Abilly
Le nom de cette commune, située, sur la rive droite de la Creuse, dans le sud-est du département, apparaît au 10ème siècle sous la forme vicus abiliensis, dérivée du gallo-romain Abiliacus, signifiant « domaine d’Abilius » et indiquant qu’il y avait là un domaine rural* (villa rustica) à cette époque.
Plan (informations municipales)
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Le lieu a été habité depuis la plus haute antiquité puisque des fouilles faites dans les années 1980 sur le site du Petit-Paulmy (à l’est du bourg, sur la rive droite de la Claise) ont révélé des traces d’occupation remontant au paléolithique.
Un musée (L’archéolab), construit en 1992 sur ce site, conserve les trouvailles faites à cet endroit, à savoir : des éclats de bifaces du paléolithique, des nucléus du type « livres de beurre* » du néolithique, des tessons de céramique de l’âge du bronze et une structure rectangulaire de l’époque gallo-romaine. Actuellement (2024) fermé malheureusement. Voir
https://www.valdeloire-france.com/site-culturel/archeolab-musee-de-site-archeologique/
Un dolmen, détruit au 19ème siècle, aurait existé au lieu-dit La Pierre-à-Vinaigre, à 1 500 m. au nord-ouest du bourg. Ce nom évoque des pratiques païennes d’offrandes alimentaires.
Notons aussi que le toponyme de Petit-Paulmy, venant de Pausaniacus ou « domaine de Pausanius » montre qu’il y avait là également un domaine agricole gallo-romain. D’autres domaines se trouvaient à Bessé (à l’est), venant de Bettiacus (voir ci-après), à Chisay (au nord-ouest), venant de Casiacus (voir ci-après) et à Langeville (au nord-ouest), venant de Langia Villa.
Selon les photographies aériennes de Jacques Dubois, il y avait deux domaines gallo-romains, au Foulon (près du Petit-Paulmy) et à La Blanchetière (au nord-est d’Abilly, près de Bessé, mais sur la commune actuelle du Grand-Pressigny). Cette dernière villa disposait de thermes, alimentés par un aqueduc.
Histoire ancienne, moderne et contemporaine :
Au 9ème siècle, Abilly était le siège d’une viguerie, juridiction judiciaire civile d’un comte, mais au siècle suivant, Abilly perdit son indépendance au profit des barons de La Haye (aujourd’hui Descartes).
En 1117 Robert d’Arbrissel fonda un prieuré de femmes et d’hommes, comme à Fontevraud, abbaye fondée par le même homme, sur la maison seigneuriale de Rives (voir ci-après) appartenant alors à Sophicia Rainfredis, fille de Pierre Achard, qui devint la première prieure.
Il y eut, au moins depuis le 17ème siècle, un passage sur la Creuse, situé entre le Port des Tuileries à Rives, sur la rive droite (commune d’Abilly), qui figure sur la carte de Cassini ainsi que sur le cadastre napoléonien et un lieu-dit appelé les Tuileries, sur la rive gauche (commune de Saint-Rémy-sur-Creuse). On y arrive en prenant l’actuel chemin de Chizay, à droite sur la D 750 quand on va en direction de Rives
En 1678, le bac fut la propriété du vicomte de La Guerche, qui était alors Gilles Fouquet (1637/1694), frère cadet du surintendant, Nicolas Fouquet (1615/1680).
Ce passage dépendait de la métairie de Chisay ou Chizay (voir ci-dessus), qui fut vendue comme bien national le 9 floréal an VI (28 avril 1798).
Il y avait là aussi, dépendant du prieuré, un moulin sur la Claise, dit le moulin de Rives, acheté, au 19ème siècle par Alexandre Conty (1787/1860), conseiller général d'Indre-et-Loire et maire d'Abilly de 1819 à 1827. Voir ci-après Le moulin de Rives.
La forêt au sud d'Abilly fut, en 1944, le lieu de regroupement et d'organisation du maquis Conty-Freslon, qui participa à la libération de la Touraine du Sud. Ce maquis fut ainsi nommé en l’honneur de Michel Conty (1915/1944) et d’Émile Freslon (1923/1944), qui le créèrent avant d’être arrêtés, torturés et tués par les allemands. En faisait aussi partie Sylvain. Maignant, tué également en juillet 1944, dont le nom est associé à celui de Michel Conty dans le nom de la place située à droite de l’église (voir ci-après).
À voir dans le bourg
L'église Saint-Martin : cette église, fondée au 9ème siècle, fut reconstruite au 11ème siècle ; elle appartenait alors à Geoffroy Fouchard, né vers 1060, sénéchal du comte d’Anjou, Foulques le Réchin en 1089, seigneur de Trèves en Anjou en 1091, qui la donna à l’abbaye de Noyers (commune de Nouâtre aujourd’hui) (voir charte 66, de 1074 du Cartulaire de cette abbaye). Elle fut ensuite modifiée au 12ème siècle et agrandie au 15ème.
Le plan de l'église est celui de l'antique basilique romaine, à trois nefs terminées par des absidioles s'ouvrant directement sur le transept. Ces absides et le clocher présentent tous les caractères de l'architecture romane du 11ème.
La nef, qui a perdu sa voûte primitive, communique avec les deux collatéraux par des arcades en arc brisé qui retombent au nord sur des piliers octogonaux et au sud sur des piliers carrés. Les chapiteaux cubiques, à tailloir carré, sont ornés de feuillages fantaisistes et de têtes grimaçantes grossièrement sculptés.
Le transept et les absides seuls ont reçu des voûtes. Les nefs couvertes de charpentes d'abord apparentes, ont été plafonnées en planches probablement après le pillage de l'église par les protestants au 16ème. En 1875, M l'abbé Liot fit faire des voûtes en plâtres simulant la pierre.
On peut voir à l’intérieur :
- Deux chaires, dont une, en pierre, soutenue par un cul-de-lampe sur lequel figure un aigle aux ailes déployées ; elle est surmontée d'une couronne de fleurs parmi lesquelles on reconnaît des marguerites, allusion au prénom de la donatrice : Marguerite Orfray, prieure de Rives (voir ci-après) en 1628.
- Dans le bas-côté méridional, un beau bénitier sculpté, fixé à un pilier ; provient lui aussi de Rives.
- Des statues, dont une de Saint Martin et plusieurs tableaux, dont un représente la Sainte Famille.
- De nombreux vitraux, dont certains ont été réalisés par Pierre Eugène Guéritault (1829/1919)
Église et pierre d’attente des morts (photo PMD sept. 2024)
Sur la place méridionale de l'église, dite place M. Conty S. Maignant, se trouve une table de pierre dite « pierre d'attente des morts », sur laquelle était déposé le corps du défunt avant la cérémonie funéraire. Celle d’Abilly possède une cavité, sans doute naturelle, dans laquelle on mettait de l’eau bénite.
Basile Victor Villette, curé de 1785 à 1791 consigna sur les registres paroissiaux des observations sur les récoltes, les désastres et les événements politiques de son époque.
Le manoir du Pont, (à l’est du centre-bourg), avec sa tourelle hexagonale et ses fenêtres à meneaux, date du 15ème siècle et domine le village.
À voir au nord
Le Bois d'Aix, cet ancien fief, relevant de Chanceaux-près-Loches, appartint au début du 17ème siècle à Bertrand de Baillon, qui avait épousé en 1572 Bonne de La Rochefoucauld, fille de René II de La Rochefoucauld, seigneur de Neuilly-le-Noble (aujourd’hui Neuilly-le-Brignon) ; il passa ensuite, par l’intermédiaire de Guillemette de Baillon, à la famille Poitevin, puis, par l’intermédiaire d’Angélique Poitevin à la famille Le Comte.
Le château actuel a été construit au début du 20ème siècle par le baron Claude Marie Gustave de La Croix de Ravignan (1868/1912), lieutenant de hussards, qui avait épousé en 1895 Pauline Mame (1871/1954), fille de l’éditeur Paul Mame (1833/1903) ; sa ferme possède une tour circulaire.
Les Fontaines : pigeonnier mural.
La Vallée (nord-est) : ce fief appartenait au 17ème siècle à Magdelon de Guenand (mort en 1630) ; il passa ensuite à la famille Du Puy par l’intermédiaire de l’arrière-petite-fille du précédent, qui avait épousé en 1697 François Du Puy. En 1792, Jean Barthélémy Du Puy, également propriétaire de La Joubardière au Grand-Pressigny,Grand-Pressigny, ayant émigré, ses biens furent saisis et vendus comme biens nationaux.
La Voirie (nord-est) : deux pigeonniers cylindriques.
À voir à l’est
Bessé : le château, édifié au 13ème siècle et modifié au 15ème, a conservé ses douves creusées dans le roc. Le premier seigneur connu est Antoine Thibaut, qui épousa en 1488 Andrée de Béchillon ; leur fils Bertrand Thibaut ajouta une chapelle, maintenant devenue une écurie, au début du 16ème siècle.
À partir du 17ème siècle, le fief appartint aux barons du Grand-Pressigny et l’histoire des seigneurs de Bessé se confond avec celle de ces barons.
Bessé (photo Tourainissime)