Saint-Germain-sur-Vienne
Le nom de cette commune, située, pour sa plus grande partie, sur la rive gauche de la Vienne, juste avant Candes-Saint-Martin, apparaît pour la première fois en 1247, sous la forme parrochia Sancti Germani de Pratis, c’est-à-dire « paroisse de Saint-Germain-des-Prés (de Candes) ».
Le centre de la commune se trouve en fait à 2 km environ au sud-est de l’église, à La Chaussée, toponyme qui indique la présence d’une voie gallo-romaine (voir ci-après), où il y a la mairie, l’école et les commerces.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Comme toute la vallée de la Vienne, le site fut occupé au néolithique comme le montrent les toponymes, La Pierre-Philippe (ou la Pierre-Fritte ou la Pierrefitte), où se trouvait un dolmen, situé à 200 m. au sud de La Chaussée et détruit vers 1880, près duquel on a trouvé un important matériel lithique ainsi que Les Perrons (au sud-est), toponyme indiquant la présence de mégalithes disparus.
Des haches polies ont été trouvées dans la Vallée-des-Veaux (sud-ouest), à La Gaudrée (au sud-est) et dans la Vallée-des-Grottes (au nord-ouest).
Un beau vase néolithique, indiqué comme provenant de Saint-Germain-sur-Vienne, peut être vu à l’écomusée du Véron, à Savigny-en-Véron.
À l’époque gallo-romaine, l’existence d’une voie, qui suivait la rive gauche de la Vienne (voir ci-après), favorisa le peuplement et Jean-Mary Couderc*, in L’habitat rural gallo-romain dans la vallée de la Vienne (BSAT 50, 2004) indique 12 établissements dans la région.
Une nécropole et des vestiges (tuiles, murs) gallo-romains ont notamment été découverts au Petit-Thouars (voir ci-après). Selon Louis Bousrez* (voir BSAT 10, 1895-96), il y avait peut-être là un oppidum protégeant la voie antique mais on pense généralement qu’il s’agit des restes d’une villa* gallo-romaine.
Venant de Chinon, une voie gallo-romaine est encore bien marquée dans le paysage sous le nom de GR 3 ; après Pontille (commune de Chinon), célèbre, au temps de Rabelais , pour ses vaches et pour ses oies (voir Gargantua : chapitre 7 et Le Cinquième Livre : chapitre 15), elle arrive sur la commune de Saint-Germain et passe sur le Pont de Clan, également cité par Rabelais (voir Gargantua : chapitre 47), qui a peut-être été reconstruit sur un pont gallo-romain, puis, peu avant de rejoindre La Chaussée et la D 751, sur un autre pont typiquement gallo-romain et enfin sur le pont dit gallo-romain de La Chaussée, qui, en fait, est un pont du moyen-âge.
Après La Chaussée, la D 751 passe à Rassay, toponyme venant de Recciacus ou « domaine de Reccius » (voir ci-après) puis à la Fontaine Sainte-Radegonde ; peu après, il se peut qu’une voie (aujourd’hui D 7) partît vers Ingrande* (commune de Couziers), où passait la frontière entre les Turons* et les Pictons, comme l’indique le toponyme, tandis que la voie principale continuait vers Candes-Saint-Martin.
Histoire contemporaine :
Il existait, depuis le 18ème siècle, un bac* sur la Vienne, situé entre Rassay (rive gauche) et La Vacherie (rive droite), où passait un chemin allant vers Candes-Saint-Martin et Savigny-en-Véron (rive droite). Ce passage permettait de transporter le foin récolté dans le riche Véron mais il était aussi utilisé par les faux-saulniers pour rejoindre la rive droite de la Loire, située, sous l’ancien régime, en Anjou, qui était une province rédimée, c’est-à-dire non soumise à la gabelle.
Histoire du fief (paroisse et château) :
Le premier seigneur connu, cité en 1304, fut Aimery d’Archiac, père de Jean d’Archiac, cité en 1347, lui-même père de Jeanne d’Archiac, dame de Saint-Germain, qui épousa en 1365 Aimery II de Rochechouart (mort en 1393), chambellan de Charles V puis de Charles VI, et qui fut assassinée par son mari en 1377, lequel obtint des lettres de rémission l’année suivante !
Ce fief fut acheté en 1470 par Gautier I de Pérusse d’Escars, chambellan de Charles VIII, père de François de Pérusse d’Escars, cité en 1358, chambellan de François 1er, lui-même père de Jean de Pérusse d’Escars, mort en 1595, lieutenant-général des armées du roi.
En 1636, le fief fut acquis, en même temps que le château du Petit-Thouars (voir ci-après) par Georges I Aubert (1593/1648), officier des gardes du roi, tué lors de la Journée des barricades, au début de la Fronde contre Mazarin (1602/1661), père de Georges II Aubert (1645/1720), gouverneur du château de Saumur, lui-même père de Georges III Aubert (1677/1763), dont le fils, Georges IV Aubert (1724/1794), dernier seigneur de Saint-Germain, fut arrêté pendant la Révolution et mourut à Tours la veille du jour où il devait passer en jugement.
À voir dans le bourg
Église Saint-Germain :
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Germain_de_Saint-Germain-sur-Vienne
« L'église est en grande partie construite au xiie siècle, mais elle comporte des éléments d'un ou plusieurs édifices antérieurs : une partie de mur du xe siècle et des remplois encore plus anciens.
Dans son Histoire des Francs, Grégoire de Tours* indique qu’Injuriosus, évêque de 529 à 546, fonde à Saint-Germain-sur-Vienne une basilique pour y accueillir des reliques de Saint Germain d’Auxerre [380/448]. L'édifice religieux comporte des éléments en remploi datés du viiie ou du ixe siècle, peut-être une église postérieure à la basilique d'Injuriosus.
Le mur nord de sa nef est sans doute le vestige d'une église construite à la fin du ixe ou au début du xe siècle mais l'ensemble de l'édifice est rebâti au xiie siècle. C'est d'ailleurs en 1129 que l'église de Saint-Germain est pour la première fois mentionné dans les textes. Une sacristie est ajoutée au xixe siècle.
L'édifice se compose d'une nef de trois travées, longue de 29 m. La première travée, dont le mur gouttereau nord abrité par un préau comporte le portail de l'église, n'est pas voûtée ; c'est aussi dans son mur gouttereau nord que se trouvent les plus anciens éléments de l'église : blocs carolingiens en remploi et assises en petit appareil du xe siècle sur une hauteur de 3 m environ. Les deux travées suivantes comportent des voûtes de style gothique ; la plupart des clés de voûte sont décorées.
Un chœur terminé par un chevet plat fait directement suite à la nef dont il conserve la largeur, sans interposition d'un transept. Ce chœur est éclairé par deux baies en plein cintre percées dans son chevet.
Le clocher est attenant à la seconde travée de la nef, au nord. De plan carré, son beffroi est percé de baies sur ses quatre faces et il est terminé par une flèche en pierre.
Les blocs en remploi, de part et d'autre de la porte d'entrée, sont gravés de motifs d'entrelacs et palmes ; un lion y figure également ; il s'agit sans doute de métopes d'une corniche et d'éléments de décoration d'une façade. Le mur gouttereau nord de la nef porte également de nombreux graffiti dont certains évoquent le monde de la batellerie tandis que d'autres représentent des outils de vignerons. De part et d'autre du portail d'entrée, deux pierres d’attente des morts sont disposées, constituées d'une dalle d'ardoise reposant sur deux supports en pierre. Ces pierres d'attente servaient à déposer les cercueils pour qu'ils soient bénis avant le début des offices. »
On peut voir à l’intérieur :
- Le maître-autel, en bois doré, du 17ème siècle, entouré des statues de Saint Pierre et de Saint Paul, surmonté d’une Nativité du 19ème.
- Une Vierge en pierre, du 16ème siècle, soutenant l’enfant Jésus, avec un agneau à ses pieds/
- Deux tableaux d’autel du 19ème siècle figurant L’Annonciation ainsi que Saint Aubert et Saint Germain
À l’extérieur, se trouvent une pierre d’attente des morts ainsi que de nombreux graffiti, représentant des gabares et des serpettes de vigneron.
Falèche (au-dessus de l’église) :
Le fief appartenait, en 1686, à François Véronneau, secrétaire du roi.
Ancienne forteresse du moyen-âge, modifiée au 16ème siècle. Le château actuel fut acheté en 1848 par Adrien Proust (il ne s’agit pas évidemment du père de Marcel), qui le transforma, en ajoutant des lambris, des plafonds peints, des cheminées décorées de chimères, de grands couloirs et des alcôves. Le château a conservé une belle fenêtre à croisée de pierre au nord et une tourelle polygonale à l'est.
Gite et location de vacances : voir https://www.charme-traditions.com/fr/locations-de-vacances/org/81735/chateau-la-faleche
À côté du château, à l’ouest, le manoir de Falèche, du 18ème siècle, présente une façade symétrique, surmontée d’un fronton triangulaire.
À voir au sud-est
Rassay (voir Préhistoire et antiquité) :
Le fief, cité dès 1314, sous la forme « le Puy de Rassay », appartenait en 1625 à Guillaume Dreux ; il fut acheté en 1636 par Georges I Aubert (voir Histoire du fief) et resta dans la famille Aubert jusqu'en 1789.
Dans la rue du Moulin, se trouve un ancien moulin-cavier*, qui a perdu ses ailes et sa hucherolle ; construit en 1845, il fonctionna jusqu’en 1945 avec Gustave Louis Moine (1897/1978) ; longtemps abandonné, il est aujourd’hui réhabilité.
Au-dessus de Rassay, au lieu-dit Le Murger, on peut voir un pigeonnier carré, avec un toit d’ardoise.
Le Petit-Thouars (au-dessus de La Chaussée) (voir Préhistoire et antiquité) :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA37000040
« Le château du Petit Thouars est un ensemble dont l’origine est ancienne. Cet ancien fief relevait du château de Chinon. Le premier propriétaire connu est Gillaia Morin, chevalier, qui rend aveu au roi en 1377 pour sa terre du Petit Thouars. La construction du château qui existe encore en partie a été commencée en 1423, vraisemblablement par Roland de la Voirie [on trouve aussi les orthographe Voyrie et Voyerie] et son épouse Jeanne Morin. En 1545, il appartient à Gabriel Prévost des Charbonnières, écuyer. Son fils, Louis, le cède en 1595 à Denis Le Bouthillier [Denis Bouthillier (1540/1621), conseiller d’état, proche de Richelieu]. Son fils Claude [Claude Bouthillier (1581/1652), secrétaire d’état de Richelieu] se sépare du Petit Thouars pour acquérir la terre de Chavigny [à Lerné].
Le 12 juillet 1636 le domaine est acquis par l’intermédiaire de Richelieu par Georges Aubert [Georges I Aubert (1593/1648), dit le Capitaine Saint-Georges], qui prend le titre de seigneur du Petit Thouars [d’où la famille Aubert du Petit-Thouars, voir Savigny-en-Véron]. Il appartient encore aujourd’hui à ses descendants. L’édifice est remanié dans la première moitié du XVIIe siècle et une galerie isolée est édifiée à gauche du corps de logis. D’autres constructions disparues occupaient le côté droit. Une vaste campagne de restauration menée par l'architecte chinonais Gallois [A. Gallois, architecte de la ville de Chinon en 1894] modifie profondément l'extérieur des bâtiments en 1873-74 et leur attribue l'aspect néo-gothique qu'ils ont conservé depuis lors. Le parc est également remodelé par l'architecte paysagiste angevin Killians [Auguste Killian, fin 19ème]. »
Le château actuel, du 16ème siècle et restauré à la fin du 19ème, comprend deux ailes perpendiculaires avec une tour dans l’angle rentrant ; la façade est accotée de chaque côté par une fine tourelle en encorbellement. Une fuie, avec 1072 boulins* et 3 petites lucarnes, a conservé son arbre tournant.
On peut noter que Louis Aubert du Petit-Thouars (1882/1915), lieutenant de vaisseau, tué lors de l’explosion de son sous-marin pendant l’expédition des Dardanelles, était un descendant direct de Georges IV Aubert (voir Histoire du fief).
Domaine viticole ; voir https://www.touraineloirevalley.com/producteurs-locaux/chateau-du-petit-thouars-saint-germain-sur-vienne/