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Tavant


Le nom de cette commune, située sur la rive gauche de la Vienne, entre Chinon et L’Île-Bouchard, apparaît pour la première fois en 987 sous la forme villa Tavennis, signifiant « domaine agricole tranquille », puis sous la forme Taventum dans les chartes 68, de 1075, et 333, de 1105, du cartulaire de Noyers.

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Le site fut occupé à l’époque néolithique puis à l’époque gallo-romaine, comme le montre la grande nécropole située au 42 rue Grande. En juin 1997, des travaux de terrassements sur un terrain privé ont conduit à la découverte d’un sarcophage contenant un squelette d’enfant ; une opération de fouilles a alors permis de trouver 103 tessons de céramique néolithiques et de l’âge du bronze ainsi que 24 sépultures datant du 1er au 3ème siècle après JC.

Ces sépultures, qui contenaient des adultes inhumés dans des cercueils ainsi que 8 enfants placés dans des sarcophages, ont livré 118 objets, dont 67 céramiques (gobelets, cruches, assiettes, etc.), 17 objets en verre (récipients, perles, etc.), 4 paires de chaussures, 3 épées miniature et 5 pièces de monnaie, dont une de Claude (empereur de 41 à 54) et une autre de Néron (empereur de 54 à 68).  

La voie gallo-romaine, allant de Dangé-Saint-Romain à Candes, via Rivière, passait sur le territoire de cette commune.

Histoire ancienne, moderne et contemporaine :

Le fief appartenait à l’abbaye de Marmoutier et relevait directement du roi de France ; dans un aveu* de 1506, le prieur indique que l’on parlait auparavant de « la ville de Tavant » mais que celle-ci fut détruite par les anglais occupant Faye-le-Vineuse.

Les archives citent aussi un certain Yvon de Tavant, qui avait épousé Odile de Nouâtre, petite-fille d’Archambault le Long, seigneur de La Motte, fils de Marric (mort en 1023), seigneur de Nouâtre ; leurs fils, dits les Fils-Yvon, ont laissé leur nom à un hameau de Sazilly et à au château de la Motte à Marcilly-sur-Vienne.

Il existait, dit-on, dans la paroisse, trois gués sur la Vienne. De fait, aujourd’hui encore, trois rues conduisent à la Vienne : ce sont, en venant de L’Île-Bouchard, la rue Sainte-Anne, puis la rue du Port de Vau et enfin la rue Port de Réneuse.

Le gué principal était sans doute au bout de la rue Sainte Anne, près de l’ancien prieuré (voir ci-après) ; de l’autre côté de la Vienne, sur la commune de Panzoult, se trouve la métairie du Pont, où il y avait une maladrerie appelée « la maladrerie de Tavant » ; il paraît, selon un ancien habitant du village, que ce gué, matérialisé par un perré en forme de V, est encore nettement visible aux périodes de basses eaux ; les deux autres rues arrivaient à des ports sur la rivière, comme l’indiquent leurs noms.

Près de l’église, une ancienne halte ferroviaire rappelle que la ligne de chemin de fer allant de Port-Boulet à Port-de-Piles, devenu aujourd’hui un chemin, traversait le village en longeant l’église.

À voir dans le bourg

Église Saint-Nicolas :

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37000270

« Le premier texte qui mentionne l'église paroissiale de Tavant date de 1223 alors que la construction de l'église est antérieure d'au moins un siècle et se situe à la fin du 11e ou dans le premier quart du 12e siècle. Elle n'est vraisemblablement pas antérieure à 1090. La nef possédait à l'origine 3 vaisseaux entièrement voûtés mais il ne reste aujourd'hui que le vaisseau central. Primitivement, 2 absidioles prolongeaient à l'est chaque bras du transept ; seule celle du nord subsiste. Des vestiges d'enduit peint sous la corniche du mur gouttereau nord attestent la présence d'un décor extérieur dès l'époque médiévale. L'escalier d'accès au clocher a été construit postérieurement au chœur et à l'absidiole nord. La crypte a été réalisée au cours du milieu du 12e siècle, après la construction du chœur de l'église et non avant comme le prouve la base d'une colonne du chœur prise dans la maçonnerie d'un voûtain de la crypte (4e travée nord). De ce fait le chœur a été surélevé d'environ un mètre. A une époque indéterminée, la toiture de la nef a été rehaussée, probablement en raison de la construction d'une nouvelle charpente avec entraits dépassant l'arase des murs ; ceci explique la présence des rangs de moellons surmontant les corniches à modillons courant sur les murs gouttereaux. La charpente du chœur a été refaite en 1826 ainsi que la couverture en tuile sur tout l'édifice. Restauration de la voûte de la nef en 1896 par l'architecte départemental Favreau [Isidore]. Enduit à la chaux refait à la même date sur les murs augmenté d'un décor de faux joints à l'ocre rouge. La commune de Tavant rachète à un particulier l'absidiole nord en 1957. Des fissures à la voûte du chœur ont été restaurées en 1990. »

Voir aussi https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Nicolas_de_Tavant et https://www.tavant.fr/eglise-saint-nicolas-de-tavant/

On peut voir à l’intérieur :

  • Un baptistère orné de têtes de bélier, qui rappelle celui d’Avon-les-Roches
  • Le gisant du curé Jehan Guydier, mort le 20 mars 1564, comme l’indique l’épitaphe ; il était auparavant dans le cimetière.
  • Un Christ en majesté (au fond du chœur) entouré d’une mandorle (de l’italien mandorla, signifiant amande; c’est une figure ovale dans laquelle s’inscrivent des personnages sacrés).
  • Parmi les chapiteaux de la nef, on peut notamment remarquer la Tentation d’Adam et Ève et celui représentant les Sirènes, symbole des courtisanes attirant les hommes par leurs chants.

Les fresques de la crypte sont célèbres et un film de 3,44 minutes, réalisé en 2009 Richard Copans (né en 1947) et montrant le peintre Pierre Soulages (1919/2022) commentant les fresques, peut être vu sur internet à l’adresse suivante Pierre Soulages - Crypte de l'église Saint-Nicolas de Tavant - Vidéo Dailymotion

Les interprétations de ces fresques sont multiples.

Pour Gustave de Cougny (1815/1895) ou pour Paul Basile, cité en 1909, ancien principal du collège de Chinon et ancien vice-président des Amis du Vieux Chinon, ces peintures n’ont pas de ligne directrice mais la plupart des commentateurs du 20ème siècle estiment que d’aussi belles peintures sont forcément le résultat d’une idée générale émanant du prieuré voisin ou de l’abbaye de Marmoutier.

Paul-Henri Michel (1894/1964), historien de la philosophie française et ancien conservateur de la Bibliothèque Mazarine, pense que le thème est la lutte entre les Vices et les Vertus et se réfère à la Psychomachie du poète chrétien Prudence (348/405).

Jacques Chailley (1910/1999), musicologue et compositeur français, estime qu’il s’agit plutôt d’un parcours initiatique conduisant le pèlerin (figure n°2) jusqu’au jugement dernier à des figures du Bien et du Mal.

Henri Mongis (né en 1949), philosophe et enseignant à l’université de Tours jusqu’en 2015, interprète le sagittaire (figure n° 17) comme une représentation du prophète hébreu Ismaël, l’ancêtre des Arabes et le pèlerin (figure n°2) comme un Juif ; cela l’amène à penser que plusieurs peintures font référence aux luttes des Croisés contre les hérétiques.

Un des derniers commentateurs, Jean-Louis Cassegrain, se basant sur le fait qu’une ancienne porte, aujourd’hui murée, permettait de rejoindre directement le prieuré, considère ces peintures comme une illustration ésotérique de la Bible à destination des moines du prieuré (voir BSAT 54 2008 (pages 111/124).

Ces peintures ont été photographiées par Mariuz Hermanowicz (1950/2008), voir https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR24_20003700187XA

L’église et la crypte sont ouvertes de 10h à 12h.30 et de 14h.15 à 18h. D’avril à septembre, du mercredi au dimanche. En mars, octobre et novembre, du lundi au vendredi. En décembre et en janvier, du lundi au jeudi en contactant la mairie au préalable. La visite de l’église est gratuite mais la visite (libre ou guidée) de la crypte est payante.

Le Prieuré :

Il a été fondé en 987 par l’abbaye bénédictine de Marmoutier avec l’accord de Thibault (mort vers 987), seigneur de L’Île-Bouchard.

Geoffroy III de L’Isle-Bouchard (mort en 1080), dit Geoffroy Fuel, s’y réfugia lors de son conflit avec son neveu Bouchard III de L’Isle-Bouchard (mort vers 1070) ; ce prieuré fut alors incendié puis reconstruit à la fin du 11ème siècle ; de nouveau incendié en 1562 par les protestants, il fut relevé au 17ème siècle et abandonné après la Révolution.

Le premier porche conduit à un second porche qui débouche sur une placette fermée, où il n’y a plus guère de traces du prieuré ; par contre, sur la place Sainte-Anne, où un escalier permet de descendre vers la Vienne, on voit bien les vestiges de l’ancienne église prieurale, avec son clocher, qui date du 15ème siècle. 

On peut voir aussi :

  • Au n° 2, rue Sainte-Anne, un ancien puits ainsi qu’une ancienne enseigne de charpentier, représentant deux doloires (outil de charpentier servant à amincir ou régulariser l’épaisseur d’une pièce de bois).
  • Au n° 7, Grande rue, une enseigne de charron.

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