Ciran
Le nom de cette commune, située à l’est de Ligueil, apparaît pour la première vers 590 dans l’Histoire des Francs, de Grégoire de Tours* sous la forme Cisomagensis vicus, venant du gaulois Cisomagos signifiant « marché de Cisos ».
Histoire
Selon le Patrimoine des communes d’Indre-et-Loire (Flohic 2011), le site de cette commune fut occupé dès le paléolithique et cet ouvrage reproduit des dessins d’outils du mésolithique. Jean-Claude Marquet*, dans La préhistoire en Touraine (PUFR 2021) reproduit un autre dessin d’un nucléus de la même époque, découvert à la Pièce de la Seigneurie (au sud-ouest du bourg, non loin de l’Esves).
Lors des fouilles préventives, faites sous la direction de l’archéologue Murielle Troubady (née en 1980), pour l’aménagement de la déviation de la D 31, qui passe maintenant au nord du bourg, des vestiges gaulois et gallo-romains ont été découvert sous une occupation du haut moyen-âge, rue Agnès Sorel, au lieu-dit la Pointe (nord-est du bourg).
La voie gallo-romaine, qui allait de Dangé-Saint-Romain à Thésée-la-Romaine, traversait le territoire de la commune actuelle, entre Ligueil et Varennes.
Si l’on en croit l’étymologie, un domaine agricole gallo-romain existait à Beaugé (au nord du bourg), venant de Balbiacus ou « domaine du Bègue ».
Le fief de Ciran appartenait en 1429 à Jean Claret, écuyer, et, en 1450 à Catherine de La Jaille, fille d’Hector de La Jaille (mort vers 1499), seigneur de Profond Fossé à Trogues, petite-fille de Pierre III de La Jaille (1360/1420), seigneur de La Mothe-Yvon à Marcilly-sur-Vienne, et épouse de Guillaume de Beauregard, seigneur du Verger à Vou. Leur fils, Mathurin de Beauregard, vendit la seigneurie en 1489 au chapitre de la cathédrale de Tours, qui le possédait encore en 1769.
Il y avait aussi dans cette paroisse un autre fief, dit du Plessis-Ciran, qui appartint, en 1525, à Jean III de Voyer de Paulmy (mort en 1571), puis à son fils, René de Voyer de Paulmy (mort en 1586), bailli de Touraine et gouverneur du château de Loches.
Près du mur sud de l'église, dans l'ancien cimetière, on a trouvé deux couvercles de sarcophages datant de l'époque mérovingienne (du 5ème au 8ème siècles). Le plus grand porte une croix poitevine sculptée.
À voir dans le bourg
Église Saint-Symphorien (dans le bourg) : cette église a été construite au 11ème siècle (la partie de la nef avec des murs en petit appareil irrégulier) et agrandie au 15ème siècle (chœur rectangulaire à chevet plat percé de baies flamboyantes) et en 1885 (nef prolongée vers l'ouest et deux chapelles latérales). Le clocher a été refait en 1593 et en 1889. Le portail ouest est percé en 1789. Cette église a été restaurée en 1889 par l'architecte Eugène Leroux.
À l’intérieur on peut voir, au-dessus de l’autel, un retable baroque du 17ème siècle, dont la travée centrale est occupée par un tableau représentant une religieuse agenouillée devant le Sauveur apparaissant sur un nuage et présentée par un ange (vision de sainte Thérèse ?) ainsi que des vitraux de l’atelier Lobin, d’Amand Clément et de Lux Fournier (maîtres-verriers tourangeaux*)
Le lavoir, situé rue Georges Sand (dans le bourg au sud-est), date de 1905. Il y avait un autre lavoir, maintenant muré, près du château des Repénellières (voir ci-après).
À voir au sud
La Roche-Bertault (sud-est) : ce fief appartenait, au début du 15ème siècle, à la famille de Cigogné puis il passa à la famille Grellet, dite de Grasleuil, suite au mariage de Philippe Grellet avec Perronne de Cicogné. Les seigneurs suivants furent Jehan Grellet, cité en 1460, capitaine des francs-archers de Touraine, Pierre (mort en 1546), fils de Jehan, puis Mery (mort en 1562), lieutenant d’artillerie, fils de Pierre (voir le Gué-Menier ci-après), Antoine (1550/1595), serviteur d’Henri III, fils de Mery, Eustache I, cité en 1604, fils d’Antoine, Eustache II (1640/1684), fils d’Eustache I, et Gabriel (1663/1704), seigneur de Plaisance, à Ciran, fils également d’Eustache I.
En 1726, le seigneur était François Auger, garde-marteau de la maîtrise des eaux et forêts de Loches, dont les héritiers vendirent le fief, en 1747, à un descendant de Gabriel Grellet : Gabriel Grellet de Plaisance, dont le fils, Gabriel Christophe Grellet de Plaisance, garde du corps du futur Charles X, fut tué en 1795 dans les rangs de l’armée vendéenne, et sur qui le fief fut vendu comme bien national en 1793.
Le château date de la fin du 15ème siècle. Le logis rectangulaire est flanqué d'une tourelle d'escalier polygonale du 15ème siècle et d'une tour cylindrique du 16ème siècle. Ce château possède une chapelle de 1620 dédiée à sainte Anne.
Dans le même lieu, se trouve une métairie, appelée La Haute-Roche-Breteau, qui fut vendue, le 17 octobre 1719, par Albert Musnier, procureur au siège de Loches, à Eusèbe Jacques Chaspoux (1695/1747), seigneur de Verneuil-le-Château.
Actuellement chambre d’hôte : 02 47 92 38 98 ; Raphaëlle et Benoît Cardon de Lichtbuer, né en 1942 à Ixelles (Belgique) ; ancien ambassadeur de Belgique au Caire et au Vatican. Voir http://www.larocheberthault.fr/
Le Rocheron (sud-est) : le manoir du 17ème siècle, a été remanié au 19èmesiècle. Il est organisé autour d'une cour carrée et présente, à l'angle sud-est, un bâtiment à toiture en pavillon, à quatre pentes. La porte d’entrée, encadrée de pilastres ioniques, est surmontée d’un fronton courbe. Importante grange avancée face à l’entrée de la cour.
Le fief appartenait, au 18ème siècle, à la famille Pillault, avec notamment Nicolas Adrien Pillault (mort en 1795), maire de Loches de 1765 à 1769. Voir aussi Cours à Sublaines.
Les Repénellières (sud-ouest) : le château actuel a été bâti au début du 19ème siècle. Dans le parc, se trouvent un cadran solaire en marbre blanc, reposant sur un pied de style Louis XV ainsi que l’arbre de la Liberté de Ligueil, transféré là au second empire par Charles Antoine Veneau de La Fouchardière (1805/1880), maire de Ligueil de 1864 à 1871 et propriétaire du château.
Le Moulin Pottier (sud-ouest) : ce moulin sur l’Esves, qui porte le nom d’Élie Pottier, meunier cité en 1460, dépendait du fief du Gué-Menier (au sud du bourg), dont le seigneur était, au 16ème siècle, Guillaume de Grellet (mort vers 1565), qui épousa en 1551 Jeanne de Rohan, fille naturelle de Charles François de Rohan-Gyé, seigneur de Château-du-Loir (Sarthe), fils de Mery Grellet (voir la Roche-Bertault), qui fut également le père d’Adrien de Grellet (mort vers 1570), époux de Charlotte de La Rochefoucaud, fille de René II de la Rochefoucaud et de Françoise de Chergé, citée en 1545.
Le fief fut acheté, vers 1620, par Gilles Quantin, contrôleur au grenier à sel de Loches, qui fut le père de Claude Quantin, chanoine de la collégiale de Loches et de Gabriel Quantin (mort en 1683), lui-même père d’Élisabeth Quantin, qui épousa, en 1649, Olivier Collin, procureur à Loches et qui fut la mère d’un autre Olivier Collin (mort en 1777), curé de Saint-André de Beaulieu (aujourd’hui Beaulieu-lès-Loches) et chanoine de la cathédrale de Tours.
Le moulin appartint ensuite, en 1699, à Jacques Marchand, maître-chirurgien à Ciran, puis à François de Paunard (1727/1787), époux de Marie Anne de Quinemont (née en 1724), fille de Jean de Quinemont (1690/1745), qui furent les parents de Jacques de Paunard, sur qui il fut vendu comme bien national en 1793.