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Les voies longeant la Vienne (voies 4.1 et 4.2)


Ces  deux voies, se dirigeant vers Nantes (Condovincum puis Portus Namnetum), partaient de Limoges (Augustoritum), la capitale des Lémovices, qui était dans l’antiquité un carrefour très important, où se croisaient notamment la Via Agrippa allant de Lyon (Lugdunum) à Saintes (Mediolanum Santonum) et la Via Avaricum allant de Toulouse (Tolosa) à Bourges (Avaricum).

Portion Rive droite d’Ingrandes-sur-Vienne à Candes-Saint-Martin

Cette voie passait par le port de Ribes, dans la commune actuelle de Vouneuil-sur-Vienne(86), où elle croisait une voie reliant la vallée du Clain à celle de la Loire (voir voie Barrou/Montrichard) puis à côté du prieuré N D de Savigny, construit vers 945 sur les vestiges d’une ancienne villa gallo-romaine ainsi que par la commune actuelle d’Availles-en-Châtellerault (du gaulois Aballo = pomme) avant de traverser le territoire de Châtellerault, qui n’existe que depuis le 10e siècle, et d’arriver à Ingrandes-sur-Vienne, toponyme indiquant la frontière entre les Pictons et les Turons.

Communes traversées : Ingrandes-sur-Vienne, Dangé-Saint-Romain, Port-de-Piles, Nouâtre, Pouzay, Trogues, Crouzilles (Mougon), Panzoult, Cravant, Chinon, Beaumont-en-Véron et Savigny-en-Véron.

Ingrandes-sur-Vienne et Dangé-Saint-Romain

Le toponyme "Ingrandes", venant du gaulois "equoranda" signifie "frontière marquée par l'eau" et effectivement, à la sortie d’Ingrandes-sur-Vienne, le Batreau : petit affluent de la Vienne (rive droite), qui coule, profondément encaissé, au nord de la commune, matérialisait cette frontière ; on sait que les frontières du territoire des Turons perdurèrent au moyen-âge et lors de la translation du corps de Saint Léger, au 7e siècle, Ansoald, évêque de Poitiers, vint accueillir à Ingrandes les reliques amenées par Bert, évêque de Tours. Ces frontières furent ensuite légèrement modifiées et aujourd’hui le département de l’Indre-et-Loire ne commence qu’au nord de Port-de-Piles.

01 Ingrandes sur Vienne cp annotations PMD

Ingrandes-sur-Vienne (cp, annotations PMD)

On a trouvé à Ingrandes-sur-Vienne quelques vestiges préhistoriques et gaulois ainsi qu’une nécropole mérovingienne, qui continuait sans doute une nécropole gallo-romaine et dont subsistent les deux sarcophages placés à côté de l’église. La voie passait ensuite par Dangé-Saint-Romain, commune formée par la réunion de Dangé (Damiacus) sur la rive droite et de Saint-Romain, sur la rive gauche (voir ci-après), où il y avait un embranchement vers l’est, en direction de Loches (voir voie Dangé-Saint-Romain/Thésée). 

Port-de-Piles

La voie principale, quant à elle, continuait vers le nord et arrivait sur le territoire de Port-de-Piles, qui est encore dans le département de la Vienne, mais qui se trouvait auparavant dans la province de Touraine.

Étape importante sur l’ancienne route d’Espagne, ce « port ou passage (portus) près des piles (ad pilas) » apparaît sous la forme Portus Pilarum dans plusieurs chartes du cartulaire de l’abbaye de Noyers. On ne sait pas exactement ce qu’étaient ces piles, peut-être des piles funéraires semblables à celle de Cinq-Mars-la-Pile (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/02-les-voies-sur-la-rive-droite-de-la-loire), peut-être, plus probablement, des piles indiquant le gué sur la Creuse, que la voie devait nécessairement franchir pour continuer sur la rive droite de la Vienne.

03 Le gué de Ports de Piles photo Jacques Dubois annotations PMD

Le gué de Ports-de-Piles (photo Jacques Dubois, annotations PMD

Cette traversée se faisait, comme le montrent toutes les photographies aériennes de la région, à l’ouest de Port-de-Piles, près d’une ferme fortifiée appelée Le Quart et située, ainsi que l’indique le toponyme à 4 lieues gallo-romaines de la frontière. C’est là aussi que notre voie était rejointe par la voie qui suivait la rive gauche de la Creuse (voir voies longeant la Creuse).

Nouâtre

Après le passage de la Creuse, il y avait une bifurcation : la voie principale obliquait au nord-ouest vers Nouâtre (Nogastrum) tandis qu’une autre voie partait, au nord-est, vers Amboise (voir voie La Celle-Saint-Avant/Amboise) via La Celle-Saint-Avant, où arrivait aussi la voie suivant la rive droite de la Creuse (voir voir voies longeant la Creuse).

04 Anciennes voies après le gué photo PMD juillet 2018

Anciennes voies après le gué sur la Creuse(photo PMD juillet 2018)

Sur cette question, voir https://turonensis.fr/categories/nouatre/01-histoire-de-nouatre 

05 Ancienne voie à lentrée des Maisons Rouges photo PMD juillet 2018

Ancienne voie à l'entrée des Maisons Rouges (photo PMD juillet 2018)

Après être arrivé aux Maisons Rouges, sur la commune actuelle de Nouâtre (voir https://turonensis.fr/categories/nouatre/la-vienne-avec-les-maisons-rouges-talvois-et-chenevelles), le voyageur franchissait le Biez ou Réveillon à un endroit appelé La Grippe, où il y eut une nécropole néolithique, puis entrait dans Nogastrum par ce qui est actuellement l’Allée-Romaine ; le chemin longe une ancienne ferme qui fut un moulin appartenant aux Templiers de Nouâtre, où des vestiges gallo-romains ont été vus par des photographies aériennes.

05bis Nouâtre photo aérienne 2004 de Jacques Dubois annotations PMD

La Grippe, photo aérienne 2004 de Jacques Dubois, annotations PMD

La voie traversait le village sous les noms actuels de rue Guy de Nevers et rue Saint-Jean-du-Bois puis rue de Talvois, d’où partait à droite une voie allant vers la vallée du Cher (voir voie Nouâtre/Azay-sur-Cher) avant d’arriver à Chenevelles, maintenant à cheval sur les communes de Nouâtre et de Pouzay, où se trouvait la grande villa gallo-romaine de Soulangé.

Pouzay et Trogues

Toute cette portion de voie (entre Châtellerault et Nouâtre) était aussi utilisée par la voie Poitiers/Le Mans (voir voie Nouâtre/Vaas) qui continuait vers Saint-Épain, tandis que la voie de la rive droite de la Vienne passait à côté d’un grand dolmen appelé La Pierre-Levée et continuait vers Pouzay (Pontiacus), où se trouvait également une agglomération (vicus) située au lieu-dit Les Grandes-Varennes ; repérée par les photographies aériennes, cette agglomération a été fouillée et son plan a été dressé, mais, à notre connaissance, la fouille n’a pas donné lieu à d’importantes découvertes.

07 Pouzay ancienne voie au niveau des Varennes photo PMD mars 2011

Pouzay : ancienne voie au niveau des Varennes (photo PMD mars 2011)

Ce site se trouvait à cheval sur la commune de Trogues, où se trouvaient les domaines gallo-romains de Nantilly (Nantiliacum) et Lantigny (Lantiniacum), qui étaient sans doute un seul et même domaine ; de là partait une voie secondaire qui rejoignait la grande voie Poitiers/Le Mans (voie Nouâtre/Vaas) un peu avant La Motte-du-Donjon.

Crouzilles (Mougon)

Sur cette question voit Le passage de Mougon, in https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/les-passages-sur-la-vienne

08 Mougon carte Jacques Dubois annotations PMD

Mougon (carte Jacques Dubois, annotations PMD)

Après Mougon, la voie montait vers Chézelle (lieu-dit de Crouzilles), franchissait les trois bras de la Manse, passait aux Portes-Rouges puis se dirigeait vers la commune actuelle de Panzoult.

Panzoult et Cravant

On ne sait pas exactement où passait cette voie sur la commune de Panzoult ; peut-être entre la D 8, qui longe la Vienne et la D 21, plus au nord ; dans ce secteur en effet on trouve Les Terres-Rouges, Le Petit-Marais, Les Égratigneaux et Chezelet, mais il est aussi possible que cette voie soit reprise par la D 21, qui traverse le centre du bourg, où se trouvait une agglomération secondaire couvrant 25 hectares, avec un temple et une nécropole.

09 Anciennes voies aux Loges carte IGN annotations PMD

Anciennes voies aux Loges (carte IGN annotations PMD)

Elle se dirigeait ensuite vers Les Loges, à la limite entre Cravant-les-Coteaux, et Chinon, où un croisement important permettait d’aller, au nord, vers Azay-le-Rideau (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-lindre-voies-3-1-et-3-2 et voie Rivière/Azay-le-Rideau), à l’est, vers Loches (voir voie Chinon/Loches), et au sud, vers le gué de La Motte, qui conduisait à Rivière sur la rive gauche de la Vienne (voir ci-après) ;

Chinon

Notre voie est bien marquée entre Les Loges et Chinon ; elle passait par Noiré (Nigracum) puis par L’Olive, La Grange-Liénard et Les Bas-de-Sainte-Radegonde ; dans ces trois derniers endroits Gérard Cordier a repéré et fouillé huit habitats datant du premier âge du fer (vers – 800) ; distants de la Vienne de 800 à 1 200 mètres, protégés des crues  par leur altitude de 34 à 40 mètres, ces habitats ont livré de nombreux fragments de céramiques communes (vases, jarres) et de céramiques fines (urnes, coupelles, terrines).

10 Ancienne voie entre les Loges et Chinon photo PMD mars 2011

Un de ces habitats devint ensuite une villa gallo-romaine ; située à La Grange-Liénard, à l’est de l’ancienne usine de meubles Cousin-Malbrant, cette villa appelée Bessé (Bettiacum) fut fouillée en 1954 par Raymond Mauny, qui y découvrit un hypocauste dallé, un morceau de 70 cm d’une colonne dorique ainsi que de nombreux fragments de poteries communes et sigillées, dont six morceaux d’une belle coupe avec un intérieur décoré de personnages en relief, comprenant le dieu Pan, où se trouve aussi la marque du potier Croesus, qui travaillait à Lezoux au milieu du 3e siècle.

11 Anciennes voies à Chinon carte IGN annotations PMD

Anciennes voies à Chinon (carte IGN annotations PMD)

Dans Chinon, la rue Diderot, qui continue sans doute l’ancienne voie, est prolongée par la rue Jean-Jacques Rousseau, et à côté de l’église Saint-Étienne, il y a un carrefour avec la rue du Collège qui reprend l’ancienne voie vers Huismes (voir voie Chinon/Le Lude). Au-dessus, les rues du Coteau-Sainte-Radegonde et du Coteau-Saint-Martin représentent probablement la suite d’un ancien chemin gaulois.

La voie continue ensuite sur la rive droite en passant par Saint-Louans où un certain Sanctus Lupantius fonda au 7e siècle un oratoire à l’emplacement d’une ancienne villa gallo-romaine. Cette voie est aujourd’hui une piste cyclable fort tranquille et porte le nom de « voie romaine ».

Beaumont-en-Véron

Ce chemin passe sur la commune de Beaumont-en-Véron, où il y avait six domaines : Turpenay (Turpiniacum), Coulaine (Colonica villa), Danzay (Damatiacum), où un château édifié au 15e siècle par Jean de Guarguesalles a remplacé une villa gallo-romaine, Razilly (Rasiliacum), Isoré (Isuriacum) et Détilly (Destilliacum).

12 Ancienne voie entre Beaumont et Savigny en Véron photo PMD sept 2012

Ancienne voie entre Beaumont et Savigny-en-Véron, dite la Voie romaine (photo PMD sept 2012)

Savigny-en-Véron

Après Beaumont-en-Véron, la voie suivait la limite sud de l’actuelle commune de Savigny-en-Véron, toponyme venant de Sabiniacum ou « domaine du Sabin ». Il existait là plusieurs autres domaines : Bertignolles (au nord-ouest du bourg), venant de Britanniolae ou « colonie de Bretons », Cheviré, (au nord-ouest), venant de Caviriacum ou « domaine du gaulois Cavirius, Le Petit-Chouzé (au nord), venant de Causiacum ou « domaine de Causius » et Les Maillés (au nord-ouest), venant de Malliacum ou « domaine de Mallius ». 

14 Savigny en Véron borne milliaire ou stèle funéraire photo PMD août 2011

Savigny-en-Véron : borne milliaire ou stèle funéraire (photo PMD août 2011)

Autrefois devant la mairie et maintenant devant la salle des fêtes, à côté de l’église, on peut voir une pierre découverte en 1924, sur notre voie, à l’entrée du Pont de l’Arche (sur le Ruisseau du Bouchet). Longtemps considérée comme une borne milliaire, il semblerait qu’il s’agit en fait d’une stèle funéraire du 1er siècle après JC.

Finalement, après avoir été rejointe par la voie qui longeait la rive gauche de la Loire (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/03-les-voies-sur-la-rive-gauche-de-la-loire), la voie arrivait au confluent de la Vienne et de la Loire, appelée la Coue du pré (la Queue-du-Pré), où un pont permettait de traverser la Vienne pour rejoindre Candes-Saint-Martin (voir ci-après).

15 Candes emplacement du pont sur la Vienne photo PMD août 2011

Candes, emplacement du pont sur la Vienne (photo PMD août 2011)

Selon Jean-Paul Lecompte, qui a étudié la question d’une façon approfondie, un premier pont fut édifié en 14 av. J.-C. et un second pont, plus solide, fut aménagé entre 10 et 20 après JC, au moment de la réorganisation de la Gaule ; une partie des pieux de ces ponts est encore visible, quand les eaux sont basses. 

Après Candes, aujourd’hui Candes-Saint-Martin, le voyageur pouvait continuer vers Angers en suivant la rive gauche de la Loire.

Portion Rive gauche de la Vienne de Cenon-sur-Vienne à Candes-Saint-Martin

Cette voie suivait la rive gauche, qui, en amont, traversait Vouneuil-sur-Vienne, d’où partait une voie reliant la vallée de la Vienne à celle du Cher (voir l'article Voies de la Vienne au Cher). Elle passait d’abord dans le 86 avant d’entrer dans l’Indre-et-Loire à Antogny-le-Tillac.

Communes traversées : Cenon-sur-Vienne, Antran, Vaux-sur-Vienne, Dangé-Saint-Romain, Antogny-le-Tillac, Pussigny, Ports-sur-Vienne, Marcilly-sur-Vienne, Pouzay, Parçay-sur-Vienne, L’Île-Bouchard, Tavant, Sazilly, Anché, Rivière, Chinon, Thizay, Saint-Germain-sur-Vienne et Candes-Saint-Martin.

Cenon-sur-Vienne

Après être passé à Moussais (commune de Verneuil-sur-Vienne (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-de-la-vienne-au-cher-6-1-6-2-et-6-3), la voie arrivait dans la commune actuelle de Cenon-sur-Vienne, près de laquelle se trouvait l’importante agglomération de Briva, connue aujourd’hui sous le nom du Vieux-Poitiers, où notre voie franchissait le Clain pour continuer vers le nord.

17 Ancienne voie à Briva photo PMD sept. 2010

Ancienne voie à Briva (photo PMD sept. 2010)

Dans le cimetière de Cenon-sur-Vienne, huit bornes milliaires, ont été découvertes en 1928. Une de ces bornes, avec la dédicace de Trajan, était sans doute placée près de Briva, car elle indique LIM (onum) = XI et FIN (ibus) = V : c’est-à-dire Limonum (Poitiers) à 11 lieues gauloises (27 km) et Fines (frontière = Ingrandes-sur-Vienne) à 5 lieues gauloises (12 km), ce qui correspond précisément à la position du Vieux-Poitiers.

18 Ancienne borne milliaire découverte à Cénon sur Vienne cp

Ancienne borne milliaire découverte à Cénon-sur-Vienne (cp)

Antran, Vaux-sur-Vienne et Dangé-Saint-Romain

Après avoir franchi le Clain, la voie continuait à suivre la rive gauche de la Vienne et passait Châteauneuf (commune actuelle de Châtellerault) avant d’arriver à Antran, au confluent de la Vienne et du Gatineau, où l’on a découvert des tombes d’aristocrates gallo-romains du 1er siècle après JC (voir le Musée Sainte-Croix de Poitiers). Elle continuait ensuite par Vaux-sur-Vienne, où il y avait un port sur la Vienne, avant d’arriver à Saint-Romain-sur-Vienne, ancienne commune faisant partie maintenant de Dangé-Saint-Romain, où un gué permettait de rejoindre la rive droite et la voie de la rive droite (voir ci-dessus).

19 Anciennes voies à Dangé Saint Romain photo PMD mai 2011

Anciennes voies à Dangé-Saint-Romain (photo PMD mai 2011)

À la sortie de Dangé-Saint-Romain, on rencontre un croisement marqué par une croix de pierre avec une voie allant vers Marigny-Marmande, qui était alors peut-être une agglomération à la frontière entre les Pictons et les Turons, mais on ne sait pas exactement où commençait le territoire des Turons, car Antogny-le-Tillac, aujourd’hui en Indre-et-Loire, faisait autrefois partie du Poitou.

Antogny-le-Tillac (voir https://turonensis.fr/categories/communes-de-touraine/antogny-le-tillac)

La voie principale (aujourd’hui D 18) passait par Séligny (Celiniacum), ancienne commune, connue dès le 7e siècle, où, selon certains, on aurait découvert les vestiges d’un aqueduc et d’un temple gallo-romain ; c’est maintenant un hameau d’Antogny-le-Tillac, plus important que le bourg, car la mairie, la salle des fêtes et le café se trouvent dans ce hameau.

Pussigny

Peu après, Pussigny (Pussiniacum) fut un lieu occupé dès la préhistoire comme le montrent l’oppidum néolithique puis gaulois du Château-d’Amirette, à Sauvage , et le dolmen circulaire de Doulx (dola villa), entouré d’un cromlech.  

20 Le Bec des 2 eaux carte E. Montrot annotations PMD

Le Bec des 2 eaux (carte E. Montrot)

Juste à côté de ce dolmen, les travaux de la LGV ont mis à jour, au lieu-dit Le Vigneau, un vaste complexe, où l’on a découvert une importante nécropole néolithique contenant de nombreuses poteries ainsi qu’un enclos funéraire de la fin de l’époque gauloise avec des urnes, dans lesquelles il y avait encore des cendres ; il y eut ensuite sur ce site exceptionnel un grand ensemble gallo-romain avec un temple (fanum) puis des souterrains refuges*.

Il existait aussi, près de l’église de Pussigny, des ruines importantes avec une nécropole contenant de nombreux sarcophages, dont l’un était celui d’une nommée Lupicina, mais tout a complètement disparu et il ne reste qu’une belle église, près de laquelle sont exposées, chaque été des peintures grand format dans le cadre des Pussifolies.

Ports-sur-Vienne

La voie passe ensuite près du Bec-des-Deux-Eaux (commune de Ports-sur-Vienne) : nom donné au confluent de la Vienne et de la Creuse ; ce lieu fut occupé depuis les temps les plus anciens ; il y avait là un ou plusieurs dolmens, et on y découvrit en 1876, lors de la construction du pont sur la Vienne, un casse-tête néolithique en granit.

C’est là aussi qu’en 1946 on trouva par hasard une fosse contenant une dizaine de squelettes datés de – 3 670 à – 2 910 ; on pense que c’était la sépulture collective des habitants de l’oppidum se trouvant au Château-d’Amirette (voir ci-dessus) ; l’important mobilier funéraire découvert dans cette fosse se trouve maintenant au très intéressant Musée de la Préhistoire du Grand-Pressigny.

Peu après le Bec-des-deux-eaux, là où se trouvait le barrage installé plus tard, le lieu-dit Les Maisons-Rouges a pris le nom d’un autre lieu-dit du même nom, sur la rive droite de la Vienne et la commune de Nouâtre (voir ci-dessus).

Marcilly-sur-Vienne 

Après être passée près d’une falaise d’où l’on extrayait la chaux, la voie descend vers Marcilly-sur-Vienne ; on dit généralement que le nom de cette commune vient de Marcilliacum et signifie le domaine de Marcillius, mais étant donné le nombre important de communes et de lieudits qui s’appellent ainsi, il est possible que ce toponyme vienne plutôt du gaulois maro-siglen signifiant le grand (maro-) marais (-siglen).

Voies secondaires vers le Loudunois

De Marcilly, deux voies partaient, à l’ouest, vers le Loudunois, qui à cette époque faisait partie du territoire des Andécaves.

Communes traversées : Ports-sur-Vienne, Luzé, Razines, Verneuil-le-Château

21 Ancienne voie entre Marcilly et Avrigny photo PMD oct 2011

Ancienne voie entre Marcilly et Avrigny (photo PMD oct. 2011)

La première de ces voies, qui se dirigeait vers l’ancienne agglomération secondaire de Saint-Jean-de-Sauves (dans la Vienne), est encore repérable près de l’ancien domaine d’Avrigny (Apriniacum), aujourd’hui sur la commune de Ports-sur-Vienne  ; elle est ensuite continuée par une route visible, sur la commune de Luzé, à l’est des Places et au sud-ouest de Bois-Aubry puis par un chemin traversant le Bois-de-Villevert et croisant la D 110 puis la D 20, à la limite entre Luzé et Razines.

22 Ancienne voie près de Cambraye photo PMD mars 2011

Ancienne voie près de Cambraye (photo PMD mars 2011)

La seconde rejoignait Loudun et il est possible que la D 58, entre Verneuil-le-Château et Courcoué, reprenne cette voie.

Retour sur la voie principale

Pouzay

À la sortie de Marcilly, près du Château-de-la-Motte, un gué permettait de traverser la Vienne pour rejoindre Nouâtre (voir Passage entre Marcilly et Nouâtre in  https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/les-passages-sur-la-vienne) puis, la voie continuait vers Les Mariaux où il y avait également un gué, qui était situé juste en face de la villa gallo-romaine de Soulangé (voir ci-dessus) et où une épée gauloise fut découverte ; il est probable que le tracé de l’ancienne voie soit repris par la D 18 qui passe à Marnaise, sur la commune de Pouzay, où il y avait un domaine appelé Vinay (Viniacum).

Parçay-sur-Vienne

La voie continuait ensuite vers la commune actuelle de Parçay-sur-Vienne en franchissait l’Arceau, petit affluent de la Vienne, au lieu-dit Le Pont. Le sud-ouest de cette commune semble avoir été particulièrement habité ; on y trouve en effet un site gallo-romain à La Vinière (Viniacum), le dolmen ruiné de La Brèche à La Prée et un autre site au Bois-du-Colombier où l’on a découvert un haut de chenet en bronze figurant une tête de taureau.

23 Ancienne voie au Pont à Parçay sur Vienne photo PMD mars 2011

Ancienne voie au Pont à Parçay-sur-Vienne (photo PMD mars 2011)

À la sortie de Parçay-sur-Vienne, au croisement de La Croix-de-Pierre, un chemin conduit à Mougon rive gauche, où un gué donnait accès aux ateliers de potiers de Mougon rive droite, sur la commune de Crouzilles (voir ci-dessus).

L’Île-Bouchard : la voie allait ensuite vers la commune actuelle de L’Île-Bouchard en passant au lieu-dit La Planche (franchissement de la Bourousse) près duquel il y avait les domaines de Migny (Magniacum), à Parçay-sur-Vienne, et de Marigny (Mariniacum) à L’Île-Bouchard. Créée sur une île de la Vienne, L’Île-Bouchard est une ancienne cité avec une importante commanderie des Templiers implantée à Brizay, où l’on peut voir le dolmen de Grobois, dit Le Palet-de-Gargantua. Un autre dolmen, dit du Pavé-Saint-Lazare, se trouve aussi sur la rive droite de la Vienne.

Tavant : contigu à L’Île-Bouchard, Tavant, qui est surtout connu pour les magnifiques peintures (12e siècle) de la crypte de l’église romane du 11e siècle, est aussi un site ancien, car on y a découvert une villa gallo-romaine (à la sortie du village sur la droite) et surtout une nécropole retrouvée fortuitement en 1997 au 42 rue Grande, où les fouilles ont permis de découvrir 24 sépultures datant du 1er au 3e siècle après JC. Ces sépultures contenaient des adultes inhumés dans des cercueils ou des enfants (8) mis dans des sarcophages ; elles ont livré 118 objets, dont 67 céramiques (gobelets, cruches, assiettes, etc.), 17 objets en verre (récipients, perles, etc.), des pièces de monnaie de Claude et de Néron, 4 paires de chaussures et 3 épées miniatures.

Sazilly et Anché : après Tavant, la voie passait sur la commune actuelle de Sazilly (Sacilliacum), où de nombreux fragments de tuiles ont été découverts près d’un gué et dont l’église, qui est isolée non loin de la Vienne, a remplacé, dit-on, un temple gallo-romain. On arrivait ensuite sur la commune d’Anché (Anciacum), où plusieurs vestiges gallo-romains ont été retrouvés, dont un atelier de forgeron du 2e siècle après JC ; à la sortie de cette commune, sur la droite, part le chemin des Plantes qui reprend probablement l’ancienne voie ; on a découvert à proximité une villa gallo-romaine et un temple, avec deux sarcophages du 4e siècle après JC. Ce chemin suit la rive gauche de la Vienne et aboutit directement à l’entrée du vieux bourg de Rivière.

24 Ancienne voie à Anché chemin des Plantes photo PMD mars 2011

Ancienne voie à Anché , chemin des Plantes (photo PMD mars 2011)

Rivière et Chinon

Autrefois Riparia, c’est-à-dire celle qui se trouve sur la rive, Rivière est une ancienne commune liée à la légende de Saint-Martin qui aurait, à cet endroit, construit une église après avoir sauvé de la noyade son disciple Saint Mexme. Sous le porche de l’église actuelle, de belles peintures murales du 11e siècle évoquent la résurrection de Lazare.

À Rivière, notre voie croisait une voie transversale (voir voie Rivière/Azay-le-Rideau), empruntant le gué des Loges (voir ci-dessus) puis se poursuivait, en passant par Les Naitrés (Natteriacum) et Le Pressoir, par un chemin longeant la Vienne, qui arrive dans l’actuel faubourg Saint-Jacques de Chinon puis continue sous le nom de GR 3 en traversant l’ancien Pontille (commune de Chinon) ; Ce lieu-dit se trouve en face de Coulaine (Colonica Villa) à Beaumont-en-Véron, et il y avait peut-être là un gué joignant les voies de deux rives.

25 Ancienne voie au Pressoir à Chinon photo PMD mars 2011

Ancienne voie au Pressoir à Chinon (photo PMD mars 2011)

Thizay et Saint-Germain-sur-Vienne

Après Pontille, le chemin passe brièvement sur la commune actuelle de Thizay, où se trouve le dolmen de La Pierre-Couverte, avant d’arriver  à La Chaussée (commune de Saint-Germain-sur-Vienne), où se trouve ub pont gallo-romain, situé sur un petit bras de la Vienne. Il y avait également dans cette commune le domaine de Rassay (Recciacum).

26 La Chaussée 0909 pont gallo romain 02

 La Chaussée : pont gallo-romain (photo PMD sept 2009)

Après La Chaussée, il se peut qu’une voie partît vers Loudun, via Les Caves d’Ingrande, sur la commune de Couziers, à la frontière entre les Turons et les Pictons tandis que la voie principale continuait vers Candes-Saint-Martin.

27 Couziers Ingrandes déc 2012

Couziers : kes Caves d'Ingrandes (photo PMD déc 2012)

Candes-Saint-Martin

La voie passait ensuite à 100 m. au nord du site gallo-romain de Crissay (Crisciacum), où des vestiges de thermes ont été découverts, au sud-est de Candes, ancienne Condate (le Confluent), où l’on peut voir les deux bornes des Trois-Évêchés. En effet, à La Bournée, au carrefour de la D 947 et de la D 7, au sud-ouest du bourg, se dresse une ancienne borne gauloise, qui marquait le point de jonction de trois territoires : celui des Turons, celui des Pictons et celui des Andécaves. Une autre borne gallo-romaine, portant les noms de ces trois peuples, fut ensuite placée à proximité ; après restauration, elle fut réinstallée en 1981. Cette position privilégiée explique qu’une agglomération relativement importante s’établît là dès l’époque gauloise, mais tout ce qui a été découvert date de l’époque gallo-romaine.

28 Candes borne des 3 évêchés borne gauloise à gauche et borne gallo romaine à droite photo Raymond Mauny

Candes : borne des 3 évêchés, borne gauloise à gauche et borne gallo-romaine à droite (photo Raymond Mauny)

Comme on l’a vu plus haut, après Candes, le voyageur pouvait continuer vers Angers en suivant la rive gauche de la Loire (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/03-les-voies-sur-la-rive-gauche-de-la-loire


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