Villeperdue
Le nom de cette commune, située entre Tours et Sainte-Maure-de-Touraine, apparaît au 13ème siècle, dans le cartulaire de l’archevêché de Tours, sous la forme Villa Perdita ou « domaine agricole perdu » ; les explications de ce toponyme sont diverses : pour les uns, il s’agirait d’un domaine gallo-romain « perdu » au moment des invasions barbares et pour les autres, d’une villa carolingienne « perdue » lors de la venue d’Abd-al-Rahmane. Mais, selon dom Housseau, bénédictin, mort en 1763, la première dénomination de cette paroisse serait Villa peurera (domaine pauvre). Quoiqu’il en soit, l’appellation Ville Perdue est indiquée dès 1399.
Histoire
Il y avait deux fiefs, celui de la paroisse et celui de la prévôté, qui, à l’origine, appartenaient tous deux à l’archevêché de Tours ; au 14ème siècle, ces fiefs étaient administrés par Pierre Bonnard (mort en 1313) (voir le château de Boisbonnard, ci-après).
En 1757, les habitants de Villeperdue assurent la construction d’une route allant de Boisbonnard à la Voie Royale reliant Paris à Bordeaux. La famille Milon de Mesnes [Milon de Mesme], propriétaire du château, a contribué à cette réalisation et obtenu du roi que, pour cette année, les habitants soient déchargés de la totalité de l’impôt. En témoignage de cela une borne avait été placée au carrefour de ces 2 routes avec la mention « route de Villeperdue et Boisbonnard de 1600 T (toises) à la charge des habitants de la paroisse de VILLEPERDUE 1757 ». Borne sauvée de la destruction en 1967 et installée à proximité de l’entrée du cimetière communal ainsi qu’une autre borne semblable mais ne comportant pas d’inscription (source site de la mairie).
La voie de chemin de fer Paris-Orléans, ouverte en 1840, prolongée jusqu’à Tours en 1846 puis jusqu’à Bordeaux en 1860, avait une gare, construite en 1851 et qui fonctionne toujours, à Villeperdue.
Maurice Dufresne (1930/2008), maréchal-ferrant au départ, installa en 1958 à Villeperdue une fabrique de remorques, puis une entreprise de récupération de métaux, devenue aujourd’hui un magasin de récupération et vente (5 rue du Carroi du Vigneau, bourg nord-est) bien connu dans la région (voir https://www.dufresne.pro/). Plus tard, en 1983, il créa aussi un étonnant musée à Azay-le-Rideau (voir https://musee-dufresne.com/).
À voir
Église Saint-Jacques :
L’église actuelle, qui a remplacé une église, peut-être du 10ème siècle, a été construite au début du 20ème siècle, en style néo-gothique, par Charles Guérin (1847/1919), avec la participation, pour les plans, de son père, Gustave Guérin (1814/1881), architecte diocésain et infatigable constructeur de plus de 30 églises en Indre-et-Loire !
Dossier Olivier Geneste : https://patrimoine.centre-valdeloire.fr/gertrude-diffusion/dossier/villeperdue-eglise-saint-jacques-verrieres/cd738928-1209-4d68-960f-cd135b9d1192
« Les verrières de l'abside et du chœur (baies 0 à 6), représentant des personnages en pied sous un décor d'architecture, ont été réalisées en 1903 et 1904 par Lux Fournier [1868/1962]. Mais les baies de la nef (7 à 12) et de la façade ouest (baies 101 et 102) sont restées sans verrière jusqu'au début du 21e siècle.
En 2003, l'église de Villeperdue reçut un ensemble de 8 verrières provenant de la chapelle de la clinique Saint-Gatien de Tours (ancien Hôtel-Dieu), démolie en 1994. Cette chapelle avait été vitrée successivement par Julien [père de Lux] et Lux Fournier. Ainsi, alors que les verrières de Lux Fournier restèrent dans l'établissement hospitalier afin d'être réinstallées dans un nouvel espace de recueillement, celles de son père furent déposées à titre conservatoire dans l'atelier de Van-Guy [1930/2017], successeur de Lux Fournier.
Au début des années 2000, la restauration de l'église de Villeperdue offrit l'opportunité d'une réinstallation de cet ensemble dans les baies non garnies de l'édifice, moyennant une légère adaptation de leur partie haute, les vitraux de forme ogivale devant être insérés dans des baies en plein cintre. Cette réinstallation fut naturellement confiée à Van-Guy.
Les huit verrières de Julien Fournier, réalisées entre 1895 et 1899 dans le style néo Renaissance, sont aujourd'hui visibles dans des baies simples, mais avaient été conçues pour des baies doubles, à deux lancettes, c'est pourquoi il est possible de les regrouper deux-à-deux (7-8 : Vie de la Vierge ; 9-10 : Vie de saint Pierre ; 11-101 : Vie de saint Thomas ; 12-102 : le Sacré-Cœur).
Enfin, leur origine hospitalière permet de comprendre certaines dédicaces, ces verrières ayant été offertes en mémoire des docteurs Thomas [Saturnin Thomas (1804/1877), professeur à l’école de médecine de Tours et beau-frère de Louis Tonnellé] et Tonnellé [Louis Tonnellé (1803/1860)], célèbres médecins tourangeaux.
Château de Boisbonnard (bourg sud-ouest) :
Le premier seigneur connu de ce fief, qui relevait du château de Sainte-Maure (Sainte-Maure-de-Touraine) fut, de 1285 à 1313, fut Pierre Bonnard (voir Histoire), venu de Candes (Candes-Saint-Martin) et ayant planté un bois portant son nom ; notons aussi que les toponymes Bois Bonnard se trouve à Sainte-Maure-de-Touraine et Bonnard à Candes-Saint-Martin.
Parmi les seigneurs suivants, on peut noter, en 1601, Louis de Tours (mort en 1605), qui avait épousé en 1593 Geneviève Chalopin, fille de Julien Chalopin, maire de Tours en 1586/87, seigneur de Bois Renault à Ballan-Miré et de La Boiderie à Pernay, dont le fils, Nicolas de Tours vendit le fief, en 1670, à Henry Pâris.
Cet Henry Pâris (1650/1707), trésorier général de la généralité* de Tours, épousa en 1682 Ursule Collin (morte en 1731), fille de Michel Collin (mort en 1694), échevin perpétuel de Tours ; après la mort d’Ursule, le fief passa en 1731 à sa sœur Henriette Andrée Collin (morte en 1741), qui avait épousé en 1675 Charles Milon de Mesne (1635/1727), trésorier général de la généralité* de Poitiers, puis en 1741 à une autre sœur d’Ursule, Jeanne François Angélique Collin, qui, pour sa part, s’était mariée en 1685 avec un cousin germain de Charles, Henri I Milon de Mesne (mort en 1712), intendant général des turcies et levées de France.
Henri I Milon de Mesne, fut le père d’Alexandre Milon de Mesne (1688/1771), évêque-comte de Valence, seigneur de la prévôté d’Oé à Notre-Dame d’Oé, et d’Henri II Milon de Mesne (mort en 1753), père d’André Henri Milon de Mesne (1719/1771), à qui son oncle donna le fief, transmis ensuite au fils d’André Henri, Fortunat Jean Marie Milon de Mesne (né en 1766), lequel le vendit en 1791 à Catherine Claire Creuzé.
Cette riche veuve sans enfant, morte en 1793, légua ses biens (1) à son neveu, Augustin François Creuzé de Lesser (1771/1839), préfet de Charente de 1815 à 1817 puis de l’Hérault de 1817 à 1830 mais aussi poète et auteur dramatique, bien connu à son époque, père de Catherine Claire Hortense (1800/1856), épouse d’Eugène d’Espous (1786/1867), receveur général de l’Hérault.
(1) Parmi ces biens se trouvait La Frileuse de Jean Antoine Houdon (1741/1828) que le mari de Catherine Claire Creuzé avait commandée au sculpteur et que le préfet donna au musée Fabre de Montpellier.
Le château appartient toujours à la famille d’Espous.
Voir aussi Pierre Hamelin et Alain Jacquet : le recueil des dessins de Thomas Pringot (2), in BSAT 55. 2009 (pages 169/171).
(2) Thomas Étienne Pringot (1751/1838), aquarelliste, né à Tours
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098302
« Au 14e siècle, le château est une puissante forteresse entourée de douves. De cet ensemble médiéval subsistent cinq tours circulaires et les douves. Le logis actuel est le résultat de plusieurs remaniements et adjonctions successives. Le bâtiment principal, du 16e siècle, fut restauré au 18e puis en 1856. Il fut doublé au nord, au 17e siècle, par deux pavillons et prolongé au 19e siècle par une petite construction. A l'intérieur, le salon abrite des boiseries d'époque Louis XVI, endommagées pendant la Seconde guerre mondiale. Le salon conserve deux cheminées anciennes des 17e et 18e siècles. Les anciens communs de style Empire ont été en grande partie incendiés lors de la dernière guerre. Ils ont été prolongés par des bâtiments de style néo-gothique au 19e siècle. »
Le chêne de La Godinière (sud du bourg)
Situé près de la ferme de La Godinière, un chène rouvre, dont l’âge est estimé entre 400 et 500 ans, mesure 25 m. de hauteur et il a une circonférence e 6,30 m. à 1 m. du sol ; il est appelé localement le chêne-parapluie et il a donné son nom à une route.