Seuilly
Il était normal que Rabelais fît de Seuilly, où se trouvait La Devinière, le centre du royaume de Grandgousier. Ce petit village est traversé par le Négron qui, au temps de Rabelais, s’appelait probablement la vède de Négron (voir La Roche-Clermault).
Plan touristique
Ce village est surtout connu pour son abbaye où le jeune Rabelais commença des études, mais on peut voir aussi l’église Saint-Pierre, où, paraît-il, Rabelais fut baptisé. Construite au 12ème siècle, elle fut pillée et incendiée en 1532, lors des guerres de religion.
L'abbaye en 1699 (aquarelle réalisée pour François Roger de Gaignières)
Cette abbaye fut fondée à la fin du 11ème siècle par Guillaume de Montsoreau, premier seigneur connu du château du Coudray-Montpensier ; le château, comme l’abbaye d’ailleurs, est nettement visible de La Devinière, mais en fait Rabelais n'en parle pas et cite deux hameaux distincts : le Coudray (Réf. A-4, 38, 43, 51 ; C-23) et Montpensier (Réf. A-4).
Le Coudray-Montpensier (photo PMD avril 2023)
En 1461, un incendie détruisit l’aile droite de l’église abbatiale et la dame de la seigneurie, Jeanne de France, fit reconstruire le clocher. L’abbaye, qui n’avait plus que quatre moines en 1736, fut alors abandonnée et l’église abbatiale, dévastée par un ouragan en 1751, fut ensuite rasée. Du temps de Rabelais l’abbé commendataire était Jean de Bourbon, protonotaire du pape.
Plan de l'abbaye (annotations PMD)
On dit que Rabelais commença des études, très scolastiques si l’on en croit le chapitre 14 de Gargantua, dans cette abbaye avant de les poursuivre (de 1510 à 1520) au couvent de la Baumette à Angers.
Lors de la guerre picrocholine, les troupes de Picrochole attaquent l’abbaye et commencent par saccager les vignes (Réf. A-27) ; « les pauvres diables de moines ne savaient à quels saints se vouer » et ils entament des « litanies contra hostium insidias (contre les embûches des ennemis) » mais un moine « nommé Frère Jean des Entommeures (…) bien fendu en gueule » trouble le « service divin » pour préserver le « service du vin » et exterminent les ennemis avec l’aide des « petits moinillons ». Plusieurs hypothèses ont été faites sur la réalité de ce moine mais aucune n’est bien convaincante !
Les vignes (photo PMD avril 2011)
Actuellement, les bâtiments existants sont du 11ème siècle pour la salle capitulaire voûtée sur croisées d’ogives de style angevin, du 15ème siècle pour la grange aux dîmes qui servait de cellier et de grenier auquel on accède par un escalier extérieur identique à celui de la Devinière. Les autres bâtiments, plus récents, datent des 17ème et 18ème siècle. On peut voir aussi le vignoble et les jardins ainsi qu’un pigeonnier (fuye) cylindrique dont les murs ont plus d’un mètre d’épaisseur.
La salle capitulaire (photo PMD mai 2009)
L’abbaye de Seuilly abrite aujourd’hui une Maison de pays et on peut aussi y louer des salles.
Cette abbaye est aussi évoquée dans le chapitre 42 du Quart Livre : « Un jour, dit frère Jean, à Seuilly, je m’étais torché le cul d’un feuillet d’une méchante Clémentine (livre des décrétales du pape Clément V, publié en 1317) que Jean Guymard, notre receveur, avait jeté dans le préau du cloître (…) les hémorroïdes qui en résultèrent (furent) horribles. »
La grange aux dîmes (photo PMD mai 2009)
La famille de Rabelais possédait plusieurs terres sur la commune de Seuilly, entre autres le Clos-Rabelais et la pièce des Longardes. « La vallée des Noirettes » (lieu planté de jeunes noyers) où Gargantua fait enterrer une partie des victimes de la guerre (Réf. A-51) se trouvait sans doute sur la commune de Seuilly.
L'abbaye vue en arrivant de la Devinière (photo PMD mai 2009