Mettray
Le nom de cette commune, située près et au nord de Tours, apparaît au 11ème siècle, sous la forme Metrium, venant du gallo-romain Maturiacus ou « domaine agricole de Maturius ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Un menhir néolithique, appelé la Grotte des fées ou la Pierre qui tourne et disparu entre 1810 et 1840, se trouvait à proximité du Moulin de Rechaussé, sur la Choisille, au nord-est du bourg ; ce mégalithe a été souvent confondu avec un dolmen, dit lui aussi la Grotte des fées ou le dolmen de Mettray mais situé sur la commune de Saint-Antoine-du-Rocher (voir cette commune).
Un autre domaine agricole gallo-romain (villa*) se trouvait probablement à Avantigny (voir ci-après), toponyme cité dès 1052, sous la forme Aventiniacus ou « domaine d’Aventinus ».
Histoire du fief de Mettray :
Après avoir appartenu, à la fin du 14ème siècle, à la famille de Villeblanche, le fief fut la propriété de la famille Mesnager, dont plusieurs membres furent seigneurs de Mettray et maires de Tours, parmi lesquels on peut citer Guillaume Mesnager, maire en 1507/08, Charles Mesnager (son fils ?), maire de 1540 à 1543 et argentier de Catherine de Médicis, un autre Charles Mesnager (fils du premier ?), cité en 1578 comme seigneur de Monnaie, un autre Guillaume Mesnager (mort en 1615 (fils du second Charles ?), maire en 1573/75, trésorier général de la généralité* du Languedoc, époux de Marie Du Juglart, fille de Pierre Du Juglart (1603/1672), seigneur du Verger à Chançay.
Par la suite, les propriétaires furent, en 1693, Jean de Fescan (voir Avantigny ci-après), puis, en 1710, Marie Anne Mesnager (1647/1732), inhumée dans le chœur de l’église (voir ci-après). Le dernier seigneur fut Louis Auguste de Jusseaume, officier de gendarmerie, qui émigra.
La colonie pénitentiaire :
La commune de Mettray est surtout connue par sa colonie pénitentiaire, créée en 1839 grâce notamment à Louis Hermann Bretignières de Courteilles (1797/1852), conseiller général d’Indre-et-Loire de 1830 à 1848, qui mit à la disposition du projet une propriété de 700 hectares, dans son domaine du Petit-Bois (voir ci-après), l'architecte Guillaume Abel Blouet (1795/1853), qui en fit les plans et au magistrat Frédéric Auguste Demetz (1796/1873), qui fut le premier directeur de la colonie, gérée par la société La Paternelle.
Après la mort de ce dernier, qui avait maintenu, pendant 35 ans, l'idéal philanthropique des fondateurs, son successeur, Jean Nicolas Louis Blanchard (1820/1884) directeur de 1873 à sa mort et maire de Mettray de 1865 à 1881, parvint à le préserver mais ses successeurs : Roger Marie de Cayla (directeur de1884 à 1887) et Philippe Cluze (directeur de1887 à sa mort en 1905), laissèrent se développer une discipline très militaire et de plus en plus sévère.
La colonie comprenait aussi une maison d’éducation, dans laquelle des enfants « indisciplinés » pouvaient être placés par leurs parents.
Visée par des campagnes de presse contre « les bagnes d’enfants », la colonie finit par être fermée en 1939. Pendant la durée de son activité, Mettray vit passer entre ses murs plus de 17 000 enfants, dont Michel Jean Pierre Verne (1861/1925), placé par son père, Jules Verne et l’écrivain Jean Genet (1910/1986), incarcéré de 1926 à 1929, après avoir commis un vol chez le compositeur aveugle René de Buxeuil (1881/1959), chez qui il avait été mis en pension (voir Descartes).
Histoire moderne :
Le général Jean Jacques Liébert (1758/1814), propriétaire du château de Nitray à Athée-sur-Cher, acheta des terres à Mettray au début du 19ème siècle ; ce dernier fut le père de Rosalie Poline Annette Liébert, qui épousa le colonel de gendarmerie Alexandre Reverdy (1786/1851), maire de Mettray de 1826 à 1831, ainsi que d’Adèle Jeanne Julie Liébert, épouse d’Alexis Jacques Louis Marie Lhomme de La Pinsonnière (1788/1869), député d’Indre-et-Loire de 1730 à 1739, conseiller général de 1833 à 1848 et maire de Civray-sur-Esves.
En 1873, le bourg de La Membrolle, au sud du bourg de Mettray, devint la commune de La Membrolle-sur-Choisille suite à une division de la commune de Mettray.
Sur le site de la colonie pénitentiaire, un institut médico-professionnel (IMP) accueillant des jeunes garçons déficients intellectuels et des jeunes en grande difficulté fut installé en 1953. C’est maintenant un ITEP (Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique) mixte.
À voir dans le bourg
Église Saint-Symphorien (1, place de l’église) :
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/Mettray#Culture_locale_et_patrimoine
« La première mention de l’église de Mettray dans les archives remonte à la fin du XIIIe siècle, en 1290. L’église est agrandie aux XVIe et XVIIe siècles. Durant la première moitié du XVIIIe siècle, l’entretien de l’église est négligé, faute de terrain d’entente entre les différents habitants responsables. Il faut attendre 1763 pour qu’une sérieuse campagne de restauration soit engagée. Durant les XVIIe et XVIIIe siècles, la nef de l’église abrita un grand nombre de sépultures de notables locaux et de curés de Mettray. Lors de la Révolution Française, les objets mobiliers de l’église sont vendus et les tombes de la nef profanées. Pour réparer les dommages causés durant la Révolution, un nouveau programme de restauration est entrepris durant la première moitié du XIXe siècle. En mars 1847, un incendie se déclare et ravage la sacristie, le chœur ainsi que les chapelles nord et sud. À partir de 1866, l’édifice est reconstruit presque entièrement sur les fondations de l’église ancienne par les architectes Guérin [Gustave (1814/1881)], Brisacier [Pierre Paul (1831/1923)] et [Alexis] Hardion.
Le chevet de l’église est éclairé par une verrière ancienne anonyme, classée Monument Historique en 1900. La scène principale date du début du XVIe siècle et représente la présentation des seigneurs de Mettray, donateurs du vitrail, à la Vierge Marie et l’Enfant Jésus par saint Pierre et saint Michel. Au sommet de la baie se trouve un médaillon représentant un Christ en Majesté datant de la fin du XIIIe siècle. Les autres verrières de l’église sont dues aux maîtres verriers tourangeaux [Julien] Fournier et Lobin et ont toutes été réalisées durant le dernier quart du XIXe siècle, à l’exception de deux médaillons réalisés au début des années 1930. Cet ensemble de vitraux est remarquable par son élégance et son homogénéité. »
Logis seigneurial (6 rue du manoir) :
Ce logis du 16ème siècle est garni de trois tours : une tour d’escalier polygonale au nord et deux tours circulaires au sud.
Après avoir abrité la Municipalité en 1793, le bâtiment devint une boulangerie puis fut restauré par des particuliers qui l’avaient acheté dans les années 1980.
On peut voir, derrière le château, un pigeonnier du 19ème siècle, avec de fausses meurtrières et une vingtaine de trous d’envol.
Le Moulin neuf (rue du vieux calvaire) :
Cet ancien moulin à blé, sur la Choisille, cité en 1658 comme appartenant à Nicolas Goutard, a été reconstruit au 19ème siècle. Il se trouve maintenant à l’intérieur d’un centre aéré, géré par Saint-Cyr-sur-Loire.
À voir au nord
La Cornillère :
Château du 17ème siècle, dont une partie abrite des chambres d’hôtes. Voir https://yellow.place/fr/maison-d-h%C3%B4tes-la-cornilli%C3%A8re-mettray-france
Avantigny (nord-est) (voir Préhistoire et antiquité) :
Le fief appartenait, en 1537, à Jean II Du Bois (1452/1539), secrétaire des finances de Charles VIII, également seigneur de Sonzay, qui avait épousé en 1493, Jeanne Bohier, fille d’Austremoine Bohier et sœur du célèbre Thomas Bohier.
Du 17ème au 18ème siècle, le fief fut la propriété de la famille de Fescan : Louise Renée de Fescan (1713/1788), fille de Jean Victor de Fescan, seigneur d’Avantigny de 1703 à 1736, épouse de Charles Bernard Briçonnet (1711/759) (voir le Moulin Gruet à La Membrolle-sur-Choisille) mourut sans descendance, tous ses enfants étant décédés avant elle, et le domaine passa en 1789 à un des cousins, Claude Aimé Duvau de Chavagnes, également seigneur de Malitourne à Luynes.
Ce dernier fut le père de Claude Alexandre Duvau de Chavagnes (1766/1825), dont la fille, Clémence Anne Françoise (1792/1871) épousa Casimir Gaston de Jousbert du Landreau (1786/1857) et fut la mère de Gaston Marie François Alexandre de Jousbert du Landreau (1819/1877), conseiller générale de Vendée, lequel vendit la ferme et le moulin, en 1876, à la Paternelle, société qui gérait la colonie pénitentiaire (voir ci-dessus).
Le logis fortifié a gardé des éléments du 15ème siècle (vestiges de l’enceinte, grange, pigeonnier hexagonal). Le portail en plein cintre est accosté à une tourelle ronde, couverte en poivrière, avec 3 meurtrières au rez-de-chaussée ; à l’est, une tour d’escalier cylindrique comporte 3 rangées d’archères.
À voir à l’ouest-sud-ouest
La Gagnerie et La Berrurie : 2 châteaux du 19ème siècle.
À voir au sud
Le Petit-Bois :
Le fief appartenait, en 1626, à Jean Gitton, receveur des tailles à Tours (voir La Ribellerie, ci-après), dont le fils, Gabriel Gitton, mort en 1665 et inhumé dans l’église, également propriétaire de La Chavonnière à Véretz, est cité comme seigneur du Petit-Bois en 1660, puis, en 1703, à Jean Barbotin, qui fut le père de Jeanne Claire Barbotin (morte en 1732), laquelle épousa, en 1710, Marc de Villiers (1671/1762) (voir La Fuye à Ballan-Miré) et fut la mère de Jacques Étienne de Villiers (1711/1795), cité comme seigneur du Petit-Bois en 1749.
En 1824, Louis Hermann de Bretignières de Courteilles (voir la colonie pénitentiaire) hérita du domaine.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA37000033
« Herman de Courteilles prend possession, en 1824, de la propriété donnée par ses parents et réaménage les bâtiments et le parc du Petit Bois. Il fonde parallèlement, en 1839, la Colonie agricole et pénitentiaire de Mettray dont il semble avoir utilisé la main-d'œuvre pour effectuer les travaux de terrassement et d'aménagement du parc, celui-ci devenant ainsi le champ d'application de l'enseignement dispensé à la Colonie. La construction des communs de style italianisant parait être également l'œuvre de l'architecte de la Colonie, Abel Blouet. Un temps abandonné, le parc a retrouvé, à l'initiative des nouveaux propriétaires, sa structure et ses circulations ainsi que les différents éléments pittoresques qui le composaient : belvédères, étang, ponts, etc. »
Bel-ébat : château du 19ème siècle.
La Ribellerie (sud-est)
À la fin du 15ème siècle, Jehan Rodier (mort avant 1483) légua la moitié de ce fief, à son fils, Denis Rodier (cité en 1522), chapelain de la cathédrale de Tours, qui la vendit à Guillaume Binet, chanoine de Saint-Gatien.
En 1575, ce domaine appartenait à Aimée Le Lièvre, veuve d'André Quétier, en 1612, à Jules Quétier, en 1646, à Jean Gitton, fils d’un autre Jean Gitton (voir le Petit-Bois, ci-dessus), père de Gabriel Gitton, cité en 1692 et de François Gitton, cité en 1693, receveur des tailles à Tours, lui-même père d’un autre Gabriel Gitton (1705/1741).
En 1709, le propriétaire était Pierre de La Roche, juge au présidial de Tours, qui fut le père de Pierre Augustin de La Roche (1714/1771), greffier en chef de la Monnaie de Tours, lui-même père d’Augustin-Claude de La Roche (mort en 1827), maire de Mettray de 1802 à 1817. Sa fille, Marie-Albertine de La Roche de La Ribellerie (1783/1868) épousa Honoré René Marchant (1764/1816), intendant général de la Grande Armée (voir Nouâtre), et fut la mère de Marie Éléonore Honorine Marchant, épouse de Simon Étienne Chaulet (mort en 1865) et mère d’Hector Albert Chaulet d’Outremont (1825/1884), évêque d’Agen puis du Mans ainsi que du chef d’escadron Marie Albert Anselme Chaulet d’Outremont (1826/1891).
En 1920, le domaine fut acheté par Jean Sartori (1882/1945), directeur de l’hebdomadaire de gauche La Bonne Guerre, publié à Tours de 1919 à 1936, qui entra dans la Résistance et mourut en déportation.
Du château dépendait une chapelle qui est mentionnée en 1787.
Article https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/la-ribellerie-ouvre-ses-grilles-aux-acheteurs (2012)
« La Ribellerie, le nom de cette propriété de Mettray aux portes de Tours sent bon la langue française patinée de quelques siècles. Les traces les plus anciennes de ce lieu remontent au XVI esiècle, avec un acte de vente de 1522. L'actuelle propriété date de la fin du XVII edébut XVIII esiècle, avec une belle construction dans le style de Mansard. Les textes ainsi que les habitants parlent du « château ». Arrivée en 1981, l'actuelle propriétaire, Micheline Nugier, vend tout pour s'installer dans le midi : l'immeuble de 630 m 2avec ses 36 ha de bois dans lequel se trouve un étang et serpente une rivière, et tout le mobilier. Certaines sur papier, d'autres sur vélin du XVII esiècle, les archives de ce lieu seront cédées à l'acquéreur du lieu. Issu d'une famille de marchands, son mari [Jacques Nugier (1827/2012)] était un passionné de salle des ventes, donc un acheteur, et de chasse.
Plus de 600 lots figurent au catalogue de cette vente fleuve. Pour des raisons pratiques, la vente se déroulera sur place le week-end prochain. Accrochées un peu partout à l'entrée, de très nombreuses gravures de chasse, anglaises, françaises, seront proposées. (…) Un joli buffet de chasse figure, avec quelques beaux fauteuils, parmi les plus beaux meubles de la vaste demeure. Au-dessus du buffet trône une très belle huile sur toile du XVII e siècle, avec un superbe perroquet attribué à David de Coninck [peintre baroque (1642/1703)].
Les Grandes Brosses (sud-est) :
Le fief appartenait, en 1756, à Jean François Fremin, propriétaire également de la Grand’Maison à Cerelles.
Le château, construit au 18ème siècle, fut agrandi au 19ème s. et devint un centre médical ; abandonnés en 2003, les bâtiments, très dégradés, vont être, pour certains rénovés (information Nouvelle République du 13/11/2022). Une chapelle y est signalée de 1775 à 1837.
Dans le parc, de 50 hectares, se trouve un cèdre de l’Atlas, dont le tronc mesure 6 m. de diamètre à 1 m. du sol.