Auzouer-en-Touraine
Le nom de cette commune située au sud de Château-Renault, dans le nord du département, apparaît pour la première fois au 13ème siècle, sous la forme latine Parrochia de Oratorio, signifiant « Paroisse de l’Oratoire » mais le territoire de cette commune fut occupé depuis la Préhistoire.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Des outils en silex taillés ont été trouvés, notamment à La Bonleuvre, tout au nord du bourg, près de Château-Renault (voir ci-après) et à La Guêpière (voir ci-après).
Le dolmen de La Pierre-Levée, le plus petit de la Touraine, érigé sur deux supports en grès, hauts d’un mètre qui soutiennent la lourde table en pierre, s’élève dans le parc du château de Pierrefitte (voir ci-après) ; le nom latin de ce dolmen était Petra fixa (Pierre fichée), ce qui a donné le nom du château. La table, qui mesure 2,80 m sur 2 m. est posée sur deux supports d’un mètre de hauteur.
Dolmen de la Pierre-levée, (photo PMD mai 2021)
Des fouilles, faites près de ce dolmen en 1843, ont fourni des pièces de monnaie, dont une monnaie gauloise en or, et un fragment de fibule (épingle) gauloise, ornée d’un verre bleu très épais.
Le toponyme La Pierre (au nord du bourg) indique peut-être l’existence d’un menhir disparu.
Les toponymes suivants indiquent l’existence de domaines agricoles gallo-romains (villae agricolae) : Aubigné (nord-est), venant de Albiniacus ou « domaine du Blanc », Cerisay (nord-est), venant de Cerisiacus ou « domaine du Cerisier » et Villaumay (nord-ouest), venant de Villa Ulmeta ou « domaine planté d’ormes » (voir le Haut-Villaumay, ci-après).
Le Grand Moléon (photo Jacques Dubois)
Les photographies aériennes faites par Jacques Dubois en 1978 ont révélé l’existence d’une enceinte circulaire médiévale de 50 m. de diamètre, avec fossé, rempart de terre et dépression centrale, au Grand-Moléon (à l’est du bourg) ; il est vraisemblable que cette enceinte médiévale continue une enceinte gallo-romaine, car des fragments de céramiques et de tuiles de cette époque ont été trouvés près de ce lieu.
Histoire ancienne, moderne et contemporaine :
Au moyen-âge, les deux fiefs les plus importants étaient ceux du Plessis-Auzouer et de Pierrefitte, qui eurent les mêmes propriétaires. Ils appartenaient en 1560 à Jacques de Lavardin (né vers 1525 et mort après 1598), échanson du roi de Navarre, Antoine de Bourbon, et surtout connu comme traducteur de La Célestine de Fernando de Rojas. Ce dernier vendit ses fiefs en 1594 à son beau-frère Victor Gardette (mort en 1616), président au présidial de Tours, fils de René Gardette, maire de Tours de 1559 à 1561 ; c’est lui qui procéda à l’agrandissement de l’église Saint-Martin en y construisant une chapelle à côté du chœur (voir ci-après). Le dernier seigneur de ces fiefs fut Didier François René Mesnard, comte de Chouzy, (voir La Guêpière, ci-dessous).
En 1698, l’ancienne maladrerie d’Auzouer fut réunie à l’Hôtel-Dieu de Tours.
En 1811, une tuilerie fut installée à Bel-Air (au nord-est du bourg) par Louis Charles Pilon-Champion et elle fonctionna jusque dans les années 1940.
Le peintre autodidacte André Bauchant (1873/1958), d’abord installé à La Blutière, un ancien moulin à tan sur la Brenne (nord-ouest), où il commença à peindre, puis à Tourneboeuf (au nord, près de Château-Renault), devint connu grâce à Serge de Diaghilev, le créateur des Ballets russes. À sa mort, il laissa près de 3 000 toiles, représentant, dans un style naïf et coloré, des sujets mythologiques ou bibliques, des paysages de Touraine ou des souvenirs de voyage.
Tableau d'André Beauchant dans le parc du château de Château-Renault (photo PMD mars 2022)
En juin 1988, une explosion provoqua un incendie dans l'usine Protex- Synthron de produits chimiques d'Auzouer-en-Touraine (nord-ouest du bourg). L'eau déversée par les pompiers pour éteindre le feu, chargée en produits chimiques, pollua la Brenne, la Cisse et la Loire. Pendant 10 jours la ville de Tours et cinq communes situées sur la rive droite de la Loire, soit près de 200 000 personnes, furent privées d'eau potable. Cette entreprise fut condamnée à 300 000 euros d'amende en juillet 2008.
À voir dans le bourg
Église Saint-Martin : du premier édifice, édifié au 11ème siècle, il ne reste plus que le portail roman, surmonté d’une petite baie en plein cintre, aujourd’hui murée, et une portion de la muraille septentrionale. La première église ne comportait qu’une seule nef. Cette nef fut agrandie au 17ème et une chapelle fut construite près du chœur par Victor Gardette (voir histoire). En 1851, un incendie détruisit l’abside ; l’édifice fut alors entièrement restauré (reconstruction de l’abside et adjonction d’une chapelle symétrique à la première) grâce notamment à Armand Joseph Marie de La Pierre (1836/1909), propriétaire du château de Pierrefitte et maire d’Auzouer (nommé en 1867 puis en 1871). Voir ci-après.
Par contre, le clocher, menaçant de s’effondrer, a été démonté en 1899 et jamais reconstruit. La cloche, restée longtemps suspendue à un campanile derrière l’église, fut installée, au début des années 1990, sous le toit de l’église.
Église Saint-Martin (photo PMD mai 2021)
L’église abrite des vitraux provenant des ateliers Lobin de Tours, dont un sur lequel on voit Saint Martin, sur son cheval blanc, coupant son manteau rouge avec son épée ; en arrière-plan, on distingue les murailles, sûrement de la ville d’Amiens. L’église conserve également une statue figurant Saint Martin en évêque, la statue est colorée. Son bras droit, levé, est cassé au coude. Sa main gauche est baissée, elle semblait tenir la crosse de l’évêque.
L’ancien presbytère, construit en 1782, abrita ensuite le bureau de poste puis la mairie, qui fut rénovée plus tard et qui était en travaux quand j’ai visité la commune en mai 2021.
Le lavoir (photo PMD mai 2021)
Lavoir (rue du 8 mai, sortie est du bourg) : lavoir rectangulaire à pans de bois, dont la charpente à trois fermes repose sur six poteaux. L'ensemble est couvert d'un toit à longs pans en tuiles plates fabriquées à la tuilerie de Bel-Air (voir ci-dessus). Il a conservé sa cheminée et une selle à laver. Construit en 1891 sur un terrain, situé au lieu-dit Le Pré des Pierres, au bord de la Quintaine.
À voir au nord
La Bonleuvre : il y avait là un château médiéval entouré de douves et de fortifications, dont il reste les tours. Le château actuel a été construit au 17ème siècle.
La Bonleuvre (photo PMD mai 2021)
La Guêpière (nord-est) : Le fief de La Guespière est cité dans les archives depuis 1331. Son dernier seigneur fut Didier François René Mesnard, comte de Chouzy, conseiller d’état, guillotiné le 1er avril 1794, également seigneur du Plessis-Auzouer et de Pierrefitte. Le château actuel fut construit en 1858 dans un style néo-renaissance puis agrandi en 1885 (visité en 2021 avec le propriétaire).
La Guêpière (photo PMD mai 2021)
Beauvais (nord-ouest) : crypte en forme de croix latine sous la grange de la ferme ; vestige d’un ancien prieuré, selon la tradition (confirmée par le propriétaire, qui a transformé la crypte en cave à vin).
Grange de Beauvais (photo PMD mai 2021)
Le Haut-Villaumay (nord-ouest) : le fief est cité en 1550 comme appartenant à Macé Papillon, bourgeois et échevin de Tours. Le château actuel, construit à la fin du 19ème siècle, est connu pour ses deux tours : une ronde inspirée du château de Chaumont-sur-Loire et une carrée ayant pour modèle la tour du Vieux-Palais de Florence (en travaux en 2021). On peut y louer des chambres d'hôtes.
Le Haut-Villaumay (photo PMD mai 2021)
À voir au sud
Pierrefitte (sud-ouest) : Pour l’histoire du fief de Pierrefitte, voir ci-dessus.
L’ancienne forteresse médiévale, dont il reste une partie des douves, fut remplacée, au 17ème siècle par un château de style classique, reconstruit entre 1775 et 1777 puis agrandi au milieu du 19ème siècle. Dans le parc, se trouvent une fuie ronde, à l’ouest (transformée en habitation), et une chapelle circulaire, du 17ème s., à l’est. Dans le domaine, on peut voir le dolmen signalé dans la partie histoire. Sonner au portail pour demander l’autorisation d’entrer.
Châreau de Pierrefitte (photo PMD mai 2021)
Au 19ème siècle, le château appartint à Armand Joseph Marie de La Pierre, marquis de Frémeur, maire d’Auzouer (voir église, ci-dessus), puis au mari de sa fille Joséphine (1868/1945), René Marie Augustin de La Tullaye (1860/1941), également maire d’Auzouer. En 1915, il devint un hôpital de guerre, sous l’égide de Robert de La Tullaye (1887/1970), second fils de René de La Tullaye. Le château passa ensuite à Alain de La Tullaye (1896/1974), troisième fils de René de La Tullaye, puis au fils de ce dernier ; Jacques de La Tullaye (1925/2003), maire d’Auzouer de 1959 à 1995 (mort en 2003), père de Michel de La Tullaye (1962/2023), que j'ai rencontré quand j'ai visité le château en 2021.