Skip to main content

Neuillé-le-Lierre


Le nom de cette commune, située sur la rive droite de la Brenne, au nord-est de Tours et au sud de Château-Renault, apparaît sous les formes Villa cui nomen de Edera, au 9ème siècle et Noviliacus ad Ederam, au 11ème, c’est-à-dire « le domaine dont le nom vient de Edera » ou le nouveau domaine près de Edera ».

Selon Denis Jeanson in http://www.denisjeanson.fr/site_toponymie/lettre_n/frames_n.html « Edera » serait la forme évoluée du gaulois « Atura » désignant une rivière (la Brenne ?).

Histoire

Préhistoire et antiquité :

À l’époque gallo-romaine, une voie venant d’Amboise et montant vers le nord-est du territoire des Turons*, longeait, après avoir traversé la Loire, la rive gauche de la Brenne, en passant par Reugny, puis par Pomigny, venant de Pomiacus ou « domaine de Pomius » et La Roche (voir ci-après).

Selon Gérard Troupeau (1927/2010), professeur à l’Institut des langues orientales, in Nouvelles recherches sur Saint Rigomer (BSAT 2003, pages 86/90), un ermite manceau, nommé Rigomer, aurait fondé au 6ème siècle une chapelle sur le territoire de la future commune, entretenue ensuite par le prieuré de Morand et devenue le fief de Saint-Rigomer (au nord-est du bourg).

Le fief de Neuillé-le-Lierre était la propriété des seigneurs de Bourot (voir ci-après).

Histoire du fief :

Après avoir appartenu, aux 13ème et 14ème siècle, à la famille de Bourot, le fief était la propriété, en 1470, de Catherine de Beauvau, fille de Pierre de Beauvau, premier chambellan de Charles VII, mort en 1453 des suites des blessures reçues à la bataille de Castillon* et d’Anne de Fontenay (morte en 1485), dame du Rivau à Lémeré et de La Grande Gaudrée à Thizay.

Catherine de Beauvau épousa en 1470 Guillaume VII de Prunelé, gouverneur du futur Louis XII et fut la mère de François de Prunelé (mort en 1534), qui se maria, en 1508, avec Antoinette Le Roy, fille de René Le Roy (1450/1512), seigneur de Chavigny à Lerné et chambellan de Louis XI. Ces derniers furent les parents de Jacques de Prunelé, cité en 1530 comme seigneur en même temps que son cousin Louis de Fontenay.

En 1542, le fief fut vendu à Louis de Lavardin, qui fut le père du théologien Jean de Lavardin (1520/1590), prieur-curé de l’église Saint-Pierre (voir ci-après) ainsi que de Jacques de Lavardin (1525/1598), adaptateur de La Célestine (voir Auzouer-en-Touraine).

En 1612, la seigneurie fut achetée par François d’Amboise (1550/1619), membre du Conseil d’état en 1605, auteur d’œuvres poétiques, historiques et philosophiques ; ce dernier était le fils de Jean d’Amboise (1514/1584), chirurgien de Charles IX, lui-même fils du poète Michel d’Amboise (1505/1552), fils naturel de Charles II d’Amboise (1473/1511), seigneur de Chaumont-sur-Loire, maréchal et amiral de France, vice-roi de Lombardie.

Les seigneurs suivants furent Antoine d’Amboise (1605/1650), fils de François, lieutenant-général, puis Charles Jules d’Amboise (1647/1687), colonel, propriétaire du Clos-Lucé à Amboise.

En 1696, le fief fut acquis par Antoine Bergeron de La Goupillière (1640/avant 1720), également propriétaire du château de Montreuil-en-Touraine et du château de La Vallière à Nazelles-Négron, qui fut le père de :

  • Louis François Amable (mort en 1720), conseiller au Parlement de Paris.
  • Marie Geneviève (morte en 1745).
  • Marie Armande Claude (morte en 1747), épouse de Charles Paul de Bridieu (1692/1762).

La fille de ces derniers, Marie Marguerite Louise de Bridieu (1722/1787) épousa Jacques IV de Chauvelin (1722/1798) et fut la mère Jacques V de Chauvelin (né en 1754), cité en 1789, dernier seigneur du fief (voir La Vallière à Nazelles-Négron).

Histoire moderne et contemporaine (voir le blog de Guillaume Métayer http://reugny-neuille.blogspot.com/) :

La Brenne, qui coule du nord vers le sud, à l’est du bourg, alimentait de nombreux moulins ; on trouve du nord au sud :

Le Moulin de Sainte-Croix :

« Le moulin de Sainte-Croix existait au Moyen-Âge, comme le prouve la coquille Saint-Jacques, et était surement un gite pour les pèlerins.

Entre 1571 et 1597, achat par Laurent le Blanc [Laurent II Le Blanc, seigneur de La Baume et de La Vallière, maire de Tours en 1558/59, ancêtre de la famille La Baume Le Blanc, voir Chaveignes].

1736 : Le moulin a drap de Ste-Croix consistant en maison, grange, estables, écuries, cour, jardin et trois petis aulnaies. »

En 1787, André Peltier [1724/1790], le meunier de Sainte-Croix était la personne la plus imposée de la commune avec 190 livres.

Scierie au début du 20e siècle.

Le Moulin du Coudray : cité en 1736 en tant que « moulin à drap » et vers 1790, comme « moulin à fouller étoffes ». Entièrement restauré.

La Brenne se divise ensuite en 2 bras et il y a sur ces bras :

Le Moulin de Bourot sur le bras ouest et le Moulin de Pomigny, sur le bras est, tous les deux cités en 1715.

Le Moulin du Grand-Villiers :

« En 1536, les moulins de Villiers appartenaient à Jean Loiseau. En 1657, le moulin du Grand-Villiers était la propriété des religieuses de Fontaines-les-Blanches (Autrèche). Il avait une chute d'eau de 1m.

En 1753, Jacques Galbrun, maître serger [tisserand] à Reugny [s’agit-il du Jacques Galbrun, qui sera maire de Reugny en 1790 ?], fait couper un taillis de trois arpents dont il se croyait propriétaire près de son bordage des Ormeaux (ferme détruite à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe). Dans la nuit, Urbain Deshayes [1724/1764], fermier à vie du moulin à foulon du Grands-Villiers, fait enlever les fagots et les perches se trouvant sur ce terrain. Galbrun démarre une procédure afin que Deshayes les lui restitue, mais les religieux de Fontaines-les-Blanches interviennent en tant que vrais possesseurs du bois (dont Deshayes peut donc user librement).

En 1765 et en 1788, les bâtiments du moulin à foulon du Grand Villiers sont composés d'une chambre à feu, four, cabinet à côté, une petite écurie, grenier sur lesdites chambre et écurie ; ensuite sont les tournants, battants et ustensiles dudit moulin ; le tout en un même corps de bâtiment, couvert d'ardoises et de tuiles ; jardin devant... ». 

Le grand bâtiment toujours existant est conforme à la description. Bien que très restauré, il peut dater du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle. Les bâtiments annexes datent du XIXe siècle.

Le 13 avril 1796 y naît Jeanne Deshayes (morte en 1863) [petite-fille d’Urbain] qui va devenir la 1ère Mère des Compagnons Boulangers du Devoir [de Tours], la Mère Jacob. »

Le Moulin du Petit-Villiers :

« En 1339, les moulins de Villiers appartenaient à Jacquelin de Maran et Isabeau, sa femme.

En 1536, les moulins de Villiers appartenaient à Jean Loiseau, lequel a des difficultés avec Louis Dubois [Louis Du Bois (1520/1587 ou 88), seigneur d’Autrèche et de Montreuil-en-Touraine.], chevalier, seigneur des Arpentis [à Saint-Règle], pour n'avoir par réédifié le moulin à blé du Petit Villiers qu'il avait laissé périr.

En 1538, le moulin de Villiers est vendu à Jean Morin par Anthoine de Maran, seigneur de Villiers. En 1559, Laurent le Blanc [voir le Moulin de Sainte-Croix] achète le moulin de Villiers aux héritiers de défunt Jean Morin.

En 1736, « Le moullin a bled de Villiers, consistait en maison, grange, ecurie, estables, cour et jardins. »

En 1746, la seigneurie de Villiers appartenait à la duchesse de la Vallière [épouse de Louis César de La Baume Le Blanc, duc de La Vallière (1708/1780), voir Château-la-Vallière]. Cette terre était composée de la seigneurie, d'une métairie (le Haut-Villiers) et d'un moulin (le Petit-Villiers).

En 1772, il comprenait « logement pour les preneurs, couvert où est ledit moulin et ses ustenciles, grange, écurie, cour, jardin, pâtureaux, bois taillis, prés, ensemble la grange étant au dessus dudit moulin, (détruite) avec droits de terrage dus à la seigneurie de Villiers ».

Vers 1790 « Le Moulin à bled du Petit Villiers est situé sur la rivière de Bransle et consiste dans les œuvres dudit moulin ses tournants et ustencils susceptibles d'incendie. La halle dudit moulin, dans laquelle est un petit cellier, grenier sur partie de ladite halle et cellier. Ensuite de ladite halle, deux chambres à cheminée dans l'une desquelles est un four, greniers sur lesdites deux chambres. Les murs desdites chambres et halle du moulin sont construits en moellon et pierres de tailles, et couverts en thuilles.

Au nord desdites chambres et halle, une écurie, une petite grange ensuite et une autre écurie aussi ensuite, le tout construit en colombages et torchis, greniers sur lesdites écuries, plus deux touts à porcs au pignon de la première écurie côté du midi, le tout couvert en thuilles.

Au levant des chambres ci-dessus décrites, une grange construite en moellons et pierres de tailles, couverte en thuilles [détruite depuis]»

« Un premier four [pour fabriquer des briques] a été construit sur le site en 1854 par Rougé-Desneux Victor, tuilier à Villedômer, ce four permettant la cuisson de tuiles, briques et chaux. En 1864, l'ensemble passe à Moussard-Médard François, jusqu'alors tuilier à la Blondellerie à Monnaie, qui fait construire en 1874 une halle. En 1882, Lihoreau-Boulay François, tuilier, en devient propriétaire et fait construire en 1889 un nouveau four ainsi qu'une seconde halle et une maison sur une parcelle voisine.

Le four de 1854 et celui de 1889 étaient identiques, à ciel ouvert, à feu intermittent et flammes longues, chacun d'une capacité de 15m3 et permettant la cuisson de tuiles, briques, carreaux et chaux. La matière première était tirée de carrières d'argile situées au sud et à l'ouest de la commune. 

L'activité va décliner jusqu'en 1948 et cesse définitivement en 1949. Les installations sont alors démantelées, les machines vendues, les bâtiments détruits, la cheminée abattue dans les années 1970. »

« Le lavoir est construit en 1891 [route d’Autrèche, sortie est du bourg]. Contrairement aux communes voisines qui ont construit leur lavoir sur des ruisseaux, le lavoir de Neuillé est construit sur la Brenne. Cela posa des problèmes à cause des tanneries de Château-Renault car la population de Neuillé est obligée de laver le linge au lavoir communal justement alimenté par la Brenne devenue un véritable canal de pestilence. Endommagé par une crue de la Brenne, il est détruit vers 1948. »

Le tronçon Château-Renault/Vouvray de la ligne de chemin de fer allant de Sargé-sur-Braye (41170) (Loir-et-Cher) à Tours fonctionna de 1894 à 1938 (voir Reugny et Villedômer).

« Sur les communes de Reugny et Neuillé [est du bourg], il reste : un petit bâtiment servant de W.C. et de lampisterie à Neuillé (c'était le local où étaient préparées et entreposées les lanternes à pétrole, notamment celles qui étaient accrochées sur l'avant des locomotives). »

Le général de corps d’armée Robert Quilichini (1912/1979) est né à Neuillé-le-Lierre.

« Le 17 janvier 1918, le conseil municipal de Neuillé doit rationner la population en pain. Il décide de constituer une commission spéciale chargée d'étudier le meilleur moyen à employer pour que la restriction se fasse volontairement et sans incidents.

En mai 1918, il [le maire] expose que parmi les réfugiés une famille composée de trois enfants est arrivée dans un état misérable et qu'il y avait lieu de lui attribuer un secours. Le conseil municipal attribue à l'unanimité un secours de 60fr à la famille Floiquin. Le même jour une commission est créée pour trouver des logements aux réfugiés. 

Le 26 décembre 1941, suivant le désir exprimé par Le Maréchal, il y a lieu de réunir les enfants autour d'un arbre de Noël. Des jouets et une collation leur seront offerts. Ces faits prouvent la popularité de Pétain [Philippe Pétain (1856/1951)] au début de la guerre. »

À voir dans le bourg

Église Saint-Pierre :

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097889

« La nef, dont la façade est moderne, a conservé ses murs goutterots du 11e siècle, parementés en petit appareil. Chœur du 12e siècle avec abside semi-circulaire voûtée en cul de four. »

Cette église contient une statue de La Vierge à l’enfant, du 14ème siècle, qui a été restaurée en 1992 par Brigitte Estève (voir https://fr.linkedin.com/in/brigitte-esteve-42664b72) ainsi qu’un tableau du 18ème représentant le Baptême du Christ, restauré en 1994.

Les vitraux ont été installés en 1949 et ont été payés par le curé d’Auzouer-en-Touraine, qui desservait alors l’église de Neuillé.

Bellevue (34 rue de la République) : maison construite en 1870 pour André Peltier, courtier en vins, également propriétaire d’une maison de maître, aux Prébendes, à Tours.

À voir en dehors du bourg

Forge (au nord-ouest) :

Ce fief appartenait, en 1496, à Étienne Le Loup, conseiller et maître d'hôtel de Louis XI, également propriétaire de plusieurs fiefs à Villedômer et du Clos-Lucé à Amboise, dont la veuve, Artuse de Ballan, est citée comme propriétaire en 1500.

En 1540, le fief était la propriété de Jean Prévost, avocat à la chambre des comptes de Paris, grand-père du poète baroque Marc Papillon (1555/1599), qui le vendit, en 1562, à Raymond Forget, neveu de Pierre Forget d’Avizé, maire de Tours en 1530 (voir Chambray-lès-Tours. Chemillé-sur-Dème. Esvres-sur-Indre. Joué-lès-Tours et Limeray).

En 1646, le seigneur était Daniel Boileau du Plessis, grand-maître des eaux et forêts de la généralité* de Tours, époux de Claude Scarron, fille de Paul Scarron, dit l’apôtre (propriétaire de La Vallière à Nazelles-Négron). Cette dernière, morte sans enfant, légua le fief, en 1668, à sa nièce, Élizabeth Robin, fille sans doute de Madeleine Scarron et de Charles Robin.

Par la suite, La Forge, revint aux seigneurs du fief de Neuillé-le-Lierre.

Saisie sur la famille Robin, au début de l'année 1686, la terre de Forge fut adjugée à Gervais Angevin, bourgeois de Paris, puis rachetée par N. Boileau du Plessis, intendant des armées du roi, chevalier de l'ordre de Saint-Lazare. Elle passa ensuite aux mains d'Antoine Bergeron de la Goupillère, puis aux familles de Bridieu et de Chauvelin. Il existait, dans le logis seigneurial, une chapelle qui est mentionnée dans un acte du XVIIe siècle.

Le manoir, du 16ème siècle, a gardé des fenêtres ornées de pilastres Renaissance et une tour contenant un escalier à vis en pierre. La chapelle et le pigeonnier ont disparu.

La Roche (au sud-est) : voir article http://reugny-neuille.blogspot.com/search/label/Neuill%C3%A9%20%3A%20La%20Roche

« La terre de la Roche existait déjà durant la Guerre de Cents Ans, car on trouve trace d'un achat par Guillemette Guigneux en 1365 et par Robert Le Chat [lieutenant du duché de Touraine] en 1366. Elle est donnée en 1388 par Robert Le Chat à Jeanne de Pontlevoy, sa petite-fille, et à Jean Dallée, son mari [lieutenant du bailli de Tours].

C'est de cette époque que doivent dater les tours d'enceinte.

Elle appartenait en 1540 à François Bouteiller [Françoise Boutillier ?], et en 1558 à Jean Lopin. Selon son propriétaire, elle est alors appelée « la Roche-Bouteiller » ou « la Roche-Lopin ».

[Selon Gérard Troupeau, in La seigneurie de La Roche à Neuillé-le-Lierre (BSAT 43, 1992, pages 539/562), cette seigneurie appartenait au 15ème siècle à Nicolas Boutillier, dont le petit-fils René Boutillier fut le père de Françoise Boutillier, épouse de Jean Lopin.]

En 1568, Méry Lopin [propriétaire d’un hôtel particulier à Tours, fils de Jean] la vend à Laurent le Blanc [Laurent II Le Blanc, voir ci-dessus le Moulin de Sainte-Croix], seigneur de la Vallière [à Reugny].

En 1708, un procès-verbal de réparations constatait « qu'il y a plusieurs réparations urgentes à faire aux bâtiments de la Roche : mettre un millier de tuiles à la chapelle, faire trois toises de muraille à chaux et à sable, réparer la porte de la chambre du château qui donne sur le côté du jardin étant à moitié pourrie. »

« Cette terre se composait de la maison qu'occupait le fermier, de laquelle dépendait un pavillon placé au-dessus du grand portail et une chapelle à côté. Le pavillon et la chapelle furent démolis par l'ordre de M. le duc de la Vallière. Le duc dont il est question ici étant surement Charles-François de la Baume le Blanc [mort en 1739], cette destruction eut lieu entre 1723, date où il fut créé duc, et 1736, date où il vendit la Vallière à sa femme, Marie-Thérèse de Noailles [1684/1784].

Le bâtiment subsistant de nos jours est donc l'ancienne ferme du château. Elle daterait du XVIe siècle. »

Le logis fortifié du 16ème siècle a conservé deux tours d’enceinte et les soubassements de deux autres tours ; portail d’entrée comprenant une porte charretière et une porte piétonne.

Chambres d’hôtes : voir https://www.maison-hote.fr/loc-chambre-d-hote/indre-et-loire-neuille-le-lierre-domaine_de_la_roche-14704

Bourot (au sud-ouest) voir Histoire du fief :

Le château, reconstruit en 1873, est orné de briques et flanqué de deux tourelles d’angle.

Le grand pigeonnier cylindrique appartenait au château primitif.


Aucun commentaire

Laissez votre commentaire

En réponse à Some User