Neuillé-Pont-Pierre
Le nom de cette commune, située dans le nord-ouest du département et à l’est de Château-la-Vallière, apparaît pour la première fois au 12ème siècle sous la forme Noviliacus ad Pontem Petrosum, signifiant « le domaine agricole nouvellement défriché près du Pont de Pierre », Pont Pierre étant un lieu-dit, au nord-est du bourg, où il y a un pont sur l’Escotais et le domaine en question était peut-être celui de Thoriau, qui se trouve effectivement près de Pont-Pierre (voir ci-après).
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Les collections de la SAT contiennent un biface paléolithique et des outils néolithiques : ciseau, haches, nucléus, polissoirs. À propos de ces polissoirs Gérard Cordier* écrit dans Polissoirs à main de l’Indre-et-Loire in BSPF 48-7.8, 1951 : « les deux petits polissoirs figurant au musée de la SAT pourraient être des polissoirs à main mais ils semblent plutôt n’être que des fragments d’un polissoir portatif plus gros ».
39 stations néolithiques ont été découvertes sur le territoire de cette commune, notamment à Cangé, Marcilly, Poillé (voir ci-après) et à La Bruyère, au nord-est du bourg, près de Thoriau ; cinq polissoirs mobiles y ont été trouvés.
Le dolmen de Marcilly ou dolmen de Lucé (au nord-ouest du bourg) : voici ce qu’en dit le site Touraine Insolite : « Ce dolmen* en grès mesure 330x350 centimètres, il est constitué de deux supports inclinés parallèlement, d’un fond incliné vers l’intérieur et d’une table de forme pentagonale encore en place. Un certain nombre d’outils taillés en silex ou en meulière ont été recueilli à proximité de ce monument. Une légende raconte que Gargantua aurait joué avec ce dolmen et le menhir de la Grange situé non loin de Marcilly [commune de Saint-Paterne-Racan]. L’accès au site est facile mais passe obligatoirement par la ferme de Marcilly, qui se trouve à droite de la route départementale No 28, après être passé sous la ligne de chemin de fer par un petit pont. Il est conseillé de demander l’autorisation au propriétaire des lieux, qui est un personnage fort sympathique et artiste sculpteur. »
Le lieu-dit La Dube (au nord-est du bourg) indique peut-être la présence d’un tumulus protohistorique ; en effet, selon Louis Dubreuil-Chambardel* (voir Sur les mots « Dange » et « Dube » in BSPF 8.2, 1911), ce terme peut désigner, en Touraine, une butte naturelle ou artificielle.
Des domaines agricoles gallo-romains (villae*) existaient sans doute à Armilly (sud-est) venant d’Armiliacus ou « domaine d’Armilius », à Cangé (nord-ouest), venant de Candidiacus ou « domaine de Candidius », à Marcilly (nord-ouest), venant de Marcilliacus ou « domaine de Marcilius », à Poillé (sud-ouest), venant de Paulliacus ou « domaine de Paulius » et à Thoriau, cité sous la forme Tauriacus ou « domaine de Taurius », cité vers 590 par Grégoire de Tours*.
Deux autres sites gallo-romains, avec des céramiques, des tuiles et des vestiges de murs formant un carré (temple ?) ont été découverts au nord-est du bourg, de part et d’autre de l’Escotais, à côté de Thoriau.
Histoire des fiefs : il y avait une vingtaine de fiefs sur le territoire de cette agglomération, parmi eux, les plus importants furent :
Le fief de La dîme de Neuillé-Pont-Pierre, qui appartenait en 1473 à Louis XI.
Le fief d’Armilly (voir Préhistoire et antiquité)
Après avoir appartenu à une famille de Rochefort de la fin du 15ème au début du 17ème siècle, le fief d’Armilly (voir ci-après) fut la propriété de la famille des Escotais.
Ambroise III des Escotais, cité en 1668 et mort en 1704 (voir Chantilly à Courcelles-de-Touraine), fut le père de Michel Séraphin (1673/1736), capitaine de vaisseau, lui-même père de Louis Joseph (1713/1796), dit le bailli des Escotais, lieutenant-général, gouverneur de l’île de Ré de 1775 à 1790, et de Michel Roland (1709/1781), également lieutenant-général, dont le fils, Louis Jacques Roland (1746/1795), maréchal de camp, fut le dernier seigneur d’Armilly.
Les fiefs d’Armilly, de Thoriau (voir ci-après), de La Roche et du Plessis (voir Bueil-en-Touraine) furent réunis en 1755 dans le comté de La Roche-des-Escotais en faveur de Michel Roland des Escotais (voir aussi le fief de Cangé, ci-après).
Le fief de Boisseau
En 1639, Louis de la Forge, avocat à Tours, en était en partie propriétaire. Il était marié à Françoise Nobileau. L'autre partie du fief appartenait à Michel Nobileau.
Le fief de Cangé
Ce fief appartint, de 1526 à 1600, à la famille de Bueil : Jean de Bueil (mort en 1570) (voir La Roche-Buard à Charentilly) est cité comme seigneur en 1527. Ce Jean de Bueil, petit-fils de Jacques de Bueil, lui-même petit-fils de Jean V, fut le père d’Honorat de Bueil (mort en 1590), de Louis de Bueil, seigneur de Racan à Neuvy-le-Roi, lui-même père du poète Racan (1589/1670) et de Jeanne Anne de Bueil (morte en 1622), qui fut l’épouse de Jean d’Acigné (mort en 1619) et la mère d’Honorat d’Acigné (mort en 1660), cité comme seigneur en 1637 (voir le fief de La Chétardière à Cléré-les-Pins).
En 1734, le seigneur était Henri d’Illiers d’Entragues (né en 1663), dont la fille Claude Louise Jeanne d’Illiers d’Entragues (1727/1770) épousa en 1745 Louis Auguste Cyr de Rieux (1691/1767), maréchal de camp (voir le fief de La Harteloire à Ambillou).
Le dernier propriétaire du fief fut Charles Nicolas Le Pellerin de Gauville (1705/1793) voir ci-après le fief de Genneteuil et La Donneterie.
Le fief de Genneteuil (voir ci-après)
Ce fief appartenait, en 1637 à Louise Le Blanc (morte en 1651), petite-fille de Laurent II Le Blanc (voir Neuillé-le-Lierre), épouse de Gilbert des Roches.
En 1755, le propriétaire, Mathurin Durant (mort vers 1770), , maître en la Chambre de Comptes à Paris, vendit le fief à Charles Nicolas le Pellerin de Gauville (voir ci-dessus), également seigneur de La Donneterie (voir ci-après), dont le fils, Antoine (1762/1853), céda à son tour le fief, en 1817, à François Jacques Christophe Sevault.
Le fief de Marcilly (voir Préhistoire et antiquité) :
Ce fief, cité dès 1250, appartenait alors à Pierre Tantebroce, qui le vendit au Chapitre de Saint-Martin de Tours.
Le fief de Thoriau (voir préhistoire et antiquité) :
Aux 16ème et 17ème siècle, ce fief fut la propriété de la famille de Bueil (voir le fief de Cangé, ci-dessus) ; en 1637, la succession d’Anne de Bueil (morte en 1631), fille d’Honorat (mort en 1590) (voir Charentilly), épouse de Roger II de Bellegarde, membre du Conseil d’État et petite-fille de Jean (mort en 1570), fut partagée entre ses deux cousins germains également petit-fils de Jean : Honorat de Bueil, dit Racan (1589/1670) (voir Neuvy-le-Roi) et Honorat d’Acigné (mort en 1660) (voir Cléré-les-Pins).
Honorat d’Acigné fut le père d’Honorat Auguste (1616/1673) et de Jean Léonard (1617/1703), cité comme seigneur en 1675, qui épousa sa nièce, Anne Marie d’Acigné (1637/1725), fille d’Honorat Auguste.
Comme pour les fiefs d’Armilly et de Cangé (voir ci-dessus), le fief de Thoriau, appartint ensuite aux familles d’Illiers d’Entragues et des Escotais.
Histoire contemporaine :
La ligne de chemin de fer Tours/Le Mans, via La Membrolle-sur-Choisille fut créée en 1858 ; il y avait, au nord-est du bourg, une gare, qui est encore utilisée par les TER empruntant cette ligne.
À la fin de la seconde Guerre mondiale, la cité fut libérée le 12 août 1944 par l’armée américaine du général Georges Patton (1885/1945) et, comme Tours n’était pas encore libérée, elle fut le chef-lieu provisoire du département jusqu’au 2 septembre 1944.
À voir dans le bourg
Église Saint-Pierre et Saint-Paul :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097890
« Eglise composée d'une nef et d'un collatéral sud construits au 16e siècle, d'un transept sans absidioles, d'un chœur et d'une abside semi circulaire du 13e siècle. La travée nord est percée de deux portes jumelles en anse de panier, accostées de pilastres à chapiteaux composites soutenant un entablement. Ces trois niches ont leur amortissement orné d'une coquille. Elles sont accostées de pilastres soutenant un fronton triangulaire. Le mur nord de la nef appartient au 13e siècle. Nef et bas-côtés ont été restaurés au 19e siècle. Le croisillon nord est logé sous le clocher. Ce dernier est une grosse tour carrée, épaulée de contreforts près des angles, et accompagnée à l'est d'un escalier logé dans une tourelle couronnée par un étage et une flèche. »
Article https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/neuille-pont-pierre-eglise-saint-pierre-et-saint-paul/
« Cette église a connu deux principales campagnes de construction. De la première, du XIIIe s., datent le chœur et la base carrée du clocher avec ses puissants contreforts. Mais d’importants travaux, entrepris vraisemblablement à la fin du XVe s. et poursuivis au XVIe s., l’agrandissent considérablement : la nef initiale fut alors reprise et flanquée sur son flanc sud d’un collatéral de même longueur.
Au XVIe s. également, la façade occidentale fut dotée d’un élégant portail d’inspiration Renaissance : les baies jumelles des deux portes d’accès sont encadrées de pilastres et surmontées au niveau supérieur de trois niches encre lesquelles s’inscrivent des fenêtres.
Au XIXe s., l’église connut d’importants travaux d’aménagement intérieur, notamment à la jonction du chœur et de la base du clocher.
L’église renferme un mobilier intéressant, notamment une Vierge à l’Enfant en marbre blanc du XIVe s. et un tableau représentant l’Adoration des Mages du XVIIe s. »
Vitraux de Louis Victor Gesta (1871), Julien Fournier (1879), Armand Clément (1879), Lux Fournier (1928) et Charles Lorin (1934).
Le monument aux morts, en face de la mairie, a été réalisé par Georges Delpérier (1865/1936) et inauguré le 9 mars 1919, en présence de Louis Proust (1878/1959), maire de la commune de 1908 à 1942, conseiller-général de 1919 à 1942, député d’Indre-et-Loire de 1919 à 1936.
La maison Bardet, place Léonard de Vinci, à proximité de la mairie, date du 15ème siècle et fut occupé par un forgeron ; elle a gardé son encorbellement à colombage de briques.
Au n°8, rue Basse, dans le centre-bourg, une maison présente un linteau sculpté.
Le logis dit le Vieux-château (rue des Juifs, dans le bourg, au nord-ouest) date du 17ème siècle.
Avenue du général de Gaulle (dans le bourg, au sud-est), un pigeonnier du 19ème siècle a été restauré en 2004.
À voir au nord
La Borde (nord-est) :
Ce domaine appartenait, en 1661, à Jacques Allard et, en 1716, à Louis Chevalier, père de Rosalie Chevalier, qui épousa, en 1757, Louis Charles Le Breton du Plessis, commandant de bataillon et qui fut la mère de Charles Hector Victor Le Breton du Plessis, lequel épousa, en 1805, Christine Henriette de Vigny, fille de Claude Louis Victor de Vigny (1830/1807), frère de Léon Pierre de Vigny (1737/1816), le père du poète.
Charles Hector Victor Le Breton du Plessis fut le père d’Hectorine (1810/1855), épouse de Joseph Octave Chicoyneau de Lavalette (1796/1886), qui sera maire de la commune de 1846 à sa mort et qui était le fils du fermier général Jean Baptiste Chicoyneau de Lavalette (1752/1824), propriétaire du château de Bourdigal à Monnaie. Voir aussi Carcoult, ci-après.
Le château, construit au 17ème siècle et agrandi au 18ème présente une tourelle d’escalier quadrangulaire à gauche du portail. Le corps de logis a gardé une cheminée à linteau dans la salle basse ; le comble, avec sa lucarne à fronton triangulaire, est surmonté d’un petit campanile.
La Donneterie (à l’extrême nord-est, à la limite avec Neuvy-le-Roi), anciennement la Doinetrie :
Le premier seigneur connu de ce fief fut Hector I Le Breton (1583/1652), qui fut au service d’Henri IV puis de Louis XIII ; le fils de ce dernier, François Le Breton épousa Marie Riolan, fille de Jean Riolan, dit le Jeune (1580/1657), médecin de Catherine de Médicis ; ceux-ci furent les parents d’Hector II Le Breton, cité en 1673, lui-même père de Pierre Le Breton, receveur des gabelles à Loches, également seigneur d’Esvres-sur-Indre, lequel épousa en 1714 Marie Collin et fut le père de Pierre Hector Étienne Le Breton (né en 1719), lui-même père de Marie Joséphine Le Breton (1751/1794), guillotinée en même temps que son époux, Hector Pierre de Pichard (1734/1794), président de parlement de Bordeaux.
Les propriétaires suivants furent Madeleine Jouye (1679/1740) puis Charles Nicolas Le Pellerin de Gauville (voir les fiefs de Cangé et de Genneteuil, ci-dessus).
Édouard Le Pellerin de Gauville (1784/1858), petit-fils de Louis Charles Le Pellerin de Gauville (1706/1766), frère de Charles Nicolas, vendit le fief, en 1808, à Louis Jousset-Delépine, notaire à Sonzay, dont le fils, Louis Pierre François, à son tour, céda la propriété, en 1878 à Armand Moisant (voir ci-dessous).
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098312
« Vers 1875 [en 1878], l'industriel Armand Moisant [(1838/1906), né à Neuillé-Pont-Pierre, ingénieur constructeur métallique (voir la gare de Lyon à Paris), maire de Neuvy-le-Roi de 1886 à 1904, conseiller général de 1892 à 1904, à l’origine de la ferme modèle de Platé (commune de Neuvy-le-Roi)] acquiert le domaine de la Donneterie, vieux manoir du 17e siècle, transformé en communs par l'architecte Guérin [Charles Guérin (1847/1919), fils de Gustave]. Le château néo-Renaissance [dit la nouvelle Donneterie] a été édifié par l'architecte Boileau [Louis Charles Boileau (1837/1914)] dans un grand parc aménagé à l'anglaise. A l'intérieur, les pièces sont ornées d'un décor où domine le style Henri II. Cette décoration a été confiée à des artistes tourangeaux. [vitraux des ateliers Lobin] Les murs sont couverts de décors au pochoir et ornés de tentures d'époque. Le parc, redessiné vers 1880, comporte plusieurs fabriques, des tonnelles, une orangerie, une grotte, des pièces d'eau ainsi que des serres qui ont conservé leur système de chauffage et d'irrigation. L'ancien château de la fin du 16e siècle, se compose d'une cour rectangulaire fermée de douves et cantonnée de tours dont les courtines ont disparu. La tour sud a été aménagée en chapelle en 1610. La ferme industrielle a été édifiée dans les années 1875-1880, avec la volonté d'y appliquer des méthodes rationnelles capables d'améliorer les pratiques agricoles. La ferme est gérée comme une industrie, avec des ouvriers agricoles, des chefs de culture, un régisseur. Les ouvriers en ramenant les principes chez eux, la ferme devient une ferme-école. La construction présente une structure portante métallique, avec des murs de briques badigeonnées et des voûtes en béton. »
L’ancien château, dit la vieille Donneterie, du 17ème siècle était entouré de douves, maintenant asséchées, et d’une enceinte en partie conservée avec quatre tours d’angle cylindriques ; celle du nord-est, percée de meurtrières horizontales a servi de pigeonnier et, à l’intérieur, les boulins* sont intacts ; celle du sud, dont la toiture, avec un clocheton octogonal surmonté d’un lanternon, a été aménagée en chapelle ; celle du sud-ouest, coiffée en poivrière, contient un four à pain. La façade du corps de logis a gardé ses fenêtres à croisée de pierre, comme les trois lucarnes du comble ; ancienne cuisine en sous-sol, avec cheminée et four.
Genneteuil (nord-ouest) voir Histoire des fiefs :
Le manoir, du 15ème siècle, comprend un corps de logis encadré par deux hauts pignons à rondelis ; celui de l’est est accolé à un bâtiment plus bas, surmonté d’une croix, qui était la chapelle, déjà désaffectée en 1755 ; tour d’escalier à vis polygonale, au sud ; cheminée à hotte au 1er étage.
À voir au sud
Armilly (sud-est) voir Histoire des fiefs
L’ancien château, du 15ème siècle, devenu une grange, a conservé une fenêtre à croisée de pierre.
Carcoult (sud-est) :
Le premier seigneur connu de ce fief fut, en 1551, Robert du Lion. Il appartint ensuite, au 17ème et 18ème siècle à une famille Mutin ; Ponce Mutin (né en 1725), comparut à l’assemblée des nobles de Touraine en 1789.
Le domaine fut sans doute vendu comme bien national car en 1799 le propriétaire était l’ancien notaire Jean Pierre Lenoutre, dont la fille, Marie Sylvine Lenoutre, céda le bien, en 1853 à Joseph Octave Chicoyneau de Lavalette (voir La Borde, ci-dessus), dont la famille garda la propriété jusqu’en 1959.
Le manoir, du 16ème siècle, était entouré de fortifications, qui ont été détruites, et de douves, qui ont été comblées. La porte d’entrée, au centre de la façade, est surmontée d’un fronton courbe, percé d’un oculus ; à l’est, l’aile prolongeant le logis est à colombage ; au sud-est de la grange, une tourelle à toit conique a été utilisée comme pigeonnier.