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Luzillé


Le nom de cette commune, située au sud-est de Bléré, apparaît pour la première fois, vers 590, dans l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours*, sous la forme Vicus Luciliacus ou « agglomération du domaine de Lucilius ».

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Plusieurs témoignages du néolithique ont été découverts sur le territoire de cette commune :

  • Des silex polis autour de l’étang de Brosse (au nord) ainsi qu’aux Sables (nord-ouest) et à Villiers (nord-ouest).
  • Des polissoirs mobiles au Clos-aux-loups (nord-est), à La Feuillée (nord-est), aux Sables (nord-ouest) et à Villiers (nord-ouest) (voir ci-après).
  • Une hache marteau à La Pilette (ouest), toponyme qui indique peut-être la présence d’une petite pile.

La Pierre-Saint-Martin ou Pierre-de-Saint-Martin ou Pierre-du-Pas-de-Saint-Martin est un polissoir fixe néolithique se trouvant à 1,2 km au sud-ouest du bourg, au bout d’un chemin qui part à droite de la D 80, quand on vient du bourg ; il est bien indiqué grâce à la SAT, à qui il appartient et à qui il avait été indiqué par Ernest-Pierre Montrot (né en 1868), instituteur à Luzillé et père d’Ernest Montrot*.

Ce mégalithe en poudingue, haut de 70 cm est marqué par deux plages de polissage, cinq rainures pour l’affinement du polissage et trois cuvettes servant de réserves d’eau.

Comme son nom l’indique, ce polissoir a été christianisé : les trois cuvettes étant les traces de Saint Martin* et les rainures étant les marques des coups de baguette qu’il aurait donnés sur une gerbe de blé pour la transformer en pierre, en guise de témoignage d’un miracle qu’il aurait accompli au profit de moissonneurs qui l’auraient injurié en le traitant de « grand propre à rien » (Voir Jacques-Marie Rougé* : Contes de Touraine, CLD 1981).

Le menhir de La Grange est un mégalithe en meulière lacustre, haut de 1,95 m., qui se trouve à 1,5 km au nord-ouest du bourg, au bord d’un chemin qui part, à droite de la D 52, en direction de l’étang de Brosse, près du lieu-dit La Grange. Assez curieusement, il semblerait qu’aucune légende ne se rattache à ce menhir.

Selon le Dictionnaire des communes de Touraine, des grattoirs et un écorchoir en os auraient été trouvés à La Haute-Borne (toponyme qui n’apparaît pas sur les cartes) et il y avait peut-être un tumulus protohistorique à La Dangette (au sud-est). Cet ouvrage indique aussi des fragments de l’âge du bronze provenant de La Fosse (nord-ouest), un amas de fer à la lisière est du Bois-du-Paquet-de-chênes (sud-est) et deux pièces de monnaie romaine, datant de Constantin (empereur de 310 à 337), mises à jour en 1863 au Coudray (sud-ouest), près du Chemin-Chaussée (voir ci-après).

Des domaines gallo-romains (villae)* se trouvaient probablement à Beugnon (au nord-est du bourg), venant de Bunionem ou « propriété du germain Bunio », à Lavignon (nord-est), venant d’Avennionem ou « propriété d’Avennio », à Noizay (ouest), venant de Nautiacus ou « domaine de Nautius » et à Villiers (nord-ouest), venant de Villaris ou « domaine rural » (voir ci-après pour ces deux lieux).

On peut aussi noter le toponyme Meudon (au nord), venant du gaulois Mellodunum signifiant « colline fortifiée ». Ce lieu, près du cimetière, est peut-être le site ancien de cette agglomération.

Le Chemin chaussée serait un ancien « chemin chaussé » (c’est-à-dire une voie gallo-romaine couvertes de pierres liées par de la chaux) venant de Montrésor pour aller vers Bléré, où il rejoignait la voie allant de La Celle-Saint-Avant à Amboise ; il croise, près des Danges (voir Saint-Quentin-sur-Indrois et Sublaines) une autre ancienne voie, dite Chemin-de-Montrichard ou Chemin-de-Saint-Martin, venant de Loches et allant, comme son nom l’indique, vers Montrichard.

Histoire ancienne et moderne :

Le fief de Luzillé était une châtellenie qui relevait de l’archevêché de Tours et dont le premier seigneur connu fut, en 1330, Jehan Pinet, dit Roart, inconnu par ailleurs.

De la fin du 15ème siècle au 18ème siècle, le fief fut la propriété de la famille de Prie, qui possédait le château de Beau Chêne (voir ci-après) ainsi le château de Montpoupon à Céré-la-Ronde.

Aymar de Prie (mort avant 1527), grand maître des arbalétriers de France et chambellan de François 1er, fut le père d’Edme de Prie (mort en 1576), lieutenant-général de Touraine en 1570.

Sa descendante, Louise de Prie (1624/1709), qui épousa en 1650 le maréchal de France Philippe de La Mothe (1605/1657), fut la gouvernante des enfants de Louis XIV, sous le nom de duchesse de La Mothe. Sa fille, Marie Isabelle de La Mothe (1654/1726), qui épousa le lieutenant-général Henry François de Saint-Nectaire (1657/1703), fut à son tour la gouvernante du futur Louis XV, sous le nom de duchesse de La Ferté-Senneterre.

 Sa fille, Françoise Charlotte de Saint-Nectaire (1679/1745), dite Mademoiselle de Mennetou, fut une claveciniste et une compositrice réputée ; elle épousa en 1698 Louis Thibault de La Carte (1637/1721), premier gentilhomme du frère de Louis XIV, Philippe d’Orléans. Leur fils, Philippe Louis Thibault de La Carte (1699/1780), vendit ses biens, en 1763, à Nicolas IV de Tristan (né en 1763), père de Nicolas Marie de Tristan (1733/1820), dernier seigneur de Luzillé et de Montpoupon, maire d’Orléans en 1790.

Résumé de l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/Luzill%C3%A9#Histoire

« James Derouet [né à Luzillé en 1953] dans son livre « Terrorisme et attentats en Touraine » [je pense qu’il s’agit en fait de La Touraine, crimes et faits divers, publié en 2007] décrit l’enlèvement [en 1800] du sénateur Clément de Ris [1750/1827] à Azay-sur-Cher. Il mentionne René-Louis Lacroix né à Luzillé le 26 janvier 1768. Cette affaire fera grand bruit en Touraine, mais aussi à Paris, car Fouché [Joseph (1759/1820], ministre de la police pourrait l’avoir commandité. Le Luzillois sauvera sa tête et n’écopera que de six ans de prison, alors que trois sicaires seront guillotinés. Balzac s’inspirera de cet événement, dans son roman dont le titre est « Une ténébreuse affaire » [voir aussi Ferrière-sur-Beaulieu].

En février 1871, le gouverneur prussien pour le nord de la France réclame aux communes d'Indre-et-Loire une participation aux frais d'occupation du territoire français ; la part de Luzillé s'élève à près de 25 000 francs, en nature (nourriture, équipement) ou sa contrepartie financière, somme réduite quelques jours plus tard à 14 500 francs.

C'est en 1936 que le cimetière communal, occupant une partie de la future place du Mail, est déplacé au nord du bourg, hors de la zone urbanisée. Son emplacement, malcommode et peu respectueux de l'hygiène, avait pourtant été dénoncé dès 1856.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la commune de Luzillé se trouve en zone libre. M. Nolle [Jacques Nolle (1922/1968], propriétaire du château de Brosse [voir ci-après], entré dans la Résistance dès avril 1943 au sein du « réseau Écarlate » [voir https://passeursauger.wordpress.com/2014/02/18/le-reseau-ecarlate/], est chargé de sélectionner les possibles terrains permettant le parachutage d'armes et d'équipement pour les maquis de la région. Sur dénonciation, M. Nolle est arrêté par la Gestapo le 11 novembre 1943 et déporté mais il survit à sa captivité. Le curé de Luzillé fait lui aussi acte de résistance en cachant dans le clocher de l'église des aviateurs canadiens. »

On peut enfin noter que l’écrivain Robert Pinget (1919/1997), a vécu à Luzillé de 1964 jusqu'à son décès et que Gilbert Buron (1920/2009), maire de Luzillé de 1959 à 1989, fut aussi député d'Indre-et-Loire de 1958 à 1962.

À voir dans le bourg

Église Sainte-Luce

Article https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/luzille/l-eglise-sainte-luce-revele-son-histoire

« Avant d’entrer dans l’édifice, Anna Brisson, guide conférencière au Pays de Loire-Touraine  a expliqué les origines préhistoriques de la commune. (…) L’église Sainte-Luce fut érigée au 6e siècle. Il s’agissait alors d’une église primitive faite de bois, qui en l’an Mil, grâce au nouvel impôt, la dîme, versé au clergé, sera entièrement reconstruite cette fois en pierre. Les travaux débutent au 12e siècle sous l’art roman. Après la guerre de Cent Ans et pour faire face à l’augmentation de la population, elle sera agrandie par une nef latérale.

Au 19e siècle, l’église est transformée et prend de belles lumières grâce aux vitraux réalisés par l’artiste, maître verrier de Tours, Lux Fournier. L’un représente Sainte-Lucie entourée de Saint-Vincent et Saint-Éloi, un second avec Saint-Léon et Saint-Martin puis le troisième, situé dans le chœur, le Christ.

Mais s’il est un bijou dans l’église, c’est bien la chaire à prêcher double fonction avec au-dessous un meuble de trois portes qui compose de confessionnal. « C’est une œuvre unique en France, elle est remarquable. Malheureusement, nous n’avons pas de date ni de signature. Nous savons juste qu’elle est postérieure à 1834. »

Article https://fr.wikipedia.org/wiki/Luzill%C3%A9#Culture_locale_et_patrimoine

« L'église Sainte-Luce, construite au xiie siècle en remplacement de l'édifice mérovingien, est très remaniée au xve siècle (reprise des voûtes du clocher et ajout d'un bas-côté) puis au xviiie siècle. Le clocher et une partie du mur sud de la nef appartiennent à la première campagne de construction. Le 8 novembre 1810, une tempête qui sévit sur la moitié nord de la France abat la flèche du clocher qui, dans sa chute, endommage la toiture de l'église et des bâtiments attenants ; la réparation est faite six mois plus tard. L'église renferme un élément original et peu courant : une chaire surélevée dont le « rez-de-chaussée » est aménagé en confessionnal. »

Non loin de l’église, dans la rue du 14 juillet, une maison du 17ème siècle, qui a conservé son pigeonnier carré, a pris la suite de l’ancienne seigneurie.

À voir ailleurs

Brosse (nord-nord-est) :

Château et fief :

Du 15ème au 18ème siècle, ce fief appartint à la famille Tiercelin : Jean Tiercelin, cité en 1483, fils de Macé II Tiercelin (voir Taillé à Fondettes), chambellan de Louis XI et maître d’hôtel de son épouse, Charlotte de Savoie (1441/1483), fut le père d’Adrien I Tiercelin, mort en 1548, lui-aussi chambellan de Louis XI, lui-même père d’Adrien II Tiercelin (mort en 1593) et de Nicolas Tiercelin (mort en 1584), évêque d’Évreux et abbé de Beaulieu-lès-Loches.

Angélique Henriette Marie Tiercelin (1712/1766), lointaine descendante de Macé II, épousa en 1734 Louis Henri de Pons (né en 1717) et vendit le fief à Jacques Armand Dupin (1727/1767), dit de Chenonceau, fils du fermier général Claude Dupin (1686/1769) (voir Chenonceaux) et père de Claude Sophie Dupin (1751/1788), dit de Rochefort, mort sans enfant.

Le fief passa alors à sa cousine, Madeleine Suzanne Dupin (1751/1812), dite de Francueil, fille du frère de Jacques Armand, Louis Claude Dupin (1715/1786), dit de Francueil (voir Francueil), laquelle avait épousé en 1768 Pierre Armand Vallet de Villeneuve (1731/1794), Trésorier général de Paris, mort à la Conciergerie, qui fut le dernier propriétaire du fief. Voir aussi la Roche à Monts.

Article https://blere-val-de-cher.jimdofree.com/luzill%C3%A9/ch%C3%A2teau-de-brosse/

« En mars 1942, Jacques Nolle [voir Histoire ancienne et moderne] acheta la propriété ; sa fille aînée, Me Jacqueline Martin-Nolle, garde des souvenirs assez précis des grandes vacances de 1942 et 1943 passées à Brosse. Elle se rappelle de la présence d’Henri Cartier [Henri Cartier-Bresson (1908/2004), feuilletant avec la famille Nolle, de gros albums photos dans la salle à manger.

Le château de Brosse reconstruit au milieu du XIXème siècle a été accolé au logis du fermier remontant au XVème, siècle. II remplace une ancienne forteresse dont il ne reste que les douves. Dans le parc subsiste sans doute l'ancienne glacière. Une importante fuie [pigeonnier circulaire du 15ème siècle, dans lequel un grand portail a été percé récemment] et une tour quadrangulaire sont des vestiges de l'ancien domaine. »

Moulin et étang de Brosse :

Article https://blere-val-de-cher.jimdofree.com/luzill%C3%A9/moulin-de-brosse/

« Les étangs de Brosse couvrent 44,4 hectares et constituent un site classé depuis le 14 septembre 1981. Le plus grand étang, situé au sud du site, est un ouvrage du XVIème siècle.

Le moulin de Brosse reconstruit au milieu du XIXème, siècle a fonctionné jusqu'en 1951 comme centrale électrique. Édifié le long de la levée, il est entouré d'un site magnifique entouré de bois et faisait partie, à l'origine, du château de Brosse.

A la place de la roue, une turbine a été installée pour produire de l’électricité. L’installation (turbine) est restée en place, mais elle ne fonctionne plus. »

Villiers (nord-ouest) :

Le fief appartenait en 1781 à Jacques Lhomme (orthographié parfois L’homme) de La Pinsonnière (mort en 1813), qui était peut-être le fils ou le petit-fils du Louis Lhomme de La Pinsonnière, seigneur de La Pinsonnière à Civray-de-Touraine en 1715.

Étant sans doute décédé sans enfant, il légua ses biens à son neveu, Alexis Jacques Louis Marie Lhomme de la Pinsonnière (1788/1869), maire de Civray-de-Touraine de 1815 à 1848, député de Loches de 1830 à 1839, fils de Louis Claude Lhomme de La Pinsonnière (1737/1821), ce dernier étant également le père de Marie Louis Alphonse de La Pinsonnière (né en 1794), sous-préfet de Loches en 1830 et préfet de l’Indre en 1835.

La fille d’Alexis Jacques Louis Marie, Alexis Eugénie Lhomme de La Pinsonnière, ayant reçu le château en dot, le vendit, en 1847, à Liévin Victor Houzel (1815/1865), avocat à Douai, lequel le revendit, en 1853, à Armand Léonard Félix de Guichêne (mort en 1859).

Le manoir a été reconstruit entre 1847 et 1852 ; au centre de la façade sud, tour d’escalier polygonale.

À l’est, le pigeonnier de l’ancien château, cité en 1666, contient 180 boulins*. Une chapelle, mentionnée au 18ème siècle, n’existe plus.

Noizay (ouest) (voir préhistoire et antiquité) :

La propriété, du 17ème siècle, remaniée au 19ème, est devenue une ferme ; elle contient un pigeonnier carré, dont les boulins* sont des pots en céramique munis d’ouvertures circulaires.

Beau-Chêne (sud-est) :

Article https://blere-val-de-cher.jimdofree.com/luzill%C3%A9/ch%C3%A2teau-de-beauch%C3%AAne/

« Vers 1469, les terres de Beauchêne qui appartenaient à l'archevêché de Tours échurent à la famille de Prie, propriétaire du château de Montpoupon à Céré-la-Ronde. En 1690, Philippe de la Motte Hardancourt était propriétaire de Montpoupon et de Beauchêne (voir histoire ancienne et moderne).

En 1849, le domaine appartenait à François Nicou, avocat à Blois, qui le met en vente. Le domaine est alors décrit comme "belle habitation, fraîchement décorée, bâtiments d'exploitation neufs et 245 hectares de dépendances en terres, bois, prés, pâtures."

Le château privé de Beauchêne (XVIllème siècle) est acquis, en 1850, par la baronne Fabvier, veuve du maréchal Duroc duc de Frioul. [Marie-des-neiges Martinez de Hervas (1788/1871) épousa d’abord, en 1802, Géraud Christophe de Michel du Roc (1772/1813), dit le Maréchal Duroc, puis, en 1831, le futur général Charles Nicolas Favier (1782/1855).]

Elle le vendit en 1865 à l’homme de lettres Pierre-François-Félix Mahiet de la Chesneraye [Pierre François Félix Mahiet de La Chesneraye (1815/1870).]

Le plan cadastral de 1826 montre une disposition du corps de logis bien différente de ce qu’il est de nos jours. A cette époque, il formait un long bâtiment orienté nord-sud, prolongé d’un étroit corps de bâtiment en retour d'équerre à l'est, qui n’existe plus de nos jours. Les deux tiers de l’ancien corps de logis dont une baie porte la date 1675 ont été détruits, tandis qu’une aile perpendiculaire a été construite à une date inconnue située dans le deuxième quart du XIXème siècle.

L'édifice est reconstruit à l'emplacement d'un édifice antérieur, qui était plus long, et dont on ne voit plus rien. Le château actuel est bâti selon un plan régulier en L, orienté nord-sud pour la plus longue partie du corps de logis et ouest-est pour l'autre.

Le château est construit en moellon enduit et les angles sont renforcés par un chaînage en pierre de taille. Seule la façade antérieure du nouveau corps de logis, orientée au sud, est bâtie entièrement en pierre en taille. Sa composition sobre et symétrique la rattache au courant néo-classique. Les baies en plein cintre du rez-de-chaussée sont placées exactement sous celles rectangulaires de l’étage. Deux cordons séparent horizontalement les niveaux, y compris sur le corps central légèrement en retrait, tandis que des pilastres doriques soulignent, à l’étage, les angles des avant-corps latéraux. La lucarne centrale, avec sa baie en plein cintre encadrée de deux niches et ses pilastres à hauteur de l’imposte, forme un faux triplet inspiré de la disposition d’une serlienne [baie arquée en plein cintre]. »


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