Les passages sur l'Indre et sur l'Indrois
L’Indre, dont le nom, à l’époque gallo-romaine, était Angeris, venant du gaulois Ang-eri-s, càd « la rivière où il y a des serpents », prend sa source dans la commune de Saint-Priest-la-Marche (département du Cher) et se jette dans la Loire à Avoine, au Néman, toponyme qui apparaît au 12ème siècle, dans le Cartulaire de Fontevraud, sous la forme Namang, mot composé sur le gaulois Nantos, signifiant « vallée ».
Dans l’Indre-et-Loire, la rivière traverse les communes de Bridoré, Verneuil-sur-Indre, Saint-Hippolyte, Saint-Jean-Saint-Germain, Perrusson, Loches, Beaulieu-lès-Loches, Chambourg-sur-Indre, Azay-sur-Indre, Reignac-sur-Indre, Courçay, Truyes, Cormery, Esvres, Veigné, Montbazon, Monts, Artannes-sur-Indre, Pont-de-Ruan, Saché, Azay-le-Rideau, Cheillé, Lignières-de-Touraine, Bréhémont, Rivarennes, Rigny-Ussé, Huismes et Avoine.
Son affluent, l’Indrois, qui prend sa source sur le territoire de la commune de Villegouin (dans le département de l’Indre) et rejoint l’Indre à Azay-sur-Indre, traverse, dans le département, les communes suivantes : Villedômain, Loché-sur-Indrois, Villeloin-Coulangé, Montrésor, Beaumont-Village, Chemillé-sur-Indrois, Genillé, Saint-Quentin-sur-Indrois, Chédigny et Azay-sur-Indre.
Les cours d'eau sont, du nord au sud : la Loire, le Cher, l'Indre et l'Indrois, La Vienne et la Creuse
Après trois jours de pluies continuelles, le 26 novembre 1770, l’Indre et l’Indrois furent touchés par une crue d’une ampleur inégalée (voir les repères de crue à Reignac-sur-Indre) ; dès la nuit du 25 au 26 novembre, le curé de Loché-sur-Indrois signala la montée des eaux. La crue emporta une partie du pont et l’eau atteignit 1,30 m dans l’église et le presbytère. À Villeloin-Coulangé, l’eau monta jusqu’au deuxième étage du bâtiment situé à la place de l’actuelle mairie) ; à Montrésor, une tannerie fut ravagée par la crue, des murs emportés et le pont fortement endommagé ; Le moulin de la Ronde à Chemillé-sur-Indrois fut détruit et plusieurs bâtiments emportés par les flots dans le bourg ; à Saint-Quentin-sur-Indrois, l’eau passa un mètre au-dessus du pont et détruisit l’ouvrage. Pour la vallée de l’Indrois, les dégâts furent importants : ils s’élevèrent pour la seule paroisse de Villeloin-Coulangé à 60 000 livres (600 000 € environ).
Échelle des repères de crue à Reignac (photo PMD fév. 2008)
Entre Loches et Beaulieu, sur les six ponts séparant les deux villes, trois furent totalement emportés et les autres fortement endommagés. Un service de barque fut établi pour permettre provisoirement le passage, puis des ponts en bois furent édifiés, mais il fallut attendre 1785 pour une reconstruction complète des ouvrages ; à Reignac c’est l’église qui fut totalement bouleversée par 1,60 m d’eau. Mais c’est surtout entre Truyes et Cormery que les conséquences furent les plus tragiques car la rivière monta de près de 6 mètres et les habitants furent surpris dans leur sommeil ; 38 personnes furent noyées et 25 maisons furent détruites. Les ravages se poursuivirent en aval à Veigné et à Monts où l’eau passa dix pieds (3 mètres) au-dessus du pont et provoqua la mort du meunier du moulin Fleuriaux. (Source : la Renaissance lochoise du 17/11/2015).
Ces deux cours d’eau, qui n’étaient pas navigables, n’étaient pas des rivières domaniales, de sorte qu’il n’y a pas, aux archives départementales, de documents sur les passages éventuels, qui étaient privés ; cependant d’autres sources font état de passages attestés à Chédigny (sur l’Indrois), Azay-sur-Indre, Reignac-sur-Indre, Saché et Rigny-Ussé (Port Gaultier).
D’autres indices nous laissent supposer qu’il y eut aussi des passages plus ou moins permanents dans beaucoup d’autres communes situées sur l’Indrois et sur l’Indre.
Entre les deux rives de l’Indrois à Chédigny
Les seigneuries de Chédigny, Azay-sur-Indre et Reignac-sur-Indre appartenaient depuis 1700 à Jean Louis Barberin (mort en 1719). Son arrière-petit-fils, Marie Joseph Gilbert du Motier de La Fayette (1757/1834), dit le Marquis de La Fayette, fut le dernier propriétaire de ces seigneuries.
Le bac sur l’Indrois mettait en relation le bourg de Chédigny et Azay-sur-Indre (voir ci-après), via le hameau de Saint-Michel, où l’on peut encore voir l’ancienne église, devenue un château.
Chédigny : ancien bac sur l’Indrois (cp)
Le port d’embarquement et la maison du passeur étaient situés sur la rive droite en aval du pont actuel sur la D 10, qui a remplacé un gué permettant de franchir la rivière à l’époque gallo-romaine.
Il existait déjà sous l’ancien régime et au moment de la Révolution, il fut saisi sur le marquis de La Fayette. Son existence est confirmée le 6 thermidor an X (25 juillet 1802) par le vigoureux préfet d’Indre-et-Loire, le général René Jean de Pommereul (1745/1823), préfet de 1800 à 1805.
Chédigny : l’Indrois en aval du pont (photo PMD sept. 2024)
Un commentaire des Ponts et Chaussées du 11 thermidor an XII (30 juillet 1804) indique que « ce passage est très fréquenté ».
Entre les rives gauche et droite à Azay-sur-Indre
Le bac, qui a probablement remplacé un gué utilisé au moins depuis l’époque gallo-romaine, et dont le port d’embarquement était situé sur la rive gauche, mettait en relation le bourg et les communes de la rive gauche avec celles de la rive droite, via le château de La Follaine, dont le nom, selon la tradition, viendrait du fait, qu’au 13ème siècle, une enfant habitant le château serait devenue folle après avoir assisté à un meurtre perpétré sous ses yeux.
Sous l’ancien régime, il appartenait également au marquis de La Fayette (ci-dessus).
Azay -sur-Indre : port de débarquement du bac (photo PMD sept. 2024)
Par la suite, il fut remplacé par un pont, qui fut détruit par l’armée française le 20 juin 1940 pour tenter de ralentir la progression du VIIIe corps d’armée allemand qui avait contourné Tours par Amboise et tentait de rejoindre la Vienne pour contrôler l'axe routier Tours-Bordeaux mais les troupes allemandes traversèrent l’Indre à Reignac sur un pont militaire qu’elles avaient installé.
Entre les rives gauche et droite à Reignac-sur-Indre
Le premier nom de cette commune fut Brixis, signifiant sans doute « (je vais) aux Vallées » et venant du latin bracus = boue, marais, vallée. Mais selon d’autres étymologistes, ce toponyme pourrait venir d’un mot gaulois signifiant « forêt humide ». Ce toponyme devint ensuite Bray.
En 1700, Jean Louis Barberin (voir ci-dessus) acheta la seigneurie ; fait marquis de Reignac en 1710, il donna le nom de Reignac à cette paroisse.
Le passage, situé sur la rive gauche en aval du pont actuel, près de la rue du Gué, mettait en relation les communes se trouvant sur la rive gauche de l’Indre, comme Manthelan, avec le bourg et celles, comme Bléré, qui étaient sur la rive gauche du Cher.
Reignac : emplacement de l’ancien gué (Photo PMD sept 2024)
Dès l’antiquité, il y eut là un gué, ou même, selon certains archéologues, un pont, permettant à une voie gallo-romaine, qui allait de Poitiers à Amboise et qui deviendra plus tard la route habituelle pour aller de Paris en Espagne, de franchir la rivière.
Lors de la construction du pont, en 1860, on y découvrit un vase gallo-romain contenant des pièces de monnaie, des clefs et des hipposandales (ancêtres des fers-à-cheval).
Ce bac, qui, à la fin de l’ancien régime appartenait au marquis de La Fayette (voir ci-dessus), fut saisi après la Révolution ; son existence est confirmée le 6 thermidor an X (25 juillet 1802) par le préfet d’Indre-et-Loire, René Jean de Pommereul (voir ci-dessus).
Un commentaire des Ponts-et-Chaussées du 11 thermidor an XII (30 juillet 1804) indique que « ce passage, très fréquenté, est assuré par une charrière mais que l’abord côté gauche est mauvais ».
Vers 1870, la charrière, qui était inutilisée, fut transportée pour être affectée au bac de La Guerche (voir https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/les-passages-sur-la-creuse).
On peut encore voir, près de la rue du Gué, le chemin conduisant au bac ainsi que deux petits bâtiments, dont l’un était peut-être la cabane du passeur.
L’un de ces bâtiments est peut-être l’ancienne cabane du passeur (photo PMD sept. 2024)
Pendant la Seconde guerre mondiale, la ligne de démarcation traversait le territoire communal ; le bourg (sur la rive droite) était en zone libre mais toute la rive gauche se trouvait en zone occupée et de nombreux passages clandestins eurent lieu ; en mai 1942, le garde champêtre de Reignac, arrêté et déporté peu après, fit passer la ligne à un homme qui, venant de Loches, souhaitait rejoindre Paris ; plusieurs témoins déclareront qu’il s’agissait de Jean Moulin (1899/1943).
Entre les rives droite et gauche à Saché
N. B. Le texte suivant est largement inspiré par l’article de Pierre Audin, intitulé La traversée de l’Indre à La Chevrière et paru dans Le Val de l’Indre, n° 9 1997 (pages 39/44)
Le passage, dit de La Chevrière, partait du moulin de La Chevrière,sur la rive droite, et mettait en relation le château de la Chevrière, cité pour la 1ère fois au 13ème siècle, avec le bourg et le château de Saché, où l’on peut visiter aujourd’hui le très beau musée consacré à Balzac.
Il semblerait que le bac ait été utilisé depuis 1280, si l'on en croit une plaque apposée sur La Gouacherie, maison du 15ème siècle, qui fut la maison du passeur, puis, de 1956 à 1976, l’atelier du sculpteur Alexandre Calder (1898/1976), célèbre pour ses mobiles.
Saché : ancienne maison du passeur (source Le Val de l'Indre n° 9 1997)
La Gouacherie : ancienne maison du passeur (photo PMD août 2010)
Ce bac est cité en 1560, dans un accord conclu entre René Savary, seigneur de Saché, et le seigneur de « La Cheveryière », qui indique « que le port et passage de la ryvyère de Lyndre, près la Cheveryère, sera équipé de charrières et de bateaux pour passer l’eau ». Cet accord fut renouvelé en 1647 entre « François d’Aloigny (mort en 1658), seigneur de La Chevrière » et « François Rousselé [François de Rouxelley], seigneur de Saché ».
En 1767, lorsque Pierre François Jacques Le Breton de Vonnes (1732/1801), procureur du roi au présidial du bailliage de Chinon acheta le fief de la Haute et Basse Chevrière, il fut précisé dans l’acte de vente que cet achat comprenait « le droit de passage d’un bord à l’autre. »
En 1779, le « port de La Chevrière » appartenait à Françoise Élisabeth de Briochet (1720/1790), « dame de Pont-de-Ruan, Saché, Valesne et autres lieux, veuve en dernières noces de messire Pierre René Péan de Livaudière (1724/1767). »
Le premier fermier connu, de 1772 à 1792, année où les droits de passage pour bacs et ponts furent supprimés par la Convention, fut Louis Picard « charpentier de bateaux demeurant à Chinon », qui devait maintenir en l’état la toue et la charrière », dont le passage était équipé, de telle sorte que ces bateaux soient « capables de passer voitures et charrettes ».
En 1774, celui-ci payait un fermage important de 24 livres (240 € environ), qui concernait aussi des terres et des moulins ; il complétait ses revenus grâce à « une petite vigne, un pré bordant l’Indre et un jardin, situé face à sa maison ».Les tarifs du péage allaient alors de 1 sol (50 cents) pour « un homme à pied » à 10 sols (5 €) pour « un carrosse ou une charrette passant à vide et revenant chargé ». Les seigneurs de Saché et de La Chevrière ainsi que leur personnel respectif bénéficiaient de la gratuité du passage.
En 1792, Louis Picard étant décédé, sa veuve reprit le passage. L’existence de ce passage fut confirmée le 6 thermidor an X (25 juillet 1802) par le préfet d’Indre-et-Loire, le général René Jean de Pommereul (voir ci-dessus).
Un commentaire des Ponts et Chaussées du 11 thermidor an XII (30 juillet 1804) indique que « le pont d’abordage n’est pas fixé mais qu’ils sont tous bons et solides ».
Promenade en toue sur l'Indre gravure de Gustave Staal pour Le lys dans la vallée
La toue du passage est évoquée par Balzac, qui, dans Le lys dans la vallée (1836), dépeint La Chevrière sous le nom de Clochegourde, en lui donnant l’aspect du manoir de Vonnes, à Pont-de-Ruan.
Dès 1790, les habitants de Pont-de-Ruan, Druye et Saché s’étaient unis pour déplorer le manque d'un pont, d’autant que le bac était souvent inutilisable, notamment en hiver « lors des inondations ou lorsque le courant est trop fort ». Mais il faudra attendre 1865 pour qu’une passerelle en bois, dite du Moulin Rouge, soit construite en aval du passage à l’initiative d’Hippolyte Le Breton de Vonnes (1814/1871), arrière-petit-fils de Pierre François Jacques et maire de Saché de 1856 jusqu’à son assassinat en 1871, propriétaire de La Haute-Chevrière. Vers 1925, cette passerelle fut remplacée par un pont métallique et trois ponceaux.
L’Indre, rive gauche, à Saché (photo PMD sept.2024)
L’ancien moulin de La Chevrière est aujourd’hui un gîte.
Entre les rives gauche et droite à Rigny-Ussé
Le passage, dit de Port-Gaultier, qui figure sur le cadastre napoléonien ainsi que sur la carte d’état-major, partait de Port-Gautier (rive gauche), hameau faisant partie de l’ancienne commune de Rigny, réunie en 1860 avec celle d’Ussé pour former la commune de Rigny-Ussé.
Photo et annotations PMD (sept. 2024)
Il arrivait, sur la rive droite, à un lieu d’abordage à partir duquel il était possible de rejoindre la levée longeant la rive gauche de la Loire (actuelle D 16). Le bac est dit, en 1679, « surtout fréquenté pendant les grandes eaux ».
Après la Révolution, il fut saisi sur le seigneur de Rigny, Louis Vincent Roger de Chalabre (1736/1796), également propriétaire du château d’Ussé, entrepreneur de jeux lié à la reine Marie Antoinette (1755/1793), puis attribué le 17 prairial an VII (5 juin 1799) à Antoine Sazilly, qui payait un fermage de 5 francs et possédait un bateau estimé à 130 francs.
L’Indre à Port-Gautier (photo PMD sept. 2024)
Le passage fut sans doute en service jusqu’en 1865, année où, selon Élie Filleteau (1838/1916) : instituteur à Rigny-Ussé de 1882 à 1900, un pont fut construit en aval, au Port des Ménards.
On peut encore voir à Port-Gautier, au bord de la D 7, la base en pierre d’une ancienne croix, qui indiquait sans doute l’entrée du chemin conduisant au bac*.
PASSAGES SUPPOSÉS SUR L’INDROIS
Cette commune est située sur les deux rives de l’Indrois.
Un bac existait peut-être, avant le pont (rue de la Mairie, actuellement) pour mettre en relation le centre-bourg, sur la rive gauche et la partie du bourg située sur la rive droite.
Cette commune est située sur les deux rives de l’Indrois mais le bourg, où l’on peut voir l’imposant château, dont la fondation est attribuée à Foulque Nerra, se trouve sur la rive droite.
L’Indrois à Montrésor (cp)
Là, une ancienne voie gallo-romaine, allant de Barrou à Montrichard, franchissait sans doute l’Indrois sur un gué, entre la rive gauche et la rive droite, remplacé peut-être par un bac puis par le pont actuel (rue des Ponts aujourd’hui).
Cette commune est située sur les deux rives de l’Indrois mais le bourg se trouve sur la rive gauche. L’agglomération, alimentée en eau par un aqueduc, existait depuis l’époque gauloise et de nombreux vestiges gallo-romains ont été découverts de part et d’autre de l’Indrois.
À cette époque, ces deux rives étaient sans doute reliées par un gué, remplacé peut-être par un bac puis par le pont actuel (rue Maria de nos jours).
Le bourg de cette commune, située sur les deux rives de l’Indrois, se trouve sur la rive droite, où il y a le dolmen de Mallée (à l’est du bourg) ; sur la rive gauche, la Fontaine Mal-de-Tête est probablement une ancienne source sacrée gauloise.
On peut encore voir les traces d’une ancienne voie, peut-être gauloise, venant de Loches et allant vers Bléré, qui franchissait sans doute l’Indrois sur un gué ; il se peut, qu’avant le pont actuel (route de Loches-Bléré), un bac ait pris la place de ce gué.
PASSAGES SUPPOSÉS SUR L’INDRE
Voir aussi l'article Les voies longeant l'Indre dans la catégorie Les voies gallo-romaines
Le nom de cette commune, qui s’étend, sur les deux rives de l’Indre, apparaît pour la première fois en 791, dans le cartulaire de l’abbaye de Cormery, sous la forme Cambertensis, venant du gaulois cambos (courbe) et ritos (gué) et signifiant donc « le gué dans la courbe ».
Il est probable que ce gué, situé entre le bourg (sur la rive gauche) et L’Île-Thimé (sur la rive droite), ait été utilisé, à l’époque gallo-romaine pour mettre en relation les deux voies qui longeaient l’Indre ; il y eut là, peut-être un bac, avant le pont actuel (route des Ponts).
À Courçay
Les deux voies mentionnées ci-dessus passaient à Courcay ; celle de la rive droite, où se trouve le bourg, est reprise par la pittoresque rue de la Doué, où l’on peut voir les vestiges d’un aqueduc gallo-romain ; celle de la rive gauche par l’actuelle rue du Moulin.
Courçay-sur-Indre : plan 1912 réalisé par l'agent voyer ( (source AD 37 EDEP 085 o1)
On peut supposer qu’un gué, continué ensuite par un bac puis par le pont actuel, ait relié ces deux voies.
À Cormery (sur la rive gauche), célèbre pour son abbaye fondée à la fin du 8ème siècle, la voie gallo-romaine longeant la rive gauche de l’Indre était rejointe par une autre voie venant de Nouâtre et allant vers Azay-sur-Cher (via Truyes).
L’Indre à Cormery (photo PMD mai 2011)
Cette dernière franchissait l’Indre au moyen d’un gué, situé au bout de la rue de l’Abreuvoir, un peu en aval du pont actuel, pour continuer vers Truyes (sur la rive droite) ; il est fort vraisemblable qu’il y eût là un bac avant l’aménagement d’un pont au 18ème siècle car ces deux communes étaient sur la Route royale du Berry, allant de Tours à Châteauroux.
Il est avéré qu’il y eut sur le territoire de la commune actuelle, située sur les deux rives de l’Indre, une importante agglomération gauloise puis gallo-romaine, où l’évêque de Tours, Saint Perpet fonda une église vers 465.
La voie gallo-romaine qui suivait la rive droite de l’Indre est encore bien visible, entre Champgault, à l’entrée de la commune, et Nantilly, à la sortie, sous la forme d’un chemin rectiligne. Celle qui suivait la rive gauche franchissait l’Échandon au Moulin-de-Sauquet puis passait près de Port-Joie ; une des étymologies possibles de cet endroit, où il y a un ancien moulin, est Portus Jovis (Port de Jupiter), ce qui laisserait supposer qu’il y aurait eu un port antique à cet endroit.
L’Indre à Esvres-sur-Indre (photo PMD oct. 2024)
Je suis persuadé qu’un bac existait au 19ème siècle pour relier les deux rives ; il se trouvait au sud-est du bourg, en aval des deux ponts actuels sur l’Indre et l’Échandon (route de Saint-Branchs) ; en effet des traces des deux ports d’abordage sont encore visibles et près de celui de la rive droite, on peut voir une ancienne pompe à chapelets.
Entre Montbazon et Veigné (rive droite)
Selon wikipedia, à Montbazon, sur la rive gauche de l’Indre, où un premier château fut construit, vers 1425 par Guy VIII de La Rochefoucauld (1355/1428), un chemin probablement antique, traversait l'Indre au moyen d'un ou plusieurs gués, un peu en amont du pont moderne.
L’Indre à Montbazon (photo PMD avril 2023)
Au milieu du 18ème siècle, la route royale de Paris en Espagne fut aménagée dans la région et il est fort probable qu’un bac existait entre les actuelles rue d’Espagne (Veigné, rive droite) et rue Emmanuel Brault à Montbazon ; cette rue, dit ancienne route d’Espagne, arrive en effet au bord de l’Indre, en amont du pont actuel, où se trouvait sans doute le port d’abordage du bac.
Entre Pont-de-Ruan et Artannes-sur-Indre
À l’époque gauloise (la Tène)il y avait là un gué sur l’Indre, comme l’indique le toponyme « Ruan », venant de Rotomagos, signifiant « le marché (magos) du gué (rotos) ».
Ce gué était situé un peu en aval du pont actuel et aboutissait sur la commune actuelle d’Artannes-sur-Indre, où l’on peut encore voir dans le bourg, au bout de la rue de la Fontaine-aux-Mères, une ancienne source sacrée gauloise, dont l’eau était censée favoriser la montée du lait pour les nouvelles accouchées.
L'Indre à Pont-de-Ruan (panneau touristique, annotations PMD)
Il était notamment utilisé par la voie gallo-romaine, allant de Nouâtre à Vaas et arrivant sur la rive droite de l’Indre, à L’Alouette (commune d’Artannes-sur-Indre), manoir du 16ème siècle, évoqué par Balzac dans Le Curé de Tours, où elle croisait la voie suivant la rive droite de l’Indre.
Il est tout-à-fait possible qu’un bac ait pris la suite de ce gué, avant la construction du pont, à l’entrée duquel l’oratoire Sainte-Apolline, garde le souvenir d’un autel consacré à une divinité romaine (Apollon ou Apolline ?), à qui on offrait une pièce de monnaie avant de prendre le gué.
Entre Azay-le-Rideau et Cheillé
Je ne sais pas s’il y eut un bac sur l’Indre, avant la construction du pont entre Azay-le-Rideau, où un château fort, construit au début du 12ème siècle, a été remplacé par le château actuel, et La Chapelle-Saint-Blaise (commune de Cheillé), où le château de la Rémonière a été édifié sur une importante villa gallo-romaine.
L'Indre à Port-Huault (photo PMD août 2009)
Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’un passage existait à Port-Huault (à l’ouest du bourg) ; il avait pris la place d’un gué situé sur la via turonensis, ancienne voie gallo-romaine allant de Chinon à Tours.
Selon la tradition, ce passage, cité par Rabelais dans le chapitre 49 de Gargantua, fut utilisé par Jeanne d’Arc le 5 avril 1429 pour aller de Chinon vers Orléans.
À Avoine
Il est avéré qu’il existait un bac sur la Loire, entre le Néman, (commune d’Avoine) et Port d’Ablevois (commune de La Chapelle-sur-Loire). Voir les articles Les voies sur la rive gauche de la Loire et Les passages sur la Loire : liste.
L'Indre à Avoine (photo PMD août 2011
Mais avant d’arriver à la Loire, les utilisateurs du bac devaient traverser l’Indre et il y eut sans doute là un autre bac, dont on voit la trace, au bout de l’Allée-d’Ingrandes, juste en aval du pont actuel.