Monnaie
Le nom de cette commune, située au nord de Tours, apparaît sous la forme Moneia au 12ème s. et sous la forme Moneta au 13ème. Selon certains, ce toponyme viendrait du latin Modinacca ou « terres de Modinus » mais selon d’autres il serait en relation avec le fait que le nom commun « monnaie » vient de Juno Moneta (Junon la conseillère), dans le temple de laquelle étaient frappées les monnaies romaines ; ce qui supposerait qu’il existait à Moneta un atelier monétaire et qui expliquerait la présence de la tête de Junon sur le blason de la commune.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Une belle hache polie néolithique, probablement objet de prestige, a été trouvée près de la rue Alfred Tiphaine, qui passe devant l’église Saint-Martin, dans le centre du bourg (voir ci-après).
Les toponymes la Pierre à Bidault (au nord) et le Chaillou (au nord-ouest), indiquent probablement qu’il y avait là des mégalithes néolithiques.
Deux enceintes, peut-être protohistoriques, ont été repérées au centre de La Forêt-Bélier (au sud-est) ; l’une d’elles est composée de deux talus externes et de deux fossés internes.
Deux enclos de fermes gauloises ont été vus par photographie aérienne, l’une au nord de La Forêt-Bélier et une autre près de La Buvinière, au sud-ouest de cette forêt.
Des domaines agricoles gallo-romains (villae*) existaient sans doute à Corçay (nord-ouest du bourg), venant de Corciacus ou « domaine du gaulois Corcius », à Mussay (sud-est), venant de Muciacus ou « domaine de Muscius », où il y avait un château entouré de douves au moyen-âge, et à Villeneuve, au sud-ouest du bourg ; peut-être aussi au Lignou (nord-est), qui serait une déformation de Lignon, venant de Linionem ou « propriété de Linio ».
La voie gallo-romaine qui allait de Tours à Chartres traversait le territoire de cette commune ; après Parçay-Meslay, elle passait vraisemblablement à côté de La Cave-Blanchette (au sud-ouest du bourg) où la construction de l’autoroute A 10 a permis la découverte d’un établissement rural turon*.
Peu après, l’ancienne voie est encore bien visible entre Le Boulay et La Carte ; elle traverse l’ancienne N 10, aujourd’hui D 910, là où se dresse un monument en l’honneur de deux aviateurs morts accidentellement en 1925 (voir Histoire moderne).
Cette ancienne voie romaine fut continuée par une des deux routes de Paris vers l’Espagne, qui à Monnaie passait par la rue du Plat d’étain, parallèle à la rue Nationale, où les anciens relais de poste et auberges sont encore visibles.
Histoire du fief :
La châtellenie de Monnaie appartint, jusqu’à la fin du 16ème siècle, aux seigneurs de Château-Renault.
En 1596, Antoinette d’Orléans-Longueville (1572/1618) vendit le fief en 1596, à Charles Mesnager, seigneur du Mortier (voir ci-après), de Candé à Monts, également seigneur de Mettray, fils de Guillaume Mesnager, maire de Tours en 1507/08, et père d’un autre Guillaume Mesnager (mort en 1615), maire de Tours en 1573/75).
En 1633, le fief appartenait à Honoré Barentin (mort sans enfant en 1639), trésorier de Louis XIII, fils de Mathurin Barentin (mort en 1589) (voir les Belles-Ruries, ci-après), dont le frère, Charles Barentin, conseiller d’état en 1620, fut le grand-père de Jacques Honoré Barentin (1629/1689), membre du Conseil du Roi et intendant de la généralité* de Poitiers, cité comme seigneur de Monnaie en 1633, lui-même grand-père de Charles Amable Honoré Barentin (1703/1762), cité comme seigneur de Monnaie en 1728.
Cette famille Barentin, également propriétaire du château de Charonne (qui serait actuellement dans le 20ème arrondissement de Paris mais qui a été détruit au début du 19ème siècle), occupa des postes importants sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV. Honoré Barentin, chez qui le cardinal de Richelieu séjournait souvent est décrit dans les Historiettes de Tallemant des Réaux comme « peu brave, riche et très avare ». Quant à Jacques Honoré, dit le Président Barentin, Madame de Sévigné écrit à sa fille qu’il mourut le 28 février 1689 pendant une séance du Grand Conseil et que sa veuve causa un scandale en se remariant, six mois après la mort de son mari, avec un homme ayant 20 ans de moins qu’elle !
Le dernier seigneur de Monnaie, cité en 1789, fut Antoine François de Lonlay, également propriétaire du château des Belles Ruries (voir ci-après). Son fils, Antoine Marie Adrien de Lonlay (1787/1855) sera maire de Monnaie de 1808 à sa mort.
Histoire contemporaine :
Au moment de la chute de Napoléon, en 1815, Monnaie fut une première fois occupée par un détachement prussien, malgré les efforts du maire Adrien de Lonlay pour y échapper.
Pendant la guerre Franco-Prussienne de 1870, une garde nationale regroupant 33 hommes est constituée à Monnaie dès le 1er septembre avec comme capitaine en chef Henri Sereau, notaire de la commune. La bataille de Monnaie, qui eut lieu le 20 décembre 1870 et qui avait pour objectif d’arrêter les Prussiens, se dirigeant vers Tours, se déroula près de château des Belles Ruries (voir ci-après) et fut un échec ; en conséquence ces derniers y entrèrent le 19 janvier 1871. Un monument commémoratif a été érigé près de l’église (voir ci-après).
En 1864, une ligne de chemin de fer Tours/Paris via Vendôme fut construite, avec une station à Monnaie, où une gare fut édifiée en 1868 au sud-est du bourg ; cette ligne existe toujours mais la gare de Monnaie a été fermée en 1993 et la station n’est plus qu’une halte ferroviaire.
Le 19 mai 1925, un avion, piloté par l’adjudant-chef Jean Foiny (1890/1925), qui tentait de remporter la coupe Military Zénith, victime du brouillard, s’écrasa au Boulay (sud-ouest du bourg, près de la N 10, aujourd’hui D 910). Un monument y a été élevé en 1926 (voir ci-dessus, Préhistoire et antiquité).
L’illustrateur et caricaturiste Jules Baric (1825/1905) s’installa à Monnaie en 1881 et y vécut en paysan jusqu’à sa mort.
À voir dans le bourg
Église Saint-Martin (rue Alfred Tiphaine) :
Selon la tradition, une première église aurait été fondée en 470 par Saint Perpet. L’église actuelle, du 12ème siècle, a été agrandie au 16ème et restaurée en 1874 puis en 1992.
On peut voir à l’intérieur deux vitraux du 16ème siècle : l’un, au fond du chœur, représentant la vie de Jésus, est de l’atelier Pinaigrier, fondé par Thibault Pinaigrier (cité en 1534), l’autre, figurant Saint Jean-Baptiste prêchant, se trouve en haut de la nef, à droite. L’un des vitraux du chœur, représentant La vie de Saint-Martin, est de Maurice Buffet (1909/2000), qui fut effectivement maître-verrier avant de devenir un peintre célèbre. Les autres vitraux sont, pour la plupart de Van Guy (1930/2017).
Au-dessus de la porte de la sacristie, on peut voir un bas-relief carolingien, du 9ème siècle, il s’agit d’une dalle sculptée, décorée d’entrelaces torsadés, de rosaces et de fleurons cruciformes.
À l’intérieur également une statue de la Vierge à l’enfant et de Sainte-Anne et la Vierge.
Derrière l’église, se trouve la « pierre de criée », socle de 2 marches, généralement situé près de l’église, sur lequel le garde-champêtre se tenait pour proclamer ses « avis à la population ».
Sur la Place devant l’église, se trouve le monument aux morts de 1870 (voir Histoire moderne) avec l’inscription « Milites et cives armati pro patria perierunt » (Soldats et des civils en armes morts pour la patrie) ; ce monument a été élevé en 1871 dans le cimetière, qui se trouvait alors près de l’église ; par ailleurs une croix a été replacée en 1988, là où s’est déroulée la bataille du 20 décembre, entre le château des Belles-Ruries (voir ci-après) et le hameau de La Gaubertellle, au sud-ouest du bourg.
Monnaie possède aussi deux autres monuments aux morts : le monument officiel, près de la mairie (voir ci-après), œuvre de François Sicard (1832/1934), en souvenir des deux guerres mondiales, avec l’inscription « À la gloire de nos héros » et un troisième enfin, dans le cimetière actuel, portant l’inscription « À la mémoire des enfants de Monnaie morts pour la patrie ».
Mairie (rue Alfred Tiphaine) :
La mairie, qui servait également de « maison d’école » et de logements pour les instituteurs, avec son élégant clocheton, fut élevée en 1880 à l’initiative d’Alfred Tiphaine (1836/1914), maire de 1871 à 1911, député de 1891 à 1906, sur les plans de l’architecte Paul Raffet (1846/1902).
À voir au nord-ouest
Château de Bourdigal (avenue de Flavigny) :
Ce fief, qui appartenait, en 1451, à Jean Hardouin, trésorier de France à Tours, où il possédait une maison, dans laquelle il reçut souvent Charles VII, fut vendu cette année-là à Jacques Charrier ; ce dernier, collaborateur de Jacques Cœur (1395/1456), fut impliqué et condamné lors du procès de celui-ci en 1451 puis amnistié grâce à l’intervention Pierre Bérard, seigneur de Bléré et maître d’hôtel du roi Louis XI, dont il avait épousé la fille, Martine Bérard. Celle-ci, devenue veuve, épousa, en secondes noces, Pierre Marques (mort après 1461), seigneur de Chenonceaux, qui revendit le fief, en 1483, à l'abbaye de Marmoutier.
À la Révolution, Bourdigal fut saisi comme bien national et vendu, en 1791, à Jérôme Boulanger, marchand à Monnaie, qui le céda, en 1793, à l’ancien fermier général Jean Baptiste Chicoyneau de Lavalette (1752/1824), qui sera le père de Joseph Octave (1796/1886), maire de Neuillé-Pont-Pierre et de Charles Émile (1799/1881) (voir La Mignonnerie à Luynes).
En 1801, le propriétaire était le général Marc Antoine Bonnin de La Bonninière (1763/1830) (voir Beaumont-la-Ronce), qui épousa cette année-là Julie Charlotte Davout (1774/1846), sœur du maréchal d’empire Louis Nicolas Davout (1770/1823), et qui vendit le domaine, en 1804 à Henri Louis Odart (1771/1832), fils de Claude Henri Odart (1728/1801), dernier seigneur de Rilly-sur-Vienne.
En 1810, Henri Louis Odart, à son tour, vendit Bourdigal et Le Mortier (voir ci-après) à Élisabeth von Bethman (1772/1847), qui avait épousé en 1797 le général émigré Alexandre Victor François de Flavigny (1770/1819) ; ces derniers furent les parents de :
- Maurice Adolphe de Flavigny (1799/1873), député d’Indre-et-Loire de 1849 à 1863, qui épousa en 1830 Louise Mathilde de Montesquiou-Fezensac (1811/1883), auteur d’une biographie de Sainte Brigitte de Suède et qui hérita en 1847 des domaines de sa mère.
- Marie Catherine Sophie de Flavigny (1805/1876), maîtresse de Franz List (1811/1886), auteur de romans et de mémoires sous le nom de Marie d’Agoult ainsi que d’œuvres politiques sous le pseudonyme de Daniel Stern.
Le fils de Maurice Adolphe, Emmanuel de Flavigny (1838/1887), préfet du Gers puis des Côtes-du-Nord, héritier des domaines, avait épousé, en 1862, Catherine Moitessier (1843/1914), auteur elle-aussi de vies de saint. Il mourut sans enfant et ses propriétés de Touraine passèrent à son neveu, fils de sa sœur Blanche de Flavigny (1835/1885) et d’Artus de La Panouse (1821/1904), le général de division Louis de La Panouse (1863/1945), qui épousa, en 1893, Sabine de Wendel (1875/1941), fille du maître de forges Adrien Robert de Wendel (1847/1903).
Article https://www.ville-monnaie.fr/wp-content/uploads/2018/01/article_historique.pdf
« Le manoir de Bourdigal, situé derrière l’église [pas si près que cela !] et construit au bord d’un étang le long de la Choisille, fut avant la Révolution la propriété de l’abbaye de Marmoutier. Edifié au XVème siècle, il constitue une construction unique en Touraine. Sur sa partie basse reposent des murs en briques et colombage. Une tourelle d’escalier polygonale, bâtie en briques avec chaînage de pierre sur les angles, s’appuie contre la façade principale. Au rez-de-chaussée, deux fenêtres ont conservé leurs meneaux anciens. Les deux étages montrent des pans de bois apparents. La façade et la toiture sont protégées au titre de monuments historiques depuis le 5 avril 1930.
Au nord du manoir, s’élève une imposante fuie cylindrique du XVIème siècle, également inscrite à l’inventaire des monuments historiques en 1930. Coiffée d’un lanternon octogonal en ardoise, elle est décorée à mi-hauteur par une moulure en tore.
Le manoir a été pendant une vingtaine d’années le siège d’une œuvre caritative créée vers 1920 par la vicomtesse Sabine de la Panouse [Sabine de Wendel épouse de Louis de La Panouse (voir ci-dessus)], propriétaire des lieux. Son but était de créer un établissement ayant pour but d’accueillir des enfants abandonnés mais aussi des filles-mères indigentes et leurs nouveau-nés en leur permettant de vivre au grand air et de recevoir les soins appropriés. Dès 1924, il devient une société sous le nom de « Abri maternel de Bourdigal ». La pouponnière regroupe 30 enfants en 1924. Mais leur nombre passe à 125 en 1928, et près de 300 dans les années 30, plus une quarantaine de mères. La débâcle de mai juin 1940, suivie de l’occupation allemande, met brutalement fin à l’œuvre sociale de Bourdigal »
Le Mortier (en fait cette propriété ne peut pas être vue) :
Le fief, qui appartenait à Pierre Marques, fut vendu, en 1483, en même temps que celui de Bourdigal (voir ci-dessus) à l’abbaye de Marmoutier. Par la suite, il passa aux mains de la famille Mesnager (voir Histoire du fief).
La dernière propriétaire du fief fut, en 1789, Gillette de Carné-Trécesson (1740/1795).
Au 19ème siècle, le domaine devint la propriété de la famille de Flavigny puis de la famille de La Panouse (voir Bourdigal, ci-dessus).
Une chapelle, dépendant du château, est mentionnée en 1787.
Le château actuel a été construit en 1902/1905 pour le général-vicomte de La Panouse, selon les plans de l’architecte Pierre Victor Cuvillier (1844/1907).
Article https://www.ville-monnaie.fr/wp-content/uploads/2018/01/article_historique.pdf
« Le domaine du Mortier est attesté dès le XVème siècle. Le château, installé au milieu d’un parc à l’anglaise aux arbres séculaires et bordé d’un chapelet d’étangs, a appartenu à bon nombre de propriétaires avant d’être acquis, en 1810, par la famille de Flavigny. (…) Le château initial n’existe plus. Il a été reconstruit au début du XXème siècle par M. et Mme de la Panouse, dans un style néo-gothique. Ce domaine appartient aujourd’hui à un propriétaire anglais, qui souhaitait pendant un temps en faire un complexe de tourisme et de loisirs. »
À voir au sud-ouest
Les Belles-Ruries :
Ce fief appartenait, en 1568, à François Joret, maire de Tours en 1571/72, dont la fille Marie Joret épousa Mathurin Barentin, qui fut seigneur de 1582 à 1600 ainsi que le père d’Honoré et Charles Barentin. Le dernier seigneur des Belles-Ruries, cité en 1789, fut Antoine François de Lonlay, également seigneur de Monnaie (voir Histoire du fief)..
Il y avait une chapelle mentionnée en 1787.
Art. https://www.ville-monnaie.fr/wp-content/uploads/2018/01/2008_2009_belles_ruries.pdf
« Le toponyme est attesté à Monnaie dès 1564, mais on le trouve souvent jusqu'aux XVIIe – XVIIIe siècles, plutôt orthographié « les Berruries », voire « la Bernerie ». Ce nom de lieudit ne semble d'ailleurs pas spécifique à notre commune : on relève aussi l'existence d'une Berruerie à Mettray, ainsi qu'à Saunay et à Cussay. La version initiale de ce toponyme peut laisser penser, comme de nombreux noms datant de cette époque, qu'il s'est formé à partir d'un patronyme, Berruer, auquel on a accolé le suffixe « erie » Cette hypothèse se trouve étayée par le fait qu'on relève, dans les registres paroissiaux de Monnaie au XVIIe siècle, plusieurs familles du nom de Berruer.
Le nom de Belles-Ruries semble s'imposer définitivement au cours du Siècle des Lumières. Certainement le résultat d'une déformation phonétique, mais nettement plus poétique, il peut être interprété comme « les Belles-Campagnes ». C'est d'ailleurs sous cette appellation que figure le lieu-dit et le château sur la carte de Cassini* établie à la fin du XVIIIe siècle.
Honoré Barentin est certainement le constructeur du premier corps de bâtiment édifié, d'après Montoux [André Montoux* (1912/1991)], vers 1634. Il correspond à l'immeuble constituant l'aile gauche de la façade méridionale de l'actuel château. Une bâtisse classique, assez sobre, composée d'un un rez-de-chaussée surélevé auquel on accède par des petits perrons, et flanqué initialement à l'Est et à l'Ouest de deux pavillons en légère saillie au nord. Le tout est recouvert d'une haute toiture en ardoise, percée de lucarnes à fronton triangulaire, surmontées d'une plus petite et alternant avec des oculus [œil de bœuf]. L'édifice comprend une chapelle installée dans un des pavillons.
Ce manoir a probablement été élevé à l'emplacement d'anciens bâtiments fermant le U de la métairie : une belle cave voûtée courant sous l'édifice, mais moins large que lui, en est certainement un vestige, tout comme, à l'arrière du château, la grande esplanade bordée d'anciennes douves asséchées, bien visibles encore sur le plan du cadastre napoléonien. La métairie, restée face au château, continue à fonctionner. (…)
Autrefois construit au milieu des communs, le pigeonnier en est le seul vestige et fait aujourd'hui face au château reconstruit à la fin du 19e siècle. Construit en 1611 (date gravée au-dessus de la porte) il adopte une forme circulaire de 8 mètres de diamètre, coiffée d'une imposante toiture à quatre niveaux superposés et surmontés d'un lanternon. Les trois derniers niveaux, ajourés pour le passage des pigeons sont de forme hexagonale. L'intérieur comporte 1200 trous de boulins* accessibles par deux échelles tournantes.
[Les Belles-Ruries, après la Révolution, furent la propriété de] Antoine Marie Adrien de Lonlay, le fils d'Antoine. C'est lui qui fait élever la deuxième partie du château, à l'Est, dans le prolongement (mais en saillie vers le Sud) du corps de logis construit par Honoré Barentin, avec toutefois un étage de plus. Au-dessus des deux portes d'entrée, côté Nord et côté sud, le maître des lieux a fait installer une plaque, surmontée de ses armoiries, et sur laquelle a été gravée une citation tirée des Bucoliques de Virgile [-70/+19].
De nouvelles constructions à usage agricole sont ensuite édifiées à l'Ouest du château dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Vastes et fonctionnelles, percées de porches élégants marquant désormais l'entrée du domaine au levant, ces installations font des Belles-Ruries le modèle type d'une exploitation agricole très moderne pour l'époque. Sans doute construite en même temps que ces bâtiments, on peut encore admirer, dans leur prolongement côté nord, une très belle orangerie.
Monsieur de Lonlay décède aux Belles-Ruries le 20 juillet 1855. Il ne laisse pas d'enfants. La propriété revient à son neveu Adrien de Russon (mort en 1871) [maire de Monnaie de 1855 à 1868, fils de René de Russon, qui avait épousé en 1808 Marie Antoinette Dorothée de Lonlay (née vers 1774), fille d’Antoine François].
Le 20 décembre 1870 le château se retrouve au cœur de la fameuse bataille de Monnaie [voir Histoire contemporaine]. Les Prussiens envahissent la bâtisse et s'en servent comme base de tir contre les Français. Le château est complètement dévasté par les uhlans. Rempli de blessés, il sert d'hôpital à l'ennemi.
En 1914, le château est vendu à Arthur Duthoo [qui avait ouvert à Tours en 1888 le Grand Bazar, aujourd’hui les Galeries Lafayette]. Son épouse souhaite apporter quelques transformations à l'ancienne demeure. Prête à engager des travaux importants, elle commande à l'architecte Boille [Maurice Boille (1883/1966)] un projet de rénovation destiné à faire des lieux une propriété plus conforme au goût de la Belle-Epoque. Mais la Première guerre mondiale éclate et les plans resteront dans leurs cartons.
Les Allemands occupent le château en 1940, le vidant de ses richesses et de ses souvenirs, emportant notamment une belle collection de livres et des armes. Une trace de leur passage est longtemps restée gravée sur une table : le dessin d'une croix gammée qu'une employée du château a eu beaucoup de mal à faire disparaître ! Après la guerre le château continue à être occupé, cette fois par des AFAT [Auxiliaires Féminines de !'Armée de Terre] qui, elles aussi quittent les lieux en emportant quelques souvenirs.
Mais la famille Duthoo a assuré la continuité grâce à Jean Duthoo [mort en 1992], le fils aîné d'Arthur. Administrateur de la Société française des Nouvelles Galeries, mais aussi maire de Monnaie de 1959 à 1971, il aime le monde de la terre et s'intéresse de près à la gestion de l'exploitation agricole. C'est en effet, un passionné d'agriculture. Les pommes produites par des pommiers, plantés à l'intérieur du domaine, sont commercialisées aux Nouvelles Galeries. Mais, comme elles ne sont pas traitées, elles n'ont pas très bel aspect et se vendent mal.
Après la mort de Jean Duthoo, c'est son fils Hubert Duthoo [(1937/2019), directeur général de la Société des galeries CD] qui reprit les rênes de la propriété. Très boisé et donc riche en gibier, le domaine est propice à la chasse. Les chasses à courre qui s'y déroulaient autrefois n'ont plus lieu aujourd'hui, mais on continue à y chasser au fusil dès que l'automne commence à roussir les frondaisons du parc. »