Nouzilly
Le nom de cette commune, située dans le nord du département, au sud-ouest de Château-Renault, apparaît pour la première fois au 11ème siècle sous la forme Noziliacus mais ce toponyme est interprété de plusieurs façons : lieu planté de noisetiers, châtaigneraie, domaine agricole de Nucilius, lieu où il y a des marais.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Plusieurs éléments néolithiques dont été trouvés, dont un polissoir et une hache polie, qui se trouve dans les réserves de la SAT selon PCIL. De cette époque date aussi le petit menhir appelé La Pierre à vinaigre.
Ce petit menhir se trouve au sud-ouest du bourg, au lieu-dit Le Hallier, à droite de la D 4, quand on vient du bourg. Le nom de ce mégalithe (qui est plutôt un microlithe, en l’occurrence) vient du fait qu’il recevait des libations de vin.
Cinq enceintes, dont trois datent de la fin de l’époque gauloise, existaient sur le territoire de cette commune : un éperon barré : Gué-Chapelle (voir ci-après), au nord-est du centre, et deux enceintes liées à la métallurgie : Le Bois-de-Charentais (au nord-est) et Les Fossés-de-César. Sur ce sujet voir : Jean-Mary Couderc* : Les enceintes de terre en Touraine, in, BSAT 40, 1984.
Gué-Chapelle est un éperon de 250 m. sur 150 m. entre la vallée du Ruisseau de Gué-Chapelle et la vallée sèche du Pré-Toulmais ; il est barré par deux fossés séparés de 50 à 65 m. avec un talus au milieu.
Les Fossés-de-César : il ne subsiste de cette très vaste enceinte que la partie nord, d’un seul tenant de 2,5 km, entre Le Clos et la Choisille, au sud de Longueville ainsi que la partie est, de 2,5 km de long également, mais en plusieurs tronçons, entre Le Clos et Les Quatre-Fontaines (au sud-est), dans Le Bois-du-Mortier, où l’on dit qu’il y avait une source sacrée gauloise, disparue au 19ème siècle, et un petit tronçon, au sud, du côté de La Simonnière.
Jean-Mary Couderc* a découvert sur la partie est, dans Le Bois-du-Mortier une porte protégée par des barrières successives, formées de fossés séparés par des talus, typique, selon lui, de l’âge du fer ; un chemin, avec des fossés latéraux, se dirige de cette porte vers l’extérieur.
On ne sait pas exactement quel était l’usage de ce dispositif de forme hexagonale, qui est encore parfaitement visible entre Le Carroi-de-la-Croix-Blanche et la porte ; il abritait sans doute des activités métallurgiques car des scories ferriques y ont été trouvées mais ses dimensions laissent perplexe. Selon la tradition locale, le bourg était autrefois une grande ville connue sous le nom de « la Cité » !
Des domaines gallo-romains (villae)* se trouvaient probablement au Villeret (au sud), à Longueville (au nord-ouest), où un habitat a été repéré et à Ville-Mousse (au sud-ouest), trois toponymes dans lesquels on retrouve le terme villa.
Histoire ancienne et moderne :
Résumé de l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouzilly
« Le domaine de Nouzilly était une propriété allodiale du neveu de l’archevêque de Tours, Ardouin [ou Hardouin, archevêque de 960 à 980, et trésorier de l’abbaye de Marmoutier] ; il s’appelait Corbon-le-Jeune. La charte de 1064 permettant les moines de jouir de la propriété sera mise en cause en 1238 par le seigneur de Rochecorbon, Guillaume de Brenne [1204/1251 ou 1258]. Des riverains s’installèrent pour pratiquer l’agriculture, l’exploitation du bois et l’élevage de moutons.
Ce n’est pas avant le xiiie siècle qu’il est possible de se faire une idée de la population nouzillaise. En tête, le seigneur de Rochecorbon. Le seigneur intervient à Nouzilly par l’intermédiaire des ses baillis. Deux familles nobles se distingueraient au xiiie siècle : les Nouzilly au Plessis-l’Ormeau [au sud-ouest du bourg] avec sa douve circulaire en eau, l’autre la famille Bocel à la Roche-d’Ambille [voir ci-après].
Au xviie siècle, une série d’incendies de forêt attirèrent l’attention de Nicolas Esteveau de Lamarche, conseiller du roi, lieutenant des Eaux et Forêts, qui réglementa l’exploitation du bois. »
Au 17ème siècle également, Jacques Chouinard (né en 1663), fils de Charles Chouinard (né en 1616), alla s’installer au Québec, où il eut une nombreuse descendance (voir Beaumont-le-Ronce).
En 1751, une fillette, Jeanne Salmon (1744/1751), fut dévorée par un loup alors qu’elle gardait un troupeau du côté de La Setterie (nord-ouest du bourg). Le curé Danican en fit le récit, en s’insurgeant contre l’inaction des autorités
À voir dans et près du bourg
Église Saint-André (rue du prieuré) :
Article de Nicolas Huron (voir Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. )
https://patrimoine-rural.com/decouverte-exceptionnelle-sur-l-eglise-st-andre-de-nouzilly/
« L’église Saint-André présente une nef romane de la fin du XIe siècle en petit appareil de maçonnerie assisée. Cette nef a été ouverte de baies plus grandes de style gothique au XIIIe siècle.
De ces baies, il ne reste que celle que l’on peut voir encore ouverte auprès du clocher, et les restes d’une seconde auprès de la grande baie sud ouverte au XIXe siècle en même temps que la grande porte qu’elle surmonte.
La nef fut rallongée vers l’ouest à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle.
Le clocher est une construction du XVIe siècle. Le chœur et la chapelle latérale nord, qui datent sans doute de la même époque furent refaits en 1865.
Les quatre contreforts du clocher sont décorés de dais de style Renaissance protégeant des statues d’un style beaucoup plus ancien. Il s’agit de statues de saints sculptés en entier, fortement dégradés par la Révolution française, ayant perdu leur tête. Ces saints foulent de leurs pieds des démons. Sous l’une des statues, on trouve des végétaux sculptés typiquement romans.
Ces statues sont d’un style roman de la première moitié du XIIe siècle. Deux sont facilement identifiable : saint Pierre, apôtre, qui porte la bible et deux clés, et sainte Anne qui porte un livre en rouleau, un rôle ouvert, et dont le ventre a été percé d’un trou récemment bouché avec du ciment. Sainte Anne, mère de la Vierge Marie, était priée pour résoudre les problèmes de fertilité. Les statues étaient souvent grattées au Moyen Age pour fabriquer des potions pour guérir les maux en fonction du culte du saint ou de la sainte. Ce phénomène est attesté notamment à Bueil-en-Touraine.
Le trou creusé dans le ventre de cette statue nous indique qu’elles étaient à hauteur d’homme, sans doute sur un côté d’un grand portail roman.
Ces statues n’ont pas pu être réalisées pour l’église Saint-André de Nouzilly, elles proviennent sans aucun doute d’un grand portail roman. Nous pensons qu’il faut y voir celui de la façade de la cathédrale Saint-Maurice de Tours avant sa reconstruction au XVIe siècle. L’ancienne façade datait de la première moitié du XIIe siècle.
L’église Saint-André de Nouzilly recèle bien d’autres découvertes exceptionnelles (comme le pied du bénitier qui est un chapiteau du XIIIe siècle à l’envers…). Elle mériterait une étude historique et architecturale approfondie. »
Un cadran solaire déclinant du matin, dont le style, est encore en place, est gravé sur une pierre du chevet.
Une ancienne cuve baptismale a été placée près de l’église et contient aujourd’hui des fleurs.
Le prieuré (rue du prieuré) :
Une charte de 1185, qui cite « le prieur de Nouzilly » laisse à penser qu’il y avait un prieuré à cette époque ; c’est aujourd’hui un bâtiment du 15ème siècle, dont l’ancienneté se voit dans sa charpente pentue à trois pans. Source projet depliant V3.pdf
Dans le cimetière (19 avenue du Camp Romain), la chapelle funéraire de la famille Cordier a été élevée au 19ème siècle dans un style néo-gothique.
Au sud du bourg, un beau plan d’eau, qui est communal, est alimenté par la Choisille, qui est alimentée par plusieurs petits cours d’eau prenant leur source à Nouzilly.
Au sud du bourg également, à l’est, le château de Gué-Chapelle a été édifié au 19ème siècle sur un ancien éperon barré, entouré par 2 petits cours d’eau, qui donnent naissance à la Choisille (voir Préhistoire et antiquité).
Au milieu du 19ème siècle, ce château appartenait à Antoine Luzarche (1801/1872), maître de forges à Clavières (Indre) et à son frère, Victor Luzarche (1805/1869), auteur de nombreux articles, notamment sur l’histoire de la Touraine, maire de Tours de 1847 à 1848, (voir le château de La Ferté à Reugny). Ces derniers le vendirent en 1867 à Louis Désiré Oury (1809/1895), consul général de France de 1852 à 1865, qui avait épousé, en 1856, Sophie Daigremont (morte en 1909), fille du général Joseph Honoré Daigremont (1790/1866).
Après la guerre de 1870, le château fut transformé par l’architecte Charles Nizet (1841/1925).
Un descendant de Louis Désiré, Gilles Oury, a installé des chambres d’hôtes dans le château : voir http://chateauguechapelle.com/le-chateau/
Près de Gué-Chapelle, le lavoir de l’étang est privé mais visible, avenue du Lac ; il a été aménagé sur l’un des petits cours d’eau qui alimente la Choisille.
Près du bourg, au sud-est, le manoir de Belle Fontaine :
Article https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/nouzilly/une-promenade-aoutienne-a-belle-fontaine publié le 1 septembre 2019.
« Impossible de s’arrêter à Nouzilly sans que le regard ne tombe sous le charme de Belle-Fontaine ! Son site d’implantation avait été mentionné dès 1185 sous l’appellation de « Locus Belli Fontis », et était connu dès 1228 sous le nom de Fontaine Saint-André, du nom du saint de la paroisse. Cela s’est produit bien avant que cette demeure ne soit érigée au XVIIIe siècle, sous son aspect actuel, avec son corps de logis encadré de deux pavillons en retour, et sa loggia en avancée, couverte à l’impériale et coiffée de son lanternon. Elle a successivement été la propriété probable du chevalier de Charentilly, Jean de Poillé, au XIVe siècle [Jean de Poillé, est cité comme seigneur de Poillé à Charentilly en 1247] du hérault d’armes de France François Brosseau, au XVIIe siècle, et du bourgeois de Tours, Guillaume Pelletier, en 1667.
Ce n’est qu’en 1780 que « le bourgeois de Nouzilly », Étienne Farion de Maison Neuve [cette date pose problème car selon le site de la mairie, ce dernier est mort en 1778] fait diviser le logis en deux parties, est et ouest, lors de sa succession, en faveur de ses deux filles. Acquise par l’industriel Roch Brindelet en 1856 [Urbain Roch Brindelet, né en 1825], ce dernier cède la partie ouest à la veuve de Wendel, Marie Manuel, en 1912 [Consuelo Manuel de Granedo (1850/1917), épouse du maître de forges Adrien Robert de Wendel (1847/1903)]. C’est elle qui fera procéder aux travaux de remaniement et à la construction des bâtiments annexes, dont une étonnante salle des fêtes, destinée aux réunions paroissiales et au patronage de l’école privée toute proche. Cédée ensuite à monsieur Lejault qui en était le régisseur, c’est le petit-fils de ce dernier qui en devient, en 1937, le détenteur, et ce… jusqu’à aujourd’hui [Guy Boy, petit-fils de monsieur Lejault est né en 1923 et mort en 2021] ! Du haut de ses 96 printemps fièrement portés, ce dernier nous fait faire le tour du propriétaire, faisant surgir l’histoire à chaque détour de la demeure, de son parc admirablement entretenu. Le tout, sous le charme des lieux et la lumière tamisée de cette douce fin d’été. »
Le lavoir de Belle-Fontaine, dit lavoir Robinson, a été construit vers 1930, au bord de la source de Belle-Fontaine, qui alimente la Choisille ; il a été entièrement réhabilité en 2006.
À voir au nord
Charentais :
Le château, dont le logis central est encadré par deux tourelles et deux pavillons, fut construit à la fin du 19ème siècle, en style néo-gothique, par un descendant de Pierre Gilles Douineau de Charentais, propriétaire du Grand-Charentais à Saint-Cyr-sur Loire, créé baron héréditaire en 1826. Siège d’un important haras.
À voir à l’est
L’Orfrasière :
Article https://www.nouzilly.fr/monuments/
« Le château de L’Orfrasière a été édifié en 1905-1907, dans un style néo-Renaissance, pour le maître de forges de Wendel [Charles de Wendel (1871/1931), fils d’Adrien Robert (voir Belle-Fontaine), député au Reichstag après l’annexion de la Lorraine]. Il a remplacé un château du XVIIIe. Construit en béton avec quelques pierres de parement « pour donner une allure de renaissance », il a en fait été bâti au XIXe siècle et les plans ont été dessinés par l’architecte parisien Pierre Cuvellier [en fait, Pierre Victor Cuvillier (1844/1907)]. Il se situe dans un parc de 17 hectares. La Miroiterie Saint Hubert (La Ville aux Dames) est intervenue sur la rénovation des vitraux des écuries qui ont été remplacé les vitraux originels par du verre feuilleté teinté ainsi que les verrières existantes.
Le 8 janvier 1837, Armand Jean de la Bonninière de Beaumont [Armand Bonnin de La Bonninière (1782/1859)] et Catherine Céleste Lemoine de la Godelinière [1784/1858], sa femme, le vendirent, pour 150.000 francs, à Marie Agathe Beyssac [ou Bayssac].
Cette demeure appartenait à la deuxième épouse de Robert Debré [1882/1978], pédiatre et résistant sous l’Occupation, Élisabeth de La Panouse [(1898/1972), fille du général Louis de La Panouse (1863/1945) et de Sabine de Wendel (1873/1941)], résistante sous le nom de Dexia.
Dans son livre « Dynasties républicaines », Jean-Louis Debré [(né en 1944), ministre de l’Intérieur de 1995 à 1997, Président de l’Assemblée Nationale de 2002 à 2007, Président du Conseil Constitutionnel de 2007 à 2016], petit-fils de Robert Debré, raconte que son père, Michel, fait prisonnier dans un camp, avait été délivré par Robert et Elisabeth. Elisabeth a légué le château à la commune de Paris peu avant sa mort, en 1972. Puis, à la naissance de la petite couronne, le bien a été transféré au département des Hauts-de-Seine.
Jusqu’en février 2013, le château était occupé par SOS, une association locale qui vient en aide aux mineurs isolés.
À voir au sud-ouest
La Sirottière : manoir du 19ème siècle
La Simonnière : manoir de la première moitié du 18ème siècle ; à l’intérieur, une salle a gardé ses huisseries et ses lambris. Une chapelle, qui n’existe plus, est mentionnée en 1787.
Maran : ce fief, cité dès le 13ème siècle, appartint, à partir de 1447, à la famille Du Bois, également seigneur de Neuvy-le-Roi et de Rouziers-de-Touraine.
Des douves sont indiquées sur le cadastre de 1835.
Selon Antoine Reille, né en 1942, maire de Nouzilly de 2008 à 2014, président de la Ligue de protection des oiseaux de 1978 à 1986, propriétaire de Baudry à Cérelles, le domaine, dont il ne reste que des vestiges, appartenait, en 1833, à son ancêtre, le maréchal de France, Honoré Charles Reille (1775/1860).
La Roche d’Ambille : plus moulin
Ce lieu est cité dès 1150 sous la forme Villa quae vocatur Rupes Monalium (domaine appelé la Roche des Moniales)
Le fief, qui relevait de la prévôté d'Oé, appartenait à l'abbaye de Beaumont-lès-Tours.
Dans le parc du château actuel, qui date du 19ème siècle, il y a une éolienne Bollée*.
Le moulin de la Roche d’Ambille est cité en 1753.
La Harlandière : château du 19ème siècle
Du 14ème au 18ème siècle, ce domaine appartint à l’abbaye de Beaumont-lès-Tours.
Au début du 20ème siècle, il fut la propriété de la famille David-Saint-Clair puis il passa à la famille Lauer ; l’historien Philippe Lauer (1874/1953) fut le père de l’égyptologue Jean-Philippe Lauer (1902/2001) et de Simone Lauer (1911/2018), qui épousa le musicien Daniel Lesur (1908/2002).
On peut y mettre un cheval en pension : voir https://www.equids.com/presentation-1674.php
Le lavoir privé de la Harlandière se trouve en contrebas du château, au bord de la D 4.