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Pussigny


Le nom de cette commune située sur la rive gauche de la Vienne, entre Ports-sur-Vienne et Antogny-le-Tillac, apparaît pour la première fois en 920, dans un acte de Charles III le Simple, sous la forme Pusciniacus, venant du gallo-romain Pussiniacus ou « domaine agricole de Pussinius ».

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Les fouilles faites vers 1900 par M. Parfait, instituteur à Pussigny, sur la colline appelée le Château d’Amirette (voir ci-après) ont fourni du matériel paléolithique et néolithique : lames allongées, poinçons, percuteurs, grattoirs, tranchets, scies à encoches, haches polies, pointes de flèches. 

Le dolmen néolithique de Doux ou La Pierre Levée (au sud-ouest du bourg) est un dolmen circulaire dont la table, de 3,40 mètres de longueur, inclinée vers l’ouest, est supportée par six piliers rangés en cercle. Il est entouré d’une ceinture de pierres presque complètement enfoncées dans le sol. À l’origine, comme c’était généralement le cas, ce dolmen était recouvert d’un tumulus dont il reste des traces. Les fouilles, faites un peu avant 1894, ont fourni des silex taillés, une hache plate en bronze et des ossements, dont des cranes brachycéphales.

Il existait aussi, près de ce dolmen, un menhir, haut de 1,70 m., encore visible en 1894 (inventaire et photographie de Louis Bousrez*) mais disparu en 1923 (inventaire de Louis Dubreuil-Chambardel*) ; il était situé près de la ferme de Doux, sans doute près de l’endroit où une ancienne pancarte de bois indique « calvaire de Doux ». Les fouilles faites près de ce menhir ont fourni des haches polies, des grattoirs, des lames et des fragments de polissoirs portatifs.

Les fouilles préventives organisées par la DRAC entre mars 2012 et juillet 2013 à l’occasion de la construction de la ligne TGV Paris/Bordeaux, qui par ailleurs a gravement impacté cette commune, ont mis à jour trois sites préhistoriques et antiques au sud-ouest du bourg.

À Grouet, il a été découvert : 3 haltes de chasseurs de la fin du paléolithique, qui ont fourni des silex taillés et des pointes en silex ainsi que 530 vestiges osseux d’aurochs et de cerfs ; des tumulus, des fosses et des foyers à pierres chauffées du néolithique ainsi que des traces d’une occupation à l’âge du bronze et à l’âge du fer.

Au Fond d’Arrêt, à côté du dolmen de Doux (voir ci-dessus), il a été découvert : un habitat du néolithique final (-2 800/-2 500), caractérisé par de nombreux trous de poteau, supportant des petites habitations avec toiture à double pente et accompagné de plus de 10 000 tessons de céramiques (coupes, bols, cuillères, pots, fusaïoles) et de 2 900 silex taillés (grattoirs, scies à encoches, pointes de flèches, poignards, lames, lamelles), souvent tirés de nucléus du type Livres-de-Beurre provenant du Grand-Pressigny ainsi que des vestiges d’une occupation à l’âge du bronze et à l’âge du fer : fossé parcellaire, céramiques décorées, vases de stockage.

Au Vigneau, à 200 m. à l’ouest du dolmen, il a été découvert :

  • Une nécropole du néolithique moyen (-4 500/-4 300), qui a livré plus de 100 sépultures de défunts inhumés dans des fosses, en position fœtale, dont la tête était orientée à l’est, accompagnés de restes d’animaux, d’outils et d’armatures en silex, de vases en céramique de la « culture de Chambon », dénomination d’un type de céramiques découvertes dans cette commune.
  • Une autre nécropole de l’âge du bronze, avec des inhumations dans des coffres de pierre contenant des dépôts funéraires : poteries, objets en métal, perles, épingles en bronze, lame de couteau en fer, ainsi qu’avec des ossements brûlés placés dans des urnes. L’une de ces tombes, entourée d’un fossé et dont le fond était constitué de dalles soigneusement assemblées, était un vrai monument funéraire.
  • Un grand temple (fanum) gallo-romain, dont la cella mesurait 6,70 m. sur 6,10 m., implanté à l’est des nécropoles, était l’élément principal d’un sanctuaire situé à la frontière entre les Turons et les Pictons. À proximité de ce temple, se dressaient des habitations et des ateliers, où l’on a découvert de la vaisselle de table et de stockage, des fibules (épingles), un stylet en fer et une pièce de monnaie de Magnence (empereur de 350 à 353).

Une grande villa* gallo-romaine, qui a sans doute donné son nom à l’agglomération, s’étendait à la place du cimetière actuel (voir ci-après). D’autres domaines agricoles gallo-romains (villae*) existaient sans doute à Doux (dola villa, dans la charte 479 du cartulaire de Noyers*) et à Grizay (nord-ouest du bourg, à la limite avec Ports-sur-Vienne), venant de Gresiacus ou « domaine de Gresius ».

La colline appelée le château d’Amirette (voir ci-dessus) qui culmine à 116 mètres et qui se situe à Sauvage (voir ci-après), est nommée château de la Mirette sur la carte de Cassini* et Monsmiranz dans la charte 629 du cartulaire de Noyers, ce qui indique clairement que ce toponyme est en relation avec le latin mirare, signifiant « regarder » et ce qui laisse à penser qu’il y avait là, à l’époque gallo-romaine, un oppidum, permettant de surveiller la voie gallo-romaine suivant la rive gauche de la Vienne et le sanctuaire du Vigneau (voir ci-dessus).

Sur la pente de cette colline, du côté est, un peu au-dessus du bourg, se trouve la Fontaine Saint-Clair, vers laquelle il y avait autrefois un pèlerinage et une procession au début du mois de Septembre. Des vestiges des murs gallo-romains qui protégeaient cette fontaine sont encore visibles mais ne sont pas faciles à trouver et je remercie Monsieur Pascal Brunet qui m’a guidé avec une grande obligeance.

Moyen-âge :

La villa* gallo-romaine, qui se trouvait à l’emplacement du cimetière (voir ci-dessus), à l’intérieur de laquelle une église fut construite vers le 10ème siècle (voir ci-après), continua à être habitée au moyen-âge, comme l’indique la charte 31 (de 1064) du cartulaire de Noyers*, qui précise qu’il y avait là d’importantes maceriae (mot signifiant « murs de pierres sèches » et désignant en général des ruines gallo-romaines) ; de nombreux sarcophages mérovingiens, dont celui d’une certaine Lupicina, y ont été découverts. Certains se trouvent au château du Châtellier à Paulmy et il y a devant l’église deux couvercles de ces sarcophages.

Histoire du fief : 

Le fief appartint, en 1540, à Bonaventure Gillier (1514/1584), père de René Gillier (1552/1619), cité en 1600 (voir Faye-la-Vineuse) ; il passa ensuite à Jean I d’Armagnac, cité en 1610, également seigneur d’Isoré à Beaumont-en-Véron, grand-père de Jean III d’Armagnac (1631/1684), cité en 1682, lui-même père de Mathieu Pierre d’Armagnac (1675/1749), cité en 1705 (voir aussi le château de La Motte à Marcilly-sur-Vienne).

En 1762, il était la propriété de Jean Rabault des Rollands, qui avait usurpé le château de la Motte et le fief de Pussigny) le vendit à Anne Perrine de Gréaulme (morte en 1789) (voir Antogny-le-Tillac).

Histoire contemporaine :

Chaque année, à partir du mois de juin, des tableaux grand-format (2m x 3m) sont peints puis exposés dans les rues de Pussigny dans le cadre de la manifestation artistique étonnante, appelée les Pussifolies.

À voir dans le bourg

Église Saint-Clair :

Une première église, dédiée à Saint-Saturnin et appartenant à l’abbaye de Noyers (Nouâtre), est attestée dès le 11ème siècle ; c’est elle qui donna naissance au bourg de Pussigny, qui se forma peu à peu.

Cette église fut sans doute reconstruite au 12ème siècle, ainsi que le montre la façade actuelle, qui date de cette époque ; elle fut ensuite largement remaniée au 18ème siècle ; c’est probablement à cette époque qu’elle fut dédiée à Saint Clair, qui avait déjà donné son nom à une fontaine se trouvant au-dessus du village, vers laquelle il y avait autrefois un pèlerinage et une procession au début du mois de Septembre (voir Préhistoire et antiquité). Il s’agit probablement de Saint Clair d’Aquitaine, premier évêque d’Albi au 4ème siècle, qui était traditionnellement invoqué pour guérir les maux d’yeux et de nombreuses fontaines lui sont dédiées.

On peut voir à l’intérieur un vitrail de Julien Fournier, daté de 1893 et à l’extérieur, sur la droite, une pierre d’attente des morts ainsi que, de chaque côté du porche, deux couvercles de sarcophages et de nombreux graffiti représentant divers bateaux sur le mur gauche.

La Proustière :

Au-dessus de l’église se trouve le château féodal, nommé la Proutière ou la Proustière ou la Prouterie, toponyme venant de « proust », variante de « prévôt » et nom de personne à partir du 14ème siècle ; à la fin du 17ème siècle, cette propriété fut achetée par Hiérôme Babinet, qui embellit le château et y fit mettre ses initiales (H.B.).

Dans Vieux logis de Touraine, André Montoux décrit ainsi cette habitation « la maison, très simple, se compose d’un seul corps de logis avec un étage et un comble, entre deux pignons triangulaires. Les angles opposés sont épaulés par une tourelle carrée en encorbellement sur des corbeaux de pierre. Sous l’entablement en saillie de l’étroite fenêtre qui la surmonte, on remarque une foi avec la date 1612 et les initiales H.B [La « foi » est un motif architectural figurant deux mains entrelacées. Ce même motif se retrouve à La Boucaire à Ports-sur-Vienne, ce qui amène Pierre Souty (ancien magistrat installé à Ports) à penser que la famille Babinet possédait également cette propriété (voir Bulletin des antiquaires de l’ouest, 1964)]. Un grand bassin, devant le bâtiment, recevait autrefois les eaux de la fontaine Saint-Clair, qui passait pour guérir les maladies des yeux. ».

Le portrait de Hiérôme Babinet (1645/1710), conseiller au Présidial de Poitiers, peint en 1696, se trouve toujours dans le salon du manoir, qui resta la propriété de cette famille jusqu’à Césaire Victor Babinet, né en 1814 et mort à la Proustière en 1880. Un de ses lointains cousins était propriétaire de Bel-Air à Villeloin-Coulangé.

À gauche du porche d’entrée, on remarque un énorme tambour de colonne, dont la provenance est inconnue mais qui vient peut-être d’une ancienne entrée monumentale.

À voir en dehors du bourg

Sauvage (au nord-ouest)

Ce toponyme apparaît pour la première fois en 1069, dans le cartulaire de l’abbaye de Noyers*, sous la forme Salvaticum, déformation de Silvaticum signifiant « lieu au milieu des bois ». Le hameau est situé au pied d’une colline (culminant à 116 mètres) appelée, le château d’Amirette (voir Préhistoire et antiquité).

Le fief, qui relevait du château de Nouâtre, appartenait, en 1461, à Macé André (voir La Messardière à Courcoué).

On peut voir dans le hameau les vestiges d’un prieuré de l’abbaye de Noyers, fondé au 12ème siècle, ainsi que plusieurs anciennes maisons dignes d’intérêt. 

Il y avait deux moulins à Sauvage, alimentés par la Veude de Ponçay (anciennement la Bonosse), coulant entre Ports-sur-Vienne et Pussigny.

  • L’un situé près du hameau, cité dès 1055, appartenait à Méry, habitant de Pussigny ; qui l’avait acheté à Guy de France, plus connu sous le nom de Guy de Nevers et qui le donna à l’abbaye de Noyers,
  • L’autre près de la Vienne, le moulin Bertaut, est appelé le « moulin Brethel», dans la charte 176, de 1089, du cartulaire de Noyers*. 

Bois-Rond (à l’ouest) :

Ce domaine agricole, qui produit un fromage de chèvre appelé « la buche de Pussigny », ayant la réputation d’être servi sur la table de l’Élysée, est signalé par une chèvre géante.


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