée dans un bloc de pierre hexagonal, elle est décorée de têtes humaines aux angles extérieurs. La deuxième travée conserve sa voûte sur ogive du 13ème siècle. La troisième travée, de la même époque, est couverte d'une coupole oblongue très exceptionnelle sur pendentifs ovales et dissymétriques.
Le transept est la partie la plus ancienne de l'édifice (fin 11ème). La croisée est voûtée d'une coupole sur trompes, les croisillons sont actuellement couverts d'un berceau en plein cintre.
Le chœur voûté d'ogives fut reconstruit aux 14ème et 15ème siècles lors de la construction de la sacristie (au 15ème) ; c’est une pièce trapézoïdale, couverte de deux voûtes sur croisée d'ogives, dont les clefs sont décorés d'écussons.
Cette église, fermée depuis 2004 en raison de son état dégradé par les ans, a été restaurée en 2018 grâce au loto du patrimoine et réouverte en 2020.
Ancien presbytère :
Près de l’église, l’ancien presbytère possède une tour d’escalier polygonale, construite en briques avec chaînages en tuffeau.
Château de La Celle-Guenand :
Le château actuel, du 15ème siècle, est peut-être l'œuvre d'Antoine Guenand (voir Histoire). En forme de U, il est entouré de quatre tours rondes et fortifié par une tour carrée à pont-levis et entouré de douves ; sous la plate-forme du château sont creusé des souterrains, utilisé comme refuge pendant les guerres de religion, mais également durant la Seconde Guerre Mondiale.
Dans une seconde campagne, qui pourrait dater du troisième quart du 15ème siècle, on construisit le châtelet d'entrée, les communs le jouxtant, le pigeonnier ; une tour d'escalier polygonale et une galerie joignant le châtelet à l'ancien logis ; en 1792 (date portée) , on aménagea un escalier en vis dans la tour carrée après avoir supprimé le pont-levis ; la destruction de l'aile nord-est peut dater du 17ème siècle, ainsi que la construction des caves de la contrescarpe ; une chapelle mentionnée en 1781 fut désaffectée au 18ème siècle et le châtelet fut aménagé en écurie en 1787 ; au 19ème siècle, deux communs furent détruits puis on bâtit de nouveaux communs, un portail et une fontaine ; dans le parc on trouve deux serres de la fin du 19ème : l'une est en ruine, l'autre est couverte d'une charpente métallique.
On peut y louer des chambres d’hôtes : voir https://www.charme-traditions.com/fr/chambres-d-hotes/org/79512/chateau-de-la-celle-guenand
Château de La Celle-Draon :
Les vestiges de ce château des 11ème/12ème siècle, déjà en ruines en 1671, peuvent être vus depuis la rue du Chien Vert, en dessous de l’église.
Maisons anciennes (rue de la Juiverie) :
Plusieurs maisons anciennes se trouvent dans cette rue, à l’ouest du château, notamment une maison du 15ème siècle et une, de 1627, avec une tour d’angle carrée.
Lavoirs :
L’ancien lavoir, sur le Rémillon, se trouve au bout d’un passage couvert, au n° 22 de la Grande-Rue, dans le nord du bourg.
Un autre lavoir, aujourd’hui en ruines, existe rue du stade (au sud-est du bourg), non loin du plan d’eau municipal.
À voir au sud-ouest
Chapelle du Genêt (aujourd’hui Les Genêts) :
Cette chapelle du 15ème siècle, désaffectée depuis la Révolution, est aujourd’hui une grange. Elle se compose d'une nef dont l'accès se fait au nord par une porte surmontée autrefois d'une accolade dont il reste trace du fleuron. La nef est divisée en deux travées voûtées sur croisées d'ogives à moulures prismatiques sur culs de lampe ornés. Le chevet plat est ajouré d'une fenêtre dont le réseau flamboyant est en partie détruit.
La Gachère :
Cette ferme du 17ème siècle a conservé son four à pain et son pigeonnier.
Moulins :
Le Moulin de Civray, sur le Rémillon, apparaît au 18ème siècle sur la Carte de Cassini*. :
Le Moulin Neuf, sur l’Aigronne, qui figure sur le cadastre napoléonien n’existe plus ; la ferme comprend 3 logis : un du 15ème, un autre portant la date de 1790 et un troisième, daté de 1796.