Saint-Branchs
Le nom de cette commune située au sud-est de Tours et au nord-est de Sainte-Maure-de-Touraine, apparaît pour la première fois au 13ème siècle, sous le nom de « paroisse de Saint Benignus » puis au 14ème siècle sous la forme « paroisse de Sainct Berancht ».
Il s’agit sans doute d’une confusion entre deux saints peu connus : Saint Benignus (le Bienveillant) serait un évêque d’Armorique enterré dans la région après être venu faire un pèlerinage à l’abbaye Saint-Martin de Tours, tandis que Saint Branchs aurait été un ermite, du nom de Brachhio (Ourson), ancien serviteur du duc d’Auvergne Sigevald (mort en 533). Grégoire de Tours, né lui-même en Auvergne, parle de lui comme d’un ami.
Quoiqu’il en soit, les deux saints sont réunis puisque l’église de Saint-Branchs est dédiée à Saint Bénigne (voir ci-après).
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Le territoire de cette paroisse a été occupé dès le néolithique comme le montre la découverte de pointes de flèches, de haches et de poignards.
Le toponyme Les Hautes Bornes, au nord-est du bourg, indique peut-être la présence à cet endroit de mégalithes disparus.
Les photographies aériennes de Jacques Dubois* ont fait apparaître des formes quadrangulaires datant de l’époque protohistorique ainsi que des traces de voies gallo-romaines, notamment celle allant de Nouâtre à Azay-sur-Cher, qui traversait à gué l’Échandon, près du Pont-Girault (voir ci-après).
Histoire des fiefs :
Le fief de la paroisse était une châtellenie et une prévôté qui dépendait du chapitre de la cathédrale de Tours.
Le fief de la Richardière (voir ci-après) est cité en 1490 dans le cartulaire de l’abbaye de Cormery comme appartenant à Mathurin Marques, membre sans doute de la famille Marques, qui fit édifier le premier château de Chenonceau au 13ème siècle. Les seigneurs suivants furent :
- En 1505, Guillaume Pichot.
- En 1539, Étienne Trotereau, receveur ordinaire de Touraine sous François 1er.
- En 1593, François Trotereau.
- En 1630, Pierre de Vonnes (mort en 1631), époux d’Antoinette de La Martinière, cité en 1647, fils d’Urbain de Vonnes (voir Bréhémont), frère de François I de Vonnes (voir Saint-Bauld) et père de Jacques de Vonnes, cité en 1668.
- En 1686, N. Bougrier.
- En 1750, Marie Marguerite Charlotte Lebevre, veuve d’André Nicolas Bodard.
Le fief de la Tour (voir ci-après la Tour Rouardière), est cité en 1070 dans le cartulaire de Cormery sous la forme turris Eblonis ou Tour d’Eblon, comme appartenant à Hugues de Langeais. Les seigneurs suivants furent :
- En 1390, Jacques de Pocé, peut-être de la même famille que les Pocé de Pocé-sur-Cisse.
- En 1466, Jean Bonnart, également seigneur du fief du Grand Hôtel à La Croix-en-Touraine, maire de Tours en 1466/67.
- En 1475, Gilles de Brion : bourgeois de Tours et receveur de la ville.
- En 1487, Jean Morin (mort en 1505) : receveur général du Poitou, dont la fille, Marie Morin, épousa en 1514 Antoine II de Rancher (mort en 1549), président de la chambre des comptes de Tours, ambassadeur en Turquie pour le roi Henri II.
- En 1583, Simon Trotereau, de la même famille que les Trotereau de La Richardière (voir ci-dessus).
- En 1607, Jean du Plessis, capitaine des gardes d’Henri II de Bourbon-Condé (1588/1646), dont l’épouse, Marie Rouault, est citée comme propriétaire du fief en 1631.
Histoire contemporaine :
Saint Branchs est connu pour sa foire aux melons qui a lieu le 29 août, héritage possible de la foire aux bestiaux du Moyen Age qui portait le nom de « la Collesse », selon le dictionnaire de Carré de Busserolles.
Au 19ème siècle, René Aimé Besnard, né à Saint-Bauld en 1821 et installé à Saint-Branchs comme maréchal des forges, fabriqua « une machine à battre », considérée comme l'ancêtre des "moissonneuses-batteuses".
Il y avait 2 lavoirs :
- Un dans le bourg, alimenté par une éolienne Bollée* en 1900 et détruit en 1974.
- Un au nord-est du bourg, au lieu-dit La Fontaine, qui existe toujours.
À voir dans le bourg
Église Saint-Bénigne :
Presqu’entièrement reconstruite en 1897 en style néo-gothique, l’église n’a conservé du précédent édifice du 12ème siècle, que le croisillon septentrional du transept. Il est couvert d’une voûte sur croisées d’ogives retombant sur des chapiteaux ornés d’animaux fabuleux.
On peut voir à l’intérieur :
- Près de la porte latérale, un beau bénitier du 13ème siècle, orné de trois têtes humaines grossièrement sculptées de profil.
- Dans le chœur entouré d’un déambulatoire, le maître-autel avec le gisant du Christ en marbre blanc et un bas-relief représentant la Cène.
- La statue en bois de Notre-Dame de Beauchêne (voir ci-après).
Le monument aux morts :
Érigé en 1921 et sculpté par Gautier Rembaux, il représente un Poilu remettant sa baïonnette dans son fourreau d’un air satisfait, avec ces paroles : « on les a eus » ; situé auparavant sur la Place du 11 novembre, il a été transplanté, derrière la mairie, rue de la poste en 2006.
À voir au nord-est
La chapelle Notre-Dame de Beauchêne :
D’après la légende, cette chapelle a été construite, afin de protéger une statue en bois de la Vierge. En 1562, pendant les guerres de Religion, un moine de l’abbaye de Cormery aurait caché cette statue dans le creux d’un vieux chêne où elle est finalement oubliée. Bien plus tard, un bouvier la découvrit car un de ses bœufs léchait toujours en passant l’écorce de cet arbre. Ayant été retrouvée dans le bois de Bau, elle prend le nom de Bauchêne.
Un modeste oratoire fut dressé à son intention et cet endroit est devenu un lieu de pèlerinage. On y allait pour que les enfants aient une bonne santé et également pour obtenir de la pluie. En 1862, devant le succès du pèlerinage, l’actuelle chapelle en pierre fût érigée. La statue de Notre-Dame de Beauchêne se trouve maintenant dans une chapelle de l’église de la commune (voir ci-dessus).
La Richardière (voir Histoire des fiefs) :
Vestiges d’un château des 15ème et 16ème siècle.
Le Pont Girault (voir Préhistoire et antiquité) :
Ce pont, édifié au 13ème siècle sur 3 arches en arc brisé, enjambe l’Échandon en contrebas du Château-clinique de Montchenain (voir ci-après). La légende veut que Jeanne d’Arc, allant à Sainte-Catherine-de-Fierbois ait franchi cet édifice. Très endommagé à la suite de la forte crue de l’Échandon en juillet 1977, il a été renforcé l’année suivante.
Ce pont est dit aussi Pont-aux-féés ou Pont Romain car, selon la tradition, il avait été construit pour permettre à une voie romaine (voir ci-dessus), reprise ensuite par la route allant d’Amboise à Poitiers, de franchir le cours d’eau mais en réalité cette voie empruntait un gué, qui se trouvait à gauche du pont.
Montchenain :
Le fief est cité vers 1025 dans le cartulaire de Cormery sous la forme Mons Caninus (Mont du Chien) ; le château est situé sur la commune d’Esvres-sur-Indre tandis que la grange à dîme* du 14ème siècle, est sur la commune de Saint-Branchs
La Tour Rouardière (voir Histoire des fiefs) :
Il ne reste là qu’une tour du 16ème siècle, élevée au-dessus de la vallée de l’Échandon.