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La Membrolle-sur-Choisille


Le nom de cette commune, située près de Tours, au nord-ouest, apparaît pour la première fois en 775, sous la forme Membriolas (« le Hameau »), dans un diplôme de Charlemagne, puis, en 976, dans une charte de Bouchard I de Vendôme (mort en 1007), de la façon suivante : Villa Membriolis super fluvium Causilae in pago Turonico, signifiant « domaine du Hameau, sur la Choisille, dans le territoire des Turons*».

En fait, ce lieu, comme son nom l’indique, fut un hameau faisant partie de Mettray, jusqu’en 1873, époque où il était devenu plus important que le bourg et où il devint une commune indépendante.

Histoire

Le terme Villa Membriolis indique qu’il y avait sans doute là, à l’époque gallo-romaine, un domaine agricole (villa*), repris ensuite par l’église, selon la coutume.

Une voie gallo-romaine, venant de Saint-Symphorien et rejoignant au Serrain (commune de Semblançay) l’importante voie Poitiers/Le Mans, traversait le territoire de ce hameau ; cette voie est encore bien visible à Saint-Cyr-sur-Loire, où elle porte le nom de Voie Romaine.

Un prieuré y fut fondé au 11ème siècle par l’abbaye de Marmoutier à la suite de la découverte, en 1032, sur les rives de la Choisille, d’une statue de la Vierge, appelée N.D. des eaux ou N.D. des malades (voir église).

Dès le moyen-âge, de nombreux moulins existaient sur la Choisille et sur la Petite Choisille ; on peut citer notamment :

Le Moulin Boutard (au nord du bourg) : construit au 15ème siècle par les moines du prieuré de Lavaray à Fondettes, dont le système d'alimentation en eau et la roue subsistent, avec un étage habitable, en bois et hourdis, édifié sur un rez-de-chaussée en maçonnerie, qui contenait le mécanisme du moulin ainsi que la roue. Un vivier et des bâtiments de ferme de la même époque se trouvent à proximité.

Le Moulin Robert (au nord-ouest du bourg) : le domaine était un fief, appartenant, en 1644, à Louis de Rochebouët, en 1730, à Dreux Le Hayer (voir Azay-sur-Indre et Chédigny), en 1737, à Hélène Le Hayer. Le 9 germinal an II (29 mars 1794), il fut vendu comme bien national sur Marie Louise Adélaïde-Jacquette de Robien (1756/1814), dame de Saint-Antoine-du-Rocher et veuve d’André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau (1754/1792) (voir Charentilly).

Gite aujourd’hui : voir https://www.booking.com/hotel/fr/house-gite-du-moulin-3.fr.html

Le Moulin Gruet (à l’est du bourg) : le domaine, qui constituait un fief appelé Gruais, appartenait, en 1691, à Charles Augeard (1652/1700), capitaine au régiment de Navarre, en 1768, à Louis Claude de Cop et à Élisabeth Royer, veuve de Pierre de Cop, lieutenant particulier au siège présidial de Tours, qui le vendirent, cette année-là, à Louise Renée de Fescan (morte en 1788), veuve de Charles Bernard Briçonnet, marquis d'Oysonville (1711/1758), seigneur de Mettray et propriétaire de La Tour à Rochecorbon. Le propriétaire de ce fief avait droit de pêche sur la Choisille, depuis le moulin de Maillé jusqu'aux Arches de La Membrolle.

En 1838, le propriétaire du moulin, qui était Auguste Simon Louis Bérard (voir l’église, ci-après) écrit au préfet d’Indre-et-Loire : « je suis propriétaire d’un moulin appelé Gruais situé sur la Choisille près de La Membrolle, commune de Mettray. Ce moulin a été successivement employé à moudre du blé, à fouler des draps et à broyer des écorces. J’ai l’intention de lui donner une destination nouvelle, faisant en ce moment établir une filature pour le chanvre et le lin, par procédés mécaniques. […] je vous prie d’avoir la bonté d’ordonner l’enquête administrative ». Bérard signale qu’il n’a à redouter aucune réclamation «de la part du moulin inférieur dont je suis également propriétaire »

Sur l’histoire de cette commune, voir Nicole Moteau : La Membrolle-sur-Choisille (2013) https://www.editions-sutton.fr/livre-membrolle_sur_choisille_la-9782813807182-57185.html

Randonnées : https://tours-metropole.fr/sites/default/files/tourisme/la_membrolle-sur-choisille_petite_choisille-2019bd.pdf

https://www.tours-metropole.fr/sites/default/files/tourisme/Fiches_sentiers/lamembrolledeux_villages-2019bd.pdf

À voir dans le bourg

Église Notre-Dame-des-Eaux (rue Nationale) :

Sur les fondations de la chapelle prieurale édifiée là où la statue avait été découverte, qui avait été vendue à la Révolution, une nouvelle église fut construite en 1847, grâce à la générosité d’Amélie Marie Caroline Bérard, comtesse de Nanteuil (décédée en 1860), résidant au château de Bel Air (voir ci-après) avec son frère Auguste Simon Louis Bérard (1783/1859), député de 1827 à 1834, ami de Béranger (voir Saint-Cyr-sur-Loire), retiré en Touraine en 1834, conseiller municipal de Mettray, enterré au cimetière de la commune.

Le clocher, quant à lui, a été élevé en 1888 par l’architecte Abel Jousset, sur 40 pieux de chêne, enfoncés jusqu’à 5,50 m. de profondeur.

À l’intérieur se trouve une Vierge en bois du 15ème siècle, qui aurait été la statue de N.D. des Eaux, dite aussi N.D. des Malades, se trouvant dans l’ancienne chapelle et conservée au moment de la Révolution par le charpentier Antoine Loiseau, capitaine de la garde nationale de Mettray ainsi qu’un tableau du 18ème siècle représentant l’élection en 1750 comme supérieur général des Franciscains de Pierre de Molina [en fait Pedro Juan de Molina (1698/1775)] ; ce tableau, qui se trouvait dans le réfectoire du couvent des récollets de Tours, fut donné à l’église en 1863 par la comtesse de Nanteuil et a été restauré en 2000 par Marc Philippe (voir https://www.ateliermarcphilippe.com/).

Vitraux de l’atelier Lobin, d’Amand Clément et de Julien Fournier.

Château de L’Aubrière (11 route de Fondettes, au sud-ouest du bourg) :

Le domaine est cité dès 1292, sous la forme Laubrière, comme appartenant à Hubert Aubry (d’où vient le toponyme). En 1769, il fut acheté par Pierre Cormery, juge de paix pendant la Révolution.

Le château actuel a été construit en 1864 pour Henri Ernest Martell (1822/1900), artisan de la création de la commune, dont il fut le maire de 1874 à sa mort et fils de Théodore Auguste Martell (1780/1860), co-dirigeant de la Maison du cognac Martell. En 1897, Georges Feydeau (1862/1921), invité par Henri Ernest Martell, y a écrit La dame de chez Maxim, pièce dans laquelle le château sert de cadre au 2ème acte et le village est cité.

En 1918, le château fut acquis par Gaston Henri Cousin (1879/1944), fils du notaire Aimé Désiré Cousin (né en 1949), qui avait épousé en 1911 Marie Charlotte Laurent (1874/1955), veuve du pharmacien Magloire Méri Dumontier (1865/1904), arrière-petit-neveu de l’abbé Gilbert Soury (1732/1810), dont il avait hérité une recette médicinale, qu’il commercialisa sous l’appellation Jouvence de l’abbé Soury, commerce continué ensuite par la famille Cousin.

Marie Charlotte Laurent-Dumontier-Cousin était déjà mère de René Eugène Dumontier (1892/1982), qui sera maire de La Membrolle de 1933 à 1945, ainsi que d’Inès Gabrielle Dumontier (1894/1948), qui épousera en 1913 Henri Lucien Cousin (1883/1976), frère de Gaston Henri

C’est à cette époque que Marie Bonaparte (1882/1962), future épouse du prince Georges de Grèce (1869/1957), y fit plusieurs séjours avec son père Roland Bonaparte (1858/1924), petit-fils de Lucien Bonaparte, frère de Napoléon.

L'Aubrière et son parc de 15 hectares, aux arbres centenaires aux essences rares, devint hostellerie en 1983. Voir : https://fr.hotels.com/ho288255/chateau-de-l-aubriere-la-membrolle-sur-choisille-france/

L’ancien lavoir se trouve sur la Petite-Choisille, en haut de la rue Nationale, au nord du bourg.

À voir au nord

La Bretonnière (rue de la Bretonnière, au nord-est) : ce domaine constituait un fief, qui relevait de Mettray. Le manoir date de la fin du 18ème siècle).

Beau Site (route du Mans au nord-est) : Emmanuel Chabrier (1841/1894) résida entre 1881 et 1894, dans cette villa qui appartenait à son épouse Marie Alice Dejean (1851/1901). Il y composa notamment Gwendoline ainsi qu’une grande partie de La Sulamite et de Briséis.

L’Angenardière (nord-ouest) : Le château actuel date du 19ème siècle. Ses caves ont servi, un temps, à l'élaboration d'un vin pétillant de Touraine connu sous le nom de Royal Touraine. Le propriétaire était alors Louis Lehoult, maire de la commune de 1900 à 1908.

À voir à l’est

Bel-Air :

Le château a été construit en 1850 par Auguste Simon Louis Bérard (voir église), dont le fils, Édouard Bérard, qui sera le premier maire de la commune, de 1873 à 1874, le vend à Auguste Jean Poussineau (1831/1910), qui avait épousé en 1856 Aimée Coupé (1839/1912) et qui était le frère du célèbre coiffeur/couturier Émile Martin Poussineau (1841/1930), dit Félix.

Bel-Air est vendu en 1883 à la baronne Nadejda von Meck (1831/1894), veuve d’un magnat des chemins de fer russes et francophile, qui apporte son aide financière aux musiciens Nikolaï Rubinstein (1835/1881) et Claude Debussy (1862/1918), qu’elle engage comme professeur de musique et répétiteur pour ses enfants. Mais surtout, pendant plus de 13 années, elle est la bienfaitrice de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840/1893), avec qui elle entretient une abondante correspondance, dans laquelle elle lui vante sa propriété de La Membrolle. Dans une de ses lettres, en décembre 1883, elle décrit Bel-Air à Tchaïkovski : « que vous l’appeliez “mon château” mon gentil ami me gêne […] en réalité, il s’agit d’une petite maison seigneuriale construite dans le style Louis XIII. Vous savez sans doute, mon gentil ami, que c’est le plus laid de tous les styles français. Quand vous arriverez sur place, vous serez étonné de voir comme cette construction est vaste et spacieuse ».

En 1884, la baronne arrange le mariage de son fils, Nikolai Karlovitch, dit Kolia (1863/1929), avec Anna Lvovna Davydov (1864/1942), nièce de Tchaïkovski. La même année, l’une de ses filles, Sophia von Meck (1867/1935) épouse Alexei Alexandrovitch Rimsky-Korsakoff (1860/1920), cousin du compositeur Nikolaï Rimsky-Korsakoff (1844/1908).

Henri Troyat (1911/2007), né Lev Aslanovitch Tarassov, leur consacrera un livre : La baronne et le musicien, Madame von Meck et Tchaïkovski.

Malade de la tuberculose, Nadejda Von Meck revend Bel-Air en 1889 à la famille Laty, à qui la Société de Secours aux Blessés Militaires le rachète en 1918. Le château devient alors un hôpital sanitaire puis un sanatorium de la Croix-Rouge française. Des galeries de cure en bois et ensuite en dur et à étage sont aménagées devant le château.

Lors du centenaire du centre de la Croix-Rouge en 2018, l’architecte Jean-Pierre Rimsky-Korsakoff (né en 1953), arrière-petit-fils de Sophia von Meck et d’Alexei Alexandrovitch Rimsky-Korsakoff fit une conférence dans laquelle il présenta le lien unissant Tchaïkovski et La Membrolle.

Voir https://www.belair-crf.com/

À voir à l’ouest

Les Plantes (accessible seulement par un chemin) :

Pigeonnier carré à colombages du 17ème siècle, avec 650 boulins*, constitués par des poteries rondes.


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