Épeigné-les-Bois
Le nom de cette commune, située au sud-est de Bléré, apparaît pour la première fois en 816, dans un diplôme de Louis 1er dit le Pieux, sous la forme Spaniacus, venant d’Hispaniacus ou « domaine agricole de l’Espagnol ».
Histoire
Des fouilles préventives, faites sur le tracé de l’autoroute A 85 qui passe au nord de la commune, ont mis à jour, aux Allets (au nord-est du bourg) 150 pièces lithiques du paléolithique moyen ainsi qu’un vaste établissement rural gaulois, entouré de fossés, où un vase-baquet d’importation armoricaine et un fourreau d’épée ont été trouvés.
Selon PCIL, les collections de la SAT contiennent un polissoir néolithique provenant de cette commune.
Louis Dubreil-Chambardel*, dans un article publié dans le BSPF, 8.2, 1911 indique que le toponyme La Dubinerie, venant d’un ancien mot local : « dube », signifiant « monticule », venant du gaulois beccos, pouvant désigner un lieu situé sur une hauteur saillante, indiquerait la présence d’un tumulus antique, mais ce toponyme n’apparaît sur aucune carte de la commune.
Outre le « domaine de l’Espagnol », d’autres domaines gallo-romains (villae*) existaient à Chossay (voir ci-après), venant de Cociacus ou « domaine du Cuisinier » et à Jaunay (au nord du bourg), venant de Galliacus ou « domaine du Gaulois ».
L’église Saint-Aignan (voir ci-après) a été construite sur un rocher dans lequel un souterrain abrite une source antique, qui a été christianisée.
Le fief, qui relevait du château d’Amboise, appartenait à l’abbaye Saint-Sauveur de Villeloin (Villeloin-Coulangé). Selon une transaction faite en 1070 par cette abbaye avec Foulques IV, dit le Rechin (1013/1109), seigneur d’Anjou et de Touraine, les habitants de la paroisse devaient servir 15 jours par an dans les troupes de ce dernier.
À voir dans le bourg
Église Saint-Aignan :
Cette église est mentionnée dès 859 dans le cartulaire de Cormery mais le bâtiment actuel date du 12ème siècle. Il est construit en moyen appareil de tuffeau, selon un plan en croix latine. La nef, longue de 13 mètres et large de 5, est constituée d’un vaisseau unique de deux travées oblongues, couvertes d’une voûte à ogives moulurées ; elle est éclairée au nord par trois baies en arc brisé, hautes et étroites, et par un triplet à l’ouest. Le côté sud est aveugle. Les retombées des ogives s’effectuent sur de petits chapiteaux sculptés portés par de fines colonnes engagées.
La croisée du transept supporte un clocher de plan carré, en charpente, couvert d’ardoise et sommé d’un toit pyramidal.
Le chevet, renforcé par cinq contreforts, possède une corniche à modillons, quelques-uns étant sculptés. Le chœur comprend deux travées voûtées en berceau brisé. L’abside est éclairée par trois baies en plein cintre encadrées de colonnettes à chapiteaux sculptés dont les fines corbeilles sont ornées de feuillages ayant conservé des traces de polychromie.
Les parties supérieures des murs gouttereaux de la nef ont été reprises au 13ème siècle.
Des sondages réalisés en 2014 ont révélé la présence d’un abondant décor peint, en grande partie masqué sous badigeon. Quelques éléments sont cependant bien visibles, comme le faux appareil à joints rouge aux voûtes de la nef et le masque grimaçant qui orne la clé de la deuxième travée.
À l’intérieur on peut voir deux statues en pierre du 15ème siècle, représentant la Vierge à l’enfant et Saint Jean, ainsi que, à l’entrée du chœur, près d’une statue de Saint Vincent, une corne de la confrérie de Saint-Vincent, du 18ème siècle, haute de 2,70 m. et ornée de fleurs peintes.
À l’extérieur de l’entrée ouest, une pierre tombale est peut-être celle de Charles de Godefroy (voir Chossay, ci-après), inhumé dans l’église en 1658.
Voir Martine Lainé : L'église paroissiale Saint-Aignan d'Épeigné-les-Bois in BSAT 61, 2015 -pages 49/60).
L’ensemble de l’église a été restauré en 2016.
La Source de Saint-Aignan :
Sous l’église, le rocher est creusé d’un souterrain converti en chapelle dédiée à Saint Aignan, avec une source. Ce souterrain fut sans doute consacré à un culte païen antérieurement à la fondation de l’église (voir histoire).
La messe était célébrée pour la Saint Aignan (le 17 novembre) et l’on descendait ce jour-là jusqu’à la source qui a la réputation de guérir les croûtes de lait des bébés, la teigne, les dartres et autres maladies de peau. Il y eut là des processions jusque dans les années 1950. Aujourd’hui encore, on y vient puiser de l’eau pour se soigner.
Le prieuré Saint-Martin
Outre la cure, il y avait, au sud de l’église, un prieuré appelé le prieuré de Saint-Martin. Pendant longtemps, les archevêques de Tours prétendirent qu'ils avaient le droit de gîte dans ce prieuré, lorsqu'ils visitaient cette partie de leur diocèse. Mais Étienne de Bourgueil, archevêque de Tours, de 1324 à 1334, déclara dans une charte que ce droit ne lui appartenait pas et que l'hospitalité qu'il recevait dans ce lieu n'était qu'un acte de respectueuse bienveillance.
Seuls subsistent aujourd’hui des bâtiments du 15ème siècle.
Maison :
À côté de l'église, se dresse une maison du 19ème siècle au toit dit à l'impériale. C'est une toiture en forme de dôme galbé rappelant celle d'une couronne d'empereur. Les ardoises sont taillées en écailles. La commune a acheté puis réhabilité le bâtiment pour créer deux logements locatifs.
Le moulin du bourg : ancien moulin du 19ème à la sortie nord du bourg.
Chambres d’hôte aujourd’hui. Voir http://www.lemoulindubourg.fr/
À voir au nord
Chossay (nord-est)
Le fief, qui est cité en 1230 dans une charte de l’abbaye de Villeloin, appartenait, en 1284, à Guillaume de Chocé ; en 1636, à Léonor de Bailly ; en 1644, à Pierre de Godefroy (1613/1663), inhumé dans l’église.
Ce dernier fut le père de Bonne de Godefroy (née en 1641), d’Étienne de Godefroy (né en 1647), cité comme seigneur de Chossay en 1666 et de Charles de Godefroy, né en 1656 et mort à l’âge de 2 ans, inhumé dans l’église (?).
Bonne de Godefroy épousa en 1662 Louis François, seigneur de La Poussardière (Les Ormes) (1636/1692) et fut la mère Jacques François (né en 1665), cité comme seigneur de Chossay en 1684, qui épousa en 1698 Léonore Du Sillas (née en 1663), dame de Prézault (Parçay-sur-Vienne). Leur fille, Marie François, dame de Chossay et du Prézault, épousa en 1722 Claude Henri Odart, seigneur de Rilly-sur-Vienne.
Vers 1820, le fief fut morcelé entre plusieurs propriétaires et devint un hameau, dont l’entrée se fait entre deux piliers de pierre qui devaient encadrer un portail disparu. L’inscription de 1720 n’est plus visible sur les piliers d’entrée.
Le logis du maître a une toiture à la Mansart. Il est prolongé par un bâtiment de servitude qui a un pignon à rondelis. La façade sud a été remaniée comme le montrent les ouvertures murées. Un petit escalier de pierre donne accès au rez-de-chaussée surélevé. Un couloir à colombage dessert les pièces. Dans un autre couloir, on note une inscription avec la date de 1797.
La petite aile nord contient un four à pain. Il reste aussi les bouches de deux autres fours à pain.
Le puits commun abrité dans un bâtiment est remarquable. Son treuil est muni d’une grande roue en bois.