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Verneuil-sur-Indre


Le nom de cette commune, située sur la rive gauche de l’Indre, au sud de Loches, n’apparaît qu’au 13ème s. sous la forme Vernolium, signifiant « lieu planté d’aunes ». Il est dit parfois qu’il viendrait de Noviliacus vicus, cité vers 590 par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs mais en fait ce toponyme désigne Neuilly-le-Brignon.

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Des outils du paléolithique et/ou du néolithique ont été découverts à divers endroits de la commune, notamment aux Hautes-Bruyères (sud-ouest du bourg), où un aiguisoir en roche verdâtre, de l’âge du bronze, a également été trouvé (voir Gérard Cordier* in RACF 3.1, 1964, page 50) et à La Châtre-aux-Grolles (le fort des corbeaux), (voir ci-après), où il y eut vraisemblablement un oppidum gaulois puis, beaucoup plus tard, une Commanderie des Templiers.

Le toponyme La Pierre (à l’ouest du bourg) indique qu’il y avait sans doute à cet endroit un mégalithe disparu.

Une enceinte gauloise a été vue au Murget (sud-ouest) par Jean-Mary Couderc* (voir BSAT 40, 1984, pages 754/757) à 600 m. au sud-ouest de la Maison Forestière ; c’est en fait une double enceinte de fossés, entre lesquels se trouve un rempart de 1,5 à 1,9 m. de haut et de 4 à 6 m. de large, précédée d’une terrasse de 80 cm de haut ; ce lieu avait une fonction funéraire et religieuse et serait l’ancêtre du fanum (temple) gallo-romain ; des poteries, exposées au Musée de la Chancellerie à Loches, auraient été trouvées dans des fosses situées avant l’enceinte.

Un domaine agricole gallo-romain* existait peut-être au Bas et Haut-Limeray (nord-est), toponyme venant de Limiriacus ou « domaine du germain Lathomar ».

Deux voies gallo-romaines traversaient le territoire de la commune du sud vers le nord.

1/ Venant de Betz-le-Château une voie allant de Vouneuil-sur-Vienne à Montrichard traversait la Forêt de Verneuil dans laquelle s’abritait le maquis Césario durant la dernière guerre ; elle a été repérée par l’historien Jacques Boussard (1910/1980) (voir Gallia 5.2, 1947, pages 452/453) à l’ouest du Murget, lieu près duquel Jean-Mary Couderc* a découvert la double enceinte gauloise, indiquée ci-dessus.

Elle passait ensuite au sud immédiat du château de Verneuil-sur-Indre, où Jacques Boussard a découvert son assise de graviers, de 10 m. de large.

Elle rejoignait au gué de Rouvray (commune de Saint-Jean-Saint-Germain) la voie de la rive gauche de l’Indre.

2/ Venant de Fléré-la-Rivière, la voie qui longeait (parfois d’assez loin) la rive gauche de l’Indre a été repérée sous la forme d’un chemin qui suit la limite communale entre Verneuil et Bridoré et qui passe à Peljoue puis à la Gauterie, au nord-est du bourg.

Elle se dirigeait ensuite vers le nord et croisait la voie précédente au gué du Rouvray (commune de Saint-Jean-Saint-Germain).

Histoire du fief :

Selon la tradition, ce fief appartenait, au 6ème siècle, à Saint Bauld (voir Église), évêque de Tours de 546 à sa mort en 552 (voir Saint-Bauld).

En 871, ll fut donné par Charles II, dit le Chauve (roi de 843 à 887), à une famille déjà seigneur de Buzançais et de Châtillon-sur-Indre, dont fit partie Sulpice I de Buzançais (né vers 905), dit Mille boucliers, arrière-grand-père d’Hersende de Buzançais (née vers 1010), qui fit passer le fief dans la famille d’Amboise, suite à son mariage avec Lisois d’Amboise (990/1065).ans

Dans cette famille d’Amboise, on peut citer, comme seigneurs de Verneuil :

  • Hugues I (1055/1129), petit-fils de Lisois, qui rebâtit le château d’Amboise et qui participa à la 1ère croisade, prêchée par le pape Urbain II (pape de 1088 à 1099).
  • Jean I (1201/1274), dit Jean de Berrie, descendant d’Hugues I, qui combattit en 1214 à la bataille de Bouvines* à côté de Philippe II Auguste (roi de 1180 à sa mort en 1233).
  • Ingelger I (1300/1373), dit le Grand, descendant d’Hugues I, fait prisonnier en 1356 à la bataille de Poitiers* en même temps que Jean II le Bon (roi de 1350 à sa mort en 1364).

Le fief appartint ensuite à la famille de Craon, après le mariage d’Ingelger II d’Amboise (mort vers 1410) avec Jeanne de Craon (1376/1421), fille de Pierre de Craon (1345/1410), dit le Grand.

Guillaume II de Craon (1342/1410), frère de Pierre, également seigneur de Ferrière-Larçon, Sainte-Maure et Nouâtre, chambellan de Charles VI, fut le père de Marguerite de Craon (1370/1429), épouse en 1392 de Guy VIII de La Rochefoucauld (1355/1427), cité en 1419 comme seigneur de Verneuil, ainsi que de Marie de Craon (1375/1420), épouse en 1404 de Louis I Chabot (1370/1422).

Louis I Chabot fut le père de Thibaut IV, né en 1400 et mort en 1429 à la bataille de Patay*, lui-même père de Louis II Chabot (1423/1486), qui vendit le fief en 1438 à Jean d’Oiron.

Ce Jean d’Oiron fut le père de Jean II d’Oiron, lui-même père de Louise d’Oiron, qui épousa d’abord Adrien de Boufflers (mort en 1535) puis Robert de Sanzay (mort vers 1545) ainsi que d’Anne d’Oiron, épouse en 1527 de Gabriel de Saint-Georges (mort en 1558) et mère de Joachim de Saint-Georges (1533/1607), dont un descendant céda le fief en 1660 à Jacques Chaspoux, prêtre et conseiller d’état.

Ce dernier, fils de Jean I Chaspoux, légua le fief à son neveu, Jacques I Chaspoux (né en 1606), également seigneur de Betz-le-Château et du Roulet à Saint-Flovier, qui fut le père de Jacques II Chaspoux (1630/1707), père lui-même de Marie Madeleine Chaspoux (morte en 1718) et d’Eusèbe Jacques Chaspoux (1695/1747), conseiller de Louis XV et 1er marquis de Verneuil, dont le fils, Eusèbe Félix Chaspoux (1720/1791), grand échanson de Louis XVI, également seigneur de Chaumussay, eut pour fille Adélaïde Félicité (1744/1791), épouse en 1766 de Charles Gabriel René Tiercelin d’Appelvoisin (1743/guillotiné en1794), lieutenant-général, député au états-généraux de 1789, seigneur de L’Islette à Azay-le-Rideau.

Ces derniers furent notamment les parents de Charlotte Aglaé d’Appelvoisin (née en 1775), qui hérita du château (voir ci-après).

Histoire contemporaine :

Le ruisseau de Verneuil (affluent de l’Indre), qui coule du sud vers le nord, à l’est du bourg, alimentait un moulin, cité en 1813. C’est aujourd’hui un gite : voir https://les-amis-du-moulin-verneuil-sur-indre-fr-37600.hotelmix.fr/

Un four à chaux fut construit à la fin du 19ème siècle au lieu-dit le Buisson, au sud-est de la commune.

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37001569

« La construction d'un four à chaux a été accordée à la veuve Alphonse Laniboire-Durand [cité dans L’Union Libérale du 20 avril 1873]. (…) En 1950, le four entre en la possession de Gustave Rabineau. Il est actuellement propriété de la veuve Rabineau. A un premier four troglodytique, construit sur le site, a succédé en 1887, un four moderne, qui a connu une activité d'une certaine importance dans les années 1920. Les installations abandonnées en 1930, le restèrent jusqu'à la reprise, en 1950, par Monsieur Rabineau, qui limita son activité à la fabrication de carbonate de chaux concassé. La production de chaux et de carbonate était destinée à l'agriculture. Depuis 1953, les activités ont cessé sur le site. Actuellement, le four à chaux est à l'abandon. Lors de la pleine activité, dans les années 1920, on pouvait compter 1 contremaître et une douzaine d'ouvriers sur le site. Seul le contremaître y était logé, les ouvriers étant dans les hameaux alentours. Dans les années 1950, Monsieur Rabineau employait 3 ouvriers. En plus des parties constituantes déjà citées, existaient des bassins d'extinction »

La chaux agricole était utilisée pour remonter le PH des terres pauvres et détruire les insectes nuisibles présents dans la terre. Pour procéder à la fabrication de la chaux, les ouvriers plaçaient dans le four une couche de moellons de calcaire ou de craie puis une couche de bois et de charbon de bois, ainsi de suite jusqu'au remplissage complet du four.

La laiterie coopérative (lieu-dit Les Arcis, au nord-est de la commune) fut fondée en 1909 par Alexandre Leroux, maire de Loches de 1909 à 1913 ; sa construction à proximité de la gare et de la nationale (aujourd’hui RD 943) est un choix stratégique au regard des problématiques de transports de l’époque (apports de charbon, expédition de produits, collecte du lait…) ; elle existe toujours et collecte le lait de vache ou de chèvre auprès de plus de 130 exploitations locales. Voir https://laiterie-de-verneuil.com/

La gare : article NR du 2/2/2017 : https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/verneuil-sur-indre/la-gare-au-coeur-de-la-vie-du-village

« La ligne qui passe à Verneuil, est déclarée d'utilité publique le 19 juin 1868. Elle reliera Joué-Lès-Tours à Châteauroux et fait partie de l'itinéraire Tours-Montluçon. Le tronçon Joué-Lès-Tours - Loches est ouvert dans les années 1879, 1880. Le tronçon Loches-Chatillon est quant à lui mis en service vers 1890. Au départ, la station devait être implantée à Saint-Jean [commune de Saint-Jean-Saint-Germain]. Mais au final, elle sera à Verneuil.

En 1909, c'est la présence de cette gare et sa situation qui déterminera le lieu de construction de la laiterie. Dans les années 20, c'est encore par cette petite gare qu'arriveront les riches pensionnaires de la maison de repos installée dans le château de Verneuil [Il semble bien qu’il n’y a jamais eu de maison de repos dans ce château, voir ci-après].

Avant sa fermeture, la gare permettait l'arrivée de matériel agricole et le départ de bois. Tout ce qui était à la gare de Verneuil, propriété de la SNCF, a été détruit lors de sa désaffection. » La gare est actuellement murée et la ligne est désaffectée mais des élu(e)s militent pour sa réouverture.

À voir dans le bourg

Église Saint-Bauld :

Article https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/verneuil-sur-indre-eglise-saint-bauld/

« L’église paroissiale de Verneuil est placée sous le vocable de saint Bauld. Il s’agit d’un évêque de Tours du milieu du VIe s. qui avait été auparavant référendaire du roi Clotaire [Clotaire I, roi des Francs de 558 à 561], personnage violent et sanguinaire qui n’hésita pas à poignarder ses neveux pour s’emparer des biens de son frère et fit s’enfuir son épouse Radegonde [Sainte Radegonde (519/587)]. Devenu maître de Tours et de Poitiers, il était de bonne politique d’installer à Tours un évêque qui lui fût fidèle.

Lors des travaux de reconstruction de la basilique Saint-Martin, au début du XIe s., entreprise par le trésorier Hervé de Buzançais [le chanoine Hervé II de Buzançais (mort en 1022) était le fils de Sulpice de Buzançais (voir Histoire du fief)], de nombreux tombeaux furent retrouvés et déplacés. Le trésorier Sulpice d’Amboise [(mort en 1027), oncle probable de Lisois d’Amboise] fit transporter dans ses terres de Verneuil le sarcophage qui contenait les restes de l’évêque Baldus et institua auprès un collège de sept chanoines (1023-1026). Le culte de saint Baud apparaît seulement à partir de cette époque. Dès 1086, les reliques furent transférées dans la collégiale Notre-Dame de Loches.

L’édifice, à première vue un peu hétéroclite, se compose d’une nef de plan rectangulaire en pierre de taille bien appareillée du XIIe s., éclairée par des fenêtres hautes en plein cintre et couverte d’une charpente du XVe siècle ; à la suite, le chœur se compose successivement d’une travée droite plus étroite, voûtée en berceau, d’une travée voûtée sur croisée d’ogives du XIIIe s, dessinant une sorte de transept, et de l’abside encadrée de deux absidioles ; celle du sud a été transformée au XVe s. en chapelle seigneuriale. Deux arcades permettent la communication entre le chœur principal et les chapelles latérales. Le chœur, pourvu de contreforts plats, est du XIIe siècle. Son étage supérieur, celui du beffroi des cloches et la flèche ont été reconstruits au XIXe siècle.

Un porche a été bâti au XVIIIe s. sur le côté nord de la nef, pour lui donner accès ; il s’ouvre sur un grand arc en plein cintre entre deux passages identiques plus modestes. Une porte ancienne sur le pignon ouest a été condamnée.

On notera, dans le mobilier, un confessionnal en chêne daté de 1781. Deux autels consacrés à la Vierge et saint Joseph marquent l’entrée du chœur depuis la nef et ont des retables pourvus de doubles pilastres et fronton circulaires du XVIIIe siècle. Dans la chapelle seigneuriale, des plaques de marbre rappellent le souvenir des propriétaires du château voisin reconstruit somptueusement au XVIIIe s. par les Chaspoux. »

Il y a 3 vitraux dans le chevet du chœur : le vitrail central, daté de 1856 et figurant une Vierge à l’enfant, œuvre de Julien Léopold Lobin (1814/1860), est encadré par 2 vitraux plus petits, datés de 1871, réalisés par son fils, Lucien Léopold Lobin (1837/1892).

Le château :

Il y a en fait deux châteaux, proches l’un de l’autre : le château vieux, construit au 15ème siècle, avec une grosse tour et un château de style classique, dit le château neuf, édifié au 18ème siècle.

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098279

« Châtellenie relevant du château de Loches. L'édifice se compose d'une partie du 15e siècle présentant deux ailes perpendiculaires et une tour cylindrique. Dans l'angle rentrant, une tour polygonale contient une vis de pierre. Les façades sont couronnées de mâchicoulis et de crénelages. La partie du 18e siècle, présente les trois travées centrales de ses deux façades dominées par un dôme à quatre versants, amorti par un lanternon. Des pièces ont conservé leur décor de boiseries. »

À la fin du 18ème siècle, la propriétaire des deux châteaux, Charlotte Aglaé d’Appelvoisin (née en 1775) (voir Histoire du fief), épousa en 1795 Eustache Saint-Étienne de Borne Saint-Sernain (1762/1817), qui, après avoir émigré devint baron d’empire en 1812, dont la fille, Charlotte Éliane, fut l’épouse, en 1827, du maréchal de camp Amédée Hippolyte de Raymond de Modène (1777/1860). Les enfants de ces enfants vendirent les châteaux en 1880 à Henriette Adèle Dalle, veuve de Julien Morillon, déjà propriétaire en 1860 de La Brosse à Pérusson, qui fit transformer le château neuf selon les plans de l’architecte lochois Ferdinand Collet (1820/1890)

Julien Morillon, propriétaire de La Bourdillière à Genillé en 1811, directeur des postes à Loches en 1858, et Henriette Adèle Dalle furent les parents de Suzanne Morillon (morte en 1939), qui épousa en 1868 Ernest Marie François Breton (1838/1906) et d’Hélène Morillon, épouse, en 1868 également de Camille Marie Louis Breton (1836/1908), frère d’Ernest Marie François, maire de Verneuil-sur-Indre en 1908 et conseiller général de 1889 à 1907, membre de la SAT (voir aussi Puits-Gibault à Loches). Sur ce dernier, voir aussi Jean-Pierre Aubert : Camille Breton (1836/1908), un catholique royaliste face à la République, in Mémoires de l’Académie … de Touraine, 33/2020 (pages 71/90).

Suzanne et Hélène Morillon vendirent les châteaux en 1917 à Gustave de Beaumont (1867/1932), puis, après avoir appartenu à divers propriétaires, le domaine fut acheté en 1924 par l’abbé Henri Molinier de Fombelle (1869/1944), qui en fit un institut pour orphelins, devenu ensuite une annexe de la Fondation des apprentis d’Auteuil.

Les châteaux, mis en vente en 2017, était encore en vente en 2023.

Sur ces châteaux, voir un texte très complet, écrit en avril 2018 par l’agence Cardo de Meudon : http://academie-de-touraine.com/wp-content/uploads/2019/05/Ch%C3%A2teau_Verneuil-sur-Indre.pdf


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