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La Celle-Saint-Avant


Le nom de cette commune, située dans le sud du département, sur la rive droite de la Creuse, juste avant son confluent avec la Vienne (le Bec-des-deux-eaux), apparaît pour la première fois en 1081, dans la charte 90 du cartulaire de Noyers, sous la forme Cella, signifiant « demeure d’un ermite », puis, en 1089, dans la charte 179, sous la forme Cella Sancti Adventii  ou « ermitage de Saint Avent », ermite du 6ème siècle, dont on ne sait pas grand-chose (voir église).

Histoire

Histoire antique :

Après avoir été occupée dès le paléolithique, la région fut habitée au néolithique et  un important site de cette époque, découvert sur la rive droite de la Creuse, à 3 km au sud-est du bourg, près de La Ville-Daveau, a fourni de très beaux vases, qui se trouvent au Musée du Grand-Pressigny.

Le territoire de la commune a aussi été occupé à l’époque du bronze final (800 avant JC environ) comme le montre une tombe à incinération découverte par Gérard Cordier* sur la rive droite de la Creuse, peu avant le Bec-des-deux-eaux (voir Gallia 1965. 23-2).

La fontaine-des-Sept-Fons était probablement, dans l’antiquité, une source sacrée, comme la fontaine Saint-Marc (voir l’Aulnaye, ci-après) ; elle est située à gauche de l’ancienne voie gallo-romaine qui longeait la rive droite de la Creuse (voir ci-dessous), un peu avant l’ancienne villa gallo-romaine de Longueville, au sud-est du bourg, et elle réunit plusieurs sources formant un filet d’eau se jetant dans la Creuse.

Les Turons*, arrivés dans la région vers 500 avant JC, s’y installèrent ainsi que l’indiquent un sanctuaire et un établissement agricole découverts au Corps-de-Garde (au sud du bourg). Plus tard, à l’époque gallo-romaine, plusieurs domaines agricoles (villae*) existaient, notamment L’Écueillé (au nord-est), venant du gallo-romain Scopiliacus ou « domaine du gaulois Scopilius », à Longueville (au sud), venant de Longa Villa signifiant « le grand domaine » à la Ville-Daveau (sud-est) ou « le domaine de la vallée » et à Villiers (sud-est)), venant du latin Villaris (domaine rural), ainsi qu’à L’Aulnaye (sud-est), comme l’ont montré les photographies aériennes (voir ci-après).

Deux voies gallo-romaines peuvent encore être vues sur le territoire de la commune : la voie qui suivait la rive droite de la Creuse venait de Descartes et passait à côté de La Ville-Daveau puis du domaine* de Longueville (voir ci-dessus) ; cette voie rejoignait au Corps de Garde une voie qui se dirigeait vers Amboise et qui est sans doute continuée par la D 336, qui traverse le hameau appelé La Rue* Blondeau, avant d’arriver sur le territoire de la commune actuelle de Marcé-sur-Esves.

Histoire ancienne et moderne :

Le premier seigneur connu, au 14ème siècle, est Pierre Gillier, dit de Puygarreau (Vienne), également seigneur de Verneuil­les-Châteaux, fils de Jean Gillier (mort en 1482), petit-fils de Denis Gillier (1340-1401), trésorier général de France sous Charles V, plusieurs fois maire de Poitiers et anobli en 1379, petit-fils de Philippe Gillier (1300-1377), qui après avoir été hôtelier à Lussac-les-châteaux, devint trésorier général de France sous Jean II, dit le Bon.

Pierre Gillier épousa en 1482 Rose de La Haye, fille de Joachim de La Haye, seigneur de Bournan et fut le père de Joachim Gillier, dit de Puygarreau, né en 1482, (voir Faye-la-Vineuse), également seigneur de La Roche-Clermault et de Ports-sur-Vienne, qui épousa en 1509 Isabelle de Bueil, dame de Marmande, lui-même père de Bonaventure Gillier, dit de Puygarreau, (1514/1584) (voir Dolus-le-Sec).

Les propriétaires suivants furent Isabeau de Pomart, également dame de Rilly-sur-Vienne, qui épousa en 1566 François I de Jussac (1540/1593), seigneur de la Morinière (dans le Maine-et-Loire) et des Roziers à Pouzay puis leur fils François II de Jussac (né vers 1566) puis les deux fils de ce dernier : René de Jussac (né vers 1604) et Louis de Jussac (né vers 1606).

Au 17ème siècle, le fief appartenait à Jacques de Voyer de Paulmy, gouverneur de Châtellerault, qui avait épousé en 1638 Françoise de Beauvau Du Rivau. Il était le petit-fils de René de Voyer de Paulmy (1539-1586), frère de Pierre de Voyer d’Argenson (mort en 1616), ancêtre de nombreux ministres de Louis XV (voir le château d’Argenson à Maillé).

La seigneurie passa ensuite au fils de Jacques de Voyer et de Françoise de Beauvau : Jean Armand de Voyer de Paulmy, qui fut lui aussi gouverneur de Châtellerault et qui fut tué à la bataille de Seneffe* en 1674 puis à la fille de ce dernier : Marie Françoise Céleste de Voyer de Paulmy (1663/1732) qui épousa en 1689 Charles Yves Jacques de La Rivière (1662/1729), gouverneur de Saint-Brieuc puis à leur fils Charles Yves Thibault de La Rivière (mort en 1781), qui fut lui aussi gouverneur de Saint-Brieuc (voir Azay-sur-Indre, Chanceaux-près-Loches et Dolus-le-Sec).

En 1569, le duc d’Anjou, frère du roi Charles IX et futur roi Henri III campa 15 jours à La Celle avec une armée considérable avant d’aller remporter la bataille de Moncontour (dans le Poitou) contre les Huguenots.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Corps de Garde n’est pas un souvenir de ce séjour mais un reste du temps de la gabelle, où le passage de la Creuse était gardé et contrôlé car cette rivière séparait le Poitou qui était une province rédimée, donc ne payant pas cet impôt odieux à beaucoup, de la Touraine, qui était un pays de grande gabelle où les habitants devaient acheter obligatoirement une quantité déterminée de sel.

Le pont actuel, sur la Creuse, entre le Corps de Garde et Port-de-Piles, dans la Vienne, fut construit au 18ème siècle.

À la fin du 19ème siècle, dans son roman intitulé Mademoiselle Cloque, paru en 1899, René Boylesve décrit ainsi la village, où Geneviève, la nièce de Mademoiselle Cloque, s’ennuie après avoir épousé le notaire Jules Giraud : « La grande route nationale, parallèle à la ligne de Paris-Bordeaux ; sur un espace de cent cinquante mètres environ, des maisons à droite et à gauche : deux auberges avec l'enseigne de zinc représentant, l'une un Cheval blanc, l'autre une Lamproie ; la gendarmerie avec un drapeau tricolore, également en zinc; un boulanger ; la mairie, qui ne se distingue des autres bâtiments que par les affiches sur papier blanc fripé et le cadre grillagé contenant les actes de l'état civil ; un renfoncement formant une petite place : l'église ; un chemin de bifurcation ; l'alignement reprend ; on lit des réclames du chocolat Menier et du Petit Journal sur des murs gris ; puis une grosse maison : quatre fenêtres au rez-de-chaussée, autant au premier et unique étage, la maison du notaire. Les panonceaux nouvellement dorés brillent au-dessus de la porte d'entrée. Et après, c'est la route encore, toute droite, soigneusement entretenue, souvent déserte ; au loin, la brouette du cantonnier portant un panier et un gilet à manches ; un blanc troupeau d'oies qui, gravement, traverse. C'est la Celle-Saint-Avant. »

L’abbé Henri Péan (1901-1944), curé de Draché et de La Celle-Saint-Avant, une des grandes figures de la Résistance en Touraine, fut arrêté le 13 février 1944 alors qu’il célébrait la messe dans l’église de La Celle.

Dans les années 1950, la Nationale 10, qui prit la place de l’ancienne « route de Bayonne » (voir ci-après) était un lieu de vie, dont beaucoup de cartes postales gardent le souvenir. Notons que c’est en 1957 que Pierre Duport, boulanger à La Celle, acquit une triste célébrité en assassinant son épouse avant de la faire brûler dans son four !

Un film de 1960, qui peut être vu sur  http://memoire.ciclic.fr/4656-neige-a-la-celle-saint-avant, montre notamment les enfants de l’école faisant des glissades (qui seraient interdites aujourd’hui) alors que le village était recouvert par la neige.

La Celle-Saint-Avant et, à côté, les Maisons Rouges (Nouâtre), étant un lieu de passage naturel entre le nord et le sud, plusieurs voies gallo-romaines y passaient ; plus tard ce fut la « Grand-Route de Paris en Espagne », dite aussi « Route de Bayonne » puis la Nationale 10 ; aujourd’hui ce sont les voies de chemin de fer, l’autoroute A10 Paris-Bordeaux et la LGV Tours-Bordeaux !

À voir dans le bourg

Église Saint-Avant :

L’église actuelle date du 12ème siècle et a peut-être remplacé une église primitive édifiée au 6ème siècle à l’endroit de l’ermitage de Saint Avent. On ne sait pas grand-chose de ce Saint Avent, peut-être s’agit-il de Saint Aventinus, qui fut évêque de Châteaudun puis de Chartres et qui mourut vers 526. Selon le cartulaire de l’abbaye de Noyers* (Charte 662), ce Saint Aventinus aurait été massacré dans la région par « des infidèles » (les Maures ?) en même temps qu’un certain Saint Gratien, qui n’est pas plus connu que Saint Avent ! (Voir Civray-sur-Esves).

La porte occidentale présente trois voussures en plein cintre moulurées, la seconde et la troisième voussure retombant sur des chapiteaux sculptés. Le clocher est ajouré de deux baies à l'étage du beffroi. L'abside semi-circulaire est épaulée par des contreforts colonnes et présente des modillons sculptés. Restaurations au 19ème siècle.

Les seigneurs de la Tourballière (voir ci-après) y avaient le droit de sépulture et de litre funèbre ; leur enfeu était situé près de mur nord, non loin de la grande porte ; l’emplacement qu’il occupait est encore marqué par un reste de sculpture ; au 17ème siècle on y voyait encore un tombeau « de 3 pieds sur 6 pieds environ ». 

Rue de Bayonne :

C’était, au 15ème siècle, la rue principale du village ; elle a été remplacée aujourd’hui par la rue du Clos de l’image, prolongée par la rue du 11 novembre 1918.

On peut y voir plusieurs anciennes maisons, dont une avec un pigeonnier (3 rue du Clos de l’image), une autre avec une porte ouvragée (6 rue du 11 novembre) et une avec un passage couvert (11 rue du 11 novembre).

La Verdinière (rue de la Verdinière) :

Ce toponyme, que l’on trouve aussi sous la forme La Vardinière ou La Verdière, apparaît dès 1408. Le manoir fut incendié pendant les guerres de religion ; il appartint ensuite à Marc René de Voyer d’Argenson (voir la Tourballière, ci-après). Le pigeonnier-porche du 15ème siècle, renferme 500 boulins* et est surmonté d’une lucarne avec quatre entrées pour les pigeons.

À voir au nord

Le Lavoir de la Porte :

Ce lavoir du 19ème siècle, restauré récemment, est alimenté par une source souterraine, qui, selon les habitants du lieu-dit, ne tarit jamais.

Villiers :

Ce toponyme, qui apparaît dès 1064 dans le cartulaire de Noyers*, vient du latin villaris, indiquant qu’il y avait là, à l’époque gallo-romaine, un domaine rural. Ce hameau, assez mal entretenu, conserve un pigeonnier carré surmonté d’un toit pyramidal.

L’Aulnaye ou L’Aunaye :

L’Aunaye fut, à l’époque gallo-romaine, une grande exploitation comprenant des thermes, alimentés par la fontaine Saint-Marc ; des fouilles y furent faites en 1866 par M. Révérend, propriétaire de l’Aulnaye, qui découvrit les hypocaustes de ces thermes ainsi qu’une clé en bronze, un fragment de poterie samienne sigillée et des pièces de monnaie de Marc-Aurèle (empereur de 161 à 190) et de Constantin (empereur de 310 à 337).

Cette fontaine était probablement une source sacrée antique, qui fut christianisée et qui était le but d’un pèlerinage annuel au cours duquel on assistait à un miracle, lui aussi annuel : aussitôt que le curé de La Celle plongeait dans l’eau de la source le bâton de la croix paroissiale, le niveau de l’eau se mettait à baisser. Jacques-Marie Rougé* écrit dans son Folklore de Touraine (1ère édition : 1923) que ce « miracle » était dû au fait que quelqu’un ouvrait le conduit d’alimentation pour faire baisser le niveau de l’eau qui alimentait jadis les thermes de la villa*.

Depuis au moins 1455, le fief, qui dépendait de la seigneurie de Nouâtre, appartenait à la famille de Baigneux ; en 1546, le seigneur était Maurice de Baigneux, à qui Louis V de Rohan-Guémené (1513/1557), seigneur de Montabzon, Nouâtre et Sainte-Maure, intenta un procès pour avoir fait sans son autorisation « construire et bastir à tours percées à canons, barbacanes et mâchicoulis, en forme de chastel et forteresse, le lieu de Launaye. »

En 1604, y fut signé le contrat de mariage entre Jeanne de Baigneux, fille de Mathieu de Baigneux, seigneur de l’Aulnaye et de la Lorellière, avec François Du Puy, seigneur de la Chevallerie, mort en 1637 à La Haye (Descartes), fils de Gabriel Du Puy (voir Descartes).

En 1587, Henri de Navarre, futur Henri IV, y séjourna avant d’aller assiéger la Haye (Descartes).

En 1661, il appartenait à Gabriel de La Chétardie « chef des oiseaux et pourpris du roi », né en 1635, cousin du prédicateur Joachim de La Chétardie (1636/1714), curé de Saint-Sulpice.

Le château actuel fut édifié à la fin du 15ème siècle, à côté de l’ancienne villa* gallo-romaine.

À voir à l’ouest

La Tourballière :

Ce toponyme, venant du patronyme germanique Turbal, apparaît pour la première fois au 15ème siècle. C’est à cette époque que fut construit l’ancien château, qui a conservé sa tourelle d’escalier et sous lequel il reste un souterrain servant de refuge au moyen-âge.

Il reste de ce souterrain la descente, d’une vingtaine de marches, voûtée en plein cintre, qui s’ouvre à l’est, au pied de la muraille et qui conduit à une galerie creusée 3dans le roc, avec un puits asséché près de l’entrée.

Un des premiers propriétaires connus de ce fief qui relevait de la seigneurie de Nouâtre est Roger Du Guast, né en 1593, également seigneur de Montgauger (à Saint-Épain) et fils de Michel II Du Guast (1550/1613), gouverneur d’Amboise.

Au 17ème siècle, le fief appartenait à Benjamin de Pierre-Buffière, marquis de Chamberet, seigneur également du Châtelier à Paulmy, qui, en 1670, fit dresser procès-verbal contre le curé de La Celle, Robert Des Lamberts, qui avait fait briser, dans l’église, le tombeau des seigneurs de La Tourballière ainsi qu’un cercueil de plomb qui s’y trouvait. Il s’ensuivit un long procès, dont l’issue est inconnue.

Ce Benjamin de Pierre-Buffière était protestant ; il était le fils de Louis de Pierre-Buffière (1563/1620) et de Marie de La Noue (1595/1652), petite-fille du célèbre François III de La Noue (1531/1591), dit Bras-de-fer, à cause d’une prothèse métallique et compagnon d’armes d’Henri de Navarre (Henri IV) ; il épousa en 1639, au temple protestant de Châtellerault, Louise Aubery (1614/1672), fille de Benjamin Aubery (1566/1636), dit M. Du Maurier, ambassadeur de Louis XIII en Hollande et sœur de l’historien Louis Aubery (1610/1685). Sur la famille Aubery, voir aussi Avoine et Huismes.

Il s’expatria en 1685, après la révocation de l’Édit de Nantes, et, plus tard, La Tourballière fut achetée par Marc René de Voyer d’Argenson (1722/1782), lieutenant général des armées du roi, directeur des haras, gouverneur du château de Vincennes, propriétaire du château des Ormes (dans la Vienne), époux de Marie Jeanne Constance de Mailly d’Haucourt (1734/1783), fille du maréchal de France Augustin Joseph de Mailly (né en 1708, guillotiné en 1794), nièce de Colbert et épistolière célèbre.

Leur fille aînée : Marie Marc Aline de Voyer d’Argenson (1764/1812) épousa Paul Hippolyte de Murat, né en 1768 à Périgny (Charentes-Maritimes), et lui apporta La Tourballière en dot. C’est lui qui fit construire le nouveau château. Leur fils, Jean Hippolyte Adrien de Murat (1800/1856 à La Tourballière) ; avait aussi une propriété foncière à Noyers, commune de Nouâtre, et il était un des « dix plus imposés de la commune ».

Ce nouveau château avait une façade à double colonnade dorique, surmontée d’un fronton triangulaire orné d’un blason losangé tenu par deux lions, avec la devise « sans nombre ». Ce magnifique château, que l’on voit encore sur les cartes postales, est aujourd’hui complètement en ruines.


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