Ferrière-sur-Beaulieu
Le nom de cette commune, située au nord-est de Loches apparaît pour la première fois en 1105, dans une charte de l’abbaye de Saint-Sauveur de Villeloin, à Villeloin-Coulangé sous la forme Ferrariae, venant du latin ferraria, signifiant « mine de fer ou fonderie ou forge ».
Histoire
La Fontaine-d’Orfonds (voir ci-après) est sans doute une source antique qui a été christianisée, comme la Fontaine-Sainte-Monégonde, (voir ci-après), où une chapelle, détruite au 19ème siècle, avait été construite là sur les ruines d’un fanum (temple) antique.
Le toponyme Ferrariae indique la présence de mines de fer, exploitées à l’époque gauloise, dont des scories ont été trouvées près de l’ancienne gare et près des étangs de la forêt de Loches, qui s’étend au nord et à l’est de la commune.
Le pilier est de l’aqueduc de Contray (voir Loches) se trouve sur la commune de Ferrière-sur-Beaulieu.
Une villa* gallo-romaine existait sans doute aux Mousées (à l’est du bourg), venant de Mocciacus ou « domaine de Moccius ».
Le fief de Ferrière, qui relevait du château de Loches, appartenait au prieur-curé du prieuré-cure fondé, pense-t-on, au 13ème siècle par Dreux IV de Mello (1138/1218), connétable de France, seigneur de Loches, au profit de l’abbaye Saint-Nicolas de Miseray (Indre).
La plupart des prieurs-curés ne sont pas connus dans les archives ; on peut cependant noter, en 1481, Jean Rivault (mort en 1510) et, en 1664, Urbain Beugnet (mort en 1698), qui sera ensuite curé d’Abilly.
Une ligne de chemin de fer reliant Ligueil à Montrésor, via Loches et Ferrière-sur-Beaulieu, fut créée en 1889 et fonctionna jusqu’en 1949.
À voir dans le bourg
Église Saint-Gilles :
La nef et la façade de cette église furent construites au 11ème siècle puis remaniées au 12ème. Le chœur et les voutes de la nef, de style angevin, datent du 13ème siècle, au moment où elle devint l’église prieurale. Par la suite, une tourelle contenant un escalier à vis fut ajoutée sur le mur sud de la nef.
On peut voir à l’intérieur, sur les clés de voutes, un évêque bénissant et la Vierge, deux peintures murales du 15ème siècle, l’une représentant Saint Gilles ou Saint Hubert, l’autre figurant Saint Christophe aidant l’Enfant Jésus à traverser un gué, ainsi que, dans le chœur, un retable du 17ème, époque où l’on construit ce genre d’aménagement pour créer une sacristie.
Logis du prieur (près de l’église) :
Cette maison du 15ème siècle, flanquée d’une tour d’escalier pentagonale est le seul vestige du prieuré. Les bâtiments furent vendus comme bien national à la Révolution et disparurent, à l’exception de cette maison, qui fut achetée par la municipalité en 1947 pour abriter une partie de l’école communale.
Lavoir (allée du Lavoir, sortir nord-ouest du bourg) : Ce lavoir, aménagé en 1904 sur le Ruisseau de Ferrière, coûta 530 francs et une souscription rapporta 188 francs (35%). Il a été rénové et agrémenté d’une aire de pique-nique.
À voir au nord
Les Fourneaux (nord-est) : manoir du 18ème siècle
La Fontaine d’Orfonds (nord-ouest)
Cette source, avec un aménagement en forme de fer à cheval, donne naissance à un ruisseau qui alimente l’aqueduc de Contray (voir Loches) dont le dernier pilier (à l’est) se trouve sur la commune de Ferrière-sur-Beaulieu.
C’est sans doute une source antique qui a été christianisée par la construction de la chapelle Saint-Nicolas-du-Bois, disparue au 16ème siècle, et par la légende de l’enchanteur Orfonds ; ce dernier, qui avait la science des druides et qui était invisible aux yeux des humains, se plaisait à amasser des trésors, de telle sorte qu’il fut condamné par Dieu à rester enfermé dans la crypte de la chapelle Saint-Nicolas-du-Bois. Une seule fois par an, à chaque minuit de Noël, il pouvait, avec une clé magique, s’échapper de la crypte, et se livrer à son occupation favorite : compter les pièces d’or de son trésor.
À proximité, la cave du roi Charles VII, dont il ne subsiste qu’un fragment de mur et l’amorce d’une galerie voûtée, entièrement comblée. Le lieu servait de relais de chasse, grande passion des rois d’alors. Et selon une légende, c’est aussi là qu’il rencontrait sa belle maîtresse Agnès Sorel.
Le premier seigneur connu du fief d’Orfonds est un certain Geoffroy Brisehaste ; il s’agit peut-être de celui qui était propriétaire d’une terre à Sepmes et qui est cité plusieurs fois dans le cartulaire de l’abbaye de Noyers* (voir, par exemple, la charte 603 de 1176).
En 1262, un arrêt du Parlement de Paris attribue cette seigneurie au plus proche héritier de ce Geoffroy Brisehaste, qui est Geoffroy Guerrier, dit en 1294 Dominus de Aureo fonte (« seigneur de la Fontaine Dorée »), enterré dans l’abbaye de Baugerais (Loché-sur-Indrois).
Le fief passa ensuite dans le domaine royal de Louis X, dit le hutin (1289/1316) et le frère de ce dernier, Philippe V, dit le long (1293/1322) le donna en 1317 à Guy de Céris, dit le borgne de Céris, qui avait été son chambellan.
Guy de Céris fut le père de Jean de Céris (mort vers 1375), lui-même père d’Yseut de Céris, qui épousa en 1360 Guillaume I de Sully (mort vers 1381), seigneur de Vouillon (Indre) ; ces derniers furent les parents d’Iseult de Sully, épouse de Louis Du Peschin, cité en 1393 comme seigneur d’Orfonds et mère de Jacquette Du Peschin, citée en 1422 comme dame d’Orfonds avec son époux, Bertrand de La Tour d’Auvergne (mort en 1461).
De 1479 à 1647, la seigneurie appartint à la famille Arnault ; par la suite, elle fut de nouveau réunie au domaine royal ; en, 1677, Louis XIV la donna à François Luthier (mort en 1719), seigneur de Saint-Genouph à Saint-Hippolyte et de Saint-Germain, qui le céda, en 1716, à Louis Chaban de La Rivière (mort après 1740), capitaine au régiment de Noailles.
Le seigneur suivant fut Louis Honorat de Baraudin (1710/1768), gouverneur de Loches, époux de Marie Françoise Charlotte de Bougainville (1724/1813), sœur du navigateur Louis Antoine de Bougainville (1729/1811) mais, en 1752, un arrêt du Conseil d’État annula le brevet royal par lequel Orfonds avait été donné à François Luthier, et prononça le retour de ce fief à la Couronne.
La Fontaine Sainte-Monégonde (nord-ouest) :
Selon le Dictionnaire de Carré de Busserole, cette source antique avait (a ?) la réputation de guérir les fièvres et une chapelle, détruite au 19ème siècle, y avait été construite sur les ruines d’un fanum (temple) antique. Un autre écrit précise que « les pèlerins y trempaient en secret du pain qui mangé en famille préservaient des fièvres. Actuellement la fontaine non entretenue ressemble surtout à un petit marécage. »
La Persillère (nord-ouest) :
Ce domaine, cité pour la première fois en 1526, appartenait, en 1753, à Bernard Robin, bourgeois de Genillé, qui avait épousé en 1714 Marguerite Martineau et qui fut le père de Louis François Robin (1726/1796), directeur de la Poste de Loches, cité comme propriétaire de La Persillère en 1772.
Ce dernier avait épousé en 1790 Marie Victoire Chesnon (née en 1765), qui, après le décès de son mari, se remaria en 1801 avec Louis Fidèle Suzor (1772/1850), fils de Jean Suzor (voir Beaulieu-lès-Loches) et petit-neveu de Pierre Suzor (1733/1801), premier évêque constitutionnel de Tours. Son petit-fils, Anatole Suzor, également propriétaire de La Folie à Loches, vendit le domaine, en 1911, à Germain Audiger (mort en 1914)
La maison de maître et la ferme de La Persillère forment sont deux propriétés distinctes faisant à l'origine partie d'un même domaine. La maison de maître, ancien relais de chasse du 17ème siècle, est un bâtiment sans étage qui s'ouvre par une portail double encadrée de colonnes ioniques, mais des vestiges de douves indiquent qu’il y eut là un manoir plus ancien ; vaste grange et pigeonnier du 18ème.
À voir à l’est
Les pyramides :
Pour répondre aux exigences de l’exploitation du bois et de la chasse au gros gibier, la forêt de Loches a bénéficié très tôt d’un réseau de chemins bien entretenus. Sous le règne de Louis XV, une voie principale, la route Georges d’Amboise, qui marque la limite nord de la commune, est élargie et rendue carrossable puis ouverte au public en 1769.
Afin de structurer la circulation, et d’organiser des rendez-vous de chasse, les carrefours importants sont matérialisés par des pyramides qui sont édifiées en 1778. Ces pyramides, qui reposent toutes sur un socle carré et qui sont terminée par une sphère, sont, en allant d’est vers l’ouest, celle des Chartreux, implantée au carrefour de 5 routes et constituée de 5 faces, celle de Montaigu, celle de Genillé et celle de Saint-Quentin.
En général, une maison forestière est construite à proximité, pour abriter les gardes ; celle de Saint-Quentin a été détruite en 1980.
À voir au sud
Beauregard :
Le fief, qui, à l’origine appartenait sans doute à la famille de Beauregard, dont fait partie Guillaume Moreau de Beauregard (né à Beauregard et mort en 1458), abbé de l'abbaye de la Sainte-Trinité de Beaulieu-lès-Loches sous le nom de Guillaume III de 1442 à sa mort, était au 18ème siècle la propriété de cette abbaye
Le château, du 18ème siècle, est surtout remarquable par sa porte flanquée de pilastres doriques.
Le Puits-Bertin (sud-est) :
Cette ancienne ferme comprend, autour d’une cour rectangulaire, un bâtiment du 15ème siècle, restauré au 19ème, avec un toit de tuiles à quatre pans et des murs en moellons ainsi qu’un logis du 18ème siècle, avec toit à double versant ; il y a aussi une grange, des écuries, un puits et des vestiges d’un portail.
Elle appartient aujourd’hui à l’association de scoutisme laïque des Éclaireuses éclaireurs de France, qui accueille des activités de plein air tout au long de l’année ainsi que des camps d’été. Elle est gérée et animée uniquement par des bénévoles qui l’ont transformée et toujours entretenue.
Location possible : s’adresser à
L’Ébeaupinaye (sud-est)
Ce domaine, cité au 18ème siècle, sous la forme La Beaupinerie (XVIIIe siècle), relevait du château de Loches.
C'est dans une ferme de cette propriété, appartenant à René Vincent Droulin (1734/1808) (voir Loches) que fut séquestré, sous le consulat, le sénateur Dominique Clément de Ris (1750/1827) (voir Beauvais à Azay-sur-Cher). Ce dernier avait participé, en 1800, à un complot monté contre Napoléon à la veille de Marengo par le ministre de la police, Joseph Fouché (1759/1820), qui comptait sur une défaite du Premier Consul. Après la victoire de Napoléon, Fouché craignant d’être compromis fit enlever Clément de Ris et en profita pour confisquer tous ses papiers ; par la suite Clément de Ris fut libéré mais, Napoléon exigeant que les coupables soient châtiés, Fouché fit condamner et exécuter trois innocents et les propriétaires de la ferme, Marie Françoise Adélaïde Droulin, fille de René Vincent Droulin, et son époux, René Louis Lacroix furent emprisonnés pendant 6 ans !
Le château actuel date du 19ème siècle et on peut y louer des chambres d’hôtes :voir https://www.touraineloirevalley.com/gites-et-meubles/lebeaupinaye-ferriere-sur-beaulieu/
La Montrotterie (sud-est) : le manoir, du 19ème siècle, abrite aujourd’hui la microbrasserie des 4 roues. Voir http://sudtouraineactive.com/le-webzine/breves/la-famille-delaunay-cree-la-brasserie-les-4-roues et