Esves-le-Moutier
Le nom de cette commune, située à l’est de Ligueil, apparaît pour la première fois en 1199, dans une charte de la commanderie des Templiers de Fretay (Loches), sous la forme Parochia de Evya, venant de l’ancien nom de l’Esves, formé sur le latin aqua (eau).
Histoire
Selon un article d’André Renard (1898/1954), préhistorien et résistant, né à Varennes et conservateur de la bibliothèque municipale de Loches, intitulé La Préhistoire dans les vallées de l’Estrugueil, de l’Esves et de Ligoire, publié dans le BSPF, 26.2, 1929, on a découvert des grattoirs, des lames et des percuteurs importés, du paléolithique, au Petit-Village (ouest du bourg) et des silex taillés à Touchelet (nord-ouest du bourg), une hache polie, du néolithique, à La Maupinerie (sud-ouest du bourg) et une petite hache à ailerons, de l’âge du bronze, dans une cave du bourg.
La Fontaine-Saint-Martin et Les Fontaines-Rouges, situées juste avant Girodet, à l’est du bourg et à gauche de la D 12 quand on va vers Saint-Senoch, qui alimentent l’Esves, et considérées comme miraculeuses, sont probablement des sources existant à l’époque gauloise et christianisées.
Selon la légende, Saint-Martin* aurait habité une grotte creusée dans le tuffeau, dite Ermitage Saint-Martin et l’un des bœufs qu’il gardait aurait fait jaillir d’un coup de corne cette fontaine qui lui aurait servi pour soigner les maladies oculaires. Selon une autre légende, Saint Martin y aurait soigné ses blessures, ce qui expliquerait la couleur rouge de l’eau et ses vertus miraculeuses.
En fait ces sources font jaillir de l’eau ferrugineuse, ce qui favorise l’apparition d’algues rouges sur les pierres blanches et ce qui explique peut-être leurs propriétés curatives.
Un « moustier » (monastère) fut fondé en 860, terme ajouté au nom du village au 18ème siècle ; il fut ensuite transformé en un prieuré, dont le prieur était le seigneur du fief, qui relevait du château de Loches ; ce prieur jouissait des droits honorifiques dans l’église paroissiale et qui nommait les officiers de justice.
Parmi les prieurs commendataires, on peut citer, en1525, Robert Frétaud, puis, en 1547, le cardinal Giammaria Ciocchi Del Monte (1487/1555), élu pape en 1550 sous le nom de Jules III, puis, au 17ème siècle, François de Montmorency-Laval (1623/1708), dit Monseigneur de Laval, qui deviendra le premier évêque du Québec et sera gouverneur -général de la Nouvelle France en 1663 et en 1682.
En 1759, le prieuré fut joint au chapitre de la cathédrale de Québec, dont le doyen était Joseph Marie de La Corne de Chaptes (1714/1779).
Le dernier prieur commendataire fut Alexandre Charles Emmanuel de Crussol (1743/1815), député de la noblesse en 1789, qui émigra pendant la Révolution et devint pair de France en 1814.
À voir dans le bourg
Église Saint-Maurice :
Les murs de la nef, en petit appareil, datent dans l'ensemble du 10e siècle. Cet édifice carolingien a été remanié à plusieurs reprises. Deux grosses piles cylindriques engagées précèdent le chœur d'une travée, voûtée sur une croisée d'ogives, sur laquelle s'élève un clocher carré et fortifié, flanqué d'échauguettes à chaque angle, et datant du 12ème siècle. Un court sanctuaire de la même époque termine l'édifice. Au pignon se voit, dans l'appareil, une croix latine décorée d'entrelacs et d'une rosace surmontant un écu bandé.
Cette église était l’église prieurale et la grosse tour carrée du clocher est un vrai donjon avec ses quatre tourelles d’angle en encorbellement.
Une grande croix, centrée sur un médaillon et ornée d’entrelacs, a été réemployée dans le pignon oriental.
Un somptueux maître-autel en bois sculpté et doré a été placé au centre du chœur. Il est signé A. Watrinelle et daté 1698. Dédié à la Vierge, il proviendrait de l’église Notre-Dame-des-Carmes à Tours, il fut redoré en 1784 par le petit-fils du sculpteur, F. Watreinelle. On peut voir également dans ce chœur des stalles en chêne du 15ème siècle.
Le prieuré :
Tout l’ensemble du prieuré avait été fortifié et il en reste la tour sud-ouest, transformée en logis privé ; la tour nord-est, encore visible sur les anciennes cartes postales, a été détruite dans les années 1950.
L’ancien presbytère, du 18ème siècle, (rue Jean-Baptiste-Veneau) est devenu un gite d’étape. Voir https://www.enrouelibre-centrevaldeloire.com/fiches/gite-detape-communal-le-presbytere/
Dans cette même rue, au n° 22, une maison du 15ème siècle, remaniée au 19ème, a conservé une fenêtre à meneaux, en partie condamnée. Une autre maison du 15ème, construite sur une cave voûtée en plein cintre, se trouve au n° 5, impasse Le Fontenaille, dans le bourg, au sud.
La commune possède 2 lavoirs, un rue Descartes, près de la mairie, et un autre, rue des Sources, à la sortie est du bourg.
Il y a également 2 moulins : le grand moulin, du 19ème siècle, dans le centre-bourg et le moulin Nouet, au sud-est, du 16ème siècle, qui appartenait, au moment de la Révolution, à Édouard de Coué ; le moulin fut saisi et vendu comme bien national après que le propriétaire eut émigré.
À voir au nord-est
Le lieu-dit Les Brandelles, situé dans une région très boisée, apparaît sur la carte de Cassini* au 18ème siècle ; le manoir, édifié au 19ème siècle, devint pendant la Première Guerre mondiale, une station sanitaire pour les soldats tuberculeux ou gazés.