Sazilly
Le nom de cette commune, située sur la rive gauche de la Viene, en face de Cravant-les-Coteaux et au sud-est de Chinon, apparaît pour la première fois au 12ème siècle, sous la forme Saziliacum, du latin Saciliacus ou « domaine agricole de Sacilius ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37000256
« La présence humaine est attestée au Paléolithique inférieur par les vestiges d'une industrie acheuléenne, au Paléolithique moyen par la présence d'éclats Levallois, et au Néolithique. De nombreux fragments de tegulae (époque gallo-romaine) ont été retrouvés dans le cimetière. (…) Comme à Anché, on observe une disposition du bourg isolée car trop proche de la Vienne pour être épargné par les crues [voir l’ancien bourg, ci-après]. »
Voir Gérard Cordier* (1924/2014) : Le paléolithique anciens des terrasses de la Vienne à Sazilly, in BAVC 6. 3 1958/59 (pages 110/115).
Le toponyme Les Chilloux, qui n’apparaît pas sur la carte IGN mais qui est bien attesté à côté de La Salle, à l’est du bourg, indique probablement la présence d’un mégalithe néolithique.
C’est près de là que Philippe Delauné a découvert grâce aux photographies aériennes une grande villa gallo-romaine*. Voir Philippe Delauné : Mémoires de la terre tourangelle, in Revue archéologique de Picardie, n° spécial 17, 1999 (pages 367/371).
La voie gallo-romaine qui longeait la rive gauche de la Vienne passait sans doute dans l’ancien bourg, situé non loin de la rivière, au nord du bourg actuel, où l’église (voir ci-après) a peut-être remplacé un temple gallo-romain
Histoire du fief de Sazilly :
Après avoir appartenu, en 1045 à Geoffroy Fuel, seigneur de L’Île-Bouchard, la seigneurie passa au 12ème siècle à la famille de Sazilly, parmi laquelle on peut noter Jean de Sazilly, qui participa, en 1208, à la croisade contre les albigeois.
Parmi les seigneurs suivants, il y eut :
En 1293, Guillaume de La Mothe, également seigneur de Trogues.
En 1451, Raoul de Sassay, également seigneur du manoir des Hautes Brétignolles à Anché, dont la petite-fille, Louise de Sassay, épousa en 1523, Louis Aymar, père de Joachim Aymar (mort vers 1617), lui-même père de François Aymar, cité en 1644, qui vendit le fief en 1666 à René Torterüe (1639/1686), lieutenant civil et criminel du duché-pairie de Richelieu.
René Torterüe fut le grand-père de Joseph (1681/1768), lui-même père de Joseph René (1721/1776), chanoine de Saint-Martin de Tours, et de François Jean Torterüe (1723/1802), conseiller au bailliage* de Chinon, puis maire de Sazilly ; celui-ci fut le dernier seigneur du fief mais le château resta la propriété de la famille Torterüe après la Révolution (voir ci-après).
Histoire du fief de La Cour de Sazilly :
Le premier seigneur connu fut, en 1502, René de Becdelièvre (mort en 1545), gouverneur d’Alexandrie (ville italienne du Piémont) pour le roi Louis XII et garde des sceaux de la chancellerie de Rouen, fils de Charles de Becdelièvre, seigneur de Chezelles et de Vau-Thibaud à Chaveignes ; le fils de René, Charles II de Becdelièvre (né en 1520) vendit en 1548 la moitié du fief à Charles de Baudet.
Histoire contemporaine :
La ligne de chemin de fer, mise en service en 1882, qui, reliait la gare de Port-Boulet (voir Chouzé-sur-Loire) à la gare de Port-de-Piles (voir La Celle-Saint-Avant), passait à Sazilly, où il y avait une gare, transformée aujourd’hui en salle polyvalente, qui porte le nom de Pierre Boyer (1926/2014), maire de 1975 à 2001 et où l’on peut voir l’ancienne voie, devenue une rue.
Dans les années 1960, il y avait à Sazilly 7 ou 8 planteurs de tabac brun ; un séchoir fut construit en 1964 (n° 7bis, les Grandes rues) et utilisé jusqu’en 1994 ; le séchage durait un mois environ.
À voir dans l’ancien Bourg
L’Église Saint-Hilaire :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37000248
« L'église de Sazilly a été construite à la fin du 12e ou au début du 13e siècle à l'emplacement d'un édifice gallo-romain [voir antiquité] ; elle appartenait à l'abbaye de Marmoutier. Au premier quart du 16e siècle construction d'une chapelle par Louis Aymar, seigneur de Sazilly [voir Histoire du fief]. Dans la seconde moitié du 18e siècle, la voûte du chœur était totalement effondrée et elle n'a été reconstruite qu'en 1880. La chapelle seigneuriale à côté du clocher a longtemps servi de sacristie, avant que n'en soit construite une en 1880. Le clocher carré dont la flèche était déjà écroulée en 1818 est postérieur à la nef comme l'attestent le contrefort et la corniche à modillons qui court sur le mur gouttereau méridional, tous deux visibles à l'intérieur du clocher. Restauration du clocher et construction d'un beffroi pour supporter les cloches en avril 1999.
Fonts baptismaux à cuve ovale munie de poignées, reposant sur un pied cylindrique, placés sur un socle cubique en pierre calcaire. Les fonts sont fermés par un couvercle en zinc avec un globe formant poignée surmonté d'une croix.
Toutes les clefs sont sculptées et peintes. Dans la première et la deuxième travée de la nef les clefs d'arc sont celles des doubleaux et des formerets. Dans le chœur, quatre clefs de tierceron rayonnent autour de la clef de voûte.
Première travée : Christ bénissant à la clef de voûte, saint Pierre à l'ouest, homme en buste tenant un livre fermé au nord, homme barbu tenant un livre ouvert au sud, deux anges présentant l'Agneau à la clef du doubleau. Deuxième travée : Vierge à l'Enfant à la clef de voûte, homme couronné assis en tailleur les mains sur les genoux au nord, homme accroupi les mains sur les genoux au sud, deux saintes femmes, tenant chacune un vase à l'est. Chœur : Deux saintes femmes tenant chacune un vase à l'ouest, Salvator mundi à la clef de voûte, symboles des Evangélistes aux quatre clefs secondaires.
Fabrique nommée en 1804. En 1808, le chœur est fermé par une balustrade (aujourd'hui disparue) et la chapelle sert de sacristie. Acquisition d'un confessionnal en bois blanc en 1847. En 1862, un procès-verbal de visite diocésaine mentionne un tableau de saint Hilaire 'du plus mauvais goût' au-dessus du maître-autel, ainsi qu'un calice en argent (vraisemblablement Favier.) [Quatre frères Favier furent orfèvres : François (1800/1827), André Michel (né en 1805), Pierre Henry (né en 1809) et Joseph (né en 1811) ; le fils de François, Jean Baptiste (1824/1849) fut aussi orfèvre.] En 1886, la direction des cultes, du ministère de l'instruction publique des Beaux-Arts et des cultes, accorde à la commune une somme de 300 francs pour l'acquisition de mobilier pour l'église paroissiale. En 1881 don de deux vitraux par Gaudron, ancien curé de Sazilly [l’abbé Gaudron, curé à partir de 1878, était aussi maître-verrier]. Une cloche datant de 1572 fut envoyée à la fonte en 1887 et remplacée par une neuve nommée Marguerite-Marie. »
Sur le mur sud de l’église, on peut distinguer six cadrans canoniaux (cadran solaire utilisé pour indiquer le début des offices liturgiques) ainsi qu’un ex-voto de mariniers représentant un bateau de la Vienne.
Le presbytère, en face de l’église, a été construit en 1740 ; le mur de clôture a été abattu en 1859 pour construire, dans un style néo-classique, une mairie et une école ; plusieurs marques de crues se trouvent sur cette ancienne mairie (n° 3, à gauche quand on regarde le presbytère). On peut y voir des marques des crues du 30 octobre 1896, du 1er avril 1913 et du 5 mars 1923 : une autre marque de crue, du 1er mars 1876, se trouve sur le mur de la maison du n° 7
Derrière l’église, il y avait un gué sur la Vienne, permettant de rejoindre le hameau du Puits à Cravant-les-Coteaux, où un bac fut installé au 19ème siècle.
À 500 m. environ à l’ouest de l’église, au Petit Bois, il y a une ancienne chapelle, transformée en grange, qui était celle d’un monastère près de la Vienne. Le lieu s’appelait auparavant La Moinerie.
Le fief appartenait :
- En 1740, à Louis Audiger (né en 1676), également seigneur Des Places à Savigny-en-Véron.
- En 1749, à Félix Le Royer de La Sauvagère, suite à son mariage, en 1746, avec Anne Catherine Audiger, fille de Louis.
- En 1764, à Louis Aillet, héritier de Marguerite Aillet, qui, cette année-là, le vendit à Madeleine Françoise Martineau (1698/1764), veuve de Michel Étienne Turgot (1690/1751).
À voir dans le nouveau bourg
La Chapelle (route de Chinon) :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37000313
« Cette ancienne chapelle, transformée en maison à une date indéterminée, passe pour avoir été utilisée par les moines qui habitaient le monastère du "Petit Bois" près de la Vienne, au lieu-dit "la Moinerie". Une baie en plein cintre sur le pignon Est, aujourd'hui murée, est le seul vestige d'origine de cette construction. Une lucarne a été ajoutée au sud au cours du 19e siècle. La maison a été agrandie au nord par un appentis en basse goutte [bâtiment bas qui n’a qu’un seul versant]. »
Le château (2 rue du Château) :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37000264
« Un aveu de 1523 rendu par Loys Aymar de Sazilly [voir Histoire du fief] au seigneur de l'Ile-Bouchard fait état d'un château-fort dont la construction pourrait remonter au 12e siècle. Il ne reste plus trace des fortifications sauf dans les caves ; les douves ont été comblées peu avant la Révolution. Le logis actuel date en partie du 15e siècle ; il est flanqué à l'est d'une tour d'escalier polygonale dont la porte a été remaniée au 16e siècle. Au nord-ouest un pavillon qui est une ancienne tour carrée en partie arasée porte une échauguette en brique ajoutée ultérieurement. Au midi, adjonction au 19e siècle d'une aile dans le prolongement du logis. Une chapelle en bon état est attestée au 18e siècle mais il n'en subsiste rien aujourd'hui. A l'est, la basse-cour du château constitua elle-même un fief, attesté en 1502 mais existant probablement avant, le fief de la Cour. »
Ce château possède un pigeonnier circulaire du 15ème siècle, avec un toit conique recouvert de tuiles plates, qui renferme environ 2 000 boulins*.
Au 19ème siècle, le château appartenait à la famille Torterüe de Sazilly : François (1770/1858), fils de François Jean (voir Histoire du fief), maire de 1801 à 1830, fut le père de François Charles (né en 1809), receveur de l’enregistrement à L’Île-Bouchard, qui hérita du château, et d’Auguste Joseph (1812/1852), lui-même père de Paul Marie François (1843/1915), propriétaire de La Cantinière à Parçay-sur-Vienne, enterré dans le cimetière de Sazilly.
En dessous du château, au n° 8 de la rue du château, une ancienne maison, partiellement construite sur l’ancienne enceinte du château dont une partie est visible dans les caves, date du 16ème siècle.
À l’ouest du château, dans la rue du Plaisir, aux n° 12/14, le logis principal d’une ferme, construit au 15ème siècle, a été prolongé à l’est en 1656 par un second logis, où la date est indiquée.
Vente de pain : voir https://www.fermeduplaisir.fr/
La Prévôté : château 19ème.
Ferme (n° 4, rue de La Féauté) :
Il y reste des vestiges d’une cheminée du 15ème siècle ; le logis a été prolongé à l’ouest au 16ème siècle ; la grange, à l’extrémité ouest, date vraisemblablement du 19ème siècle.
À voir en dehors du nouveau bourg
La Reignière (ouest) : pigeonnier-porche du 17ème, comportant 3 niveaux, avec une faisanderie au 1er étage et une lucarne d’envol au fronton triangulaire à l’ouest.
La Pictière (sud-est) : ce manoir figure sous le nom de la Basse Pictière sur la carte de Cassini*. Un logis orienté est-ouest a été construit au 15ème siècle et modifié au 18ème. Un bâtiment perpendiculaire a conservé trois meurtrières sur sa face sud, aujourd’hui masquée par un hangar en bois.
Le Bois-Phisivon (sud-est) :
Ce hameau, orthographié aussi ou Bois-Fisivon ou le Bois-Fils-Yvon, est un ancien fief, appartenant à Yvon de Tavant (voir le château de La Motte à Marcilly-sur-Vienne).
En 1725, ce fief était la propriété de Mathieu Pierre d’Armagnac (1675/1749).
Au n°6 de la rue des Fils Yvon, une ferme, composée d’un premier bâtiment qui abritait une forge, date du 15ème ou du 16ème siècle ; elle a été agrandie par un second logis au 17ème ou au 18ème siècle.