Reugny
Le nom de cette commune, située dans le nord-est du département, apparaît pour la première fois en 1104, dans une charte de l’abbaye de Marmoutier, sous la forme Ruiniacum, venant de Rubiniacus ou « domaine agricole de Rubinius ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Selon le site de la commune, Le Croûle (sud-est) fut occupé à l’époque néolithique et un « puits ancien » (?) au lieu-dit Sêtre (est du bourg) lié à la légende d’une « ville disparue » à cet endroit, traduit probablement l’existence d’un site antique.
Selon l’abbé Jean-Jacques Bourrassé* (1813/1872) on découvrit en 1842, à Maupertuis (sud-est), un vase en poterie sigillée*.
En dehors du domaine indiqué par le toponyme de la commune, d’autres domaines gallo-romains (villae*) existaient probablement au Clos-de-Pocé (sud-est du bourg), venant de Pocciacus ou « domaine de Poccius », à Ville-Setier (au nord-ouest), où l’on retrouve le latin villa = « domaine agricole » et à Villiers (au nord-est), venant de Villaris, signifiant « domaine rural ».
Une voie secondaire gallo-romaine partait, à Vernou-sur-Brenne, de la grande voie qui suivait la rive droite de la Loire et montait vers le nord en suivant la rive gauche de la Brenne ; elle entrait sur la commune au lieu-dit La Poltrie (au sud-est), anciennement La Potterie, et elle reprise aujourd’hui par la route de Valmer, prolongée par la route de La Vallière. Cette voie rejoignait à Villedômer la voie Tours/Chartres.
En 1962, on découvrit à l’entrée sud de l’agglomération, une urne funéraire gallo-romaine, en verre verdâtre, avec deux anses striées, contenant encore les cendres d’un défunt, maintenant propriété de la SAT ; il y avait donc là très probablement la nécropole d’une agglomération.
Histoire du fief de Reugny :
En 1246, le seigneur de cette châtellenie, qui relevait du château de Tours, appartenait à Geoffroy de Brenne [je ne sais pas si c’est le même que le Geoffroy I de Brenne (mort en 1277), seigneur de Rochecorbon]. Le seigneur suivant fut, en 1275, Thibaut III de Mathefelon (mort en 1353), dont le fils, Thibault IV de Mathefelon (morte), cité en 1339, chambellan de Philippe VI (1293/1350) fut le père de Jeanne de Mathefelon (morte en 1399), qui avait épousé en 1346 Guillaume VII l’Archevêque (1320/1401), seigneur de Parthenay et de Semblançay. Leur fille, Jeanne l’Archevêque fut l’épouse, en 1390, de Guillaume IV de Melun (mort à Azincourt en 1415) et la mère de Marguerite de Melun (morte en 1448), laquelle épousa en 1417 Jacques II d’Harcourt (mort en 1423).
Mathieu d’Harcourt, demi-frère de Jacques II, est cité comme seigneur en 1461 mais peu de temps après, la seigneurie fut réunie à la couronne, qui la vendit alors à titre d’engagement* ; en 1477, Louis XI la céda à Guillaume d’Harcourt, fils de Jacques II ; François 1er la céda en 1531 à Marie Gautier, puis, en 1587, Henri III à Jean Paul Damaurin, lequel la vendit en 1591, avec l’accord d’Henri IV, à Jean Le Blanc, maire de Tours en 1575/76 et en 1589/90, général de ses finances en la généralité* du Languedoc, fils de Laurent II Le Blanc (mort en 1583), seigneur de La Vallière (voir ci-après), lequel, en 1596, détruisit complètement le château, dont il ne reste qu’un pan de mur. [Voir Louis Tricot : le vieux château de Reugny in BSAT 37, 1972. Louis Tricot, instituteur à Reugny a écrit de nombreux article sur sa commune.]
Histoire du fief de La Vallière :
Ce fief, qui relevait de Rochecorbon, est cité en 1236 sous la forme Valeria (petite vallée) fut acheté en 1542 par Laurent II Le Blanc (mort en 1583), maître d’hôtel de la reine Éléonore d’Autriche (1498/1558), épouse de François 1er, maire de Tours en 1558/59 et père de Jean Le Blanc, seigneur de Reugny (voir ci-dessus), qui mourut sans postérité. Le fief passa alors à son frère Laurent III Le Blanc (1559/1609), juge au Présidial de Tours et père de Jean Le Blanc (1580/1647), alias, en 1635, Jean de La Baume-le-Blanc, gouverneur d’Amboise, Trésorier général en la généralité* de Tours.
Ce dernier eut pour fils Laurent IV de La Baume-le-Blanc (1611/1654), père de Jean François (1642/1676) et de Françoise Louise (1644/1710), dite Louise de La Vallière, maîtresse de Louis XIV (voir Château-la-Vallière).
Jean François de la Baume le Blanc fut le père de Charles François (1670/1739), qui reçut en 1698 le duché de La Vallière, qui appartenait alors à sa cousine Marie Anne de Bourbon (1666/1739), fille légitimée de Louise de La Vallière et de Louis XIV. Il eut pour fils, Louis César (1708/1780), dont la fille Adrienne de La Baume le Blanc (1740/1812) fut la dernière propriétaire du fief. Pour la suite, voir le château de La Vallière.
Sur Reugny voir le blog très complet et très illustré de Guillaume Métayer (né en 1996) : reugny-neuille.blogspot.com
Histoire moderne et contemporaine :
La Brenne, qui coule du nord au sud à l’est de la commune et qui se jette dans la Cisse à Vernou-sur-Brenne, fait ou faisait fonctionner 5 moulins, qui sont, du nord au sud :
Le moulin de Chareau, cité dès 1440 sous la forme Charruau ; les bâtiments actuels ont été construits après 1819 ; il possède un lavoir rempli par une source ; il abrita des juifs pendant la seconde guerre mondiale.
Le moulin de Pierre ou de la pierre : ancien moulin à blé transformé en 1736 en moulin à foulon, situé près du château de Launay (voir ci-après) ; détruit au 19ème siècle.
Le moulin de La Vallière, cité en 1807 ; en dessous du château (voir ci-après)
Le moulin du pont, cité en 1395 sous le nom de moulin Blanchard, du nom de son propriétaire, Denis Blanchard ; reconstruit en 1838 ; fonctionne toujours.
Le moulin du puits : un acte de 1807 parle de deux moulins, un à blé et un à foulon.
La ligne de chemin de fer Tours/Sargé-sur-Braye (41170) (Loir et Cher), qui fonctionna de 1894 à 1938, avait une gare à Reugny (à voir) ; cette gare, devenu une habitation privée, se trouve rue Émile Zola, au nord-est du bourg ; la ligne empruntait d’abord la voie Tours/Vouvray puis, à partir de Vouvray, montait vers le nord en passant par Vernou-sur-Brenne, Chançay, Reugny, Neuillé-le-Lierre, Villedômer et Château-Renault.
Il y a 3 lavoirs dans la commune : le lavoir de la rue de La Fontaine, (bourg nord-est) a été construit en 1856, sur une source, qui alimente aussi une fontaine. Un autre lavoir, qui se trouve rue du Haut Mélotin (à l’ouest de bourg), date de 1890 et a été restauré en 2007. Un 3ème lavoir existe au moulin de Chareau (voir ci-dessus).
À voir dans le bourg
Église Saint-Médard (5, Place de Verdun)
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-M%C3%A9dard_de_Reugny
« L'église présente une nef du XIIème siècle couverte de voûtes modernes et dont la façade a été très restaurée. Cette nef aboutit à une travée de chœur couverte d'une voûte angevine, également restaurée.
Au nord et au midi ont été ajoutées deux chapelles. La première date du XIIIème. La seconde, plus grande, est du XVème. Elle comprend deux travées couvertes d'un berceau de bois orné de peintures dans la travée orientale. D'après les armoiries figurant dans ces peintures, cette décoration aurait été exécutée par ordre de la mère de Jean de La Baume Le Blanc, à l'occasion du mariage de son fils, c'est-à-dire vers 1609 ou 1610 [Jean de La Baume Le Blanc, fils de Laurent III et de Marie Adam (épousée en 1577) épousa pour sa part ; en 1609 Françoise de Beauvau (1580/1624), fille de Jean de Beauvau (mort en 1594), seigneur du Rivau à Lémeré.]
Entre les deux fenêtres flamboyantes s'ouvre une petite chapelle seigneuriale dans laquelle fait saillie le contrefort extérieur et dont la clef de voûte porte les armes des La Baume Le Blanc : coupé d'or et de gueules, au lion léopardé, coupé d'argent et de sable, langué de gueules et couronné d'argent.
L'abside de l'église a été complètement restaurée.
L'intérieur de l'édifice présente plusieurs inscriptions, dont l'une rappelle une fondation faite par les frères de Laurent le Blanc [Laurent III], tué au siège d’Ostende en 1602. On remarque aussi la pierre tombale d'un membre de la même famille. [On peut aussi y remarquer une plaque commémorative rappelant une fondation de messes en 1555 par Marc de La Rue père (voir le château de La Côte ci-dessous).]
En décembre 2020, la municipalité a fait démonter le clocher tors, au motif de son instabilité menaçant la sécurité publique. »
On peut notamment voir à l’intérieur une statue de la Vierge au manteau bleu, faite en Italie au 15ème siècle et un vitrail représentant Saint Médard, réalisé par le maître-verrier Louis Gouffault, qui créa un atelier à Orléans en 1930.
Rue Voltaire (bourg nord
Dans cette rue, qui monte vers l’ancien château seigneurial, se trouvent 3 bâtiments intéressants :
Au n°6, l’ancien presbytère de 1736 a servi de mairie en 1800 puis de nouveau de presbytère en 1803 ; la propriété avait une grange à dîmes*, une écurie, un four à pain et un four à pâtisserie.
Au n°8, la maison dite le Navire est caractérisée par son étage en saillie reposant sur des modillons en pierre et en brique par alternance ; selon l’abbé J. J. Bourassé* (1813/1872), c’était une maladrerie au 15ème siècle et un hôpital jusqu’au 17ème ; elle abrita le bureau de poste au 19ème siècle puis une propriété viticole dans les années 1960.
Au n°10, la Grand’Maison, avec son toit à la Mansart, servait au 17ème siècle de logement au médecin de l’hôpital voisin.
Cette rue Voltaire est prolongée par la rue de l’Ancien Château où se trouvait le château seigneurial, dit aussi royal, puisque le fief appartint à la couronne (voir Histoire du fief de Reugny), qui fut détruit en 1596 et dont il ne reste qu’un pan de mur.
À voir au nord
Launay(nord-est) :
Texte inspiré en très grande partie par les articles de Guillaume Métayer.
Le propriétaire de ce domaine, cité pour la première voir en 1635, était, en 1701 Jacques Du Bois, commissaire ordinaire des guerres ; il fut ensuite acheté,1761, par Guillaume Delamardelle (1732/1813), procureur du roi du bailliage de Tours, procureur général à Saint-Domingue, en 1767, maire de Reugny en 1800. Après la mort de sa femme en 1806, Guillaume Delamardelle continue à vivre à Launay avec sa fille Elizabeth Delamardelle (1765/1845), qui épouse en 1809 Augustin Duchamp de La Frillière (1767/1830), secrétaire général de la préfecture d'Indre-et-Loire. Ce dernier est maire de Reugny de 1819 à 1821.
En 1848, Edmond Chédéhoux (1798/1883), vice-consul de France au Mexique, devient propriétaire du château. Il est enterré au cimetière de Reugny avec son neveu, Victor Lefébure (mort en 1924), qui hérite du château. Ce dernier, maire de Reugny de 1892 à 1923 et conseiller général du canton de Vouvray de 1907 à 1924, ingénieur des arts et manufactures, membre influent de la loge maçonnique des Démophiles à Tours, va moderniser le château, pour en faire un domaine complètement autonome. À cet effet, il fait installer un transformateur électrique dans l’ancien pigeonnier carré au toit à 4 pans couvert de tuiles et surmonté d’un lanternon carré.
Son plus jeune fils, Edmond Lefébure, en est propriétaire jusqu'en 1942. Il ne devait pas vivre au château, puisqu'en 1936 seul un couple de jardiniers y est recensé. Faustin Aymé, père de Marcel Aymé (1902/1967), est régisseur du château de Launay en 1911. Cependant, rien ne prouve que son célèbre fils soit venu à Reugny
En 1942, le département de la Seine acheta le château pour y installer un sanatorium. De 1960 à 1973, un institut médico-pédagogique occupa le domaine de Launay. Il abrite actuellement un Établissement Médico-Éducatif (EME)
Voici une description du château, en 1741 : « La Maison de Launay, consistant dans un grand bastiment double couvert d'ardoises, distribué par le bas de deux grands vestibules, deux grandes chambres, plusieurs cabinets offices, chambres à côté, chambres hautes, vestibules, cabinets à côté, autres chambres en mansardes lambrissées, un grand degré pour y monter, une cuisine en bas, chambre au-dessus couvert d'ardoises, une fuye à pigeons garnie de boulins* de pigeons, un grand hangar à l'un des coins de la cour, une grande cour et terrasse devant, un puy dedans près la cuisine plusieurs bâtiments y joignant, devant est la basse-cour qui consiste en une chambre à boullangerie et pressoirs, caves, granges, écuries, étables, remises, buchers, aisances et plusieurs greniers sur les bâtiments, une grande basse-cour, plusieurs grandes portes cochères et charretières pour entrer dans lesdits lieux, un jardin en terrasse et en parterre, un autre grand jardin potager en bas orné de charmilles en allées... »
Boissay ou Boissé (nord-est) :
Texte de Guillaume Métayer :
« En 1501, François de Lavardin est seigneur de Boissé [François de Lavardin, mort vers 1522, fut le père de Louise de Lavardin (voir Cinq-Mars-la-Pile) et de Louis de Lavardin (voir Neuillé-le-Lierre), également seigneur de Boissé ; il fut, à la fin de sa vie, 1er échanson de François 1er]. C'est certainement lui qui fait reconstruire le château, dont les vestiges encore visibles sont datables du premier tiers du XVIe siècle. Après les Lavardin, le château de Boissé voit une succession de différents seigneurs. En 1559, Paul Turpin de Crissé est cité comme seigneur de Trogues, Boisay, la Turbalière (aujourd'hui la Tourballière, manoir situé sur la commune de La Celle-Saint-Avant) et de Monthoiron (village de la Vienne). En 1603, Le fief de Boissé est érigé en châtellenie en faveur de Claude de Préaux. [Selon d’autres sources, le fief appartenait en 1603 à Gilbert ou Gilles de Préaux, qui avait épousé en 1588 Charlotte de Lavardin, petite-fille de François et père de Claude de Préaux, chambellan de Louis XIII, qui vendit la propriété à Jean Le Blanc en 1633]. En 1619 il appartient à Gilles de Préaux [Gilles ou Gilbert]. En 1633, Jean le Blanc, seigneur de la Vallière en devient propriétaire [voir Histoire du fief de Reugny]. En 1650, le fief est réuni à la Vallière sous le titre de châtellenie de la Vallière. En 1680, le château de Boissé est détruit par le seigneur de la Vallière.
1736 : "Fief de Boissay, consistant dans un chateau en ruine, lequel a este demolly depuis longtemps, et dont les materieaux onts servie aux réparations des moullins et metairie. Il reste apresant la maison du metaier, deux petittes granges, deux estables et une ecurie [voir plus bas], cavve, cours et jardins et une fuye a pigons dans laquelle il n'y en a aucuns [détruite depuis]".
La chapelle est troglodytique, mais peut-être qu'il s'agissait à l'origine d'un commun mis en valeur par une entrée décorée. Le linteau mouluré est surmonté par une coquille Saint-Jacques (motif typique de la Renaissance) entourée d'un décor sculpté aux formes arrondies, montrant une synthèse entre les gâbles gothiques et le nouveau vocabulaire ornemental de la Renaissance.
Enfin Boissé a la particularité d'avoir conservé sa glacière. »
Les Argouges (nord-ouest) :
Le premier seigneur connu est Guyomard de Villeblanche, également seigneur de La Rochère à Noizay. Par la suite les propriétaires furent, en 1624, Jean de La Baume Le Blanc (voir Histoire du fief de La Vallière), puis, en 1675, Anne Bonnin de La Bonninière (1602/1689), petit-fils de Jehan (voir Beaumont-la-Ronce), inhumé dans l’église et père de Claude Bonnin de La Bonninière (1643/1707), cité comme seigneur en 1706.
Le château seigneurial, abandonné en 1765 et en ruines en 1819 ; a disparu mais il reste de cette propriété entourée de douves la maison du métayer, du 15ème, ainsi qu’une grange, du 15ème également.
À voir à l’est
La Vallière (voir histoire du fief) :
Adrienne de La Baume Le Blanc (1740/1812), dernière propriétaire du fief (voir Histoire du fief de La Vallière) avait épousé en 1756 Louis de Châtillon (1737/1762), grand fauconnier de France, et fut la mère d’Amable Émilie de Châtillon (1756/1840), propriétaire du château de La Vallière à la mort de sa mère et duchesse d’Uzès suite à son mariage en 1777 avec Marie François de Crussol (1756/1843), duc d’Uzès et pair de France ; ces derniers furent les parents de Thimette de Crussol (1785/1866), héritière du château et marquise de Rougé après son mariage en 1804 avec Bonabes Louis de Rougé (1778/1838). Leur fils, Louis de Rougé (1813/1880) fut le père de Bonabes Jean de Rougé (1846/1897), qui vendit le château en 1872
On accède au château par un portail double du 15ème siècle, surmonté de machicoulis et flanqué à gauche d’un pigeonnier circulaire avec un toit à lanternon, transformé en chapelle au 19ème ; ce portail a gardé des traces du pont-levis permettant de franchir les douves, aujourd’hui comblées. Le château lui-même, reconstruit au 16ème siècle, est un pavillon rectangulaire accompagné à l’est par une haute tour d’escalier carrée, couverte d’un dôme. Il y a aussi une grange du 16ème avec une porte en plein cintre.
Hôtel de luxe actuellement : voir https://www.chateaulouise.com/
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_La_Valli%C3%A8re
« À l'intérieur on remarque, au premier étage, deux cheminées dont l'une a son manteau orné d'une plaque de marbre où sont gravées les devises : Ad principem ut ad ignem et Amor indissolu, ainsi que le monogramme des La Baume Le Blanc. Au-dessus de l'autre cheminée est une peinture champêtre avec personnages en costumes du temps de Henri III. Au nord du pavillon se développait un corps de logis de la même époque qui a disparu, et qui a été remplacé par une construction moderne. Du côté nord de la cour subsiste un petit bâtiment composé d'un rez-de-chaussée et d'un comble, avec porte à fronton et lucarne qui est également du xvie siècle. Au-delà du château une curieuse grange dont la porte, voûtée en plein cintre, supporte un escalier droit appliqué à la façade, est, elle aussi, contemporaine du château des La Baume Le Blanc7.
Le château est implanté sur un terrain de 18,8 hectares agrémenté de jardins à la française et d’une forêt comprenant des arbres centenaires (chênes, marronniers, cèdres, hêtres). D'une surface de 914 m2, il est composé de 40 pièces (9 chambres dont 2 suites parentales, 2 salons, une salle à manger, une bibliothèque, 4 salles de bains, 3 salles d’eau). En 2015, il est mis en vente pour 1,785 million d’euros.
Acquis en 2018 par Mira Grebenstein et Xavier Aubry, le château est devenu un hôtel de luxe9 qui ouvre au public le 15 octobre 2022. L'hôtel (Relais et Châteaux) de 20 chambres est entièrement meublé dans l'esprit de l'époque par le décorateur Jacques Garcia [né en 1947].
En 2022, le propriétaire demande au même Jacques Garcia de concevoir un projet de bâtiment de 1 250 m2 au sol (4 000 m2 sur trois étages) pour accueillir un incubateur de start-up. Le premier lieu d'implantation envisagé est hors du parc du château, à 100 m de celui-ci, une autre option étant à 480 mètres, tous les deux dans un périmètre inférieur aux 500 mètres de protection des monuments historiques. Les Bâtiments de France émettent initialement des réserves sur l’intérêt d’une telle construction à 100 m du château.
Le second lieu d'implantation à 480 m du château est alors envisagé : une parcelle agricole de 2 ha en bordure de départementale récemment reboisée, sans vis-à-vis avec le château. Le projet en est actuellement au stade des études environnementales.
Le limogeage, le 7 décembre 2022, de Marie Lajus [née en 1971], préfète d'Indre-et-Loire, déclenche une polémique nationale, lancée par Le Canard enchaîné et relayée par la presse. Selon Le Canard enchaîné, la préfète a été limogée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sous l'influence d'élus locaux. »
À voir au sud
La Côte :
Ce château fut construit ex nihilo au début du 16ème siècle par Jean de La Rue (1465/1508), secrétaire du futur François 1er, et son épouse Perrine Le Fuzelier (morte en 1535). Leur fils, Marc de La Rue (mort en 1559), également propriétaire de Bois-Jésus à Fondettes, argentier de François 1er, avec qui il fut fait prisonnier à Pavie*, maire de Tours en 1535/36, fut le père d’un autre Marc de La Rue (mort vers 1586), de Renée (morte en 1597), qui épousa Gabriel Du Raynier, seigneur de Dorée à Parçay-sur-Vienne, et d’Anne, épouse d’André Blondel de Rocquencourt (mort en 1558), contrôleur général des finances (ministre) d’Henri II, pour qui Ronsard (1524/1585) écrivit une épitaphe et dont Jean Goujon (1510/1567) sculpta la dalle funéraire.
En 1596, la propriété fut saisie sur Renée de La Rue et vendue à Jean Forget de La Tortinière (1530/1599), maire de Tours en 1598/99, arrière-petit-fils de Jean II Forget de Lavau.
Parmi les propriétaires suivants, on peut citer, en 1721, Charles de La Martellière (mort en 1748), mousquetaire de Louis XV, également seigneur de Chançay, puis, en 1760 Nicolas de Chaban, administrateur des postes et seigneur de Chançay, qui céda le domaine, en 1763, à sa sœur Marie de Chaban, épouse de Jacques Valleteau de Chabrefy ; anobli en 1771 ; ces derniers furent les parents de Thomas I Valleteau de Chabrefy (1733/1792), lieutenant général au bailliage* de Tours et président du département d’Indre-et-Loire en 1790, père de Thomas II (né en 1778), maire de Chançay, lui-même père de Jérôme Valleteau de Chabrefy (né en 1813), qui hérita du château.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097940
« Le fief relevait de la châtellenie de Reugny. L'ensemble architectural comprend un château de la fin du 15e siècle et du 16e siècle, un pigeonnier du 18e siècle, une chapelle du 16e siècle et le portail du 18e siècle. Le château présente une architecture et un décor Renaissance. L'édifice a été construit en plusieurs étapes. Le bâtiment sud possède un volume représentatif de la fin du 15e siècle. Il a été prolongé au début du 16e, à l'ouest, par une courte aile et, à l'est, par une aile formant la façade orientale. Au 17e siècle, les meneaux des ouvertures sont détruits et remplacés par des baies à petits carreaux. Quelques restaurations ont été exécutées au 19e siècle : modifications de quelques ouvertures, décors d'armoiries en façade. »
Le château, construit dans la vallée de la Brenne, rive droite, fut agrandi et modifié au 16ème siècle par Marc de La Rue père, qui fit notamment édifier une chapelle contenant un vitrail représentant la Crucifixion, surmontée par la Visitation et la Nativité, avec, en dessous, les armes des Forget encadrant Saint Pierre. Selon Guillaume Métayer, ce vitrail aurait pu être réalisé par Jean Poyer (actif entre 1465 et 1504) ou par le Maître de Spencer 6 (actif entre 1490 et 1510), qui est peut-être l’auteur du Livre d’heures de Jean de La Rue, ce qui me semble totalement impossible puisque ces deux artistes sont des enlumineurs n’étant jamais cités comme des maîtres-verriers et puisque la présence des armes des Forget indique que le commanditaire de ce vitrail est plutôt Jean Forget de La Tortinière.
Le château est flanqué d’une tourelle d’angle cylindrique contenant un escalier et d’un puits couvert ; outre la chapelle du 16ème, il y a aussi dans le parc un pigeonnier circulaire du 18ème, comprenant 1120 boulins* et entouré, comme c’est souvent le cas, d’un larmier empêchant les petits animaux nuisibles d’accéder à l’intérieur du pigeonnier
Le Petit Rochecorbon :
Ce fief, dépendant vraisemblablement de Rochecorbon comme son nom l’indique, appartenait aux seigneurs de la Côte ; en 1566, Marc de La Rue (fils) est qualifié de « seigneur de La Couste (la Côte) et de Rochecorbon ».
Le château, construit au 16ème siècle pour la famille de La Rue, avec une imposante tour d’escalier polygonale, fait face au château de la Côte, auquel il servait d’annexe et de conciergerie.