Mouzay
Le nom de cette commune, située au sud-ouest de Loches, apparaît pour la première fois en 1107, sous la forme Mosiacus ou « domaine de Mosius » dans la charte 357 du cartulaire de l’abbaye de Noyers, où il est dit que l’archevêque de Tours Raoul II (archevêque de 1086 à 1117° concéda l’église Saint-Jacques de Mouzay à l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches.
Des outils néolithiques ont été découverts, notamment, au sud du bourg, à La Guénerie, qui est un ancien fief.
Un beau polissoir néolithique, avec six rainures, actuellement au Musée du Grand-Pressigny, a été trouvé par Jacques-Marie Rougé, au nord-ouest du bourg, au lieu-dit Poteau-Menier ; ce toponyme n’apparaît pas sur les cartes, par contre le toponyme Pot-aux-Meuniers, est indiqué sur les cadastres de 1832 et 1934. Voir André Renard : la préhistoire dans les vallées de l’Estrigueil, de l’Esves et de la Ligoire, in BSPF 26.2, 1929.
Selon le DCIL, les toponymes La Grande-Borne, Le Gros-Chillou et La Pierre-au-Loup indiquent vraisemblablement des mégalithes disparus mais ces toponymes n’apparaissent pas sur la carte IGN ; seule est attesté le Ruisseau de La Pierre-au-Loup, qui sert de limite entre Mouzay et Dolus-le-Sec.
La Fontaine-Notre-Dame, située sur le domaine de Beautertre (voir ci-après) était connue pour guérir les maladies contagieuses et des pèlerinages y avait lieu le 8 septembre (jour de la Nativité). Comme c’est généralement le cas, il s’agit sans doute d’une ancienne source sacrée gauloise ayant été christianisée.
Deux structures, peut-être protohistoriques, ont été vues par photos aériennes en 1997, l’une près des Murs, au sud-est du bourg (voir ci-après) et l’autre au Prieuré (nord-ouest), près de l’endroit où des tessons gallo-romains ont été ramassés.
En 1971 furent mis à jour, au lieu-dit Les Murs, dont le nom est révélateur d’un site antique, les vestiges d’un établissement gallo-romain du 2ème siècle après JC avec des constructions et des céramiques au milieu desquelles était une pièce de monnaie de Tétricus (empereur des Gaules de 271 à 274).
Au moyen-âge, les fiefs suivants existaient sur la paroisse : Les Boisseaux, La Guénerie, Le Chêne, La Varenne et Ferreau.
La châtellenie de Mouzay appartenait en 1450 à Jehan II Cléret, maître d’hôtel du roi Charles VII, puis, à son fils, Jehan III Cléret, maître d’hôtel du roi Charles VIII, qui épousa en 1483 Marguerite de Rochechouart ; leur fille unique Françoise (ou Madeleine) Cléret épousa en 1499 Olivier Brossin, à qui elle transmis la seigneurie de Mouzay ; ce dernier, petit-fils d’Antoine Brossin, seigneur de Roziers (à Pouzay) en 1456, était aussi seigneur de La Tour-Saint-Gelin.
La seigneurie passa ensuite à leur fils Louis I Brossin (mort en 1570), gouverneur de Loches et de Beaulieu, qui épousa en 1529 Jeanne de Thaix (morte en 1577), dame de Sepmes, puis à leur fils Jacques, puis à Louis II Brossin, baron de Seignerolles, fils d’un frère de Jacques, Claude I Brossin de Méré, écuyer de Charles IX, et de Marie Thibert de la Thibardière.
En 1661, la seigneurie de Mouzay, fut achetée par Pierre de Voyer d’Argenson (1625/1709), second fils de René de Voyer de Paulmy, 1er comte d’Argenson (1596/1651), grand bailli de Touraine et ambassadeur à Venise (voir le château d’Argenson à Maillé) ; la seigneurie fut érigée en vicomté au profit de ce Pierre de Voyer, qui fut gouverneur de la Nouvelle-France (le Canada) de 1658 à 1661 ; probablement sans enfant, il légua la seigneurie à son neveu Marc René (1652/1721), garde des sceaux ; celle-ci passa ensuite à son fils René Louis (1694/1757), ministre des affaires étrangères puis au fils de ce dernier, Antoine René (1722/1787), ministre de la guerre, qui vendit la seigneurie de Mouzay, en 1768, à René François Constant Dangé d’Orsay, déjà seigneur de Civray, Manthelan, Vou et autres lieux.
Le château de ces puissants seigneurs, qui se trouvait dans le centre-bourg, fut détruit en 1808 ; seul subsiste une partie du pigeonnier, datant d’une restauration faite en 1671, quand Pierre de Voyer eut acheté la seigneurie.
À VOIR DANS LE BOURG
Église Saint-Philippe et Saint-Jacques :
On peut voir dans cette église, qui date du 12ème siècle quatre statues du 18ème siècle classées : Vierge à l’enfant, Saint Gilles avec sa biche, Saint Jacques et Saint Philippe, qui devaient faire partie d’un retable disparu et qui ont été nettoyées récemment.
Cette église contient aussi la plaque funéraire de Pierre de Voyer d’Argenson (voir ci-dessus), mort et inhumé à Mouzay.
Le monument aux morts de la commune, réalisé en 1921 par le sculpteur Édouard Danière (1882/1960) et inauguré la même année, se trouve dans le cimetière.
À VOIR AU NORD-EST
La Chaumerie : ce manoir du 18ème siècle fut la propriété de Paul Bernier (né à Ligueil en 1968, mort et enterré à Mouzay en 1957) : maire de Mouzay de 1908 à 1941 (démis par le régime de Vichy), conseiller général, député radical-socialiste de 1919 à 1940, sous-secrétaire d’état à l’aviation de 1932 à 1933, ministre des PTT en 1934.
Bellevue : ce manoir du 15ème siècle a conservé ses fenêtres à meneaux ; à côté du portail, une pierre montre un agneau, entouré d’une inscription latine.
La Rousselière : ce manoir du 17ème siècle, que l’on peut louer pour des réceptions (voir http://www.larousselliere.com/) se trouve à la limite entre Mouzay et Loches.
À VOIR AU NORD
Beautertre :
Selon la tradition, un berger découvrit dans la forêt située tout au nord de la paroisse une statue de la Vierge et les moines de Cormery édifièrent à cet endroit, où il y avait aussi une source (voir histoire), au 12ème siècle, un prieuré pour abriter cette statue dans l’église prieuriale, qui existe toujours en partie.
Le prieuré, par contre, a été remplacé au 16ème siècle par un château, reconstruit au 19ème siècle en style néo-gothique.