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Anché


Le nom de cette commune, située au confluent de la Veude et de la Vienne, près de Chinon, apparaît pour la première fois vers 1030 dans le cartulaire de l’abbaye de Marmoutier sous la forme « capella Anscherii », signifiant « chapelle d’Anscherius » puis en 1050 sous la forme « alodum de Anchia », c’est-à-dire : « alleu d’Anchia », enfin vers 1103, dans la charte 313 du cartulaire de l’abbaye de Noyers sous la forme « parochia ecclesiae Anchioe, prope fluvium Vosdoe », c’est-à-dire « paroisse de l’église d’Anché, près de la Veude ». Selon la tradition, un ancien moine de l’abbaye de Cormery se serait retiré comme ermite près d’une chapelle, appelée ensuite « chapelle d’Anscherius », avant de s’installer à Vontes, dans la paroisse d’Esvres, où il serait mort en odeur de sainteté en 1099.

plan IGN annotations PMD

Plan IGN (annotations PMD)

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Le territoire de cette commune fut occupé dès la préhistoire et une scie en silex taillé a été découverte en 1991 au Bois-Brûlé (sud-est du bourg), puis à l’époque gallo-romaine ; un domaine agricole (villa rustica) se trouvait probablement à Torcé, qui vient du gallo-romain « Turciacus » ou « domaine du Turc » (voir ci-après). Sur la commune voisine de Rivière, près du chemin des Plantes, qui va d’Anché à Rivière et qui reprend probablement l’ancienne voie gallo-romaine conduisant à Candes-Saint-Martin, une villa et un temple, avec deux sarcophages du 4ème siècle après JC, ont été trouvés et fouillés.

Selon le Dictionnaire des Communes de Touraine, un atelier de forgeron du 2ème siècle après JC a aussi été découvert sur le territoire de la commune, mais il n’est pas dit où.

Histoire du fief :

Les premiers seigneurs connus sont les seigneurs de L’Île-Bouchard : Geoffroy Fuel, cité en 1050 et Bouchard V de L’Isle, cité en 1219. Au 15ème siècle la seigneurie passa à Étienne Bernard, dit Moreau, qui fut trésorier de Louis II d’Anjou puis de sa fille Marie d’Anjou, épouse du roi Charles VII. Le frère d’Étienne Bernard : Jean Bernard (1386-1466), pour sa part, fut archevêque de Tours ainsi que conseiller du Roi René d’Anjou (fils de Louis II) puis de Charles VII. L’héritier d’Étienne Bernard fut son fils, un autre Jean Bernard (mort en 1488), gouverneur de Loches de 1447 à 1450, juge au grenier à sel de Chinon, époux de Jeanne de Ballan, fille de Guillaume de Ballan, seigneur de Maulévier à Lerné, Le frère de ce second Jean Bernard : Guy Bernard (mort en 1481) fut évêque et duc de Langres.

Les seigneurs suivants furent Antoine Bernard, fils du second Jean Bernard et archiprêtre de Loches, cité en 1507 puis Étienne Bernard (mort en 1542), frère d’Antoine Bernard, maître d’hôtel du roi Louis XII, cité en 1513. Le fief resta en possession de cette famille jusqu’en 1640, date à laquelle Louis Bernard vendit ses fiefs à Guillaume de Bordeaux (mort en 1652), receveur général des finances de la généralité de Tours. Par la suite, Françoise de Bordeaux, fille du précédent, et son époux Pierre Martineau (mort en 1689) acquirent également le fief de la Garde (voir ci-après) et devinrent ainsi les propriétaires d’un immense domaine comprenant la totalité des fiefs de la paroisse d’Anché. Ces derniers furent les parents de Pierre Guillaume Martineau (1643/1706)

Au 18ème siècle, Marie Françoise Martineau (1698/1764) (voir aussi La Haute-Chancelée à Ligré), fille de Pierre Guillaume Martineau, épousa Michel Étienne Turgot, marquis de Sousmons, (1690/1751) conseiller d’État, prévôt des marchands de Paris de 1729 à 1740, instigateur du plan de Paris, dit « Plan Turgot » et leurs biens passèrent à leur fils, Étienne François Turgot, marquis de Sousmons, (1721-1785), gouverneur de Cayenne, frère aîné d’Anne Robert Jacques Turgot (1727/1781), dit Turgot, le ministre bien connu de Louis XVI.

Voir le château des Brétignolles pour la suite.

Histoire moderne et contemporaine :

Un plan du 18ème siècle indique qu’il y avait quatre moulins hydrauliques sur la Veude : le moulin de l’Arche (ou d’Argenson), le moulin de la Planche (voir ci-après), le moulin de Beauvais et le moulin Régnier, qui est cité dans les chartes 391 et 402 (de 1113 et 1114) du cartulaire de Noyers.

Le registre de la paroisse indique, sous la signature de Martineau, curé d’Anché, « le douze juillet mil sept cent quatre-vingt-douze la rivière de la Vienne a débordé à une hauteur que de mémoire d’homme on ne l’avoit vue en sorte qu’elle est entrée dans l’église à la hauteur de quatre pieds (1,28 m.) ». On trouve aussi, sur la porte du cimetière, une marque de la crue de 1923.

Un gué, existant probablement depuis le néolithique, reliait les deux rives de la Vienne ; sous l’ancien régime, ce gué était très surveillé car Anché était alors situé près du Poitou, qui était une province « rédimée », c’est-à-dire exemptée de l’impôt sur le sel, tandis que la province de Touraine ne l’était pas ! Il fut remplacé au 19ème siècle par un bac, signalé en 1865 et représenté sur une carte postale de 1910 ; celui-ci partait d’un port se trouvant au bout de l’actuelle rue de la Plage, venant du bourg et arrivait au port de Briançon (commune de Cravant-les-Coteaux) sur la rive droite.

Le bac en 1910 cp

Le bac en 1910 (cp collection Frédéric de Foucaud))

En 1911 Adrien Bourrée créa la laiterie d’Anché, qui fonctionna jusqu’en 1970 ; en période prospère elle transformait en beurre, en camemberts et en fromages de chèvre, 6 000 litres de lait de vache et 550 litres de lait de chèvre.

À voir dans le bourg

L’Église Saint-Symphorien : Cette belle église romane, située à 36 mètres au-dessus du niveau de la mer et assez souvent inondée lors des crues de la Vienne, se dresse dans le centre de la commune , elle a la particularité d’être encore entourée par son cimetière, par lequel on y accède ; elle a sans doute été construite au 12ème siècle, date à laquelle une bulle du pape Alexandre III indique qu’elle appartenait à l’abbaye de Cormery, mais elle a été largement modifiée aux 15ème et 16ème  siècles.

Église photo PMD du 20 mars 2013

Église (photo PMD du 20 mars 2013)

Le portail occidental, par lequel on entre dans l’église, est du 12ème siècle : c’est un portail en tiers-point, qui est précédé d’un porche, que la plupart des documents indiquent comme étant du 16ème siècle. Sur la façade sud, s’ouvrait également une porte latérale qui a été condamnée. Le linteau d’une petite porte murée, qui ouvrait dans la chapelle seigneuriale, au nord, porte la date de 1574 ; à côté se trouve la tombe de Philippe de Foucaud (1923-2006), qui fut le propriétaire du manoir du Bois de Veude (voir ci-après). Un cadran solaire daté de 1776 est gravé sur la face sud du clocher.

À l’intérieur (les clés sont à demander à la mairie), on peut voir, à gauche de l’entrée, une statue de Saint Nicolas du 16ème siècle, qui avait à ses pieds, avant que celui-ci ne fût volé, un groupe de trois enfants surgissant d’un saloir, ainsi qu’une statue de la Vierge, du 16ème ou du 17ème siècle, qui fut découverte au cours de travaux effectués à la base de l’escalier du clocher ; on peut aussi remarquer, à droite, dans une niche du mur méridional, le bas-relief d’un évêque, dont la tête a été refaite ainsi que, au fond du chœur, un tableau du 18ème siècle, représentant Saint Symphorien.

Devant le cimetière, l’ancien presbytère (18ème s.) fut acquis par la commune en 1812 et fut agrandi en 1857 par Noël Daviau, architecte à Chinon. Il est maintenant transformé en logements sociaux.

La Gautraye (dans le bourg, au sud) : fief cité au 17ème siècle sous le nom de La Gautraye ou les Paradisières ; il y a dans ce hameau, au n° 3 de la rue de la Gautraye, une ferme, avec, à gauche, un logis constitué d’une pièce unique avec une cheminée du 15ème ou du 16ème siècle ; au centre, la porte du second logis porte la date 1790 et la cheminée de ce logis, du 18ème siècle, a été installée sur une ancienne cheminée du 15ème siècle.

À voir au nord

Le Bois de Veude : ce fief est cité en 1341 dans les archives, sous le nom de Bois de Veyde, et il était la propriété de l’abbaye de Cormery ; il appartint ensuite au 16ème siècle à René du Puy, également seigneur de Basché, à Assay, de la Bellonnière et du Gâteau, à Cravant ; selon Charles de Grandmaison, Président de la SAT,  c’est de lui dont parle Rabelais dans le Quart Livre (chapitres 12/15) mais il faut savoir que « le château du Bois de Veyde », dont le même Rabelais parle dans le chapitre 36 de Gargantua n’est pas ce manoir car la « Veyde » de Rabelais est en réalité le Négron, le mot « veyde » signifiant alors « cours d’eau » (voir la catégorie Rabelais en Touraine). Le fief fut acheté en 1642 par Guillaume de Bordeaux (voir Histoire du fief). Le logis actuel fut construit au 15ème siècle, sans doute à la place d’une construction fortifiée ; la partie nord a été agrandie au 20ème siècle et la façade ouest a été modifiée par la pose de deux fenêtres à meneaux provenant d’un manoir du Poitou. Un des derniers propriétaires fut Philippe de Foucaud (voir église), membre de la SAT, président de l’association Connaissance de Jeanne d’Arc à Chinon, de 1988 à 1998, fils de Paul et oncle de Frédéric de Foucaud, président des AVC de 2007 à 2013 puis de la SHCVL de 2013 à 2024 (voir Cravant-les-Coteaux).

À voir au sud

Les Brétignolles (sud-est) : le fief est cité au 9ème siècle, sous la forme « Britanniolae », soit « petite colonie de Bretons », dans un diplôme de Charles II dit le Chauve ; il appartenait alors à l’abbaye Saint-Martin de Tours, puis, au 11èmesiècle, à l’abbaye de Marmoutier ; mais il faut, en fait, distinguer le château des Brétignolles, le manoir des Basses Brétignolles et le manoir des Hautes Brétignolles.

Le château des Brétignolles :

N’ayant pas émigré, les Turgot gardèrent leurs biens (voir histoire du fief) et en 1811 Marie-Victoire Turgot (1751/1841), fille d’Étienne François, les vendit à Pierre Madelon Jean René Pierres de Fougeray (1758/1828) ; son héritier fut son petit-fils, Eugène Stéphane de Pierres (1818/1876), fils de sa fille Eugénie Pierres (1785/1839) qui avait épousé son lointain cousin : Gabriel Théodore de Pierres (1785/1837). Eugène Stéphane fut député de la Mayenne de 1863 à 1870 ainsi que chambellan de Napoléon III ; son épouse, la baronne de Pierres, née Jane Mary Thorne (1822/1873), fut dame d’honneur de l’impératrice Eugénie de Montijo et figure, à gauche, sur le tableau de Winterhalter (1805/1873), intitulé Portrait de l’impératrice Eugénie, entourée de ses dames d’honneur (1855), qui se trouve actuellement au château de Compiègne. Ils sont tous les deux enterrés dans la chapelle du château des Brétignolles.

Le château actuel : « l’une des plus belles demeures de Touraine » selon André Montoux in Vieux Logis de Touraine, volume 3, fut construit en 1450 par Jean Bernard et son beau-père Guillaume de Ballan (voir histoire du fief) ; dans le parc, une tour cylindrique, transformée en pigeonnier, est sans doute un reste des fortifications d’un château primitif, du 14ème siècle. Les clefs de voûte de la chapelle, fondée en 1507, ont été sculptées aux armes des Bernard. Des communs furent ajoutés au 18ème siècle.

Anché les Brétignolles dessin de James Richard

Château des Brétignolles (dessin de James Richard)

La propriété est close, le long de la D 760, par un mur de pierres, sur lequel se dresse, à l’angle nord-est, une tourelle du 16èmesiècle ; une éolienne Bollée a été installée dans le parc au 19ème siècle. En 1932, les héritiers de la famille de Pierres vendirent le château à Marcel de Bernard de la Fosse (né en 1883), descendant des premiers propriétaires, qui a restauré le château et qui a écrit, pour les AVC une notice manuscrite sur sa propriété. 

Depuis 2016, le château appartient à l’ancien radiologue Joël Brendel, qui en restaure certaines parties. On peut le visiter en été (voir https://www.chateaudesbretignolles.fr/chateau/).

Le manoir des Basses Brétignolles (4 rue du Peu : première rue à gauche, après le château) : ce fief appartenait en 1640 à Louis Bernard (voir Histoire), qui le vendit à Guillaume de Bordeaux : il avait alors, selon le Rôle des fiefs de Touraine, un revenu annuel peu important et il devint une ferme du château des Brétignolles ; le logis actuel porte, à deux endroits, la date de 1624.

Le manoir des Hautes Brétignolles : (1 rue des Hautes Brétignolles) : ce fief appartenait vers 1451 à Raoul de Sassay, seigneur de Sazilly, qui le vendit à Pierre de Beauvau, seigneur du Rivau, à Lémeré (voir aussi Crissay-sur-Manse). Il fut acquis en 1640 par Guillaume de Bordeaux (voir Histoire du fief).  Le bâtiment actuel date du 16ème siècle.

La Garde (sud-ouest) : ce fief est cité dans les archives en 1538 sous le nom de La Garde ou le Pont, puis en 1639 sous le nom du Pont de la Garde ; l’une des cheminées porte un blason aux armes des de Pierres ; il appartenait en 1538 à Gabriel Mirault ou Rivault, docteur en médecine ; le fief fut acquis en 1684 par Pierre Martineau, époux de Françoise de Bordeaux et partagea dès lors le sort des autres biens de cette famille (voir Histoire du fief). Un premier logis fut construit au 15ème ou au 16ème siècle et fut agrandi par la suite.

Torcé (sud-ouest) : Le fief de Torcé est cité en 1094 dans la charte 230 du cartulaire de l’abbaye de Noyers et en 1137 dans la charte 508 du même cartulaire. Le logis actuel date de la fin du 15ème siècle.

Torcé photo PMD du 28 mars 2013

Torcé (photo PMD du 28 mars 2013)

La Planche (sud-ouest) : Le logis actuel du Moulin de La Planche date de la fin du 15ème siècle ou du début du 16ème ; il fut ensuite agrandi par l’ouest au 18ème siècle. Sur la façade, une ancienne fenêtre à meneaux porte l’inscription « rebâti en 1700 ». La machinerie du moulin date de la fin du 19ème siècle.


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