Chanceaux-près-Loches
Le nom de cette commune, située, comme l’indique son nom, près de Loches, apparaît au 13ème siècle, sous la forme Cancellis, venant du latin cancellum, signifiant « pâturage entourée d’une clôture ».
Histoire
Le menhir de La Haute-Borne ou de Trompe-Souris : ce petit menhir de 1,25 mètre de haut se trouve au sud du bourg, à droite de la D 760 (quand on va vers Loches), un peu avant la ferme Les Passoires, qui s’appelait auparavant Trompe-Souris ; selon un ancien propriétaire du lieu, la partie enterrée mesure 1,20 mètre, ce qui serait à l’origine de la légende qui prétend qu’il s’agit d’une « pierre qui pousse ». Voir l’article d’Ernest Montrot* in BSAT 35.12, 1938.
La première dame connue du fief de Chanceaux, en 1269, est Marie d’Orléans (1230/1280), fille de Jean II d’Orléans (1200/1250), épouse de Geoffroy II de Palluau (1225/1255), seigneur de Montrésor.
Au 15ème siècle la seigneurie passa à la famille Le Breton, avec Pierre Le Breton, maître d’hôtel de Louis XI en 1475 et resta dans cette famille jusqu’à Enoch Le Breton, descendant de Pierre, seigneur de Chanceaux en 1600. Une des filles d’Enoch, Marie Le Breton épousa en 1653 Aymar II de Chouppes (1612/1677), baron de Fau (Reignac), lieutenant général et gouverneur de Belle-Isle, qui a laissé des Mémoires intéressantes ; celle-ci, abjura le protestantisme en 1678 et fut inhumée en 1697 dans la chapelle du château de Fau. Leur fils Aymar III de Chouppes, seigneur de Chanceaux et du Fau, vendit ces seigneuries vers 1700 à Jean Louis Barberin de Reignac (mort en 1719)
Une de ses filles, Julie Céleste Barberin de Reignac (1696/1754) épousa Charles Yves Thibault de La Rivière (mort en 1781) (voir Le May, ci-après) et eut deux filles : Julie Louise Céleste de La Rivière (1721/1753) et Louise Julie Blandine de La Rivière (née en 1730) ; Julie Louise Céleste fut l’épouse de Joseph Yves de La Rivière (mort en 1770) et la mère de Marie Louise Julie de La Rivière (1737/1770), qui épousa en 1754 Michel Louis Du Motier de La Fayette, père de Marie Joseph Du Motier de La Fayette (1757/1834), plus connu sous le nom de marquis de Lafayette ; Louise Julie Blandine épousa Philippe Hugues de Lezay-Luzignan et fut la mère de Hugues Thibault de Lezay-Luzignan (1749/1824), député de la noblesse aux États Généraux de 1789. La seconde fille de Jean Louis Barberin de Reignac, Marie Louise Angélique Barberin de Reignac (morte en 1777) épousa en 1724 Charles François Campet de Saujon (mort en 1740) et fut la mère de Marie Charlotte Campet de Saujon (1725/1800), qui, à la fin de l’ancien régime, tint un brillant salon sous le nom de comtesse de Boufflers.
C’est à Chanceaux-près-Loches que Gonzague Saint-Bris (1948/2017) fonda en 1995 La forêt des livres, devenu depuis la mort accidentelle de l’écrivain, Les écrivains chez Gonzague Saint-Bris. Ce lieu fut choisi parce que la famille Saint-Bris (voir ci-après) y possédait le château et le Chalet des chasseurs, décoré ensuite par le peintre Armand Langlois (né en 1947) de la Fresque des écrivains.
À voir dans le bourg
L’église Notre-Dame a été construite au 12ème siècle et modifiée en 1860 ; on peut voir, à l’extérieur, des modillons sculptés autour du chevet et des vestiges de fresques sur le mur nord de la nef ; à l’intérieur un bénitier du 13ème siècle présente une tête grimaçante.
De l’ancien château féodal, il reste deux tours rondes, un pigeonnier, une grange et des vestiges de douves. À côté Mme Claudine-Valérie Aignan (1812/1861), veuve de l’industriel Adolphe Schneider (1802/1845) a fait construite en 1858 un nouveau château, dont l’architecte fut Octave Chauveau, maire-adjoint de Tours, avec un parc créé par le paysagiste Eugène Buhler (1822/1907).
Claudine-Valérie Aignan s’installa à Chanceaux en 1849 et vécut dans le Chalet des chasseurs en attendant la fin de la construction du château ; son fils, Paul Schneider (1871/1916) fut maire de Chanceaux de 1871 à sa mort ; la fille de ce dernier, Marie-Élisabeth Schneider (1884/1958) épousa Armand II Mame (1864/1926), fils de l’imprimeur Paul Mame (1833/1903) et leur fille, Agnès Mame (1924/2020) fut l’épouse d’Hubert Saint-Bris (1915/1979), le père de Gonzague.
Près du bourg, à l’est, à La Tuilerie, se trouvent un moulin ainsi qu’une tuilerie et un four à chaud, qui selon la tradition orale, a été construit vers 1850 pour Claudine-Valérie Aignan, afin de fournir la chaux nécessaire à la construction de son château. Selon toute vraisemblance, et compte tenu de l'importance de l'ouvrage avec ses locaux annexes et le hangar, du parti architectural, de la qualité des travaux, l'on peut penser qu'il a été remanié et surélevé ultérieurement, et ce très certainement par Paul Schneider, après 1870.
À voir au nord
Le Moulin de Chanteraine appartenait au 15ème siècle à Jean Barbin (1406/1469), conseiller de Charles VII, seigneur de Ports-sur-Vienne et de Verneuil-le-château et à son épouse Françoise Gillier (morte en 1478), petite-fille de Denis Gillier, maire de Poitiers en 1392.
La sœur de Jean Barbin, Venotte Barbin épousa en 1426 Pierre I d’Argy, seigneur de Theneuil, qui devint propriétaire du moulin ; leur fils Jean d’Argy, dit le Jeune (mort en 1505), chambellan de Louis XII, vendit le moulin en 1470 à sa sœur Perrine d’Argy, qui avait épousé en 1452 Jean de Sorbiers, échanson de Louis XI.
À voir à l’est
Le Moulin de l’étang date du 15ème siècle et a fonctionné jusqu’en 1953 ; la maison d’habitation est du 17ème siècle.
À voir au sud
Le May (sud-ouest) : ce fief appartenait en 1444, à Louis de Menou (1402/1462), petit-fils de Jean V de Menou, en 1529, à Jean de Nouroy (mort en 1554), seigneur d’Azay-sur-Indre, en 1575, à Anne de Nouroy, fille de Jean, en 1617, à Gilles de La Robertière, conseiller-secrétaire du roi, en 1639, à Louis de Voyer de Paulmy (mort en 1651), grand bailli* de Touraine, en 1662 à Jean Armand de Voyer de Paulmy, petit-fils de Louis, tué en 1674 à la bataille de Seneffe* ; la fille de ce dernier, Marie Françoise Céleste (morte en 1732), fut l’épouse de Charles Yves Jacques de La Rivière (1662/1729) et la mère de Charles Yves Thibault de La Rivière (voir Histoire).
En 1958, Patrice Michelin (1929/2006), petit-fils d’André Michelin (1817/1870), et son épouse Nicole Bardi (1931/1960) deviennent propriétaire du château, construit au 19ème siècle ; cette dernière est tuée par son mari lors d’une partie de chasse dans les bois du château ; le tribunal considérera qu’il s’agissait d’un accident mais la plupart des observateurs ont estimé que c’était un meurtre.
Beaurepaire (sud-ouest) : le premier seigneur connu de ce fief fut, en 1362, Guillaume Barbe, également seigneur de Bussière à Loches et le dernier, en 1787, Charles Louis de Maussabré (né en 1750), également seigneur de Bussière et de La Raudière, à Loches. Le château fut construit au 19ème siècle pour l’industriel Noël Champoiseau (1795/1859), maire de Tours en 1831 et Président de la SAT en 1845.