Artannes-sur-Indre
Cette commune est située au sud-ouest de Tours, sur les deux rives de l’Indre, mais le bourg se trouve sur la rive droite ; son nom apparaît pour la première fois au 6ème siècle dans Carmina X, 5, 10 de Venance Fortunat, sous la forme Artanna, puis en 1102, dans la charte 307 du Cartulaire de Noyers, sous la forme Artenna. Ce toponyme a été interprété de différentes façons ; il pourrait venir soit du gaulois Art-enna, signifiant « propriété d’Artos (l’Ours) » ou du gaulois are-tann (« lieu près du chêne »), soit du gallo-romain Artenna (Villa) ou « domaine d’Artenus, patronyme gallo-romain formé sur le gaulois artos (ours) ».
Histoire
Selon la tradition, les fées dansaient près du Chêne-aux-Danses ; la résidence du Chêne-aux-Danses se trouve route de la Baudinière, au nord-ouest du bourg.
Le dolmen du Bois-des-Plantes (voir rue du dolmen, les Grands-Clos, à 1 km à l’ouest du château), a été détruit vers 1820 ; on y a trouvé un squelette d’homme, quatre couteaux en silex et deux vases en terre noire.
Une cachette de l’âge du bronze, découverte on ne sait où en 1840, contenait plusieurs haches, une pointe de lance, un bracelet massif ainsi que des fragments d’épée et de dague. Les dessins de ces objets, confiés à la SAT ont sans doute été exécutés par l’abbé Jean Jacques Bourassé (voir Gérard Cordier : inventaire des trouvailles … in Gallia Préhistoire 4. 1961 (pages 143/163).
Trouvailles de l'âge du bronza (Gallia Préhistoire 4. 1961)
Lors de la construction de la ZAC du Clos-Bruneau (au nord-est du bourg) on a découvert les vestiges d’un établissement agricole gaulois (villa rustica), qui comprenait une dizaine de bâtiments, des silos, des puits, une nécropole ainsi qu’une carrière exploitée à l’époque gallo-romaine.
Des domaines agricoles gallo-romains existaient probablement à La Jaunaie (au nord-ouest), venant de Gallinacus ou « domaine du Gaulois », à Loché (au nord-ouest), venant de Lupiacus ou « domaine du Loup » et à Méré (au sud-ouest), venant de Mariacus ou « domaine de Marius » (voir ci-après).
La chapelle Saint-Gabriel, fondé au 6ème siècle par Grégoire de Tours et sur laquelle a été construite l’église actuelle Saint-Maurice (voir ci-après), a sans doute été édifiée sur un bâtiment gallo-romain car on a découvert à proximité en 1869 un tambour de colonne cannelée, des fragments de tuiles et de céramique rouge, de cette époque.
Le fief d’Artannes appartenait aux archevêques de Tours ; au 12ème siècle, il fut érigé en baronnie par Henri II Plantagenet. Le château (voir ci-après) fut notamment fréquenté par Jacques Gelu (1376/1432), archevêque de Tours de 1414 à 1426, Philippe de Coetquis (1379/1441), archevêque de Tours de 1426 à sa mort, Hélie de Bourdeilles (1423/1484), archevêque de Tours de 1468 à sa mort, dans le château d’Artannes, et Christophe de Brillac, archevêque de Tours de 1514 à 1519 (mort dans le château d’Artannes le 31 juillet 1520).
Il y avait 3 moulins à Artannes :
Le Grand moulin (avenue des Moulins, près du centre) était le moulin banal des archevêques-barons d’Artannes ; construit au 15ème siècle, il fut reconstruit vers 1862, après avoir brûlé en 1860. Arrêté en 1988, il est aujourd’hui transformé en logements mais il a conservé sa grande roue en bois ainsi qu’un pigeonnier carré, au-dessus de cette roue.
Les moulins dits de Balzac (panneau touristique)
Les moulins Potard et Clauset (visibles à gauche du pont entre Artannes et Pont-de-Ruan, quand on vient d’Artannes) ; ces moulins étaient au 13ème siècle des foulons, c’est-à-dire des moulins servant à battre (ou fouler) la laine pour l’assouplir et la dégraisser ; ils furent utilisés pour le blé à partir de 1370 ; les roues aujourd’hui détruites se trouvaient entre les deux moulins. Les bâtiments actuels, du 16ème siècle, sont désaffectés et servent de lieux d’exposition. Ils sont souvent appelés « les moulins de Balzac » car ce dernier les évoque dans Le Lys dans la vallée.
Lavandières au lavoir du moulin (cp)
On peut aussi voir dans la commune quatre lavoirs : deux dans le bourg et deux autres au sud-est du bourg, sur le Montison, dans la partie d’Artannes située sur la rive gauche de l’Indre :
Le lavoir de l’église : lavoir couvert alimenté par une source et situé dans les anciennes douves du château.
Le lavoir du moulin : lavoir couvert avec une cheminée, construit en 1900 et situé sur l’Indre, en contrebas de la route de Tours ; récemment rénové.
Le lavoir, dit de la Planche des Chaqueneaux, situé au lieu-dit La Planche.
Le lavoir, dit des Girardières, était utilisé par les lavandières des Briants (Artannes) et des Girardières (Monts).
Lavoir de l'église (photo PMD fév. 2019)
À voir dans le bourg
L’église Saint-Maurice fut édifiée au 11ème siècle et modifiée au 13ème siècle (adjonction d’un chœur avec un chevet plat), au 15ème (adjonction d’une chapelle sur le côté nord du chœur) et au 16ème : le carré du transept fut alors revoûté sur ogives par Martin de Beaune, archevêque de Tours de 1519 à 1527, qui mit ses armes sur la clé de voûte ; ce dernier était le fils de Jacques I de Beaune de Semblançay (1465/1527),. La façade, à l’ouest, date de la fin du 19ème siècle.
Église Saint-Maurice (photo PMD fév. 2019)
Le château des archevêques : l'édifice actuel, édifié au 15ème siècle, se compose d'un bâtiment principal avec rez-de-chaussée, un étage et un comble ; et d'une aile en retour d'équerre dont le rez-de-chaussée est traversé par un passage reliant la cour d'honneur à une petite cour nord. La porte fermant le passage au nord est surmontée d'une accolade à fleuron et crochets. Aux angles nord et sud font saillie deux tours cylindriques. La façade ouest du bâtiment principal est accompagnée de deux tours polygonales. Sur cette façade, côté sud, fait saillie un petit bâtiment était autrefois une chapelle.
Château des archevêques (photo PMD fév. 2019)
Le château, estimé à 17 000 livres (environ 250 000 € en 2019), fut vendu, comme bien national, en 1796, au notaire Charles Lefèbvre, maire d'Artannes de 1791 à 1792, dont le fils fit par la suite combler les douves et construire les communs à leur emplacement. Les fenêtres à meneaux furent remplacées au 19ème siècle par des huisseries plus modernes.
Le château de La Mothe : (nord-est, 9 rue de la Fontaine Sainte) : grande demeure du 15ème siècle, au toit d’ardoise, avec une grande tour d’escalier hexagonale en façade, qui appartint à André Maginot à la fin du 19ème siècle. Disponible à la location (voir http://www.duvoyage.com/voyager/france/artannes-indre/chateau-de-la-mothe.html).
Fontaine aux mères (photo PMD fév. 2019)
La Fontaine-aux-Mères, ancienne source sacrée gauloise, se trouve au bout de la rue de la Fontaine-aux-Mères, dans le bourg. Son eau était censée favoriser la montée du lait pour les nouvelles accouchées.
À voir au nord
La Fontaine-Sainte : cette ancienne source sacrée christianisée, dont l’eau guérissait les maladies oculaires, aujourd’hui Fontaine Sainte-Cécile ou Sainte-Marguerite, se trouve à 700 m. au nord du bourg, le long de l’Indre, dans le prolongement de la rue de la Fontaine Sainte.
Fontaine Sainte Cécile ou Sainte Marguerite (photo PMD fév. 2019)
La Coquinière : pigeonnier carré.
Les Robinières (nord-est) : ancienne ferme fortifiée du 17ème siècle, avec deux tours rondes avec meurtrières, dont l’une a été transformée en pigeonnier, ainsi qu’avec une chapelle.
La Bruère (nord-est) : le manoir, du 17ème siècle, a conservé sa cuisine, sa cheminée à 2 fours et une lucarne à fronton triangulaire. Le premier propriétaire connu est Nicolas Chicoisneau (1605/1685). Une de ses descendantes, Louise Chicoisneau fut en 1754 la marraine d’une des deux cloches de l’église.
Château de Loché (photo PMD fév. 2019)
Loché (nord-ouest) : le château, du 15ème siècle, a été reconstruit au 19ème mais a gardé son pigeonnier d’origine. Il dépendait du château de La Mothe (voir ci-dessus).
À voir au sud
Méré (sud-ouest, rive gauche de l’Indre, à la limite avec Pont-de-Ruan) : le domaine a anciennement porté les noms de Mariacus villa ; il appartenait en 1612 à Horace Des Jardins, maire de Tours de 1603 à 1604, également propriétaire du manoir de Vonnes (Pont-de-Ruan), en 1636 à l’historiographe Pierre Gaucher de Sainte-Marthe (1618/1690). Il fut acheté en 1768 par Jean Paul Courier, père du pamphlétaire Paul Louis Courier (voir Larçay), qui y vécut les deux premières années de sa vie de 1772 à 1774, année où le domaine fut acquis par Jean Marie Landriève des Bordes (1712/1778), commissaire du roi au Québec. L’un de ses fils, Antoine Gilles Landriève des Bordes, après avoir émigré en Amérique en 1792, devint maire d’Artannes sous la Restauration. Balzac y rencontra une de ses filles Charlotte Landriève des Bordes, qu’il eut le projet d’épouser en 1831, après le décès du mari de celle-ci (voir http://www.lysdanslavallee.fr/node/598).
En 1841, Méré fut acquis par l’historien Gustave de Cougny (1815/1895), maire d’Artannes de 1852 à 1854 puis en 1844 par le banquier Alexandre Goüin (1792/1872), député, sénateur et maire d’Artannes de 1854 à 1860.
Le château, reconstruit au 18ème siècle, fut remanié au 19ème, sous le Second Empire.
La Turbellière (sud-ouest, rive gauche de l’Indre) : le manoir, du 15ème siècle, dépendait du château de Méré et eut les mêmes propriétaires ; ; son pigeonnier hexagonal, du 17ème siècle, est évoqué par Balzac dans Le Lys dans la vallée.
L’Alouette (sud-ouest, au bord de la D 84) le manoir date du 16ème siècle ; son corps de logis rectangulaire, au toit d’ardoise, est orné de deux tourelles en encorbellement et de deux lucarnes aux encadrements sculptés Il est évoqué par Balzac dans Le Curé de Tours et dans Les deux amis ; on peut y louer des chambres d’hôtes (voir https://www.manoirdelalouette.fr/fr/il4-page_p5-accueil.aspx).
Carte postale
La maison voisine, dite du bol de lait, quant à elle, où Balzac s’est arrêté en 1830, est citée dans Le médecin de campagne (voir http://artannes.reseaudesvilles.fr/fr/information/107585/histoire-patrimoine).
Le presbytère Saint-Sauveur (25 rue de L’alouette, D 84) est du 18ème siècle.