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Luzé


Le nom de cette commune, située à l’est de Richelieu, apparaît pour la première fois en 1085, dans la charte 127 du cartulaire de l’abbaye de Noyers sous la forme Luceziacum, signifiant « domaine agricole de Lucesus ou de Lusacus ».

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Du matériel paléolithique a été signalé près des Fontaines des Lésinières (à l’est du bourg) ainsi que du matériel néolithique : grattoirs, lames, nucléus, scie à encoches, haches polies près de La Gatée, au nord-est mais sur Rilly-sur-Vienne ; deux haches polies ont aussi été trouvées à Galerne (à l’est du bourg) et à La Touche (sud-ouest) (voir ci-après pour ces deux lieux).

Des domaines agricoles (villae)* existaient au Petit-Marigny (sud-ouest du bourg), toponyme venant de Materniacus et signifiant « le domaine de Maternus » ainsi qu’à Villevert, au sud du bourg, toponyme dans lequel on retrouve le gallo-romain villa*.

Dans un article paru dans le BSAT, XII, 1899-1900, Louis Bousrez* signale une importante découverte, faite en 1899, à 700 ou 800 mètres à l’est des fermes des Places (sud-est du bourg) ; il s’agit d’un cercueil de plomb, contenant un squelette entier ainsi que des objets et une pièce de monnaie, du 3ème siècle après JC. mais en fait le lieu de cette découverte était sur la commune de Ports-sur-Vienne.

Une ancienne voie gallo-romaine, qui reliait les agglomérations secondaires (vicus) de Nouâtre (Nogastrum) et de Saint-Jean de Sauves, dans la Vienne, traversait le territoire de la commune ; Après être passée par Avrigny (Apriniacus), à la limite entre les communes de Marcilly-sur-Vienne et de Ports-sur-Vienne,  cette voie est continuée par une route visible à l’est des Places et au sud-ouest de l’abbaye de Bois-Aubry (voir ci-après) puis par un chemin traversant le bois de Villevert et croisant la D 110 puis la D 20, à la limite entre Luzé et Razines.

Dans la salle capitulaire de l’abbaye de Bois-Aubry (voir ci-après), se trouve que colonne antique, provenant, dit-on, de la villa* gallo-romaine de Soulangé (voir Pouzay).

On a aussi trouvé à Galerne, une meule de moulin gallo-romaine, qui fait partie de la collection du Carroi-Musée de Chinon.

Histoire ancienne et moderne :

La charte 127 du cartulaire de Noyers*, datée de 1085, concerne une querelle entre « les moines de Noyers » et « les moines de Luzé », suite à un don fait par Brice Du Chillou, fils de Boson Du Chillou, seigneur de Jaulnay. Si la date de cette charte est exacte, cela signifie que la fondation de l’abbaye de Bois-Aubry (voir ci-après) est antérieure à la date donnée habituellement (vers 1130).

La charte 157, de 1088, indique que Boson Du Chillou donna aux moines de Noyers l’autorisation de prendre du bois tiré « de la forêt qu’on appelle Luzé » ; cette forêt appartint ensuite au fils de Boson, Brice Du Chillou.

La charte 195, de 1090, précise qu’une partie de cette forêt appartient à Chauve Du Chillou, sœur de Brice, et épouse d’Alexandre de Nouâtre.

Histoire du fief de Franc-Palais :

En 1487, le fief appartenait à Jeanne de Mondion, fille de Jean de Mondion (mort en 1485), seigneur de Mépied à Sammarçolle (Vienne) ; en 1528, à Achille de Mondion, également seigneur de Franc-Palais (voir ci-après), de Brou à Faye-la-Vineuse, de Ponçay à Marigny-Marmande, de la Filletière à Vellèches (Vienne) et de Pouzay, petit-fils de Jean de Mondion.

En 1575, il était en possession de Jeanne Prévost de Sansac. Elle était la sœur de Louis Prévost de Sansac et d’Antoine Prévost de Sansac, archevêque de Bordeaux de 1560 à 1591 (voir Sansac à Loches).

La terre de Franc-Palais passa ensuite à Jean Bonaventure Gillier, fils de René Gillier (1552/1619) (voir Faye-la-Vineuse) et de Claude de Laval, qui épousa, en 1642 Gabrielle de Beauvau (1622/1694), arrière-petite-fille de Gabriel de Beauvau (1534/1583) (voir Lémeré), dont il eut une fille unique, Marie Louise Gillier, qui épousa en 1663, à Louis de Bernabé (mort en 1698), gouverneur du Poitou.

Leur fille, Marie Élisabeth de Bernabé, épousa en 1696, Guillaume Hameau (1658/1707), et leur petite-fille, Prudence Louise Hameau (1726/1794), fut l’épouse de Pierre André Scévole Pocquet de Livonnière (1728/1794), petit-fils du jurisconsulte Claude Pocquet de Livonnière (1651/1726), professeur de droit à l’université d’Angers.

Leur fils, Jean Marie Claude Scévole Pocquet de Livonnière (1753/1816), fut le dernier seigneur du fief et, après avoir émigré, devint maire de Luzé en 1812.

Le fief de Luzé semble avoir été confondu avec celui de Franc-Palais mais Carré de Busserolles indique dans son dictionnaire que ce fief était la propriété, en 1768, de Louis Jean René de Rancher (1728/1782), arrière-petit fils de René de Rancher (mort vers 1663) (voir Huismes).

Parmi les autres fiefs, on peut noter ceux de La Guenaudière, qui relevait de la châtellenie de Nouâtre), du Monteil, cité en 954 puis en 1080, dans la charte 81 du cartulaire de Noyer*, comme faisant partie de la paroisse de Marcilly-sur-Vienne et appartenant à « un homme de Nouâtre, nommé Geoffroy » et du Pont-Amboisé, (voir ci-après), qui s’étendait sur les paroisses de Luzé et de La Tour-Saint-Gelin, puis qui constitua en 1789 une commune, annexée à la commune de Luzé en 1794.

Sous l’ancien régime, Luzé faisait partie de la Province du Poitou, ce qui lui permettait d’éviter la gabelle, puisque cette province était rédimée.

La Bourouse, affluent de la Vienne, qui coule du sud vers le nord, à l’est de Luzé, faisait tourner deux moulins, celui du bourg, du 17ème siècle et celui du Lac (au nord-est).

À voir dans le bourg

Église Saint-Gervais et Saint-Protais :

L'église romane Saint-Gervais-et-Saint-Protais date du 12ème siècle et a été remaniée aux 15ème et 17ème siècle. Deux vitraux du 19ème siècle, fabriqués par les ateliers Lobin de Tours représentent les deux saints qui ont donné leur vocable à l'édifice construit sur un terrain relevant de Franc-Palais, ce qui donnait le droit de sépulture aux seigneurs de ce fief.

Selon Grégoire de Tours*, Saint Martin* était très lié avec Saint Ambroise, évêque de Milan, qui, en 386, retrouva les corps de Saint Gervais et de Saint Protais, deux frères jumeaux qui furent martyrisés à Milan, en 57, sous la persécution de Néron. Saint Ambroise donna à Saint Martin d’importantes reliques de ces deux saints, reliques qui furent réparties entre une dizaine d’églises de son diocèse, notamment celles de Manthelan, Noyant-de-Touraine, Jaulnay et Luzé. Ce qui supposerait, si cette histoire est exacte, qu’il existait déjà des églises dans ces paroisses à cette époque !

Une chapelle fut fondée dans l’église en 1540 par Éliacim Girard, prêtre demeurant à Ligré ; en 1679, le titulaire en était René Bernon, curé de Luzé.

Près de l’église et derrière la mairie, l’ancien lavoir communal, sur la Bourouse, a été restauré en 1999.

À voir au nord

Saint-Blaise-en-Gaudrée (nord-ouest) :

Il y avait là un prieuré, cité dès 1147 dans le cartulaire de l’abbaye de la Sainte-Trinité de Tiron (Perche) et dépendant d’abord de l’abbaye de Bois-Aubry (voir ci-après) puis du petit séminaire de Tours au 18ème siècle.

Les bâtiments actuels datent du 17ème siècle.

Le pigeonnier, qui renferme 1540 boulins*, a la particularité d’être à moitié enterré et son toit présente 3 lucarnes.

À voir au sud

Franc-Palais (sud-est) : voir Histoire du fief de Franc-Palais.

Le château actuel date du 18ème siècle et a été remanié au 19ème. Les communs conservent des vestiges du 13ème siècle et une fenêtre à croisée de pierre.

Galerne (sud-est) : voir Préhistoire et Antiquité

Il ne reste que les vestiges d’un bâtiment, qui était déjà en ruines au 18ème siècle.

Bois-Aubry (sud-est) : voir Préhistoire et Antiquité

Vers 1130, un prêtre nommé Robert fonda un prieuré dédié à Saint Michel au lieu-dit Boscus Albericus « Bois d’Alberic » puis « Bois-Aubry ». (Voir cependant Histoire ancienne et moderne).

Ce dernier le donna en 1135 à l’abbaye de la Sainte-Trinité de Tiron, fondée en 1109 par Saint Bernard de Tiron (1046/1117), qui érigea le prieuré au rang d’abbaye.

Charles de Ronsard, frère de Pierre de Ronsard, y fut abbé en 1544.

Voir Christian Gilbert : Une abbaye tironienne en Touraine, in Bulletin Monumental, 151.1, 1993 (pages 139 à 167).

Après la Révolution, l’abbaye fut vendue comme bien national et devint une ferme, laissée peu à peu à l’abandon. Je me souviens avoir vu par hasard, dans les années 1970, au petit matin, ces bâtiments impressionnants, complètement vides et délaissés.

En 1978, l’abbaye fut achetée par l’Église orthodoxe de France, qui entreprit une restauration sommaire mais qui, après de graves déboires financiers, dut vendre, en 2006, les bâtiments principaux pour aller s’installer dans une annexe, en constituant l’église orthodoxe des Gaules.

Depuis cette date, le nouvel acheteur, Marc-Olivier Gribomont a entrepris une magnifique restauration, non terminée, et fait visiter le site avec une passion chaleureuse.

Voir son site : http://www.abbayedeboisaubry.fr

On peut y louer des gites et des chambres d’hôtes ; voir https://www.az-france.com/entreprises/abbaye-de-bois-aubry-luz--bois-aubry

L’Église orthodoxe de France aménagea dans l’enceinte de l’abbaye, un petit cimetière, dans lequel les cendres de Yul Brynner (1920/1985), furent transférées en 1990.

Une ferme du 15ème siècle se trouve au nord-ouest de l’abbaye.

La Brochetière (sud-ouest)

Le fief appartint, du 16ème au 18ème siècle, à la famille de Chergé, également propriétaire du fief de Chergé à Razines.

Le premier seigneur connu est René de Chergé, cité vers 1560 et mort vers 1570, arrière-grand-père de René II de Chergé (1604/1680), également seigneur de La Martinière à Courcoué et inhumé dans l’église de Courcoué. Ce dernier fut lui-même l’arrière-grand-père de Louis René Jean de Chergé (né en1713) et de Jean Nicolas de Chergé (né en 1714), qui furent les derniers seigneurs de ce fief.

L’ancien manoir, du 17ème siècle, a été transformé en ferme et sa chapelle en écurie.

La Touche-Norioux (sud-ouest) :

Ce lieu-dit, appelé auparavant La Touche, toponyme venant du latin tosca, signifiant « bois de haute futaie », puis La Touche-Noiraux (carte de Cassini), est situé près du lieu-dit Aurioux, d’où le toponyme actuel.

Le domaine appartenait en 1787 à Augustin Bernard Poirier, maire de Luzé en 1804.

Le bâtiment rectangulaire, dans lequel il y avait une chapelle, est flanqué au nord-ouest par une

Le Pont-Amboisé (sud-ouest) :

Le Pont-Amboizé, qui signifie « passage boisé » constituait un fief important, qui contenait 200 feux sur la paroisse de La Tour-Saint-Gelin et 50 feux sur la paroisse de Luzé (voir Histoire).

Ce fief appartenait, en 1626, à François de La Touche. Le domaine fut ensuite, du 17ème au 19ème siècle, à la famille Veau, parmi laquelle on peut noter, en 1666, Urbain Veau, également seigneur de Rivière, puis, en 1750, Louis René Veau, dit de Rivière, mort en 1755, lui-même père d’un autre Louis René Veau, propriétaire de 1756 à 1789.

Ce dernier fut le père d’Agnès Veau, dite de Rivière, (1757/1827), qui épousa en 1778 Charles de Crozé (1757/1793) et de Cécile Veau, dite de Rivière (morte en 1843), épouse de Joseph Carrère et mère d’Honorine Agnès Carrère (morte en 1877), qui légua ses biens à son cousin, Théodore de Crozé (1807/1890), petit-fils de Charles et père de Joseph Charles de Crozé (1838/1898).

Le logis, dans l’angle nord-ouest de la cour fermée, comprend 2 bâtiments ; le plus ancien a conservé, au 1er étage, une fenêtre à croisée de pierre

Une ancienne tour de défense, avec 4 meurtrières, aujourd’hui murées, a été transformée en pigeonnier, dont le toit couvert de tuiles a une lucarne à quadruple ouverture.


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