Thizay
Le nom de cette commune, située sur la rive gauche de la Vienne, à l’ouest de Chinon, n’apparaît qu’au 13ème siècle, sous la forme Thizei, venant de Titiacus ou « domaine agricole de Titius » (voir ci-après).
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Le dolmen de La Pierre-Couverte, se trouve au-dessus du bourg, à l’ouest de la mairie (accès par la rue du Dolmen). Signalé pour la première fois en 1842, dans le premier n° des Mémoires de la Société Archéologique de Touraine (MSAT 1, 1842) par l’abbé Jean Jacques Bourassé* (1813/1872), ce dolmen rectangulaire de 7 m. de longueur sur 3,50 de large, est composé de deux tables, dont l’une très inclinée, reposant sur la dalle du fond et sur 5 supports latéraux ; une autre dalle ferme en partie l’entrée.
Les fouilles faites en 1845 ont fourni des fragments de poterie grise et de tuiles à rebord ainsi que des ossements, provenant de 3 squelettes.
Des rainures, remarquée par Gérard Cordier* (1924/2014) dans son Inventaire des mégalithes d’Indre-et-Loire (voir Gallia Préhistoire, 1963, supplément 1.1) sur le premier support, à droite de l’entrée, montrent que ce dolmen a servi de polissoir.
Le naturaliste Guillaume Tessereau, sur son site internet natura magnifica (https://naturamagnifica.jimdo.com/), indique qu’il a remarqué d’autres rainures sur un support à demi enterré dans la rangée de gauche, près de la dalle du fond ainsi que sur la 1ère dalle de couverture.
La voie gallo-romaine qui suivait la rive gauche de la Vienne, passait brièvement sur le territoire de la commune de Thizay, après Pontille, à Chinon et avant La Chaussée (Saint-Germain-sur-Vienne).
L’archéologue Jean-Paul Lecompte a photographié d’avion, sur le territoire de cette commune, un bâtiment agricole, faisant peut-être partie du domaine agricole ayant donné son nom à la localité (voir AAT, 53ème supplément à RACF).
Histoire du fief :
Le fief de la paroisse, qui relevait de Chinon, appartenait en 1620 à Henriette Catherine de Joyeuse (1585/1656), également dame de Beaumont-en-Véron et de Champigny-sur-Veude.
Histoire contemporaine :
En 2001/2002, les élèves de l’école ont créé sur le mur est du bâtiment un cadran solaire, avec l’aide du céramiste américain Charles Hair (né en 1955), qui habite la commune et qui est le père de l’actrice India Hair (née en 1987), qui était sans doute élève cette année-là.
À voir dans le bourg
Église Saint-Maurice :
Article https://www.intramuros.org/publication/decouvrir/5198
« Construite au XIIe siècle, l'église de Thizay a été en grande partie rebâtie au XVe siècle. La façade, le clocher-porche, la nef et une partie des murs de la sacristie datent de 1885.
Des travaux sur le clocher ont débuté en octobre 2009 pour se terminer en juin 2010.
Le porche en charpente est la seule partie intacte de l’église du XIIe siècle.
L’église est dotée de 2 cloches fondues en 1882.
Particularités de l’église :
Gravures de bateaux sur les murs extérieurs, ce sont des ex-voto de mariniers de Vienne (côté porche)
Un bénitier datant du XIIe siècle
Un vitrail réalisé en 1877 [par Lucien Léopold Lobin, représentant Saint Maurice]
Statue de Saint-Maurice retrouvée enfouie dans la terre en 1881. »
Sur les ex-voto de mariniers, voir Jean-Claude Guion, instituteur à Thizay : Quand le tuffeau témoigne de la vie du fleuve, in BAVC 10.1 1997 (pages 27/32)
Lavoir (rue de la mairie) :
Il date de 1885 et est alimenté par une source ; il est couvert sur ses 4 côtés par une toiture à impluvium, qui permet la récupération des eaux de pluie.
À voir en dehors du bourg
Frau (à l’est) :
Le domaine appartenait, vers 1770, à Gilles Lespagnol de La Plante, descendant probable de Gilles René Lespagnol de La Plante (1669/1721), voir Channay-sur-Lathan, Rillé et Savigné-sur-Lathan.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098127
« Gentilhommière du 16e siècle, composée d'un bâtiment rectangulaire précédé d'une petite dépendance. Une tourelle est flanquée, à l'ouest, de la façade méridionale donnant sur la cour. Plus loin, accolé et en saillie, se place un pavillon carré avec entablement à modillons. Il est lui-même prolongé en arrière par une tour carrée bâtie sur un contrefort à pic, compensant le contrebas de la vallée. Une galerie était à l'origine posée sur un encorbellement. Elle a été soutenue plus tard par trois arcades de la fin du 17e siècle. A l'est, se trouve une chapelle à clocher pignon. A l'intérieur du logis se trouve un escalier droit, à l'italienne, marqué d'arcades jumelles. »
Le clocher-pignon de la chapelle est surmonté d’un petit campanile.
Il y a aussi une grange, dont la porte charretière porte la date de 1732.
La Grande Gaudrée (à l’ouest) :
Le premier seigneur connu fut Pierre Du Puy, cité en 1396, également seigneur du Rivau à Lémeré, dont la fille, Marguerite Du Puy, fut l’épouse d’Ambroise de Fontenay (1390/1448) et la mère d’Anne de Fontenay (morte en 1485), qui épousa, en 1438, Pierre de Beauvau, mort en 1453 après bataille de Castillon*.
Ces derniers furent les parents de René de Beauvau (mort en 1510), grand-père de Gabriel de Beauvau (1534/1583), lui-même père de Louis de Beauvau (mort en 1635), également seigneur de Rivarennes, dont la veuve, Louise Dollé, vendit le domaine en 1641 à Claude Bouthillier (1581/1652), surintendant des finances, qui était aussi seigneur de Chavigny à Lerné.
En 1774, le fief fut acheté par Marie Caillaud (1724/1780), qui possédait aussi Chavigny, veuve de Jean Pierre Desmé, dit du Buisson (1732/1772), procureur-général au Conseil souverain du Cap français et des îles de Saint-Domingue, et mère d’Auguste-Jean Marie Desmé, dit de Chavigny (1764/1808), père d’Aimée Virginie Desmé (1791/1840), laquelle épousa en 1809 Jean Marie de La Lande (1769/1827), cité en 1817, et mère d’Ernest Charles Marie de La Lande (1811/1909), propriétaire de Cessigny à Lerné ainsi que du chef d’escadron d’artillerie Charles Aimé Marie de La Lande (1815/1887), cité en 1846.
Le domaine fut acheté en 1972 par le géologue Bernard Mamet (1937/2016).
Le château des 15ème/16ème siècles, avec son porche double et ses fenêtres à croisée de pierre a remplacé un château-fort du 14ème siècle, qui avait une enceinte polygonale, des tours cylindriques et un haut donjon, dont il ne reste que 2 murs en équerre, suspendus dans le vide.
Voir aussi André Desmé de Chavigny (1874/1948) (arrière-petit-fils d’Auguste Jean Marie) : le fief de la Grande Gaudrée, in BAVC 4.10 1945 (pages 518/526).
Vaumenaise (au sud-est) :
Le premier seigneur connu de ce fief, qui relevait de l’abbaye de Seuilly, fut, en 1475, David de Chambré.
Du 18ème au 20ème siècle, le château fut la propriété de la famille de Marcé ; Louis Henri François de Marcé (1702/1777) fut le père d’un autre Louis Henri François de Marcé, né en 1731 dans le château, qui devint général de division pendant la Révolution mais qui fut guillotiné en 1794 pour avoir perdu la bataille de Pont-Charrault, au début de la guerre de Vendée ; ce dernier avait épousé en 1770 Catherine Louise Le Royer de La Sauvagère (1754/1796), fille de Louis François (1711/1765), le frère du bien connu Félix Le Royer de La Sauvagère (1703/1782) (voir Savigny-en-Véron) ; leur fils, Henri Gabriel de Marcé (1779/1844), fut maire de Thizay et garda la propriété jusqu’en 1927.
Sur cette famille, voir Jean Claude Lenoble (chirurgien à Chinon de 1969 à 1995) : Le destin tragique d’un général républicain, in BAVC 10.1 1997 (pages 3 à 26).
Le château, du 15ème/16ème siècle, a été partiellement détruit puis remanié en 1759, possède un toit en ardoise à 4 pans ; la propriété comprend un cellier dans le tuffeau et des dépendances creusées dans le rocher, avec 11 fours à pain, ayant chacun leur cheminée.
Une servitude du 15ème siècle subsiste au pied du coteau.
Le pigeonnier carré du 17ème siècle, contenant 991 boulins*, a un toit à 4 pans, surmonté d’un lanternon hexagonal.