Boussay
Le nom de cette commune, située dans le sud du département, près de Preuilly-sur-Claise, apparaît pour la première fois en 1224, dans une charte de l’abbaye de la Merci-Dieu à La Roche-Posay (Vienne), sous la forme Boceium, venant de Bucciacus ou « domaine de Buccius (le Bavard) ».
Histoire
Selon la tradition, il y avait dans le Bois aux prêtres, à l’ouest du bourg, soit un monument druidique, soit un théâtre gallo-romain, dont il reste des pierres. La théorie du culte druidique est peut-être confortée par le fait qu’il y avait au sommet de la colline une grotte, aménagée en 1872 comme une réplique de celle de Lourdes, sur laquelle fut édifiée en 1906 une statue de Notre-Dame-des-champs, vénérée aussi dans l’église (voir ci-après).
Un domaine gallo-romain existait sans doute à Méré (au nord-est du bourg), toponyme venant de Mariacus ou « domaine de Marius (le Marin) », où des pièces de monnaies romaines auraient été trouvées.
Des traces d’une voie ancienne, considérée par Carré de Busserolle* comme romaine, ont aussi été repérées mais il s’agit plus probablement d’une voie médiévale, qui allait de La Roche-Posay à Loches et qui traversait la Claise sur le Pont de La Clau à Preuilly-sur-Claise.
Pendant la guerre de Cent ans, la région fut le théâtre de plusieurs batailles : Jean V de Menou (voir histoire du fief) fut d’ailleurs fait prisonnier à la bataille de Poitiers (1356) et accompagna en captivité en Angleterre le roi Jean II le Bon ; c’est peut-être ce qui explique que la tradition populaire a transformé le toponyme Varton (au nord-ouest du bourg) en War-town (Guerre-ville).
Le peintre Jean Dufy (1888/1964) s’installa en 1948 à La Boissière (nord-ouest du bourg), où il mourut.
Histoire du fief :
Le premier seigneur connu est Renaud de Payen, cité en 1190, également seigneur de Chambon. Une de ses descendantes, Jeanne de Payen (1310/1346) épousa en 1335 Nicolas III de Menou (1305/1356), qui devint seigneur de Boussay. Les seigneurs suivants furent Jean V de Menou (1340/1414), fils de Nicolas III, chambellan de Charles VI, puis le fils de ce dernier, Pierre ou Perrinet 1er de Menou (1380/1414), amiral de Charles VII, puis son fils Jean VII de Menou (1405/1473), chambellan de Charles VII puis de Louis XI.
Le fils de ce dernier, Philippe de Menou (1435/1520) fut aussi chambellan de Louis XI puis de Charles VIII. Son fils, René de Menou (1480/1546) épousa en 1509 Claude Du Fau, dame de Manthelan et fut échanson de la reine Éléonore de Hasbourg (1498/1556), épouse de François 1er.
Un lointain descendant de René de Menou, René Louis Charles de Menou (1746/1822), également seigneur des Roches à Saint-Quentin-sur-Indrois, qui avait épousé en 1769 Isabelle Élisabeth Anne Michelle Chaspoux (voir Betz-le-Château) fut le dernier seigneur de Boussay. Son frère Jacques François Abdallah de Menou (1750/1810), converti à l’islam, fut un général de la Révolution puis de Napoléon.
À voir dans le bourg
Église Saint-Laurent : l’église, du 11ème ou 12ème siècle fut reconstruite au 13ème avec des voûtes angevines à nervures multiples. En 1470, Jean VII de Menou fit édifier la chapelle funéraire, dans laquelle il fut inhumé en 1473. En 1596, Jean IX de Menou (mort en 1633), petit-fils de René de Menou, y fit édifier un magnifique tombeau pour sa première épouse, Madeleine Fumée, petite-fille d’Adam II Fumée (voir Beaulieu-lès-Loches), décédée à l’âge de 17 ans.
La nef fut restaurée au 19ème siècle par les architectes de Preuilly-sur-Claise Pierre Créchet (1816/1899), et son fils, Alcide Créchet (1850/1904), qui ajoutèrent une travée surmontée d’une tribune et d’un clocher.
À l’intérieur, outre le tombeau indiqué ci-dessus, deux tableaux du 17ème siècle : David jouant de la harpe et Ecce homo, une statue de Notre-Dame des champs ainsi qu’un vitrail de Julien Fournier.
Il reste un vieux puits, dans la rue de l’ancienne mairie, non loin de la mairie actuelle.
Le château (dans le bourg, au nord) : en 1533, le château fort se composait de quatre corps de logis entourant une cour centrale et entourés de douves franchies par un pont-levis. Il perdit progressivement son caractère défensif pour devenir une demeure d'agrément. Au 17ème siècle, l'aile nord fut abattue et reconstruite en respectant une tour cylindrique qui contenait un escalier et une tour carrée couronnée d'un chemin de ronde. À la même époque, l'aile sud et une partie de l'aile ouest furent supprimées.
Il ne subsiste alors des anciennes fortifications que la grosse tour d'angle carrée avec son chemin de ronde et ses mâchicoulis décorés d'une arcature tréflée. Le pont-levis fut aussi remplacé par un pont dormant. Au 18ème siècle, toute l'aile est fut abattue et remplacée par un grand corps de bâtiment de style Louis XV. Un pavillon de même élévation le prolonge au sud. Au 20ème siècle, la tour ronde centrale fut remaniée pour supprimer les modifications disgracieuses effectuées au 19ème siècle.
À l'est du château, une avant-cour est limitée par des communs, aux toits couverts de tuiles, flanqués extérieurement de deux élégantes tours rondes. Le château comporte également une chapelle (1766) située au rez-de-chaussée de l'aile est, et à l'extérieur, un pigeonnier cylindrique et une glacière.
Chambres d’hôtes et gite. Voir https://www.chateaudeboussay.com/fr
À voir au nord
Pelchate (nord-est, au bord de la Claise) : ancien fief, où il y avait un moulin, cité en 1256 et où il reste un manoir du 15ème siècle avec 2 ouvertures à arc en accolade.
Humeau (nord-est, au bord de La Claise) : moulin du 18ème siècle.
La Forge (nord-est, au bord de la Muanne, affluent de la Claise) : dans ce lieu, dont le nom apparaît pour la première fois en 1256, il reste quelques vestiges du manoir fortifié en 1447 par Jean VII de Menou, avec trois cheminées, dont une portant les armes des Menou ainsi qu’un pigeonnier-porche qu’un séchoir à chanvre du 18ème siècle.
Chambres d’hôtes et gite. Voir https://www.chambresdhotes.org/Detailed/3296.html
Thou (nord-est, non loin de la Muanne, affluent de la Claise) : ancien fief, cité en 1597, faisant partie de l’ancienne commune de Saint-Michel-du-Bois, découpée en 1814. Grange du 16ème siècle, avec des portes, charretière et piétonne, de 7,50 mètres de hauteur.
À voir au sud
Saint-Léonard (sud-ouest) : dans ce lieu, il reste une ancienne chapelle, transformée en étable, où des pèlerinages se rendaient jusqu’à la Révolution.