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Limeray


Le nom de cette commune, sur la rive droite de la Loire, à l’est de Tours, apparaît pour la première fois en 966 sous la forme Limariacus, que l’on fait venir, soit de Limiriacus ou « domaine agricole de Limirius », soit du gaulois limos, signifiant l’orme, mais qui pourrait aussi renvoyer au latin limes (frontière) car cette agglomération se trouvait à la frontière entre les Turons et les Carnutes (voir ci-après).

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Des outils du néolithique : haches polies, poignard, polissoir mobile, ont été découverts au Buisson (à l’ouest du bourg), au Petit-Perrier (au nord-ouest) et au Luat (au sud-ouest). Une enceinte protohistorique a été repérée à la Pierre-Coulée (au nord-ouest, près d’Avisé, voir ci-après), toponyme, qui, par ailleurs, évoque la présence d’un mégalithe.

Selon le Dictionnaire des communes de Touraine*, des squelettes gaulois, ayant des anneaux de bronze aux jambes et des cornes sur la tête, ont été découverts à Maluseau (au nord du bourg).

Des sites gallo-romains ont été découverts aux Mardelles (au sud-ouest), du latin margella signifiant « petite rive », où des tuiles ainsi que de la céramique commune et sigillée* du 1er siècle après JC ont été trouvées, au Moulin-à-Vent (au sud-est) anciennement Bordebure, qui a fourni de la céramique très abondante des 1er et 2ème siècles, à La Marchaison (au sud du bourg, près des Grillons), à La Pièce-des-Vignes-Blanches (à l’ouest du bourg, près du Buisson), où il y avait une villa* gallo-romaine, dont il restait des vestiges de murs avec des enduits peints, des tuiles et de la céramique du 1er siècle après JC.

D’autres domaines gallo-romains* existaient probablement à Avisé (voir ci-après), venant de Aviretiacus ou « domaine d’Aviretius » ainsi qu’à Moncé (voir ci-après), venant de Montiacus ou « domaine de Montius ».

La grande voie gallo-romaine qui allait d’Orléans à Angers, via Tours, en suivant la rive droite de la Loire traversait tout le territoire de cette commune d’est en ouest ; elle est aujourd’hui reprise par la D 1, qui longe la rive droite de la Cisse et entre dans Limeray à La Maladrerie puis passe par les sites du Buisson, de Moncé et du Luat (voir ci-dessus). Cette agglomération se trouvant d’ailleurs à 30 km de Blois et de Tours, on pense qu’il y avait là une étape, où les soldats ou les voyageurs pouvaient s’arrêter.

Par ailleurs, un chemin qui s’étend en ligne droite entre la Cisse et la Loire, passe à proximité de plusieurs sites gallo-romains : le Moulin-à-Vent, La Marchaison, Les Mardelles (voir ci-dessus), puis Les Fougerets, à Pocé sur-Cisse, et conduit directement au Chemin-des-Poulains à Nazelles-Négron, réputé pour être une ancienne voie gallo-romaine ; cette voie, longée par une ligne haute tension, est fort probablement une ancienne voie gauloise ou gallo-romaine, antérieure à la voie précédente mais présentant l’inconvénient d’être inondée quand la Loire débordait de son lit, ce qui explique la réalisation de l’autre voie. Une voie parallèle (aujourd’hui D 952), longeant la rive gauche de la Loire, fut utilisée ensuite par les diligences et un relais de poste se trouvait au Haut-Chantier (voir ci-après).

Histoire ancienne et moderne :

La frontière gauloise (voir ci-dessus) a été reprise au moyen-âge par la limite entre les comtés de Tours et de Blois ; on trouve d’ailleurs, à l’entrée de Cangey, le lieu-dit La Maladrerie*, où une léproserie accueillait les malades, qui, venant du comté de Blois, voulaient entrer dans le comté de Tours.

Résumé de l’article de Wikipedia :

« À l'époque mérovingienne, Limeray abrita [selon le Dictionnaire de Carré de Busserolle*] un atelier monétaire, car on lit sur certaines monnaies de cette époque : Limaricus vicus. Le village n'a probablement pas été épargné par les invasions normandes, en particulier celle qui, en 843, dévasta Amboise et Bléré.

À partir du 12ème siècle et jusqu'à 1431, Limeray appartint aux seigneurs de la maison d’Amboise, parmi lesquels on peut noter :  

  • Sulpice III d’Amboise [mort en 1218, fondateur de l’abbaye de Moncé (voir ci-après)].
  • Jean I d’Amboise [(1201/1274), neveu de Sulpice III, il participa à la bataille de Bouvines* à côté de Philippe-Auguste (1165/1223) et affranchit de la taille les habitants de Limeray].

[Au 15ème siècle], Louis d’Amboise [(1392/1469), compagnon de Jeanne d’Arc] (qui) avait projeté d'enlever Georges I de La Trémoille [1384/1446], favori de Charles VII, et de conduire le roi dans sa seigneurie d'Amboise, fut arrêté et jugé par le parlement, qui le condamna à la peine capitale. Charles VII gracia Louis d'Amboise en commuant sa peine de mort en prison à vie. Tous ses biens, parmi lesquels se trouvait la seigneurie de Limeray, furent confisqués par la couronne. [Voir aussi Bléré, Civray-de-Touraine et La Chapelle Blanche. Véretz].

Dès lors Limeray devint une prévôté royale, que les rois mirent en engagement* en 1431, avant de la vendre en 1585 à Pierre Molan, contrôleur et intendant général des finances, trésorier de l’Épargne. Les seigneurs suivants furent, en 1650, Carlo Vigarani [alias Charles de Vigarany (1637/1713)], intendant des Menus Plaisirs [de Louis XIV] [voir aussi Saint-Ouen-les-Vignes], puis, en 1769, Louis de Conflans, marquis d’Armentières [1711/1774], maréchal de France [en 1768] [voir aussi Amboise et Chargé]. »

Histoire contemporaine :

Au 19ème siècle, un bac*, dit du Haut-Chantier, existait entre la rive droite de la Loire et Le Coudrai, au nord d’Artigny (commune de Chargé), sur la rive gauche. Aujourd’hui (juillet 2024), il y a une belle plage au Haut-Chantier et le bateau du dernier pêcheur professionnel sur la Loire est amarré au Coudrai.

L’historien local. Abel Anjorand (né en 1933), qui m’a obligeamment fait visiter l’église de Chargé le 18 juillet 2024, se souvient avoir emprunté ce bac en 1946, avec son institutrice, pour aller voir à Tours Les petites filles modèles, première adaptation du roman de la comtesse de Ségur par la réalisatrice Jacqueline Audry (1908/1977).

La voie de chemin de fer Paris-Bordeaux avait une gare à Limeray, située au Haut-Chantier, à 1,5 km du centre-bourg (voir ci-après) : le premier tronçon de cette ligne, Paris/Orléans fut réalisé entre 1840 et 1843 ; à partir de 1853, la ligne fut prolongée jusqu’à Bordeaux, via Tours.

À voir dans le bourg

Église Saint-Saturnin : article Wikipedia :

« Construite vers 1032 en style roman par le seigneur Hugues de Limeray, elle fut remaniée de nombreuses fois aux 12ème, 16ème et 18ème siècles. La partie la plus ancienne concerne [selon l’abbé Jean Jacques Bourassé*] une partie de la base du clocher, bâtie en petit appareil régulier, débris d'un clocher primitif reconstruit en appareil moyen au 11ème siècle.

Le clocher s'écroula le 10 décembre 1711 en détériorant gravement le chœur de l'édifice. [il a été rétabli en 1715].

Vers 1750, une galerie qui abritait le porche fut remplacée par une sorte de hangar. La terrible crue de la Loire de 1856* envahit l'église et y produisit des dégâts importants : dégradation des murs intérieurs et extérieurs, détrempage du sol et enfoncement du carrelage à l'emplacement d'anciennes caves ou sépultures, bouleversement du mobilier, bancs, stalles, autel et marches, augmentation considérable de l'humidité dans les murs.

Vers 1880 l'abbé Blaive [Jean Henri Blaive (1830/1902), voir Cangey] curé de Limeray de 1872 à 1898, transforma la galerie qui abritait le porche en narthex sur lequel étaient réutilisées six colonnettes de marbre venant d'Amboise et un chapiteau roman apporté de l’abbaye de Moncé [voir ci-après]. Il fut démoli sous l'égide des Monuments historiques en 1963 et la façade primitive restaurée en 1964. »

À l’intérieur, outre les vitraux du 19ème siècle, dont certains ont été faits par les ateliers Lobin, des médaillons du 16ème siècle, provenant de l’abbaye de Moncé, ont été intégrés dans les verrières de l’abside ; sur l’un d’eux figure Ermengarde Du Plessis, première prieure de Moncé en 1209, et, sur un autre, Françoise de Lavardin, prieure en 1561.

On y trouve aussi de nombreuses statues, dont celles de Sainte Marthe (du 15ème s.) provenant de l’abbaye de Moncé, Saint Antoine (du 15ème s.) venant de Dame-Marie-les-Bois, Saint-Jean-Baptiste (du 15ème ou 16ème s.), venant de Mosnes et de Saint Sébastien (du 17ème s.), retrouvée par l’abbé Blaive dans la grange d’un maçon de Limeray, ainsi qu’une piéta du 15ème ou 16ème siècle. 

On peut également voir un ex-voto en ardoise, célébrant le mariage du marinier Philippe Véron (né en 1764) avec Madeleine Françoise Diot (1782/1864), sur lequel est représenté la comète de 1811.

Auditoire ou Audience (1, rue d’Enfer) :

Article du site de la commune http://ville-limeray.fr/tourisme/histoire-patrimoine/

« Au n°1 de la rue d’Enfer se trouvent les vestiges d’un ancien auditoire (également appelé audience) construit au XIVe siècle qui servit de palais de Justice au prévôt royal de Limeray. L’ensemble est très dégradé, notamment sur l’arrière du bâtiment, rue Montluma où subsistent une porte en ogive et une fenêtre dans un pan de mur. L’édifice servait déjà de grange lorsque Pierre Molan [voir Histoire ancienne et moderne], seigneur de Saint-Ouen-les-Vignes, acheta la prévôté de Limeray en 1585. »

Le lavoir, situé rue du lavoir (derrière la mairie) est alimenté, à l’arrière, par une source, captée dans un bassin rond entouré d’une margelle du 18ème siècle (dans le jardin de la mairie).

Dans le cimetière (rue du Coteau) se trouve la tombe (n° 432) de Théophane de Poltava (1872/1940), archevêque et théologien russe, qui vint, en 1931, s’installer à Limeray, où il vécut en ermite jusqu’à sa mort ; ses restes ont été transférés en Russie en 2022.

L’ancien moulin de Limeray, situé rue du Biez, derrière la mairie, sur le ruisseau de Mesland, est cité en 1162, sous la forme Molendinum villae Aigulfi (moulin du domaine d’Ayoul) dans une charte de l’abbaye de Fontaine-les-Blanches (Autrèches), propriétaire de ce moulin jusqu’à la Révolution. La charpente actuelle est du 18ème s. Menuiserie en 1910.

Le Plessis (20 rue de Pocé, à la sortie sud-ouest du bourg)

Le fief appartenait, en 1577 à François Besse, en 1623, à Jehan de La Forestrie, en 1674, à François de Faverolles, capitaine au régiment de Normandie, qui avait épousé en 1666 Madeleine de La Porte ; ces derniers furent les parents d’Antoine de Faverolles, né en 1675 à Limeray, lui-même père de Jean Antoine François de Faverolles, né en 1719.

En 1675, la propriété fut saisie sur François de Faverolles pour une dette de 13.000 livres (130 000 € environ), et adjugé à Claude Henrion, sieur du Cormier (à Saunay), qui le revendit, en 1678, à Madeleine de La Porte.

Les seigneurs suivants furent, en 1749, Marc Antoine de Faverolles, en 1754, Louis René de Faverolles et, en 1759, Emmanuel Peltereau (Peut-être s’agit-il d’Emmanuel Peltereau, dit l’aîné (1722/1810), magistrat à Château-Renault).

Le château, construit au 16ème s. fut agrandi au 17ème et au 18ème s. puis partiellement démoli au milieu du 20ème siècle.

À voir au nord-ouest

Avizé :

Le fief appartenait, en 1335, Jean d'Avisé, en 1462 Pierre de Vallée, dont la fille, Jeanne de Vallée épousa Jacquet Guy, cité en 1462, puis, en 1482, Pierre de Castelnau (mort en 1508), écuyer de Louis XII.

En 1501, le seigneur était Raymond de Dezest (mort en 1515), homme de confiance de Charles VIII et bailli d'Amboise, dont la fille, Jeanne de Dezest (née vers 1470) fut l’épouse de Pierre Forget, dit d’Avizé (1456/1545), receveur général des tailles, maire et capitaine-gouverneur de Tours en 1530/31, également seigneur de La Branchoire à Chambray-lès-Tours, de La Dorée à Esvres-sur-Indre, de La Bouchardière à Joué-lès-Tours et de Gauguin à Sorigny.

Jacques Forget (descendant de Pierre), cité en 1580, fut sans doute le père de Marie Forget qui épousa Claude de Plaix, cité comme seigneur vers 1600 ; ces derniers furent les parents de Françoise de Plaix (1570/1647), seconde épouse, en 1617, de Paul Scarron (1550/1643), dit l’apôtre, déjà père du futur écrivain Paul Scarron (1610/1660) ainsi que de Nicole de Plaix, cité vers 1614 (voir aussi La Vallière à Nazelles-Négron).

François Chambellan, cité comme seigneur en 1693, fut le père de Françoise Chambellan (morte en 1740), qui épousa en 1696 Jacques Pierre de Passac (mort en 1738) ; ce dernier, seigneur d’Avizé, fut enterré dans la chapelle (voir ci-après), où son épouse le rejoignit 2 ans après.

Le manoir, du 15ème siècle, jadis fortifié, avec une tourelle d’escalier polygonale et quelques fenêtres à croisée de pierre, garde, au premier étage, trois salles avec leurs banquettes dans l’embrasure des fenêtres et leurs cheminées monumentales du 15ème siècle

La chapelle, fondée en 1498, est composées de 2 travées voutées, où il y a des traces de peintures du 16ème siècle.

À voir au sud

La Roche-Saulue (rive droite de la Loire) : grange à dîmes* du 16ème siècle.

Le Haut-Chantier (sud-est, rive droite de la Loire) :

Ce hameau est traversé (au nord) par une ancienne voie gallo-romaine (voir Préhistoire et antiquité) ; longeant la Loire, la D 952, est une ancienne voie royale, d’où la présence d’un relais de poste, qui a fonctionné du 17ème au 19ème siècle. Il y eut là, de 1953 à 1968, un musée appelé Musée de la Vieille Poste, légué en 1971 à la ville d’Amboise et fermé en 2000. Les collections ont alors été déposées au Musée de la Poste à Paris.

Au 18ème siècle, le Haut-Chantier est dit « le village des mariniers » ; les maisons étaient alors ornées d’un « guiroué » (girouette) pour marquer leur appartenance à cette communauté. Ces gens de marine se définissaient comme « vilains sur terre » et « seigneurs sur l’eau ». En 1811, près d'une vingtaine de maîtres mariniers y étaient installés.

Il y avait là aussi une gare, sur la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux (voir ci-dessus). Après un quasi-abandon du service, la station est actuellement desservie par des trains allant de Blois à Tours.

Moncé (sud-ouest) :

Abbaye :

Un prieuré fut fondé en 1209 par Sulpice III d'Amboise qui donna, dans ce but, le lieu appelé Fons de Monceio (voir Préhistoire et antiquité). La première prieure fut Hermengarde Du Plessis (voir église).

En 1652, ce prieuré fut érigé en abbaye, à la demande de Louis XIV, par le pape Innocent X (1574/1655, pape de 1644 à sa mort) en 1652. La première abbesse fut Marie-Marthe d’Épinoy. Parmi les abbesses suivantes, on peut citer : en 1712, Marie Louise de Montgommery, descendante du célèbre Gabriel I de Montgommery (voir Avon-les-Roches) ; en 1731, Cunégonde de Maillé (née en 1685), fille d'Henri de Maillé (1650/1728), descendant de Charles de Maillé (mort en 1583), Marie Françoise Le Marié d'Aubigny (morte en 1775), inhumée dans le chœur de l'église, Louise Marie Trézin (morte en 1786), fille de Louis Marie Trézin, seigneur de Cangey et de Catherine Benoist de La Grandière, fille d’Étienne Benoist de La Grandière (1665/1708) et sœur de Louis Benoist de La Grandière (1703/1788), maire de Tours de 1768 à 1771. La dernière abbesse fut Marie de Roucy, décédée le 8 novembre 1790.

L’abbaye possédait notamment le moulin de Moncé, la ferme des Fougerets, paroisse de Limeray, la dîme d'Auzouer (Auzouer-en-Touraine), indivis, avec le curé de Saint-Nicolas de Blois, la dîme de Pocé (Pocé-sur-Cisse) et le droit de pêche sur la Cisse, près du pont de la Ramée (Vernou-sur-Brenne), ainsi que de nombreuses métairies.

Il ne subsiste qu’un pavillon du 17ème siècle, ayant servi d’infirmerie, à la droite du château, un pigeonnier, du 16ème s. et quatre colonnes servant de piliers de portails à l’ouest. Le pigeonnier, dont la partie supérieure est en brique, contient 632 boulins* et a conservé son échelle pivotante ; il a été utilisé jusqu’en 1968 et a été restauré en 2013.

Château :

Le château actuel, de style néo-Renaissance, a été édifié en 1845/46, à l’emplacement de l’église actuelle par Charles Alphonse de Sain de Bois-le-Comte (voir Esvres-sur-Indre). Le jardin d’agrément est inscrit à l’inventaire des jardins remarquables.

Moulin :

Ce moulin, qui appartenait à l’abbaye, a été partiellement détruit en 1748 ; par la suite Charles Alphonse de Sain de Bois-le-Comte le fit entièrement reconstruire en 1845 et il a fonctionné jusqu’en 1916. Il subsiste une partie des engrenages de l’ancien mécanisme ; il fut acheté, en 1936, par Charles Pras et transformé en habitation.


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