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Courçay


Le nom de cette commune, située au sud-est de Tours et qui s’étend sur les deux rives de l’Indre, apparaît pour la première fois en 775, dans un diplôme de Charlemagne, sous la forme Curciacus, que l’on fait habituellement venir de Curtiacus ou « domaine agricole du Petit » mais un historien local fait venir ce toponyme du gaulois curcios (le héron).

Histoire

Un acte de Charles II le Chauve*, daté de 862, précise : « Curciacus cum capella ac manso dominicato et factis setuaginta in quibus est colonia Cibriacus et Rubrus et Camiliacus et Macerias atque Juis seu Gebriacus, necnon Buxarias et Brittaniolas et tratum quod est juxta Canavas », c’est-à-dire : « Curciacus, avec une chapelle, un séjour pour l’intendant et 70 fermes parmi lesquelles sont Cibriacus (Chibré ? domaine de Cibrius), Rubrus (Rouvre, au sud du bourg, sur la rive gauche), Camiliacus (Chemallé), Macerias (Mazère à Reignac-sur-Indre) ainsi que Juis ou Gebriacus (Geay) mais aussi Buxarias (Bussières, à Athée-sur-Cher) et Brittaniolas et un tratum (pratum = pré ?) qui est juste à côté de Canavas (les Cabanes). »

Selon Wikipedia, des bifaces paléolithiques ont été collectés en surface (voir BSAMPGP, 24,‎ 1973) ; des ossements humains datant du néolithique ont été exhumés en 1955 au flanc de la falaise surplombant la rive droite de l'Indre, au niveau du Moulin-de-La Thibaudière, près de la limite avec Reignac-sur-Indre ; on a aussi retrouvé des pointes de flèches, un polissoir et des haches polies de la même époque.

Selon le site de la mairie, un lieu-dit appelé la Grosse-Borne, près de La Barrerie (au nord du bourg), indiquerait l’existence d’un menhir disparu.

Gérard Cordier* signale dans l’article Précisions sur le cimetière mérovingien du Breuil, in RACF, 12. 1-2. 1973, que dans le cimetière (voir ci-après) situé au nord du bourg, où des vestiges de murs antiques étaient encore visibles en 1868, des potins à la tête diabolique* ont été découverts et qu’il y avait sans doute là une nécropole gauloise avant le cimetière mérovingien.

À 1 km au nord-est du bourg, Jacques Dubois* a photographié en 1991 une grande enceinte de 200 m. sur 75 m. entourée de fossés (Voir BSAT, 43, 1993).

Ses photos ont aussi révélé, au Grand-Geay, (au nord-est du bourg), toponyme venant de Gaiacus ou « domaine de Caius » (Voir BSAT, 41, 1987), une villa* gallo-romaine à plan carrée, de 40 mètres de côté, avec pièces d’habitation, galerie, cour intérieure, bâtiments de service, allée d’accès et vaste mur de clôture. Les fouilles, menées en 1845, 1858 et 1908, ont permis la découverte d’une lampe de bronze à six branches et d’une épingle en os, ornée d’une tête de femme ; des pans de murs, représentés sur une gravure de 1856, étaient encore visibles en 1938.

D’autres domaines agricoles* existaient sans doute à Chauvigny (au nord-est du bourg), venant de Caloniacus ou « domaine du Beau », à Chemallé (voir ci-après), venant de Camiliacus ou « domaine de Camilius », à Toizay (au sud-ouest du bourg, sur la rive gauche), venant de Totiacus ou « domaine de Totius », à Villebas (au nord-est du bourg) ou « domaine du bas » et à Villetivrain (au sud-est du bourg, sur la rive gauche) ou « domaine de Tiberius ».

Deux voies gallo-romaines suivaient les deux rives de l’Indre : celle de la rive droite, venant de Reignac, est reprise par la rue de-La-Doué (de la Fontaine), puis par la rue des-Plantes, se dirige vers Truyes.

Les vestiges d’un aqueduc gallo-romain conduisant les eaux de la Fontaine de Doué vers « une villa* située du côté de Truyes », selon Louis Bousrez* sont encore visibles le long du chemin pittoresque, qui conduit du bourg au moulin de Doué (voir ci-après)

Au 5ème siècle, les Wisigoths envahissent la Touraine et détruisent de nombreuses villae* romaines, dont celle du Grand Geay.

La première église de Courçay (voir ci-après) est construite entre le 6ème et le 8ème siècle.,

En 1119, le chapitre de Saint-Martin de Tours acquiert de Gilbert de Maillé, évêque de Tours de 1118 à 1125, fils d’Hardouin I de Maillé (1060/1096), la quasi-totalité du fief de la paroisse contre une rente annuelle de cent sols tournoi et établit une prévôté, qui occupe un bâtiment fortifié, situé à côté du moulin du bourg (voir ci-après) et détruit à la fin du 18ème siècle.

Le prévôt en exercice en 1400 reste dans les mémoires pour sa condamnation d’une fille coupable d’infanticide à être enterrée vivante, la tête seule au-dessus du sol, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Il y avait aussi à Courçay, en plus du fief de la cure, un prieuré constituant fief, qui dépendait du château d’Amboise.

Les moulins de Courçay (voir ci-après) prirent un essor particulier sous Louis XII (roi de 1498 à 1515) pour répondre à la demande très forte de papier qui apparaît alors. Ils cessèrent leur activité à la fin du 19ème siècle.

En 1593 « à cause des troubles et courses ordinaires des gens de guerre », le siège de la prévôté est transféré à Loches.

En 1766, est ouverte la nouvelle route royale du Berry (D 943 d’aujourd’hui).

La crue de l’Indre, en1770, ravage la région ; à Courçay, l’eau monte à 3 pieds dans l’église.

Le 1er mars 1789, en vue des États-Généraux, neufs paroissiens rédigent un Cahier de doléances, qui est ensuite porté au Présidial de Tours. En 1792, neuf volontaires partent défendre « la patrie en danger ».

Au début du 20ème siècle, l’écrivain régionaliste Hubert Fillay (1879/1945) et Jacques-Marie Rougé* fondent à Courçay le « Théâtre de la Nature », qui marque l’activité culturelle nationale.

Dans la nuit du 20 au 21 juin 1940, le pont de Courçay est détruit pour tenter de retarder l’avancée des troupes allemandes. Après l’armistice, Courçay se retrouve en zone occupée tandis que Reignac est en zone libre ; un habitant de Villetivrain, au sud-est du bourg ; où se trouve le poste frontière, fait passer en zone libre plusieurs personnes, dont Louis Jouvet, Louis Aragon et Elsa Triolet.

 

 

À voir dans le bourg

Église Saint-Urbain (Place de l’église) :

Une première église, dont il ne reste rien, est mentionnée en 919 ; la construction de l’édifice actuel s’étend entre le 11ème siècle (base du clocher) et le 12ème (nef et chœur). Au 15ème ou 16ème siècle, la nef est surélevée et la flèche du clocher est édifiée. Les baies en plein cintre sont agrandies au 18ème siècle.

L’abside du chœur est couronnée par une corniche supportée par des modillons représentant des motifs végétaux ou humains.

À l’intérieur, Les fonts baptismaux du 12ème siècle sont composés de deux piscines, comme cela arrivait parfois à cette époque ; les interprétations divergent au sujet de la plus petite : évacuation ou conservation de l’eau lustrale.

On peut aussi voir un Christ en croix du 15ème siècle, en bois polychrome et une Vierge à l’enfant du 14ème, en pierre, ainsi que les vitraux de Lucien Léopold Lobin.

Près de l’église et au bord de l’Indre, une maison de style néo-normand présente un château d’eau maquillé en pigeonnier à colombage

Dans le cimetière, qui se trouve dans le bourg, au nord, entre la Petite-Couture et Châtillon, ont été enterrés l’acteur Albert Dieudonné (1889/1976), résidant de Courçay à la Petite Couture, mis en terre dans le costume de Napoléon, film d’Abel Gance (1889/1981), qui le rendit célèbre, ainsi que le préfet Jean Grillon (1875/1924), propriétaire de La Doué (voir ci-après) et son gendre, le médecin de marine Jean Ernest Bernard (1907/1998).

La Petite Couture (dans le bourg au nord-est) :

Le fief appartint, en 1668, à Charles Drouin (1606/1672), maire de Tours en 1657/58, de 1688 à 1696, à Étienne Drouin (fils de Charles ?), en 1741, à Gilles Bertrand Cottereau (1665/1719), maire de Tours en 1718/19, en 1755, Étienne II Drouin ; en 1768, à Nicolas Du Fresne, procureur à la sénéchaussée de Saumur et en 1789, à Jacques Marie de Grasseul, qui fut le dernier seigneur de ce fief.

Le manoir, du 17ème siècle, a une habitation rectangulaire et une tour ronde.

Châtillon (dans le bourg, au nord-ouest) :

Le fief appartint, en 1522 à Gilles Descartes, maire de Tours, ancêtre de René Descartes, en 1666, à Claude de Changy, veuve d’Astremoine Bourgault et en 1710, à Pierre Bourgault, époux de Marie Gaigneron.

Il y eut là, au 15ème siècle, un premier château, dont on peut voir des vestiges (dont un mur avec un parement en damier et une fenêtre à meneaux) au coin de la rue du Repos et de la rue Napoléon. Le château actuel date du 19ème siècle.

Les moulins : il y avait au moins trois moulins sur l’Indre ;

Le moulin du bourg, appelé aussi moulin Gorron à partir du 18èmesiècle, mentionné en 1338, a toujours servi de moulin à farine. Il fut reconstruit dans les années 1930 pour devenir le bâtiment actuel, désaffecté et transformé en entrepôt.

Le moulin de La Doué (à l’est) : En 1474, le prévôt de Courçay donna à bail à Jean Amnet « la fontaine et des masures de l’ancien moulin à bled de l’Adoué » à charge d’y construire un moulin à foulon et une maison de 2 étages, puis, en 1493, il donna un bail à Julien Prévost, à condition qu’il y établisse un moulin à papier. Appartenant à la collégiale Saint-Martin de Tours, il fut vendu comme bien national en 1791.

Ce moulin, qui, à la fin du 19ème siècle, appartint à Louis Bousrez* puis à Jean Grillon (voir cimetière) était alimenté par la fontaine pétrifiante de La Doué ; un chemin pittoresque, reste d’une voie gallo-romaine, où l’on peut voir les vestiges d’un aqueduc gallo-romain (voir Histoire) relie le moulin au bourg

Bien qu'il soit très restauré, la série d'ouvertures sous le toit qui permettait l'aération des séchoirs à papier dans les combles reste visible, de même que le bief canalisant les eaux de la source en aval du moulin.

Encore plus à l’est, le moulin de la Thibaudière était aussi un moulin à farine transformé au 15ème siècle en moulin à papier avant de revenir à son activité première.

À voir au nord

Geay (nord-est) : il y avait au Grand Geay (au nord du hameau) une villa* gallo-romaine (voir Histoire). On peut voir dans le hameau un pigeonnier carré, transformé en habitation.

À voir au sud

Chemallé (sud-est) :

Le nom de ce fief apparaît au 9ème siècle dans une charte de l’abbaye Saint-Martin de Tours, à qui il appartenait alors. Le seigneur était, en 1477, Jean Berthelot ; si cette date est exacte, il ne peut pas s’agir du Jean Berthelot (mort en 1456), seigneur de Cormery ni de son fils, Jean Berthelot (mort en 1471), seigneur d’Azay-le-Rideau.

En 1566, Chemallé appartenait à Georges de Gannes, sans doute fils de Louis de Gannes (1485/1551), seigneur de Montdidier à Vellèches (Vienne), puis, de 1575 à 1579, à Louis II de Gannes, puis, en 1696, à un arrière-petit-fils de Louis II, un autre Georges de Gannes (1625/1704), puis, en 1700, à un fils de Georges, prénommé lui-aussi Louis (né en 1650). Ce dernier fut le père de Marie Françoise de Gannes (1679/1714), qui épousa en 1699 Joachim III de Montléon (1676/1726) et qui fut la mère de Marie de Montléon (née en 1705), épouse de Louis Ovide Du Tranchet, cité comme seigneur de Chemallé en 1749.

Leur fils, René Louis Ovide Du Tronchet, vendit le fief en 1766 à Martin René Gilles Guimier, lieutenant-général au bailliage de Loches. Au moment de la Révolution, le seigneur était Gabriel Christophe de Grellet de Plaisance, seigneur également de La Roche Bertault à Ciran ; ce dernier ayant émigré, le domaine fut saisi et vendu comme bien national, en 1796, à Jacques Prudent Bruley (1725/1799), créateur d’importantes pépinières dans la région et propriétaire de Puy Girault à Loches.

Le manoir se compose d'un logis principal, caractérisé par une charpente en carène de navire, et de dépendances entourant une cour fermée à laquelle on accède par un porche en arc brisé, qui supportait jadis un pigeonnier, aujourd’hui disparu. Dans le jardin se trouve l'entrée d'un souterrain-refuge. Un titre de 1666 fait mention d'une chapelle, placée sous le vocable de saint Jean-Baptiste, qui n’existe plus.

La Grande Couture (sud-est) :

Ce fief, cité sous la forme Cultura dès 845 dans le cartulaire de Cormery, appartenait en 1535 à Jehan Hubaille, marchand de Tours, en 1703 à Louis de Gannes (voir Chemallé), en 1740 à Philippe Louis Le Hayer (voir Azay-sur-Indre et Chédigny), qui le vendit en 1748 à Martin René Gilles Guimier (voir Chemallé), en 1770, à Martin Gilles Guimier, sans doute fils de Martin René Gilles, lieutenant-général au bailliage* de Loches, en 1783 à Marie Anne Renée Aubry, nièce de Martin Gilles Guimier, qui avait épousé en 1745 François IV de Mallevaud, lieutenant des maréchaux de France* au bailliage* de Loches. Leur fils, François Henri de Mallevaud, seigneur de la Couture et de Puy-Renaud, comparut en 1789 à l’assemblée de la noblesse de Touraine.

Le château comporte un logis principal du 16èmee siècle très modifié (condamnation de portes et de baies) et deux tours, l'une à l'angle-sud-ouest de ce logis, l'autre à l'est des communs, contre l'ancienne chapelle. La façade sud du logis principal est ornée d'un cadran solaire, daté de 1627.


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