Pernay
Le nom de cette commune, située au nord-ouest de Tours, apparaît pour la première, à la fin du 6ème siècle, chez Grégoire de Tours, sous la forme Parochia Paternacensis, venant de Paternacus ou « domaine agricole de Paternus ». Cependant, étant donné qu’au 13ème siècle, la paroisse était appelée Perrenay, certains ont rapproché ce toponyme de « perron », désignant un bloc de grosses pierres, nombreux dans la région (voir ci-après).
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Selon le site de la commune, l’archéologue Édouard Gatian de Clérambault (1833/1917), propriétaire de Rudanay (voir ci-après) et président de la SAT avait découvert deux amas de grosses pierres rondes, qui pouvaient sembler être des alignements protohistoriques, près desquels il avait trouvé des silex (couteaux, lames, grattoirs, pointe de flèches) datant de la fin du néolithique ou de l’âge de bronze.
Le premier amas est formé de blocs dressés et d’amas de pierres arrondies qui se trouvent dans un bois à 600 m. au sud du Château de La Ronde (voir ci-après), à l’ouest de la D 48 se dirigeant vers Semblançay et qui sont désignées sous le nom de « Margers-de-La-Ronde ». « Marger » pourrait se rapprocher de « murger » qui dans le vocabulaire toponymique du centre désigne un amas de pierres plus ou moins volumineux.
Il existe aussi un vaste ensemble de blocs qui pourraient résulter d’une intervention humaine situé un peu plus loin au carrefour de la route de Saint Roch, le long de l’ancienne voie de chemin de fer.
En dehors du domaine indiqué par le toponyme de la commune, d’autres domaines gallo-romains (villae*) existaient sans doute au Berthenay (sud-est), venant de Bertinacus ou « domaine de Bertinus », à La Ronde (sud-est), venant peut-être de Rotunda Villa ou « domaine arrondi » et à Villenelle (nord-est), toponyme dans lequel on retrouve le terme villa*.
Histoire moderne :
Sous l’ancien régime, la châtellenie de Pernay dépendait du fief de Maillé (Luynes), dont le seigneur était représenté par un bailli, qui habitait dans la maison de justice (voir ci-après).
L’ancienne voie ferrée Rillé/Fondettes, ouverte en 1907 et fermée en 1949, avait une gare à Pernay (voir rue de la Gare).
À voir dans et près du bourg
Église Saint-Denis (7 rue du Commerce) :
Article https://www.pernay.fr/historique, inspiré en partie par la Notice historique de la paroisse Saint-Martin d’Ambillou, écrite en 1865 par l’abbé Chivert, curé de Chargé.
« Saint Grégoire nous a laissé un des premiers témoignages écrits de l’histoire politique et religieuse de son temps. Il relate notamment la fondation de nombreuses églises en Touraine, dont celle de Pernay. Il écrit dans « La vie des Pères ou de quelques Bienheureux », qu’il existe une communauté de chrétiens rassemblée autour d’un lieu de prières fondé par un certain Litomeris en l’honneur de Saint Julien, dans un endroit qu’il nomme « Parochia Paternacencis ». Saint Grégoire* décide d’officialiser ce lieu de culte en dédicaçant l’église conjointement à Saint Julien et à Saint Nizier, évêque de Lyon (qui est aussi son oncle) qui vient de mourir [Nizier de Lyon (513/573) était en fait le grand-oncle de Grégoire de Tours*].
Après la période troublée des invasions normandes du 9e siècle, l’église dédiée à Saint Nicetius est construite (ou reconstruite) en « petit appareil », au siècle suivant. Des éléments architecturaux de cette époque subsistent à l’entrée de notre église actuelle : deux fenêtres meurtrières voûtées en plein cintre d’une seule pierre évidée.
L’église est agrandie ensuite au 15e siècle. Le clocher reposant sur six gros piliers de bois, visibles à l’entrée de l’église, date de cette même époque. La charpente de la nef est en forme de carène de bateau inversée et 5 belles poutres horizontales polychromes la consolident. C’est peut-être lors de cet agrandissement que la dédicace passe de Saint Nizier à Saint Denis comme cela arrivait parfois lors de la reconstruction d’une église. En tout cas le 29 juin 1614, le Saint Patron de la paroisse est déjà Saint Denis.
Les registres paroissiaux seront brulés par les révolutionnaires en 1793 ainsi que les tombeau, dont celui de François de Lournay seigneur de Fouinais [voir ci-après] datant de 1506 [cette date n’est pas possible puisque François de Lournay est cité comme seigneur de Fouinais en 1553].
L’aspect architectural actuel de l’église date du 19e siècle. Ayant été fortement endommagé avant la révolution par une tempête, le chœur est entièrement reconstruit en 1827 et couvert d’une charpente-berceau à vaux, dite à la Philibert Delorme. Du plâtre imitant un parement en pierre recouvre entièrement les voute et les murs.
En 1880, le conseil municipal, sur proposition du maire Monsieur Barré [Auguste Barré, élu en 1878 et en 1881], décide à l’unanimité moins une voix de faire inscrire au fronton de l’église la devise de la république : « Liberté, Egalité, Fraternité » mais l’abbé Meyrand [curé en 1875 et 1882] la fait effacer. La municipalité porte plainte et demande le changement de curé pour « manque de républicanisme ». La devise sera réinscrite un an plus tard.
La municipalité a entrepris depuis 2003 des rénovations qui ont donné à notre église son aspect d’aujourd’hui. Les voutes de la nef et du chœur ont été débarrassées du plâtre qui les recouvraient pour mettre en valeur les charpentes remarquables. »
Au sud de l’église, la Maison du bailli, dite aussi Maison de justice, du 16ème siècle, a gardé deux fenêtres à croisée de pierre et une galerie en bois.
Dans la rue du Lavoir, à l’ouest de la mairie, se trouvent :
- Une maison du 16ème siècle, dite Maison Barré, qui fut la première mairie ; cette maison de 3 étages avec 2 pignons à rondelis, a été restaurée en 2021/22.
- Et bien sûr, le lavoir, à côté du petit pont sur la Garande, affluent de la Bresme, restauré en 2013 par l’association des Compagnons bâtisseurs.
Dans la rue Principale, une maison du 19ème siècle présente des lucarnes, ornées de deux portraits, peut-être ceux des anciens propriétaires.
Dans le centre bourg (adresse ?), on peut voir un vieux puits.
Sur le mur de l’école (rue de la Mairie) l’astronome Denis Savoie (né en 1965) a réalisé en 2017 un grand cadran solaire, représentant, en peinture, la carte de France, entourée de 12 étoiles.
À la sortie sud du bourg, route de Cinq-Mars, l’ancienne Chapelle Saint Julien est devenue une grange. Cette chapelle, édifiée au 10ème siècle et remaniée au 15ème, fut desservie jusqu’à la Révolution, époque où elle fut vendue comme bien national
À voir au nord-est
La Ronde :
Ce fief appartenait, en 1439, à Pierre Petit et, en 1682, à Joseph Falaiseau, né en 1644, descendant de Jehan Falaiseau, maire de Tours en 1491.
En 1880, le château de La Ronde fut acheté par Raoul Auvray (1838/1912), ancien conseiller à la préfecture de Tours, qui sera maire de Pernay de 1890 à sa mort et qui était le fils de Louis René Auvray (1810/1885) maire de Tours en 1865 ; Raoul Auvray avait épousé en 1867 Marie Cécile Gouïn (1847/1937), fille d’Eugène Gouïn (1818/1909), maire de Tours de 1866 à 1875, sénateur de 1875 à sa mort, maire de Fondettes de 1884 à 1892. Ces derniers léguèrent la propriété à leur fils, René Louis Auvray (1868/1940), qui sera maire de Pernay en 1913.
Le château, du 18ème siècle, fut modifié au début du 20ème par l’architecte Marcel Meffre (1864/1942) ; il présente deux petits avant-corps, un toit avec des lucarnes à linteau en anses de panier et des armoiries de style Louis XVI au-dessus de la porte ; il abrita l’ambassade d’Afrique-du-Sud de 1939 à 1940.
Chambres d’hôtes : voir https://www.lechateaudelaronde.fr/
Rudanay :
Ce domaine est cité en 1687 sous la forme Rudannée. Au 18ème siècle, il était planté de vignes et dépendait de de L'Hérissaudière (voir ci-après) ; au 19ème, il a appartenu à l’archéologue Édouard Gatian de Clérembault (1833/1917), auteur, en 1912, du livre Tours qui disparait (Voir aussi Préhistoire et antiquité).
L’Hérissaudière
Relevant anciennement du duché de Luynes, le domaine fut la propriété d'Anne Lebert et de l'abbé Philibert Lebert qui le vendirent en 1642, à Jacques Gatian, juge au présidial de Tours et maire de Tours en 1659/60.
Ce dernier fut le père de Victor Gatian (mort en 1693), dit de Lafond, trésorier-général de France à Poitiers et de Louis Victor, cité en 1682, propriétaire de Taillé, à Fondettes et de La Tourmellière à Ligueil, juge au présidial de Tours, lui-même père d’un autre Louis Victor (né vers 1670), lieutenant-général au bailliage* de Tours et de Louis François Gatian (né en 1684), dit de Clérembault, contrôleur-général de la généralité* de Tours, dont le fils fut Jean Louis François Gatian de Clérembault (mort vers 1787), également contrôleur-général de la généralité* de Tours.
Celui-ci fut le père François Marie (1750/1826), qui comparut aux États Généraux de la noblesse de Touraine, père de François Alfred (1798/1870), dont les deux fils furent le lieutenant-colonel Henri Gatian de Clérembault (mort en 1892) et l’archéologue Édouard Gatian de Clérembault (1833/1917) voir Rudanay, ci-dessus.
Le château actuel, du 19ème siècle, abrita l’ambassade du Canada de 1939 à 1940.
Chambres d’hôtes : voir https://herissaudiere.com/
La Pinardière :
Le domaine appartenait en 1804 à Sylvestre René Raguideau, qui possédait aussi Villenelle (voir Préhistoire et antiquité) ainsi que La Boiderie (voir ci-après), et dont la fille, Marguerite Pétronille fut l’épouse de Vincent Marquis (mort en 1844), maire de Pernay de 1834 à 1837.
Le logis, avec une porte centrale, dont le linteau en cintre est très mouluré, possède un pigeonnier carré, au toit surmonté d’un lanternon.
La Boiderie :
Ce fief a eu comme seigneur : de 1653 à 1660, Julien Chalopin, contrôleur général au bureau des finances de Tours, fils de Julien Chalopin, maire de Tours en 1586/87, puis en 1741, Isaac Falaiseau (né en 1677), descendant de Jehan Falaiseau, maire de Tours en 1491 (voir La Ronde ci-dessus) et père d’Étienne Falaiseau (1713/1788), cité en 1762.
Le château actuel, du 19ème siècle, appartenait, en 1804, à Sylvestre René Raguideau (voir La Pinardière ci-dessus).
À voir au sud
Plaisance : château du 19ème siècle.
Fouinais (sud-est) :
Les fiefs du Grand et du Petit Fouinais, qui relevaient du château de Maillé (Luynes) appartenaient, en 1458, à Colas Fouynais et, en 1553, à François de Lournay (voir église ci-dessus), dont la fille, Anne de Lournay, les vendit en 1610 à Quentin Petiteau, maître des eaux et forêts de Touraine.
Le logis du 15èùme, qui a été restauré, comporte deux hauts pignons et deux fenêtres en plein cintre sur la façade nord.