Larçay
Le nom de cette commune située pour sa plus grande partie sur la rive gauche du Cher, apparaît pour la première fois en 919, dans les Actes de Charles III dit le Simple sous la forme Adrisiacus ou « domaine agricole du grec Adrastios ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Selon le site de la commune, le territoire a été occupé pendant le paléolithique moyen (- 350 000/- 45 000) et notamment pendant l’époque moustérienne (- 200 000/- 40 000), où l’homme de Néandertal vivait au Voisinet (à l’est du bourg), puis pendant le paléolithique supérieur (- 45 000/- 11 700), où le site des Grands-Champs (à l’ouest du bourg, non loin du ; (voir ci-après) fut habité par l’homme de Cro-Magnon. Des poteries néolithiques furent également découvertes aux Graviers, à l’est du bourg.
La tribu gauloise des Turons*, qui occupa la Touraine actuelle, s’installa dans cette riche vallée du Cher et à Bellevue (voir ci-après), près du castellum, on a découvert des vestiges gaulois : poteries, haches en bronze et trois monnaies. En 2013, l’archéologue Jean-Marie Laruaz a découvert dans le quartier du Puits-Pabot (voir ci-après) une portion de l’ancien chemin gaulois (voir ci-après) ainsi que des artefacts gaulois. Voir https://archives.touraine.fr/media/4b3dd45e-c969-4a41-85f8-70fd922bfd86.pdf
D’importants vestiges gallo-romains subsistent à Larçay, notamment ceux d’une grande villa* découverte par Sylvain Livernet et Jason Wood à Bellevue (voir ci-après), Sur cette période, voir notamment : Pierre Audin* : Larçay gallo-romain (BSAT 38, 1977) et Jason Wood : Études archéologiques à Larçay (BSAT 40, 1984 et 42, 1989). Voir aussi la Tour ou castellum, ci-après.
L’aqueduc gallo-romain de Fontenay, du 3ème siècle, qui, venant de Bléré, via Athée-sur-Cher, Azay-sur-Cher, Véretz, Larçay et Saint-Avertin, en longeant la rive gauche du Cher, pour alimenter en eau les thermes de Caesarodunum , a été vu à plusieurs endroits sur la commune ; il est encore visible à l’ouest des Belles-Caves (voir ci-après) ; le canal est maçonné et surmonté d’une voute en pierre de section conique.
Trois voies gallo-romaines traversaient le territoire de cette commune, deux allant d’est en l’ouest et une du nord au sud.
La voie qui suivait la rive droite du Cher, allant de Bourges à Tours, est encore bien visible, à 350 mètres du Cher, dans la partie nord de la commune, entre La Ribellerie et Les Montils.
Celle qui suivait la rive gauche, reprenant un ancien chemin de crête gaulois (voir ci-dessus), se laisse encore deviner au Chemin-des-Quarts, à La Croix, rue Notre-Dame-des-Champs et au Carroi, où elle croisait une voie secondaire, qui, selon Jean Mary Couderc*, joignait la voie de la rive droite de la Loire (Orléans/Tours) à celle de la rive gauche de l’Indre ; cette voie serait partie de Saint-Roch (commune de Rochecorbon) et aurait traversé les communes actuelles de La Ville-aux-Dames (la Carte, le Grand Village) et de Larçay (Le Carroi, Le Placier) avant d’arriver à La Chaussée à Esvres-sur-Indre, mais il faut avouer qu’il n’y a plus guère de traces de cette voie secondaire.
C’est au carrefour de ces deux dernières voies que le castellum (voir ci-après) fut construit au 3ème siècle après JC.
Histoire ancienne, moderne et contemporaine :
La seigneurie de Larçay était une châtellenie qui appartenait aux archevêques de Tours.
La prévôté de Larçay, fief dépendant de cette châtellenie, était la propriété, en 1358, de Pierre de Larçay (voir Couesmes), en 1508, de Jean de Larçay, puis de Gabriel de Larçay (mort en 1620) et de Jacques de Larçay (mort vers 1630) ; ce dernier était l’époux de Lancelone Du Raynier (voir Verneuil-le-Château) et fut le père de Françoise de Larçay, qui épousa en 1605 Louis de Voyer de Paulmy (1581/1651) (voir aussi Le May à Chanceaux-près-Loches, Crouzilles, Panzoult et Paulmy). Cette famille était propriétaire du manoir de La Fontaine (voir ci-après).
Ces derniers vendirent le fief, en 1635, à Denis II Bouthillier de Rancé (mort en 1650), secrétaire privé de Marie de Médicis, seigneur du fief voisin de Véretz et, à partir de cette date, l’histoire du fief se confond avec celle de Véretz.
Un bac*, qui mettait en relation les communes de la rive gauche du Cher avec celles de la rive gauche de la Loire, existait déjà sous l’ancien régime ; il était situé entre un lieu se trouvant au bout de l’actuelle rue du Cher, où il y a aujourd’hui une cale de mise à l’eau, et Les Granges, sur la rive droite, en amont du barrage-écluse. Le 5 fructidor an VII (22 août1799), il fut saisi sur Pierre Suzor (1733/1801), archevêque constitutionnel de Tours de 1791 à 1794 puis de 1795 à sa mort (voir aussi Azay-sur-Indre, Ferrière-sur-Beaulieu et Vernou-sur-Brenne).
En 1825, le pamphlétaire Paul Louis Courier (1772/1825) (voir Artannes-sur-Indre, Cinq-Mars-la-Pile et Véretz) fut assassiné dans le bois de Larçay, dont il était propriétaire ; un monument à sa mémoire y fut élevé en 1828.
De 1809 à 1841, le Cher fut canalisé et 16 barrages à aiguilles, système inventé par l’ingénieur Charles Poirée (1785/1873) (voir aussi Athée-sur-Cher et Chisseaux) furent installés ; outre le barrage, il y avait une écluse et une maison éclusière comprenant 2 logements ; celui de Larçay fut construit en 1841 et la maison éclusière se trouve aux Granges, au nord du bourg, sur la rive droite.
À voir dans et près du bourg
Église Saint-Symphorien : extraits de l’article du site de la mairie :
« Les traces les plus anciennes actuellement visibles de l'église de Larçay sont situées à la base du clocher. Cette base est celle d'un ancien clocher du XIIe siècle construit comme un donjon roman rectangulaire. Nous trouvons dans le mur est du rez-de-chaussée du clocher, un enfeu*.
L'église recèle deux fragments de vitraux du XVIe siècle [la Vierge à l’enfant et la Crucifixion, intégrés dans d’autres verrières] et trois tableaux du XVIIe siècle [dont La vision de Saint Bernard de Jérémie le Pilleur, peintre actif entre 1619 et 1638].
Les autres vitraux ont été réalisés par le maître-verrier tourangeau Julien Léopold Lobin entre 1852 et 1878. »
Près de l’église, l’ancien presbytère, du 15ème siècle, présente une tour centrale, dont la partie supérieure est à colombage. Il fut vendu comme bien national en 1790 puis racheté par la commune en 1860 pour y installer une mairie provisoire ; le bâtiment, qui contient un four à pain, a été restauré en 1994 ; il abrite aujourd’hui un local associatif (salle Rabelais) et deux logements locatifs.
Près de la mairie, le manoir de La Fontaine (place du 8 mai), du 17ème siècle, servit lui-aussi de presbytère ; c’était le logis historique de la famille de Larçay (voir la prévôté de Larçay ci-dessus) ; son nom vient d’une source, qui existe toujours au nord-ouest de la mairie ; c’est aujourd’hui la Maison des arts et des associations
Dans le centre, le manoir de Clairbois (2 rue du Cher), rénové au 19ème siècle, possède un pigeonnier en briques, dont le toit est en ardoise. On peut y louer des chambres d’hôtes.
Voir https://www.bienvenueauchateau.com/chateaux/manoir-de-clairbois/
Ancien château prévôtal (sud-est du bourg)
Cet ancien château, reconstruit à la fin du 16ème siècle, possède une tour d’escalier avec 2 meurtrières, sur laquelle est inscrite la date 1578 ; chapelle du 19ème avec des vitraux de l’atelier Lobin*.
À côté un autre château, avec 4 tourelles polygonales, a été construit au 18ème siècle.
Bellevue (sud-est du bourg) :
Il y eut là, bien avant le château, une villa* gallo-romaine (voir histoire antique).
Construit à la fin du 18ème s. par Nicolas Goujon, ce château a abrité, de 1936 à 1974, un orphelinat de jeunes filles ; deux tours ont été ajoutées au 19ème siècle.
La Tour ou le castellum (sud-ouest du bourg) :
Ce fortin est signalé pour la première fois en 1854 puis fouillé entre 1977 et 1989 ; c’est une construction impressionnante, en forme de trapèze (80 m. x 66 m.) avec des tours circulaires, dont l’entrée se trouvait au sud.
Les fouilles ont révélé la présence d'un grand bâtiment, au niveau de sa muraille sud : il s’agit d’une plate-forme carrée surmontée des vestiges d’une structure circulaire, ce qui peut laisser à penser qu’il y avait là, à l’origine, un mausolée ou une pile funéraire (voir Cinq-Mars-la-Pile) surplombant le Cher. Un autre bâtiment, situé à l'intérieur du fortin, dans sa partie ouest, semble être contemporain de ce mausolée.
La construction du castellum peut être datée de la seconde moitié du 3ème siècle, peut-être entre 256 et 270, avant le début de la période d'insécurité ou entre deux épisodes troublés, toutefois, sa construction n'a jamais été achevée et sa position, à proximité immédiate de Caesarodunum, est difficilement compréhensible.
À l’intérieur, ont été trouvées des fragments de poteries sigillées*, 4 pièces gauloises et des monnaies romaines, datées de 120 à 320.
À voir au sud
La Salle Girault :
Ce domaine appartenait, en 1713, à Louis Planché, juge au bailliage* de Tours. Par acte du 26 août 1757, Jean François Louis Planché (fils du précédent ?), le vendit à Olivier François Gabriel Normand, docteur en médecine. En 1787, on y voyait une chapelle qui est mentionnée dans le registre de visite du diocèse de Tours.
Les Belles Caves (82/84 rue Nationale, au sud-est)
Le château, du 18ème siècle, qui appartenait, en 1761, à Marie Marguerite Benoist de La Grandière, présente de hautes lucarnes alternant avec des œils-de-bœuf et un petit campanile surmontant la toiture.
Roche-Cave (sud-ouest) :
Le château, du 18ème siècle, a une véranda, au sud, et une rotonde, au nord/
Puits Pabot (sud-ouest, 76 rue de la Bergeonnerie) :
Cet ancien puits, du 19ème siècle, qui a donné son nom au quartier, possède une niche en tuffeau abritant le mécanisme. Voir aussi Histoire antique.