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Ports-sur-Vienne


Le nom de cette commune, située sur la rive gauche de la Vienne, près de son confluent avec la Creuse, apparaît pour la première fois en 775 dans un Diplôme de Charlemagne, qui confirme l’abbaye Saint-Martin de Tours en tant que propriétaire du domaine appelé Portus, signifiant ici « port ». Il apparaît en suite sous la même forme, en 862, dans les Actes de Charles II le Chauve, mais au 13ème siècle on voit l’apparition du pluriel dans le Cartulaire de l’archevêché de Tours (ecclesia Sancti Martini de Portubus), ce qui confirme l’existence de deux ports : Port et Vieux-Port.

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Comme toute la vallée de la Vienne, cette région fut occupée au paléolithique (galets taillés moustériens trouvés en surface) et surtout au néolithique comme le montre l’ossuaire du Bec-des-Deux-Eaux.

On peut voir au Musée Préhistorique du Grand Pressigny une reconstitution de cet l’ossuaire découvert par hasard en 1946 à hauteur du confluent, sur la rive gauche de la Vienne, à 100 m. à l’ouest de la rivière Ce site couvrait un hectare et des outils néolithiques de surface y ont été ramassés : nuclei, lames, percuteurs, grattoirs, perçoirs, fragments de haches polies et pointes de flèches. L’ossuaire proprement dit était dans une fosse parementée de dalles verticales contenant neuf squelettes humains, accompagnés de poteries, de gaines en bois de cerf, dont une avec une hache emmanchée, d’instruments en os et en silex, de parures, dont avec une dent de loup percée et deux haches pendeloques ; le tout a été daté de – 3 670 à – 2 910. On pense que c’était la sépulture d’un camp fortifié se trouvant sur l’oppidum de Sauvage à Pussigny.

Une belle hache bipenne (à deux tranchants) importée de Bretagne et retirée de la Vienne lors de la construction du pont du Bec des Deux-Eaux en 1876, est également dans ce musée.

Les fouilles préventives, menées à l’occasion de la construction de la ligne TGV Tours/Bordeaux, ont mis en évidence, au lieu-dit Le Barrage (sud-est du bourg), une enceinte néolithique contenant une quarantaine de structures de combustion à galets chauffés, datant de 4 800 à 4 600 avant JC ainsi qu’une fosse de l’âge du bronze dans laquelle il y avait de nombreuses céramiques, dont un couvercle représentant une toiture. Là aussi s’installa une nécropole gallo-romaine, utilisée jusqu’au 7ème siècle après JC.

À l’époque gallo-romaine, une agglomération existait sans doute à la place du bourg actuel ; en effet d’importants matériaux de cette époque ont été vus à droite de l’église, dans le jardin de l’ancien presbytère, notamment deux fûts de colonne, l’un avec des feuilles de palmier et l’autre orné de griffons ainsi que deux chapiteaux corinthiens, ce qui laisse supposer qu’un grand édifice, peut-être un temple, s’élevait à la place de l’église. Une pièce de monnaie de Claude II le Gothique (empereur de 268 à 270) y a également été trouvée. Certains pensent aussi que cette agglomération était protégée par un oppidum, là où plus tard se dressera le château.

Dans un article paru dans le BSAT, XII, 1899-1900, Louis Bousrez*(1848/1912), a publié un article sur une importante découverte, faite en 1899, à 700 ou 800 mètres à l’est des fermes des Places (sud-est du bourg de Luzé) mais sur la commune de Ports ; il s’agissait d’un coffre de pierre et d’un cercueil de plomb, contenant un squelette entier ainsi qu’un petit vase de verre et une pièce de monnaie de Claude II le Gothique.

Selon plusieurs témoignages, il existait autrefois à cet endroit le toponyme, qui n’apparaît plus sur les cartes, la Butte du Chillou ou les Gros Chilloux, indiquant la présence d’un mégalithe néolithique et dans la même région, à l’angle sud-ouest du Bois d’Avrigny, au bord de la route allant vers l’abbaye de Bois-Aubry (Luzé) on a découvert des vestiges gallo-romains : mortier, fusaïole, nombreux fragments d’objets en verre, de poteries sigillées, de tuiles à rebord ainsi qu’une pièce de monnaie de Constantin I (empereur de 306 à 337). Tout ceci laisse supposer qu’il existait dans la région une grande villa gallo-romaine*, peut-être à l’emplacement de la Folie, qui, effectivement, en a toutes les apparences.

La présence de deux autres domaines gallo-romains est attestée près de là, à Avrigny, venant d’Apriniacus ou « domaine du Sanglier », près duquel passait une voie antique (voir ci-après) et à Grizay (sud-ouest du bourg, à la limite avec Pussigny), venant de Gresiacus ou « domaine de Gresius ».

Deux voies gallo-romaines traversaient le territoire de la commune :

La voie qui longeait la rive gauche de la Vienne, en direction de Candes-Saint-Martin, est reprise par la D 18 ; elle passe au Vieux-Port, où il y eut plus tard un bac permettant de rejoindre Noyers, village rattaché à Nouâtre en 1832, puis longe une falaise, d’où l’on extrayait la chaux. Elle arrivait ensuite à Marcilly-sur-Vienne, d’où partait une autre voie vers l’ouest.

Cette autre voie se dirigeait vers l’importante agglomération gallo-romaine de Saint-Jean-de-Sauves (dans la Vienne) ; elle est encore bien visible sur la commune de Ports et passe à Avrigny (voir ci-dessus) : après ce lieu-dit, elle suivait la limite de la commune en direction de Bois-Aubry (Luzé).

Histoire du fief :

Le premier seigneur connu de ce fief, qui relevait du château de Sainte-Maure (Sainte-Maure-de-Touraine) fut Hugues Péloquin, cité en 1242.

En 1432, le fief appartenait à Jean Barbin (1406/1469), conseiller de Charles VII, propriétaire du moulin de Chanteraine à Chanceaux-près-Loches, également seigneur de Verneuil-le-Château, époux de Françoise Gillier (morte en 1478), petite-fille de Denis Gillier (1340/1401), citée comme dame de Ports en 1477, qui légua le fief à son neveu, Pierre Gillier, dit de Puygarreau (voir La Celle-Saint-Avant), cité comme seigneur de Ports en 1482.

Ce Pierre Gillier fut le père de Joachim Gillier (né en 1482) (voir Faye-la-Vineuse), lui-même père de Bonaventure Gillier (1514/1584), maître d’hôtel de Charles IX, qui épousa en 1542 Marie Babou, fille de Philibert Babou (1484/1557), maire de Tours en 1520/21, surintendant des finances de François 1er.

Ces derniers furent les parents d’un second Bonaventure Gillier, né en 1584 (voir Chaumussay), dont la fille, Claude Gillier (morte en 1647 et inhumée dans l’église de Ports) épousa en 1618 Philippe de Périon (mort en 1655), également seigneur d’Yzeures-sur-Creuse, où il fut inhumé. Leur fils, Louis de Périon (1618/1682) fut lui-même le père de Jean de Périon, cité comme seigneur de Ports de 1667 à 1719, qui se ruina et dont les biens furent saisis.

En 1773, le seigneur de Ports était Jean Guillemot de Lespinasse (voir Cussay, Nouans-les-Fontaines et Villeloin-Coulangé).

Histoire contemporaine :

Pendant longtemps l’activité principale de Ports a été la fabrication de la chaux, dont le processus est connu depuis l’époque romaine ; Le calcaire était extrait dans de longues galeries creusées dans le coteau situé entre Marcilly et Ports puis enfourné en couches alternées avec du bois ou du charbon ; à l’intérieur des fours la température montait à plus de 800 degrés et la calcination pouvait durer de trois à cinq jours.

Après refroidissement la chaux était broyée en poudre et mise dans des sacs que des charrettes transportaient jusqu’au port, situé à Vieux-Port ; les sacs étaient alors chargés sur des bateaux ou transférés par le bac situé entre Vieux-Port et Noyers pour être amenés jusqu’à la gare SNCF de Port-de-Piles.

Les premiers fours furent construits au 18ème siècle et il y eut jusqu’à 10 fours entre Ports et Marcilly ; une grande usine avec 7 fours fut installée en 1868 en dessous du coteau, presque en face de l’abbaye de Noyers mais le 11 août 1880 l’écroulement de ce coteau détruisit complètement l’usine ; cette catastrophe, qui fit 25 morts et 8 blessés, entraîna la faillite de l’usine et, par contrecoup, celle du bac de Noyers.

En 1924 un barrage fut construit sur la Vienne, en aval du Bec-des-deux-eaux, au lieu-dit les Maisons Rouges, à cheval entre Ports et Nouâtre, pour les besoins des Papeteries de la Haye-Descartes (aujourd’hui Descartes). Ce barrage, qui passa sous le contrôle de l’EDF en 1946, comprenait une digue de 70 mètres de long et une petite usine hydro-électrique ; un plan d’eau permettant les sports nautiques fut aussi aménagé en amont du barrage ; campings, hôtels et restaurants s’installèrent et firent les beaux jours de la commune.

Mais « l’effacement » de ce barrage, décidé en 1994 dans le cadre du plan Loire grandeur nature, fut réalisé en 1998, malgré l’opposition des élus locaux qui y voyaient une perte de ressources fiscales importantes ; cette destruction, qui, selon beaucoup, ne s’imposait pas, a peut-être eu un impact positif sur le développement des poissons migrateurs (aloses, lamproies, saumons) mais a eu un impact très négatif sur le tourisme du secteur.

À voir dans le bourg

Église Saint-Martin :

L’église Saint-Martin ou, plus exactement, de la Translation-de-saint-Martin, est une église romane, construite au 11ème siècle et reconstruite au 15ème siècle ; elle a gardé du premier édifice son abside en cul-de-four et une partie de sa nef dont les murs sont réalisés en petit appareil. L’ancien clocher peigne (analogue à celui de Noyers (commune de Nouâtre) a été prolongé par une construction recouverte d’ardoises. Cette église est fermée pour la visiter s’adresser à la mairie.

À voir au nord-ouest

Avrigny :

Ce lieu est cité plusieurs fois dans le cartulaire de l’abbaye de Noyers sous la forme Avigniacum, venant du gallo-romain Apriacus ou « domaine d’Aprinius (le Sanglier) » ; Il y avait là, au 11ème siècle, une « terre » qui appartenait à Girard Deo Gratias et qui fut échangé contre des vignes avec l’abbaye de Noyers, comme l’indique la charte 88 bis, de 1081 ; par la suite « l’alleu* d’Avrigny » fut donné à cette même abbaye par Ameline, épouse d’un « noble nommé Jean Le Français, vivant à Nouâtre » (charte 334). Plus tard un « soldat, nommé Aimery Daver », partant pour la 2ème croisade (1147/1149), ainsi que Goslen de Blô (sur cette famille, voir Champigny-sur-Veude), confirmèrent le don fait à l’abbaye de « la dîme d’Avrigny » (charte 553)

Le fief d’Avrigny resta en possession de l’abbaye de Noyers, jusqu’en 1791, année où il fut saisi et vendu comme bien national.

Vieux-Port :

On peut voir, à l’entrée du hameau, l’accès aux anciennes carrières et une grotte contenant d’anciens fours à chaux ; l’usine détruite par l’écroulement de 1880 se trouvait entre Marcilly et Vieux-Port (voir Histoire contemporaine).  

En 1882, une autre usine, avec 2 fours, s’établit au lieu-dit les Caves, au bord de la petite route allant de Vieux-Port à Ports ; cette usine fonctionna jusqu’à la seconde guerre mondiale ; par la suite une partie fut transformée en champignonnière, aujourd’hui désaffectée.

On peut voir aussi, en empruntant au centre du hameau un petit chemin en escaliers descendant au bord de la Vienne, quelques restes du vieux port et du bac.

La Petite Garde :

Manoir du 16ème siècle qui appartint à Louise d’Aviau (voir le château de la Motte à Marcilly-sur-Vienne.

À voir au sud-ouest

Château seigneurial :

Ce château qui domine la vallée date du 15ème siècle ; il appartint d’abord à la famille Gillier de Puygarreau (voir La Celle Saint-Avant), puis à la famille de Périon, descendant de Jehan de Périon (mort en 1565), bailli de Preuilly (Preuilly-sur-Claise) et frère du bénédictin Joachim de Périon (1499/1559), prieur de Cormery au début du 16ème siècle, érudit bien connu et professeur de grec. Jehan de Périon (voir Chaumussay) fut le père d’Antoine de Périon (né en 1513), père de Philippe (voir Histoire du fief), dont le petit-fils, Jean de Perion se ruina à la fin du 17ème siècle. Le château connut ensuite différents propriétaires.

Selon un aveu* de Joachim Gillier à Renée Du Fou (voir Nouâtre) en 1517, cet « hostel de Ports » était « fortifié et emparé de portal, tours, créneaux, arbalétriers, canonnières, fossés et autres emparements et fortifications avec ses appartenances et dépendances, esve (eau), garenne, fuye (pigeonnier), justice, juridiction haute, moyenne et basse, etc …Le 14 may 1517 »

Cette propriété privée est occupée depuis 1956 par des dames qui tissent de magnifiques tapisseries. Comme l’a écrit André Maurois : « Tout ici est Invention, Pensée, Intelligence, Adresse … ». Ces « morceaux de temps » pouvaient être admirés, il y a encore quelques années, dans la Galerie de la Martinerie, 7bis rampe du château à Amboise.

La Boucaire :

Ancien manoir fortifié, que l’on trouve aussi sous les noms de la Bouquière, la Bouterie, la Boutière ou la Bouttière.   On peut y voir une « foi », motif architectural figurant deux mains entrelacées, que l’on trouve aussi sur La Proustière à Pussigny.

La partie centrale a été reconstruite au 17ème siècle. Le manoir appartenait alors à la famille Deffray, dont firent partie Antoine Deffray, cité comme « paroissien de Ports » en 1527, Jacques Deffray « conseiller du Roy et contrôleur des deniers d’octroy de Sainte-Maure », dont l’épouse : Claude de Villars (1594/1665) fut inhumée dans l’église de Ports, avec, sur une plaque d’ardoise, un sonnet la célébrant, ainsi que Jean Deffray « sieur de Belebat et de la Bouttière », cité dans un acte de 1661.

La Pommeraye :

Ancienne léproserie située à la frontière entre la seigneurie de Nouâtre et celle de Marigny-Marmande ; elle est citée au 14ème siècle comme appartenant à l’abbaye de Noyers et elle fut vendue en 1791 comme bien national ; c’est aujourd’hui une laiterie.

Sur cette commune, voir aussi : Pierre Souty (1898/1975) : Ports en Touraine, in BAVC 4.7. 1942.


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