Perrusson
Le nom de cette commune, très proche de Loches et située sur les deux rives de l’Indre, apparaît pour la première fois en 856 dans le cartulaire de l’abbaye de Cormery sous la forme Petrucium, signifiant « terrain pierreux ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Sur le site de La Blancharderie (nord-est), de très nombreux artefacts ont été trouvés, dont 162 nucléus, 141 grattoirs et 50 micro-burins ; des microlithes géométriques (pointes de flèches et armatures de faucilles notamment) ont conduit à classer ce site parmi ceux du Tardénoisien : civilisation mésolithique de chasseurs-pêcheurs très habiles dans l’art de tailler des microlithes. Voir Gérard Cordier* : la station tardénoise de La Blancharderie, in BSPF, 61. ET2, 1964
Aux Pierres-Levées (sud-ouest), il y avait un dolmen, détruit vers 1830, dont il reste quelques pierres en poudingue (roche sédimentaire) et sans doute aussi une carrière néolithique.
Il y eut probablement une agglomération gallo-romaine comme en témoignent les tessons de poteries communes et sigillées* des 1er et 2ème siècle après JC découverts en 1973 lors de la réfection du pavement de l’église ainsi qu’un tambour de colonne transformé en bénitier dans le chœur et deux pierres sculptées se trouvant à l’extérieur, à droite de l’entrée.
Ces pierres, décorées d’une rosace, d’un bouclier et d’un casque seraient, selon l’historien lochois Gérard Fleury (né en 1945), « un morceau de tombeau antique » mais il pourrait aussi s’agir d’une partie d’un linteau d’un temple qui aurait précédé l’église primitive, du 6ème siècle, dans laquelle on peut voir six sarcophages mérovingiens, dont celui d’une femme de l’aristocratie contenant un diadème brodé de fils d’or et une fiole en verre piriforme. Voir l’église ci-après.
Histoire du fief :
Le premier seigneur connu, cité en 1314, est Perrot de La Brosse, qui était le fils de Pierre III de La Brosse (1230/1278) (voir Chambourg-sur-Indre, Cormery, Langeais, Tauxigny) ; les seigneurs suivants furent Jean de Teilleul, cité en 1330, également seigneur de Draché, puis Amaury de Menou (mort en 1372), fils de Nicolas III de Menou (1305/1356) (voir Boussay).
Beaucoup plus tard, le fief fut la propriété de Louis Honorat de Baraudin (1710/1768) (voir Loches), petit-fils de Louis, cité en 1680 (voir La Grange, ci-après), dont la fille, Jeanne Louise Charlotte (1755/1793), fut l’épouse de Bernard de Chambray (1752/1797).
Histoire moderne :
Jacques Louis Dupont (1755/1823), ancien religieux, élu maire au moment de la Révolution, devint député à l’Assemblée législative en 1791, puis à la Convention en 1792 ; il sombra dans la folie et dut démissionner en 1794 ; il fut surpris en train de violer une vieille femme en 1797, et interné à Charenton, où il mourut en 1823.
Quatre moulins à eau fonctionnaient dans la paroisse :
- Le moulin de Battereau (chemin du moulin, dans le centre-bourg), sur le ruisseau du même nom, qui coule d’ouest en est et se jette dans l’Indre ; cité dès 1211, sous la forme molendinus de Batereau, il appartenait à la Commanderie des Templiers de Fretay à Loches; ce moulin a été restauré et fonctionne toujours.
Chambres d’hôtes : voir http://moulindebattereau.free.fr/m6.html
- Le moulin de Boutineau (au nord-est de la commune, sur la rive droite), sur le ruisseau du même nom, qui coule d’est en ouest et se jette dans l’Indre ; cité au 18ème siècle. Chambres d’hôtes ;
voir https://www.valdeloire-france.com/organiser/hebergements/chambres-dhotes/le-moulin-de-boutineau.
Voir aussi https://www.loirefishingholidays.com/about-us/moulin-history
- Le moulin Gigault (au nord-est de la commune, sur la rive droite, en amont du moulin de Boutineau) ; cité en 1825.
- Le moulin du château de La Brosse (voir ci-après), sur l’Indre, cité en 1221.
À voir dans le bourg
Église Saint-Pierre :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097910
« Eglise construite dans la seconde moitié du 10e siècle, d'abord constituée par une nef unique puis, dès la fin du 10e siècle, divisée en trois nefs à sa partie terminale, dont la médiane fut surmontée d'un clocher. La nef primitive est en petit appareil très irrégulier. Elle subit un remaniement important au début du 11e siècle avec la construction d'un chœur s'achevant par un chevet plat. La façade présente une porte flanquée de deux grands contreforts carrés, réunis par un cintre saillant qui abrite la porte. Le clocher est de la même époque. »
À l’intérieur, Vierge à l’enfant, en bois, du 17ème ou 18ème siècle ainsi que 6 sarcophages du 7ème siècle, découverts en 1973, dont l’un contenait les restes d’une femme richement vêtue.
À l’extérieur, à la base du mur sud, on peut voir 2 dalles sculptées, provenant d’une villa gallo-romaine du 2ème siècle ; sur la dalle de gauche, se trouve une rosace au centre d’un losange, et sur celle de droite, un casque accompagné d’un bouclier.
Derrière la mairie, dans l’Allée du Grenier-à-sel, une maison du 16ème siècle présente au-dessus de la porte d’accès, dans la cour, un linteau orné de guirlandes de feuillage.
Le lavoir sur le Battereau, rue de l’Indre, près du stade, a été aménagé en 1907.
Au nord du bourg : La Grille : château du 19ème siècle.
Au nord-ouest du bourg : La Grange :
Le logis, du 17ème siècle, fut vendu, en 1680, par Marie Madeleine Chaspoux (morte en 1718), petite-fille de Jean, cité en 1605 (voir Betz-le-Château et Loches), qui avait épousé en 1666, Jean Bochart de Champigny (1643/1720), à Louis de Baraudin, fils d’Honorat de Baraudin et de sa tante, Marie Chaspoux, citée en 1640 (voir La Cloutière, ci-après).
Au sud du bourg : Le prieuré Saint-Genest :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097911
« Du prieuré ne subsistent plus que les murs de l'abside polygonale. Murs, fenêtres et contreforts sont délabrés. La construction de cette chapelle doit remonter à l'époque de la fondation du prieuré par l'abbaye de Cormery, vers le 9e siècle, ce que confirmerait la base des murs en petit appareil de pierre. Les ouvertures murées semblent remonter au 11e siècle. Toute la partie supérieure a été reconstruite sans doute au 15e siècle. Près de la chapelle se trouve un puits à margelle du 16e siècle, décoré de pilastres et de mascarons. »
Subsiste également un pigeonnier cylindrique du 16ème siècle.
À voir au nord
La Cloutière :
Ce fief est cité pour la première fois, au 15ème siècle, sous la forme Cloudis, comme appartenant à Yseult de la Jaille (1400/1445), fille de Pierre III (1360/1420). De 1564 à1596, le propriétaire fut Emmanuel Baraudini (mort en 1596), originaire du Piémont, receveur des tailles à Loches, anobli par François 1er en 1543 ; ce dernier fut le grand-père d’Honorat de Baraudin (voir Loches), père de Louis de Baraudin, cité en 1670, lui-même grand-père d’un autre Louis de Baraudin (né en 1677), dont le fils, Louis Honorat de Baraudin (1710/1768), fut le père de Jeanne Louise Charlotte de Baraudin (1755/1793), épouse de Bernard de Chambray (1752/1797), dernier seigneur de La Cloutière en 1789 (voir aussi, ci-dessus, Histoire du fief et La Grange).
Le château actuel, du 18ème siècle, a remplacé un manoir, dont il reste un pan de mur, avec une fenêtre à meneau, flanqué d’une tourelle ; l’ancien portail d’entrée est encadré par 2 piliers quadrangulaires, supportant chacun un animal sculpté. Sa chapelle est mentionnée en 1787.
Il y a aussi dans la propriété un pigeonnier cylindrique, du 18ème siècle et une orangerie, creusée dans le rocher.
À voir au nord-est (rive droite)
La Charpraie :
Le premier seigneur connu de ce fief, qui relevait du château de Loches, fut, de 1312 à 1343, Raoul de Préaux, également seigneur de Chédigny, qui fonda en 1343 une chapelle dans la collégiale de Loches.
Le fief passa ensuite à la famille de Nouroy : Olivier de Nouroy (mort après 1431), également seigneur de L’Estang à Orbigny et de Vauroux (voir ci-après), fut le père de Jean I de Nouroy (mort avant 1466), lui-même père de Jean II (mort entre 1554 et 1560) (voir Chédigny), cité en 1529, dont la fille, Anne de Nouroy (morte après 1583) fut l’épouse d’Antoine I de Jussac (mort en 1574), également seigneur des Roziers à Pouzay, et la mère de Marguerite de Jussac, épouse de François de L’Estang (mort en 1623), gouverneur de Melun, cité en 1606.
Marie-Madeleine Chaspoux, propriétaire en 1680, vendit ce fief, en même temps que celui de La Grange (voir ci-dessus) à Louis de Baraudin (voir aussi La Cloutière ci-dessus).
Le manoir est composé de deux bâtiments des 15ème et 16ème siècle avec un escalier en pierre extérieur ; au rez-de-chaussée, deux salles à croisées d’ogive ont des clefs historiées ; cheminée à hotte.
L’écrivain Jacques Lanzman (1927/2006) a séjournée à La Charpraie dans les années 1990.
Montruand : le domaine est cité au 18ème siècle sous la forme « Moctruand », variante de « Moque Truant », signifiant « champ où le mendiant ne trouve rien à glaner ».
La Madeleine : Cette chapelle, du 12ème siècle, était celle d’une léproserie dépendant de l’hôpital de Loches. On y entrait par une porte en plein cintre, aujourd’hui murée. Il reste notamment les 4 chapiteaux sculptés de l’abside et de nombreuses têtes auréolées, peintes et gravées dans la pierre, figurant un cortège apostolique ou une assemblée de saints. Subsiste aussi un petit bâtiment attenant à la chapelle au nord. Cette chapelle fut interdite au culte une vingtaine d’années avant la Révolution ; elle fut modifiée au 20ème siècle pour devenir une habitation puis l’atelier d’un peintre.
Voir Gérard Fleury : La chapelle de La Madeleine à Perrusson, in Bulletin de la Société des Amis du Pays Lochois, 18, 2003
La chapelle, qui était en ruines, achetée en 2013 par Thierry Ferdoile et restaurée, est devenue un gîte ; voir https://www.gites-touraine.com/location-vacances-Gite-La-Chapelle-De-La-Madeleine-a-Perrusson-37G23911.html
Près de la sur une butte, où se trouvait la maison du bourreau de l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches, une ancienne ferme, en ruines, est accolée à un rocher, creusé pour servir de grange.
Vauroux : ce fief, qui relevait du château de Loches, appartenait au 15ème siècle à Olivier de Nouroy (voir La Charpraie, ci-dessus), dont le fils Jean I, dit lui-aussi seigneur de Vauroux, épousa en 1448, Jeanne Du Puy, dite de Bagneux, fille de Guillaume I Du Puy, dit de Basché (mort vers 1486) (voir Bournan) ; notons cependant que le frère de ce Guillaume I, Lyonnet Du Puy, dit de Basché (cité en 1460), est aussi dit seigneur de Vauroux dans les archives.
Les seigneurs suivants furent Guillaume II Du Puy, dit de Bagneux (mort en 1499), puis son fils, François Du Puy, dit de Bagneux (1498/1540), puis le fils de François, René Du Puy, dit de Bagneux (mort vers 1550), père de Bertrande Du Puy, dite de Bagneux (1547/1616), qui épousa d’abord, vers 1563, René de Benais (voir Bournan), puis Hardouin Du Fau (mort en 1605) puis Philibert Taveau de Mortemer (mort en 1630).
Le manoir du 15ème siècle, restauré au 18ème, a conservé une porte en anse de panier, une fenêtre à croisée de pierre et un pigeonnier au toit conique.
Le chirurgien Joël Le Scouarnec (né en 1950), accusé de nombreuses agressions sexuelles sur mineures et condamné en 2020 à 15 ans de prison, a exercé à Loches de 1983 à 1994 et habita alors à Vauroux.
La Ragotterie : ferme du 18ème avec une tour carrée.
À voir à l’est (rive droite)
La Brosse :
Guillaume d'Azay était propriétaire du fief en 1221 ; les propriétaires suivants furent Guillaume de Saint-Senoch (mort vers 1270) et Jean de Saint-Senoch, qui le vendit en 1270 à Guillaume Barbes. Par la suite, le fief appartint à la famille de Bridieu (voir Montreuil-en-Touraine) et le dernier seigneur fut ; de 1780 à 1789, Charles Marie de Bridieu.
Le manoir, du 17ème siècle, avait un portail double, une chapelle et un petit pigeonnier, qui a gardé ses boulins* et son arbre tournant.
Ce fief possédait un moulin sur l’Indre, dit le moulin Bodin, qui fut vendu en 1221 au Chapitre de la collégiale de Loches, qui le garda jusqu’à la Révolution.