Saint-Quentin-sur-Indrois
Le nom de cette commune, située dans l’est du département et au nord de Loches, apparaît pour la première fois en 1180, dans la charte 614 du Cartulaire de l’abbaye de Noyers, sous la forme De Sancto Quintino ; ce saint ne serait pas le martyr ayant évangélisé la Gaule du nord au 3ème siècle mais un ermite du 7ème ou 8ème siècle, qui se serait retiré près d’une source et qui aurait donné son nom à l’église.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Les traces d’une occupation néolithique sont importantes :
- Dolmen de Mallée (est du bourg)
- Menhir disparu, de 80 cm de haut, à 300 m. de Mallée.
- Dolmen disparu de La Pierre, détruit vers 1920, au sud du bourg et à l’est de la D 31.
- Nécropole néolithique des Danges.
Sur le dolmen de Mallée dit aussi La Pierre-Levée, voir Gérard Cordier* : Station et dolmen de Mallée, in BSPF 56.3-4, 1959.
Ce mégalithe, qui se trouve à 600 m. au nord-est de Mallée, est un dolmen à vestibule de 5,50 m. de long sur 4 m. de large, composé aujourd’hui de 6 pierres. Les fouilles, faites en 1868 et en 1956, ont fourni trois objets en bronze (1 bracelet, 1 anneau et 1 poinçon), une monnaie gauloise en cuivre argenté et une monnaie d’Auguste (empereur romain de 27 avant JC à 14 après) ainsi que de nombreux fragments de poteries gallo-romaines.
Une station néolithique, située à proximité, au sud du dolmen couvrait un rectangle de 20 m. sur 50 m. Gérard Cordier* y a trouvé 1 300 pièces, dont 211 grattoirs et 95 nucléus ainsi que des haches, des burins et des pointes de flèches.
Sur les Danges, voir Louis Dubreuil-Chambardel* : Sur les mots « Dange » et Dube » in BSPF 8.2, 1911.
Selon ce dernier : « le mot « dange » indique une motte de terre artificielle ou naturelle. Il faut distinguer les Danges de Saint-Quentin [tout au nord du bourg] et les Danges de Sublaines [dites aussi les Buttes, de l’autre côté du Chemin de Montrichard, qui sert de limite entre les 2 communes et qui serait peut-être un ancien chemin romain]. »
Les Danges de Saint-Quentin, auraient été deux mottes de pierres, à l’est de la D 31 « presque détruites aujourd’hui ».
L’eau de la Fontaine Mal-de-Tête, au sud-ouest du bourg, sur la rive gauche de l’Indrois, qui était sensée guérir des fièvres et en préserver, était peut-être une ancienne source sacrée gauloise.
Le lieu-dit Le Breuil (au nord-est du bourg), surplombant de plus de 30 m. le ravin de la Planche-Singé pourrait être un ancien oppidum gaulois.
Deux voies antiques, probablement gauloise ou gallo-romaines, servent encore de limites à la commune :
- Le Chemin Chaussée (chemin fait avec des pierres liées par de la chaux), au nord et à l’est, limite entre Saint-Quentin, Luzillé et Le Liège, venait de Montrésor pour aller vers Bléré, où il rejoignait la voie allant de La Celle-Saint-Avant à Amboise.
- Le Chemin de Montrichard, ou Chemin de Saint-Martin, au nord, limite entre Saint-Quentin et Sublainesvenant de Loches et allant, comme son nom l’indique, vers Montrichard, rejoignait le Chemin Chaussée entre Les Danges (Saint-Quentin) et Les Buttes (Sublaines) (voir ci-dessus).
Des domaines gallo-romains pourraient avoir existé à Berneçay (voir ci-après), qui est cité en 894, dans les Actes de Robert 1er et de Raoul, (Robert 1er (865/923), roi des Francs de 922 à sa mort ; Raoul ou Rodolphe (890/936), duc de Bourgogne et roi des Francs de 923 à sa mort) sous la forme in villa quae vocatur Berniciacus, ou « domaine de Bernicius » (voir aussi le moulin, ci-après) ainsi qu’à Courtay (à l’est du bourg), venant de Curtoriacus ou « domaine de Curtrorius ».
Histoire ancienne et moderne :
Le fief de la paroisse appartenait en 1365 à Guillaume de Benais. En 1515, il fut réuni aux fiefs de Genillé et des Roches (voir ci-après) pour former une châtellenie relevant de Loches.
Le fief de la mairie, relevant de Courçay, était la propriété, en 1339, de Colin Lemaire, en 1591, de Jean de Lussac, en 1763 à Louise Marie Charlotte de Menou (voir Genillé), dame des Roches et à Charles Piozet de La Valette, seigneur de La Fuye-de-Champeigne (voir ci-après).
Le fief de la dîme de la paroisse avait pour propriétaire, en 1319, Cornu Du Grenest.
Histoire contemporaine :
L’Indrois, qui coule d’est en ouest, au sud du bourg, et qui se jette dans l’Indre à Azay-sur-Cher, faisait fonctionner, d’est en ouest, les moulins suivants :
- Le moulin de Berneçay (voir ci-après), cité en 894 (voir préhistoire et antiquité) dans la phrase In villa (…) cum area ad farinarium (avec une aire pour un moulin à farine), appartenait à l’abbaye de Marmoutier ; il fut exploité, au 18ème et 19ème siècle par la famille Fortin et il a cessé de fonctionner en 1906 ; c’est maintenant une grande bâtisse, qui semble abandonnée.
- Le moulin de La Prêle ou de La Presle, signifiant « petite prairie » fut exploité jusqu’en 1906, lui-aussi, avant de devenir une laiterie coopérative ; le dernier meunier, Maurice Livache, est dit aussi « marchand de poissons » et d’ailleurs, il fut condamné, en 1894, à une amende de 30 francs pour « délit de pêche ».
- Le Grand Moulin, dit aussi moulin du bourg : cette importante construction, en partie en ruines, domine son bief comblé et sa roue encore existante mais en très mauvais état. Aujourd’hui les bâtiments sont le siège d’un entrepôt de la Coopérative Agricole Tourangelle.
- Le moulin du Mâge, anciennement moulin du « méage », mot médiéval signifiant « droit de passage » ; en 1783, le meunier était Pierre Maugis.
Sur ces moulins, voir https://blog.cgdt37.com/i-comme-indrois/, article tiré du livre de Catherine Bas-Dusseaulx : La vie très privée des meuniers de l’Indrois (1993).
En 1800, le cabriolet dans lequel était enfermé le sénateur Dominique Clément de Ris (1750/1827), au centre d’une « ténébreuse affaire » (voir Azay-sur-Cher et Ferrière-sur-Beaulieu) s'embourba à Saint-Quentin à la sortie du pont sur l'Indrois en raison de la mauvaise qualité de la route accédant à l'ouvrage.
Il y a deux lavoirs dans la commune : le lavoir du bourg, sur l’INdrois, en contrebas de la route de Loches, avant le pont, construit en 1856 et restauré en 2002, ainsi que le petit lavoir du Ruau, à l’est du bourg, sur un petit cours d’eau qui se jette dans l’Indrois
En juin 1940, alors que l'armée allemande descendait à marche forcée vers la Loire, le 8ème corps d’armée allemand contourna Tours par le sud-est de la Touraine pour rejoindre la Vienne et contrôler l'axe routier Tours-Bordeaux ; une partie de ses troupes passa par Saint-Quentin dans la soirée du 20 juin pour rejoindre Loches et traverser l'Indre à Saint-Hippolyte, sur l'un des rares ponts encore intacts.
À voir dans le bourg
Église Saint-Quentin :
Extraits de l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Quentin_de_Saint-Quentin-sur-Indrois
« En 1084, Raoul, archevêque de Tours [Raoul I, archevêque de 1072 à 1085], fait rentrer l’église Saint-Quentin dans les possessions de l’abbaye de Marmoutier, qui l'érige en prieuré. Subsiste de l’église de cette époque un mur en petit appareil situé au niveau du chevet.
L’église contemporaine est bâtie au 12ème siècle, remaniée au 16ème puis au 17ème et enfin restaurée par deux fois juste avant la Révolution puis en 1875. Elle avait été, en 1562, pillée par les Huguenots. Le clocher est frappé par la foudre le 12 avril 1998 ; il s’écroule en partie sur la toiture de l’église, elle aussi endommagée. Il sera reconstruit et la nef recouverte au début des années 2000.
La nef s’ouvre sur deux portes en plein cintre (à l’ouest et au sud) ; la porte occidentale est surmontée d’un gable. Le chœur, qui fait directement suite à la nef sans interposition d'un transept, est voûté en croisée d'ogives ; il est terminé à l'est par un chevet constitué d'une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four, du 12ème siècle, éclairée de trois baies ; une chapelle du 16ème, transformée en sacristie, s’ouvre sur le côté sud du chœur.
Le clocher du 12ème siècle, a été intégralement construit en moellons de pierre meulière et il est flanqué de contreforts plats ; il se termine par une flèche octogonale dont la base est pourvue d'un lanternon en pierre à chacun de ses angles.
Deux familles, les Ruzé [Thomine Ruzé, née vers 1482, fille de Jean Ruzé, seigneur de Beaulieu à Joué-lès-Tours, maire de Tours en 1463/64, avait été l’épouse d’Adam I Fumée] et les Fumée, ont longtemps possédé le fief [voir Les Roches, ci-après, mais les Ruzé n’ont jamais possédé ce fief]. Les blasons de ces deux familles se retrouvent sur certaines clés de voûte de la nef ainsi que sur l’un des piliers de l’église. Sur l'un des piliers de l'église, une plaque en cuivre (1500) provenant du château des Roches-Saint-Quentin rappelle qu'Adam Fumée [le médecin Adam I Fumée (1430/1494), fut également seigneur de Genillé], le seigneur des Roches, avait fondé plusieurs services religieux. Deux petits retables du 18ème siècle sont exposés à l'entrée du chœur, sur ses parois latérales.
On peut voir plusieurs vitraux du maître-verrier Louis Victor Gesta [(1828/1894) voir aussi Neuillé-Pont-Pierre]. Ils représentent : saint Raphaël et le jeune Tobie, saint Étienne martyr, Saint Quentin martyr, la bienheureuse Jeanne Marie de Maillé [(1331/1414), dont la famille possédait le château des Roches ; voir aussi Ambillou].
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098100
« La nef, partie la plus ancienne, présente une charpente composée de cinq fermes. Les deux travées du 15e siècle précédant l'abside, sont voûtées sur croisées d'ogives. Quelques chapiteaux sculptés existent au départ des nervures des voûtes. L'abside du 17e siècle, tracée en cul de four, est éclairée par trois baies, dont une à meneaux. La sacristie paraît être une chapelle du 17e siècle. A l'intérieur, l'église conserve une plaque en bronze portant une inscription du 15e siècle se rapportant à Adam Fumé, médecin du roi. »
On peut voir, sur le mur sud, 6 cadrans canoniaux et un blason, ainsi que, à côte de l’église, une ancienne cuve baptismale du 12ème siècle, transformée en bac à fleurs.
À voir en dehors du bourg
La fuie de Champeigne (au nord)
Après avoir appartenu, au 16ème siècle à la famille Fortier, le fief fut la propriété, au 17ème et au 18ème siècle, de la famille Piozet de La Valette ; Charles Piozet de La Valette, cité en 1785, fut le père de Marie Catherine Piozet de La Valette, qui épousa en 1754 Jean Baptiste Soubeyran du Vernet (mort en 1765), contrôleur de actes des notaires à Loches, et qui fut la mère de Jean Joseph Soubeyran du Vernet, lequel vendit le fief, en 1787, à François Roussereau, juge au présidial de Tours, père de Julie Claire Roussereau (1774/1802), épouse en 1799 du botaniste et médecin des armées napoléoniennes, François Pierre Chaumeton (1775/1819), dont la fille, Sophie Chaumeton, fut mariée, en 1826, au médecin Georges Archambault, maire de Loches de 1841 à 1846. Leur fille, Caroline Archambault (1832/1871), dite « femme de lettres » dans les biographies, épousa Jean Baptiste Du Chastel (1823/1878), secrétaire de préfecture.
Les bâtiments ont été en grande partie détruits en 1827 pour récupérer les matériaux ; il subsiste cependant un corps de logis, à pignon élevé, du 15ème siècle et très restauré, sur lequel cependant on voit encore les anciennes fenêtres à meneaux. Dans un grenier à foin, une cheminée porte la date de 1421.
Les Roches (à l’est)
Après avoir appartenu, au 14ème siècle, à la famille de Maillé (voir l’église), le fief devint la propriété, à partir de 1488, de la famille Fumée.
Adam I Fumée (1430/1494), également seigneur de Genillé, fut le père d’Adam II (mort vers 1536), pour qui le fief fut érigé en châtellenie en 1515 (voir Histoire ancienne et moderne). Ce dernier fut le grand-père d’Antoine Fumée (mort en 1583), ambassadeur auprès de Charles Quint. Son fils, Martin II Fumée, cité en 1588, eut pour enfants François Fumée (mort en 1638), lui-même père de Jean François Armand Fumée (1629/1712), abbé de Conques, ainsi que Madeleine Fumée, qui épousa en 1618 René II de Menou (mort vers 1661, voir Genillé).
Après la mort de Jean François Armand, le fief passa à la famille de Menou ; René Charles de Menou (1675/1744), petit-fils de René II, également seigneur de Boussay, eut pour fille Marie Louise Charlotte de Menou (1717/1767), qui épousa en 1746 son cousin René François de Menou (1695/1765), gouverneur d’Arras, et qui fut la mère de René Louis Charles de Menou (1746/1822), dernier seigneur des Roches, et de Jacques François de Menou (1750/1810), dit Abdallah, général du 1er empire.
Extraits de l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_des_Roches-Saint-Quentin
« La tour du château, qui flanque à l'est le corps principal, est cylindrique et construite en petit appareil ; c'est le dernier vestige du château fortifié du xive siècle. Elle a été surélevée d'un étage au xvie siècle et surmontée d'un dôme en maçonnerie dont la toiture forme des écailles imbriquées, le tout couronné d'un lanternon ; à la même époque, des bandeaux moulurés externes ont été rajoutés pour séparer les étages. La porte d'accès est dominée par un fronton triangulaire.
Une légende veut que Charles VII, méfiant et jaloux, ait enfermé au dernier étage de cette tour Agnès Sorel [1422/1450] quand il s'absentait du château de Loches pour aller à la chasse ; la chronologie dément cette tradition, puisqu'un siècle sépare l'époque d'Agnès Sorel de la construction du dernier étage de la tour9 ; malgré tout, cette tour garde son surnom de tour de la belle Agnès.
Indépendante du corps principal et rattachée à une partie des communs, une fuie datée de 1500 d'après une inscription sur un de ses murs, sur un plan carré, garde encore dans sa partie supérieure une partie des boulins* qui servaient de nids aux pigeons. Leur nombre varie, selon les sources, de 1 100 à 1 6001 ; quoi qu'il en soit, ce nombre élevé est révélateur de l'étendue du domaine seigneurial, le nombre de pigeons autorisés étant proportionnel à la surface des terres possédées.
Il est depuis 1992 un prieuré des religieux de la Communauté Saint-Jean [elle regroupe trois congrégations religieuses : les frères de Saint-Jean, les sœurs apostoliques de Saint-Jean et les sœurs contemplatives de Saint-Jean, fondées par le dominicain Marie-Dominique Philippe (1912/2006) en 1975 pour les frères, 1982 pour les sœurs contemplatives et 1984 pour les sœurs apostoliques].»
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098099
« Ancien fief relevant du château de Loches. En 1429, Jean Du Puy [Jean Du Puy (mort en 1439) était le possesseur de nombreux autres biens (voir Dierre)], propriétaire, obtint l'autorisation de fortifier le château. En 1488, il fut acquis par Adam Fumée, premier médecin de Charles VII et de Louis XI.
Très restauré au 19e siècle, l'édifice est flanqué à l'est d'une haute tour circulaire en petit appareil, datant du 14e siècle, denier vestige de l'habitation fortifiée primitive. Elle a été ornée, au 16e siècle, de bandeaux moulurés séparant chacun des quatre étages. La porte présente un plein cintre retombant sur des pilastres, dominé par un fronton triangulaire reposant sur une autre rangée de pilastres.
La tour comporte un vaste escalier à vis sur trois étages, le quatrième étant composé d'une pièce à feu ayant sans doute servi de salle de veille. Le dernier étage, rajouté au 16e siècle, est légèrement en retrait des corbeaux des anciens mâchicoulis et est couvert en dôme à imbrications d'écailles couronné d'un lanterneau. Au sud, épaulée par un commun, se trouve une tour carrée qui servait de pigeonnier, percée de 1600 boulins carrés creusés dans le parement. »
Voir aussi https://www.maisonsaintjean.com/accueil-2-2/
Le Bout du pont (au sud, rive droite) :
La porte d’entrée de ce manoir du 16ème siècle, est encadrée de 2 pilastres doriques et surmontée d’un fronton courbe ; au-dessus, la fenêtre centrale, quant à elle, est ornée de pilastres corinthiens.
Ce manoir est flanqué d’une tour carrée, datée de 1732, sur laquelle un cadran solaire porte la mention Ultima necat (la dernière heure tue).
Berneçay (au sud-est) (voir Préhistoire et antiquité ainsi que Histoire contemporaine) :
Le fief, cité dès 894, appartenait à l’abbaye de Marmoutier, qui y installa un prieuré, au 11ème siècle ; il y eut là aussi, du 12ème au 17ème siècle, une maladrerie ; l’ensemble fut vendu comme bien national à la Révolution.
Il reste là :
- Un corps de bâtiment avec une fenêtre du 13ème siècle.
- Une cave souterraine du 14ème siècle, dont le plan évoque celui d’une église mais qui semble bien n’avoir été qu’une cave à provisions.
- Une porte en arc surbaissé, du 15ème siècle, donnant accès à la cour centrale.
- Des bâtiments du 15ème siècle.